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d’acharnement thérapeutique et d’euthanasie

Dans le document Éthique professionnelle des infirmiers(es) (Page 48-53)

- Envoyer le corps à la morgue ;

- Informer le bureau des entrées pour statistiques et classement ;

- Réconforter la famille sans entrer dans les détails et sans les culpabiliser ni les choquer.

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Chapitre XIV

Les buts du traitement

- Le soignant devrait avoir pour objectifs dans le traitement de la douleur les aspects suivants : a) Identifier l’étiologie de la douleur ;

b) Prévenir la douleur (administration régulière d’une quantité appropriée d’analgésiques à une dose titrée pour les besoins courants du malade) ;

c) Supprimer la mémoire de la douleur : comme l’attente anxieuse et le souvenir de la douleur sont diminués par une prévention de celle-ci, les doses d’analgésiques nécessaires peuvent fréquemment être décrues ;

d) Maintenir une conscience non embrumée : beaucoup de malades se trouvent pris entre une douleur perpétuelle et une somnolence. Un état indolore sans somnolence exige une régulation très soigneuse des doses d’analgésiques en fonction des besoins de chaque malade ;

e) Entretenir une affectivité normale : la possibilité pour le patient d’être en liaison avec son entourage sera améliorée les drogues utilisées pour contrôler la douleur ne modifient pas l’humeur en l’exacerbant ou la déprimant ;

f) Faciliter l’administration des médicaments :

L’administration orale d’analgésiques permet au malade de garder un certain degré d’indépendance et de mobilité, ce qui est impossible avec les analgésiques administrés par voie parentérale. D’ailleurs l’état cachexique de ces malades en phase terminale peut rendre les intramusculaires régulières difficiles et douloureuses.

Contrôle des symptômes physiques autres que la douleur

Les modifications des symptômes et la diminution des ressources du malade terminal exige de régulières et fréquentes évaluations pour le contrôle des symptômes.

Il est également intéressant de mentionner que la visite du médecin sera d’une plus grande importance s’il s’assied au bord du lit du patient de manière qu’ils aient tous les deux le regard à la même hauteur. Le contact manuel avec le patient apporte aussi en général beaucoup d’assurance.

Les soins palliatifs ne devraient viser ni l’acharnement thérapeutique, ni l’euthanasie, ces attitudes répondant toutes deux à un refus de la part du soignant d’accepter chez l’autre le processus de la mort.

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Ce refus, qui est aussi celui d’admettre que la mort est « dans la vie », traduit la difficulté de se mettre à l’écoute du malade c’est-à-dire de soutenir son désir jusqu’au bout, de le respecter comme être vivant jusqu’au moment de sa mort.

II. L’acharnement thérapeutique

C’est l’effort démesuré, disproportionné qu’entreprennent certains médecins pour maintenir une vie qui n’a plus rien d’humain (malade dans un coma irréversible, en état de vie végétative).

Face à ces abus et acharnement de la science, certains moralistes et aussi des praticiens se posent la question de savoir s’il ne faut pas introduire dans le code de déontologie médicale « le droit à la mort » c’est-à-dire essentiellement le droit à une fin qui sauvegarde la dignité et l’intégralité morale de la personne.

- A-t-on le droit de s’abstenir ? - A-t-on le droit d’agir ?

Une réflexion est nécessaire pour aider chacun à prendre un recul par rapport à ses réactions spontanées.

Il y a des impératifs moraux ; mais prendre du recul permet de mieux poser des questions, d’avoir des points de repères, pour prendre des décisions respectant la dignité humaine.

C’est ici la grandeur du soignant : avoir des décisions à prendre qui concernent la vie et la mort d’autrui, décisions dont on porte la responsabilité.

La technologie est bonne dans la mesure où elle est adaptée à une situation. Il est moral d’agir quand, après réflexion, cela apparaît raisonnable et humain.

Il est aussi moral de s’abstenir quand les moyens envisagés seraient déraisonnables et inhumains.

Le premier critère qu’il faut prendre en compte en fait, c’est la volonté profonde du malade.

Parlant du « doit à la mort », les instances suprêmes de l’Église Catholique relèvent « qu’il est aujourd’hui très important de protéger au moment de la mort la dignité de la personne humaine et la conception chrétienne de la vie contre une technicité qui risque de devenir abusive. Aussi, certains en sont-ils venus à parler d’un « droit à la mort », expression qui ne désigne pas le droit de se donner ou de se faire donner la mort comme on le veut, mais le droit de mourir dans la dignité humaine el chrétienne, en toute sérénité (Congrégation pour la doctrine de la foi, 1980).

Il serait donc plus précis de parler plutôt d’un « droit du malade au respect de sa liberté et de sa dignité » lorsque la mort le menace.

III. L’Euthanasie

« La vie humaine est le fondement de tous les biens, la source et la condition nécessaire de toute activité humaine et de toute communication sociale ». (Sacrée congrégation pour la doctrine de la foi, 20 juillet 1980).

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La vie a un caractère sacré, pour les croyants, la vie est un don de l’amour de Dieu qu’il faut conserver et faire fructifier.

À cet effet :

- Nul ne saurait porter atteinte à la vie d’un homme innocent sans s’opposer à l’amour de Dieu pour lui, sans violer le droit fondamental inaliénable.

- Tout homme a le devoir de conduire sa vie selon le dessein du Créateur.

- Le suicide est donc aussi inacceptable que l’homicide, car il constitue de la part de l’être humain un refus de la souveraineté de Dieu et de son dessein d’amour.

- Pour traiter avec précision du problème d’euthanasie, il convient d’abord d’en élucider le sens.

- Le mot euthanasie signifie, dans l’antiquité, une mort douce sans cruelle souffrance. De nos jours ce mot prend le sens d’une intervention de la médecine qui atténue les douleurs de la maladie et de l’agonie, parfois même au risque de supprimer prématurément la vie.

Enfin le terme « Euthanasie » est utilisé en un sens plus particulier. II désigne alors le fait de

« donner la mort par pitié », pour supprimer radicalement des souffrances extrêmes ou éviter aux enfants anormaux, aux incurables, aux malades mentaux, la prolongation pendant des années, d’une vie pénible qui pourrait en outre imposer des charges trop lourdes aux familles ou à la société.

Au total, par euthanasie, il faut entendre une action ou omission qui, de soi ou dans l’intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur. L’euthanasie se situe donc au niveau des intentions et à celui des procédés employés.

- L’euthanasie est donc le fait d’entraîner chez les malades incurables atteints de souffrances atroces, une mort douce grâce à l’administration des substances stupéfiantes ou calmantes.

- L’Association Médicale Mondiale l’a interdite en 1950.

- La législation de la plupart des pays l’interdit.

- L’Église chrétienne, surtout catholique interdit de façon catégorique la pratique de l’euthanasie, car elle est contraire aux lois morales, donc contraire à l’amour de Dieu.

Les différents types d’euthanasie On distingue deux types d’euthanasie : - l’euthanasie active et l’euthanasie passive.

Par l’euthanasie active, en entend le fait d’administrer une drogue au malade afin de faciliter sa mort.

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Par contre l’euthanasie passive est le fait de s’abstenir d’administrer un soin à un malade grave, facilitant ainsi sa mort.

Exemple : Pour un malade sous oxygène, si l’on bloque l’appareil source de cet oxygène, cela va entraîner le décès de celui-ci. Il s’agit de l’euthanasie passive par ce que grâce à cet appareil, le malade continuait à vivre (respirer).

L’euthanasie passive peut poser quelques problèmes de conscience lorsqu’il s’agit d’arrêter (de débrancher) l’appareil sur une personne sous respiration artificielle (coma) depuis des mois ou années alors qu’on a besoin de cet appareil pour d’autres malades. Pour l’infirmier, il ne doit jamais augmenter la dose des substances calmantes chez un malade sans avis du médecin. Il doit au contraire tout mettre en œuvre pour réconforter le malade, lui rendre l’espoir de guérison.

Commentaire général

Notre société est parvenue à un consensus à propos de l’acharnement thérapeutique : il est jugé non éthique, contraire au respect de la personne humaine.

D’autre part la grande majorité des soignants s’opposent à l’euthanasie ou du moins éprouvent un grand malaise quand il sont amenés à la pratiquer. Mais est-il cohérent de s’opposer à la fois à l’acharnement thérapeutique et à l’euthanasie ?

On peut constater que, de fait, l’un conduit à l’autre. L’outrance dans les traitements médicaux crée des situations fort douloureuses auxquelles précisément l’euthanasie met un terme. C’est un signe de la cohérence du jugement éthique, qui invite à éviter à la fois l’un et l’autre. Mais un signe seulement.

En fait, la question d’euthanasie est souvent mal posée, surtout parce que ce terme est mal défini.

On dit souvent que le code de déontologie des professions de la santé condamne l’euthanasie.

S’agissant de la déontologie médicale française, il condamne l’euthanasie active, mais accepte l’euthanasie passive ou abstention de traitement médicaux à but curatif. Mais cela retire toute la valeur discriminante au mot d’euthanasie : certaines formes seraient acceptables et d’autres pas.

La distinction significative serait entre l’« activité » et la « passivité » ou si l’on prend le langage anglo-saxon entre la « commission » (du verbe commettre) et l’« omission » (du verbe omettre).

Peut-on dire qu’entre l’omission et la commission il y a une différence morale significative ? Il faut bien répondre que non, surtout en ce domaine du soin aux grands malades. On peut chercher à provoquer la mort par une injection létale, mais aussi en refusant de nourrir un nouveau-né mal formé ou un comateux.

Ces deux comportements sont-ils moralement différents ? /p. 74/

Non. Dans les deux cas, il y a euthanasie.

Le terme acharnement thérapeutique créé des confusions, il est préférable de parler « d’excès de soins ».

L’euthanasie telle que, définie par les juristes désigne les comportements dont l’objectif est d’obtenir la mort du patient, certaines obtentions de traitement médicaux à but curatif peuvent avoir un caractère euthanasique, c’est indéniable. Mais est-ce toujours le cas ?

On peut répondre à une telle question sans analyse attentive des pratiques soignantes et sans développer une philosophie du soin. Sinon, on tomberait dans une des « morales toutes faites » qu’il est raisonnable de dénoncer.

En tout cas, toute « action médicale » doit être replacée à l’intérieur du « soin de la personne malade », c’est-à-dire de l’effort mené pour « répondre aux besoins » d’un patient qui ne peut plus les satisfaire lui-même ou sans l’aide de professionnels. Ces besoins peuvent être multiples ; corporels, psychiques, relationnels, sociaux et spirituels. Il apparaît à l’évidence insensé de vouloir se contenter de prolonger la vie sans se soucier de cette détresse intense et sans essayer d’aider la personne à retrouver une certaine volonté de vivre ou du moins une acceptation de sa situation présente. Cette aide sera d’ordre relationnel beaucoup plus que médical.

La plupart des décisions d’abstention ou d’arrêt de traitement demandent ainsi un effort assez intense d’appréciation de la situation du malade et une décision proprement éthique. On essaie de soigner au mieux, de répondre aux besoins prioritaires du malade, en évitant ce qui serait inutile ou disproportionné. Le malade mourra, s’il est en phase terminale de sa maladie ; mais on pourra se dire qu’on aura essayé de l’aider au mieux à vivre les derniers moments de sa vie (ici, ce n’est pas l’euthanasie).

À propos de l’acharnement thérapeutique, Freud dit : « Un homme sans douleur est un homme sans fondement ».

Quant à Confucius, il dit : « Quant tu nais, tu pleures et nous sourions. Quand tu meurs, nous pleurons et du dois sourire ».

Troisième Partie

Dans le document Éthique professionnelle des infirmiers(es) (Page 48-53)