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3. Les variations d’intensité

3.1. Dans le discours

Dans cette partie, nous commencerons par définir la prosodie bien qu’elle comporte à la fois des facteurs propres au discours et d’autres facteurs propres au locuteur. Nous traiterons ici des aspects de la prosodie liés au discours et ensuite dans les facteurs propres à l’individu des aspects de la prosodie liées à l’individu lui-même.

3.1.1. La prosodie

D’après le dictionnaire Larousse, la prosodie est l’étude de la forme et de la substance des éléments phoniques dont les limites ne coïncident pas avec celles du phonème, qu’elles soient inférieures (comme les mores) ou supérieures (comme la syllabe, le mot, le syntagme et la phrase). Cela consiste par exemple en l’étude des accents, de l’intonation, du rythme, du débit et des pauses.

Nous pouvons également considérer la prosodie comme ce qui n’est plus de la voix, qui n’est pas encore de la parole mais déjà du sens. Elle consiste en des modifications voulues ou non de :

- la hauteur de la voix, ces variations constituent la mélodie

- la congruence de la mélodie qui correspond à l’adéquation de la mélodie avec le sens - l’intensité de la voix

- les accents : accents toniques, l’accent de mot, l’accent de phrase - la répartition des pauses

La prosodie va être l’expression d’un vécu émotionnel. Elle peut le traduire comme le trahir. Elle va renseigner l’interlocuteur sur le vécu du locuteur.

Nous allons maintenant montrer où interviennent les variations d’intensité dans le discours. Nous partirons d’abord des plus petites unités, les syllabes et les mots, avant de s’intéresser aux variations d’intensité dans la phrase.

3.1.2. Au niveau de la syllabe et des mots : l’accentuation

L’accentuation est un phénomène de mise en relief de certaines syllabes d’un énoncé. L’accent peut se manifester concrètement par :

- un allongement de la durée de la syllabe - une intensité plus forte

- une variation montante ou descendante du contour mélodique

Très souvent, l’accent sera indiqué par une combinaison de ces traits phonétiques. On distingue plusieurs types d’accent :

- les accents liés à la langue

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a. Accents liés à la langue

L’accent démarcatif est placé en fin de mot ou de syntagme et permettant de délimiter les différentes unités d’un énoncé.

Exemple : « Hier, j’ai rencontré Paul. »

Le français est une langue à accent fixe, il porte toujours sur la dernière syllabe d’un groupe de mots. L’accent est dit syntaxique, il porte sur un syntagme. Sa position ne va pas être associée au mot comme dans d’autres langues mais au groupe de mots. Par exemple, il porte sur « li » dans « joli » mais sur « pée » dans « jolie poupée ». Cet accent est démarcatif, il permet de délimiter des unités rythmiques et intonatives. Il va permettre d’organiser le continuum de la chaîne parlée et de le segmenter en unités prosodiques afin de faciliter le décodage des unités de sens et de permettre de lever certaines ambiguïtés. Il est aussi dit interne, car il est purement linguistique.

Notons qu'il existe en français une règle de collision d'accent interdisant la succession de deux syllabes accentuées. On obtiendra par exemple « le ballon » mais « le ballon rouge » avec un accent secondaire sur [ba]. L’accent final du premier mot est déplacé sur sa première syllabe pour éviter une « collision accentuelle ». Certains auteurs parlent de « transfert accentuel ».

Sophie Herment-Dujardin16 [42] affirme que la durée et l’intensité sont des paramètres essentiels dans la perception de l’accent, la durée étant un paramètre un peu plus effectif d’après une étude de Fry (1955) portant sur l’accent lexical ou « linguistic stress ». Fry a analysé la durée et l’intensité et a effectué des tests de perception en faisant varier ces paramètres pour des paires de dissyllabes nom/verbe pour lesquelles l’accent passe de la première syllabe quand c’est le nom à la deuxième syllabe quand il s’agit du verbe. Cette étude est confirmée par Fernande Ruiz Quemoun17 [57] qui affirme que l’accent linguistique, qu’elle appelle « accent primaire, qui actualise un accent lexical, est plus marqué par un allongement de durée

significative » que par les autres paramètres, intensité et variation de fréquence. Contrairement aux « accents secondaires des fonctions énonciatives, expressive et/ou rythmique » qui sont plus marqués par les variations d’ « intensité et de fréquence ».

b.

Accents liés à l’expressivité ou à l’intention de communication

On trouve :

- l’accent d’insistance assurant la mise en relief d’une unité o C’est fantastique !

- l’accent contrastif soulignant le choix d’une unité particulière par rapport aux autres o C’est ma maison !

16 HERMENT-DUJARDIN, 2001 17 RUIZ QUEMOUN,

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Ces deux types d’accent vont remplir une fonction expressive et l'accent se manifestera dans ces cas-là essentiellement par un renforcement de l'intensité. Il peut se trouver sur n'importe quelle syllabe choisie par le locuteur pour exprimer une émotion ou une attitude. Il peut être réalisé aussi bien sur des mots outils que sur des mots lexicaux, sur des mots courts ou sur des mots longs. Dans le discours du journaliste ou du conférencier/enseignant, cet accent expressif est souvent placé sur la première syllabe du mot que l'on veut mettre en relief. Cet accent est aussi dit externe ou emphatique. Il est lié à des facteurs expressifs et intellectuels.

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