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environ par litre.

HYGIÈNE DU VIN

TRAITEMENTS DES VINS MALADES

Bien que notre but ait été de faire un simple

résumé des connaissances actuelles des maladies des vins, nous croyons utile de terminer par un

exposé de l'ensemble des manipulations, travaux

de cave et traitements destinés non seulement à

soigneret guérir les vins malades, mais, ce qui

estplus facile,à conserver les vins sains en bonne

santé.

Examenet observation des vins.— Tout d'abord,

un vigneron soigneux doit exercer une surveil¬

lance attentive sur son vin. Il le soumettra de

temps en temps àunesérie d'examensoud'épreu¬

ves très simples que nous allons indiquer ici et que le lecteur comprendra aisément, sans qu'il

soit nécessaire de donner de grands détails.

Dégustation en s'adressant au palais et à

l'œil. Ces deux organes, bien expérimentés, sont les appareils analytiques les plus précieux en

œnologie et rien dans le laboratoire du chimiste

ne saurait les remplacer.

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-Le palais fera reconnaître

le

goût

plus

ou

moins franc du vin : goût acidulé (acide

carbo¬

nique), piqûre, aigre, acescence, tourne avec une

certaine fadeur amertume, moisi, fûtage, etc.

Dans un verre fin (et non dans la tasse en argent) etpartransparence en

s'éclairant du soleil

ou d'une lumière artificielle, on examinera la lim¬

pidité du vin; un louche se

déplaçant

en

ondes'

soyeuses indiquera la présence

probable de bacté¬

ries. Un dégagement de gaz (toujours de

l'acide

carbonique), souvent abondant, formant sur

la

paroi du verre une couronne de

fines bulles

se

renouvelant sans cesse, sera attribué soit à une fermentation alcoolique lente ou plus généra¬

lement à un commencement de pousse; le goût

et le microscope trancheront la question.

L'œil aidé du microscope (grossissement

de

600 diamètres) reconnaîtra, en examinant

soit

unegouttede liquide, soit le dépôt, si

la substance

microscopique en suspension est de nature orga¬

nisée ou non : matière colorante selscristallins

ferments alcooliques ou bactéries.

Enfin si l'observateur dispose de connais¬

sances chimiques élémentaires et de

quelques

appareils très simples

semblables

à ceux que

l'on

emploie dans ladétermination du titre alcoolique

par distillation, il déterminera la proportion des

acides volatils.

En suivant la méthode Duclaux, on place dans

un ballon ou une cornue en verre, de 200 cent, cubes de capacité, 100 cent, cubes de vin, auxquelson ajoute 10 cent, cubes d'eau.

De ce volume total de 110c. c. on distille 100

c.c. On prend le titre acide du produit distillé par de l'eau de chaux titrée (1),eton exprime l'acidité

en acide acétique. Le résultat multiplié par oO

=1.25 indique l'acidité volatile en acide acéti¬

que des 110c. c. de liqueur de la cornue ou des

100 c. c. de vin. Ce calcul est basé sur ce fait

10 .

qu'en distillant les du volume d'un liquide

ne renfermant que de l'acide acétique, on re¬

cueille 80o/o de celui-ci.' On admettra, toutefois,

que le vin ne renferme que cet acide volatil, ce

qui pondéralement est sensiblement vrai!

(1) L'eau de chaux titrée estla même que celle qui sertà dé¬

terminerl'acidité du moûtoudu vin.

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Si le vin est soupçonné de casse, une ou

plusieurs épreuves

comparatives

d'aération, con¬

duites comme nous l'avons indiqué plus haut, renseignera sur le cas particulier et sur legenre de traitement.

Le tableau suivant (p. 73) présente méthodi¬

quement l'aspect des maladies d'origine micro¬

bienne ; il permettra de les reconnaître et de les

différencier assez facilement.

synoptique des maladies microbiennes duvin.

Voiles oumyCodermes à

lasurface'du vin; vin limpide; microbesaéro-''

bies; air nécessaire (oxygène)et nuisible.

R

Pas de voile à la surface du vin; vin trouble ou.

dépôt de microbes am fond des vases;micro¬

besanaérobies;airsans action nuisible. I l'alcool donnant:eauet acide carbonique.

nique, acétique;

pro-pionique, lactique, tar-tronique.

Production d'acidesfixes et volatils: acideslacti¬

que, acétique, butyri¬

Acidesque. volatils. Produits inconnus.

Production de mannite, d'acides:acétique,lacti¬

que, etc.

Il nous paraît nécessaire d'ajouter quelques

remarques.Il estrare, pourne pasdire impossible,

de rencontrer un vin exempt de microbes. Pres¬

quetous et des plus sains enrenferment

quelques-unset il est difficile de limiter en quel état eten

quel nombre ils sont offensifs ; en

principe, ils

sont toujours menaçants et dangereux. Cepen¬

dant un vin peut renfermer des microbes sans en

souffrir et en périr/D'abord, il peut résister à

cette contamination par sa nature robuste. Sa

bonne constitution chimique, comme notre orga¬

nisme animal, si onpeut faire cette comparaison, peut s'opposerd'elle-mêmeaux germes

infectieux.

D'autre part, l'observationmontreque la

mala¬

die d'un vin peut subir untemps d'arrêt,

complet

même, ou une évolution lente qui la rend peu redoutable pratiquement. Mieux encore, nous pensons avec le professeur

Gayon

que

la

présence

d'unecertaine dose d'acides volatils (près de 1 gr.

par litre), produite par la présence

certaine de

filaments, de microbes de la pousse ou de la

tourne, « n'est pas incompatible avec la finesse et

la qualité», et que de

tels vins

peuvent être con¬

sidérés au goût comme sains.

En effet, les acides volatils engendrés par la

maladie,ens'éthérifiantavecles nombreux alcools

du vin,concourent à la formation du bouquet. On

a constaté pour certains vins de Bordeaux que les plusrichesenacides volatils étaientceuxdes grands

crus les mieux conservés. Ce résultat paradoxal

doit trouver son explication dans la bonne cons¬

titution du vin, qui, tout en faisant bénéficier

celui-ci de ce commencement de maladie, em¬

pêche cependant une altération plus avancée.

Tous les vins ne subiraient certainement pas

unetellepreuve,surtouts'ils sontfaiblesenalcool,

en acides, mal constitués et mal soignés. 11 est toujours prudent, quandon trouve àl'analyse plus

de 1 gr. d'acides volatils et que le microscope

décèle l'existence de bactéries, de prendretoutes

les mesures nécessaires pour éviter une dégéné¬

rescence plus grande.

Tousles soinsdont les vins sont l'objet ont un

double but : d'une part, favoriser l'affinage, les

modifications améliorantes (bouquet, éthénfica-tion, vieillissement, dépouillement), et, .d'autre part, empêcher l'action des microbes nuisibles

en les supprimant. Nous insisterons plus parti¬

culièrementsur ce dernierpoint.

En décrivant chaque maladie microbienne,

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nous avonsdéjà parlé de quelques traitementsspé¬

ciaux, de remèdes curatifs (?) (neutralisation de

l'acidedans la piqûre, etc.). ici, nous indiquerons

seulementlessoins générauxet préventifs suivant

l'ordre dans lequel il convient de les appliquer.

D'après leur plus ou moins grande nécessité,

nousles diviserons en soins ou traitements géné¬

raux toujours indispensables, et en traitements spéciaux pratiqués dans descasplus particuliers.

Nous ne donnerons que des détails sommaires

sur lapratique, notre intention étant simplement

de coordonner ces opérations en en indiquant

l'effet ; les vignerons auxquels nous nous adres¬

sons sauront facilement les mettre en œuvre.

TRAITEMENTS GÉNÉRAUX

Assainissement de la vaisselle vinaire,

ouil-lage, sulfitage, soutirage, colouil-lage, filtra-tion.

Assainissement de la vaisselle vinaire. (Des¬

truction des germesinfectieux). Lavage des ton¬

neaux àla chaîne, ébouillantage à l'eau chaude

ou à la vapeur,méchages plusou moins fréquents

(combustion du soufre, 5 gr. par hectôl. de ca¬

pacité, mèche soufrée, production d'anhydride sulfureux). Traitement des fûts mauvaisgoût par l'acide sulfurique étendu de 5 à 10 fois son volume d'eau, défonçage, brossage et méchage.

Ouillcige. (Contre la fleur et l'acescence).

Surveiller et remplacer souvent les linges des

bondes qui s'acétifîent facilement; flamber ou

tremper les bondes dans l'alcool fort pour tuer

les mycodermes ; éviter les coulages ou suinte¬

mentsdu vin qui deviennentdesfoyers acétiques,

les détruire par des lavages à l'eau bouillante ; combattre de la même façon les mouches du cellier dites mouches à vinaigre qui se rassem¬

blent surles parties des vases vinaires où trans¬

pire le vin.

Soutirage. (Contre les maladies sans voiles:

tourne, pousse, amer, etc.). Les germes de

maladies sont généralement dans les lies ; peu à

peu ils envahissent le vin de bas enhaut quand les

conditions de milieu et de température devien¬

nent favorables. Il importe donc de les éliminer,

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avant qu'ilsnedeviennent dangereux, en séparant

parle soutirage le vin clair deses

dépôts.

Les

vins

communs du Midi seront soutirés le plus tôt pos¬

sible, après la cuvaison; même avant

clarification

complète dans le cas de

vendanges avariées.

On soutirera de nouveau, après les froids, qui

auront contribué à clarifier en hâtant la précipita¬

tion des matières en suspension. D'ordinaire

on fait trois à quatre soutirages par an pour

les

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