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Chapitre 5 : Synthèse des résultats / discussion

5.2 Développement des résultats en lien avec la question PIO

Cicolini et al. (2015) font un premier constat sur le niveau de la

pratique professionnelle des infirmières italiennes et concluent que les

comportements culturellement compétents augmentent avec le niveau

d’éducation et les années d’expérience des infirmières. De plus, les

formations à la compétence culturelle améliorent ces mêmes

comportements. Pearson et al. (2007) soulignent que la plupart des

professionnels de la santé souffrent d'un manque de connaissances et

d'informations et manquent de compétences pour assurer des soins

culturellement compétents à un éventail varié de patients. D’ailleurs, Cicolini

et al. (2015) avancent que seules 44% des infirmière s’estiment compétentes

en matière de compétences culturelles.

Parallèlement, deux autres études évaluent la satisfaction des patients

par rapport au développement d’une pratique culturellement adaptée

(Napoles-Springer et al., 2004 ; Pearson et al., 2007). Il en ressort que le

patient est particulièrement réceptif à ce type de soins, car il se sent

respecté, considéré dans son individualité et reconnu dans son appartenance

à un groupe avec des besoins spécifiques (Pearson et al., 2007). La

corrélation entre des professionnels culturellement compétents et la

satisfaction du patient est soutenue par quatre autres études (Goveret et al,

2016; Robinson et al., 2011; Alizadeh et al., 2016; Renzaho et al., 2012). En

revanche l’étude de Majumdar et al., (2004) ne présente pas de résultats

significatifs sur la satisfaction des patients suite à une formation des

professionnels dans le domaine de la compétence culturelle.

L’étude de Paternotte et al. (2014) explique que dans un contexte de

communication interculturelle, les soignants doivent faire face à quatre défis.

Les objectifs et les compétences générales et spécifiques des praticiens

apparaîtront alors soit comme des barrières, soit comme des facilitateurs

dans la communication. Ces défis sont les différences linguistiques, les

différences de perception culturelle de la maladie, la composante sociale de

la communication (intégrer la composante culturelle, la famille et la

communauté pour le bien-être de la personne), et les préjugés et hypothèses

des médecins sur les patients.

Les résultats de Napoles-Springer et al. (2004) coïncident avec ce

constat, dans le sens où la discrimination ethnique, les problématiques de

langue et la non-considération du rôle de la famille dans le domaine de la

santé de l’individu sont des facteurs culturels influençant sur la qualité des

rencontres médicales. Côté (2010) soutient ce postulat, en expliquant que les

obstacles culturels ont un impact négatif sur le processus de rétablissement

du patient. Néanmoins, lorsque les soignants sont sensibilisés à la

compétence culturelle, cela apparaît comme des éléments facilitateurs pour

contrer les obstacles culturels néfastes au processus de rétablissement.

Selon Fernandez-Gutierrez et al. (2017), les populations immigrées

sont plus susceptibles de subir des inégalités en matière de santé,

notamment par rapport à l’accès aux soins et aux informations sur la santé.

En revanche, il a été démontré que des infirmières sensibilisées à ces

difficultés contribuent à l’amélioration de l’accès au système de santé et

soutiennent les stratégies préventives et promotrices de la santé. Henderson

et al., (2010) ont également démontré que l’intégration des travailleurs de

santé communautaire bilingues favorise un meilleur suivi du patient, avec

une augmentation de la prévention et de la promotion de la santé.

Majumdar et al. (2004) expliquent que des interventions de

sensibilisation culturelles ont démontré une amélioration de la conscience

culturelle, une meilleure ouverture d’esprit, une meilleure perspicacité et

l’amélioration des habiletés de communication envers les populations de

minorités ethniques. Une autre étude démontre une corrélation entre les

programmes en compétence culturelle, une meilleure connaissance et une

plus grande sensibilité culturelle des praticiens (Renzaho et al., 2012).

D’après Robinson et al. (2011), la formation à la compétence culturelle

semble être une stratégie qui améliore les connaissances, les attitudes et les

compétences des professionnels de santé. Goveret et al. (2016) soutiennent

eux aussi les bénéfices de la formation en compétence culturelle. Ces

affirmations sont soutenues par les résultats majoritairement significatifs des

écrits de Truong et al., (2014).

Pour leur part, Alizadeh et al. (2016) montrent que la formation

intégrant une composante culturelle améliore la compliance des patients par

rapport à leur traitement. Ce constat est soutenu par Henderson et al.

(2010), pour qui la concordance linguistique permet au patient de mieux

comprendre sa prise en soin, ce qui améliore, par exemple, le suivi des

rendez-vous par ces derniers ainsi que le bon déroulement de certains soins

invasifs. Enfin, Horvat et al., (2014) ont relevé des données positives quant à

l’amélioration de l’engagement des patients dans leur prise en soins suite aux

interventions de formation en compétence culturelle auprès des

professionnels de la santé.

La recherche menée par Truong et al. (2014) aboutit à de faibles

preuves quant à l’amélioration des résultats de santé pour les patients reliés

à la formation à des compétences culturelles. Cependant, pour trois autres

études, aucun résultat significatif ne semble appuyer l’amélioration de la

santé des patients (Renzaho et al. 2012 ; Alizadeh et al., 2016 ; Horvat et al.

2014). S’il n’existe aucune preuve de relation directe entre la compétence

culturelle et les résultats de santé du patient, Henderson et al. (2010)

démontrent que l’amélioration des compétences culturelles tend à favoriser

la promotion et la prévention de la santé, qui elles-mêmes visent un meilleur

état de santé. Enfin, une autre étude affirme qu’un trop petit nombre de

travaux se concentrent sur l’évaluation de cette corrélation (Napoles-Springer

et al., 2004).

Gozu et al. (2007), ont étudié les outils élaborés pour mesurer les

compétences culturelles des professionnels de la santé. Les auteurs ont

constaté qu’il y avait un réel manque de fiabilité des outils. Cette conclusion

est également soutenue par l’étude de Alizadeh et al. (2016).