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Chapitre 3 : Les données

3.1 Les données archéologiques

3.1.1 Datations au radiocarbone

Les datations au radiocarbone représentent l'approche standard utilisée par les archéologues pour l'analyse chronologique de l'expansion (Clark 1965). L'utilisation des dates au radiocarbone a permis une grande avance de la recherche archéologique dans les 50 dernières années, en permettant de détecter le timing et la direction de l'expansion Néolithique (outre les bases de données composées par des dates au radiocarbone mentionnées précédemment, on peut citer les travaux d'Ammerman et Cavalli-Sforza 1971, Bocquet-Appel et al. 2009).

Cependant, plusieurs problèmes sont liés à la fiabilité des échantillons au radiocarbone (Pettit et al. 2003). Pour le Néolithique Ancien des Balkans, deux éléments en particulier peuvent conduire à des erreurs dans l'analyse des dates au radiocarbone : l'effet de vieux bois et la présence d'échantillons qui ont été analysés il y a plusieurs décennies.

L'effet de vieux bois afflige les échantillons de charbon de bois, et consiste dans le fait que la date au radiocarbone du cœur du bois est plus ancienne que celle des cernes extérieurs ; pour les arbres de grand âge, cet écart peut être de plusieurs siècles (Schiffer 1986). Il est donc possible que les échantillons de charbon trouvés dans les vestiges donnent une datation beaucoup plus ancienne que le moment auquel le site était effectivement occupé.

L'autre problème est que certaines dates, notamment pour plusieurs sites grecs, ont été obtenues pendant les années 50 et 60 du XXème siècle. Outre le fait que les techniques de datation étaient moins avancées en termes technologiques, les standards internationaux de publication et de catalogage des échantillons étaient encore inconnus ; les données sont donc moins robustes et vérifiables.

Pettitt et al. (2003) ont soulevé un autre problème important qui concerne la publication et l'utilisation des dates au radiocarbone. En effet, même s'il y a un consensus général sur le fait que certains échantillons sont meilleurs que les autres, les archéologues sont souvent réticents à décrire les critères de sélection des dates, s'il y en a. Pour éviter ce problème, un audit des données a été effectué dans cette thèse. Comme Pettitt et al. (2003) l'admettent, les critères de sélection sont toujours dans une certaine mesure arbitraires, car c'est l'auteur qui choisit où mettre les limites entre l'acceptation et le refus. Néanmoins, l'important est que ces critères soient bien définis : cela permet aux autres archéologues, et à tous les utilisateurs de la base

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de données, de connaitre les critères qui ont été suivis, et donc de pouvoir évaluer et juger personnellement la validité des données.

Les données sont traitées de la façon suivante:

-les dates, publiées généralement comme "non calibrées BP", ont été calibrées en utilisant le logiciel CalPal, en suivant la courbe Hulu 2007, en prenant la valeur centrale à l'intervalle de confiance de 95% (Weninger et al. 2007).

-les dates publiées avant 1970 ne sont pas prises en compte, à cause des problèmes connus qui affligent les dates au radiocarbone obtenues il y a longtemps.

-les dates avec un écart-type considérée comme trop élevée (± 100 ans) sont aussi exclues.

-les dates obtenues avec la technique avancée de l'Accelerator Mass Spectrometry (AMS) sont considérées comme plus précises et donc préférables (Harris et Damon 1987) ; néanmoins, très peu sont disponibles pour la région. Pour cette raison, les dates obtenues avec la technique conventionnelle sont conservées elles aussi. Néanmoins, dans le cas où la même couche possède à la fois des dates AMS et des dates conventionnelles, la priorité est donnée aux premières.

- il est très difficile d'estimer l'erreur due à l'effet de vieux bois. L'exclusion de toutes les dates obtenue à partir d'échantillons de charbon de bois est déconseillée, car elle aurait comme conséquence une réduction drastique du nombre de sites acceptés ; en effet, la grande majorité des sites ne sont représentés que par des échantillons de ce matériau. Pour cette raison, les dates en charbon de bois sont gardées, à la condition qu'elles respectent les autres critères d'audit et qu'elles soient situées à l'intérieur de la séquence chronologique consensuellement acceptée par les archéologues. Comme dans le cas précédent, si la même couche a des échantillon de charbon de bois et d'autres provenant de matériaux plus fiables comme des semences ou de l'os, ces derniers sont préférés.

-les dates en-dehors de leur horizon chronologique, considérées comme suspectes par la communauté archéologique, sont exclues pour des raisons de précaution. Il s'agit notamment de dates qui sont plus anciennes de plusieurs siècles, en certains cas millénaires, que toutes les autres dates de la région, et pour lesquelles il existe des éléments qui peuvent les signaler comme suspectes (par exemple, des possibles erreurs de mensuration ou le risque d'une contamination mésolithique).

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-enfin, les sites de la région de Gorges du Danube sont exclus. Même si leurs datations au radiocarbone respectent les critères d'audit, cette région a été exclue de l'analyse à cause de l'absence de traces du développement d'un Néolithique basé sur l'agriculture (cf. par. 2.8).

En figure 3.2 sont montrés tous les sites qui possèdent au moins une date au radiocarbone. Les dates C14 et leur audit sont publiées intégralement dans l'annexe A et inclues dans le CD- Rom joint à cette thèse. Le catalogage utilisé pour la base de données BEAN prévoit l'inclusion des dates non calibrées BP, avec leur écart-type, et la calibration effectuée. Y sont aussi indiqués le code du laboratoire, le matériau de l'échantillon, et la technique de datation (conventionnelle ou AMS).