• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Résultats et discussion

4.1.3 Déterminants de la santé financière

Après présentation des résultats de la santé financière des entreprises laitières, le second objectif du présent travail est d’identifier les facteurs explicatifs de la rentabilité économique. À cet effet, des modèles de régressions paramétriques et non paramétriques sont combinés pour expliquer au mieux la rentabilité économique. L’équation générale des modèles de régression dans la production laitière s’écrit comme suit :

Y (RE-Lait) = β0 + β1 Productivité du capital + β2-1 Charges salariales + β2-2 Charges alimentaires + β2-3

Charges d’amortissements + β2-4 Autres charges d’exploitation + β2-5 Charges de semences, engrais et

pesticides + β3 Taille + β4 Expérience +

ε

.

Avant les régressions, les statistiques descriptives sont calculées sur les variables indépendantes et d’endettement afin de synthétiser et présenter les informations qu’elles contiennent. Ces statistiques sont compilées dans le Tableau 11 ci-après :

Tableau 11.

Statistiques descriptives des variables indépendantes et d’endettement dans le lait.

Variables Moyenne Écart-type

Productivité du capital 0,1670222 0,0556343

Charges salariales 0,1193159 0,0694103

Charges alimentaires 0,1621064 0,0712497

Charges d’amortissements 0,1174323 0,0640367

Autres charges d’exploitation 0,5346944 0,1533936

Taille des entreprises 485 929 389 231

Expérience 27,89835 10,65785

Coût de la dette 0,0648937 0,0499487

Taux d’endettement 0,3092959 0,2269985

Annuité 0,1643217 0,1234941

Source : Nos calculs et compilations à partir des données d’AAC, 2017.

La productivité moyenne du capital dans le lait est de 16,7 %. Les charges salariales, d’alimentation et d’amortissements représentent respectivement 11,9, 16,2 et 11,7 % du revenu des entreprises. Le taux d’endettement moyen est de 30,9 %. Environ 16,5 % des revenus bruts sont utilisés pour supporter les annuités liées à la dette. Le chiffre d’affaires de l’entreprise laitière moyenne est de 485 929 $. Les producteurs ont en moyenne 28 ans d’expérience en gestion.

Pour valider les résultats de l’estimation MCO, les hypothèses de normalité, de linéarité des résidus, d’homoscédasticité et d’absence de multi colinéarité sont testées. L’observation graphique de la distribution des résidus montre que le modèle linéaire est adapté. La mesure du changement de la variance de chaque variable introduite dans la régression n’indique aucun problème de multi colinéarité entre les variables indépendantes (VIF<3). Le test d’homoscédasticité de Breusch-Pagan révèle des problèmes d’hétéroscédasticité (p-value < 0.05) qui ont été corrigés en utilisant le correcteur d’Eicker-White. Les données ne sont pas normalement distribuées. La taille de l’échantillon (330) permet toutefois de continuer les analyses.

Tableau 12.

Résultats des modèles de régression sur le lait.

MCO Quantiles régressions

Rentabilité économique VARIABLES Q. 25 Q. 50 Q. 75 Productivité du capital 23.44*** 20.69*** 23.56*** 26.26*** (3.406) (1.382) (0.904) (1.352) Charges salariales -15.90*** -14.59*** -15.95*** -16.31*** (1.193) (1.038) (0.679) (1.015) Charges alimentaires 3.512*** 2.850*** 3.302*** 2.041** (0.980) (1.013) (0.662) (0.990)

Autres charges d’exploitation -16.73*** -16.03*** -16.01*** -15.16***

(0.693) (0.494) (0.323) (0.483)

Charge d’amortissements -11.34*** -13.34*** -12.91*** -12.32***

(1.661) (1.252) (0.819) (1.225)

Taille des entreprises -4.18 e-07** -4.62 e-07*** -1.91 e-07* -1.89 e-07 (1.80e-07) (1.69e-07) (1.11e-07) (1.66e-07)

Expérience -0.00497 -0.00594 -0.0115*** -0.00452

(0.00549) (0.00660) (0.00432) (0.00646)

Constante 11.29*** 11.13*** 11.13*** 10.65***

(0.775) (0.502) (0.328) (0.491)

Observations 330 330 330 330

Somme des pondérations 10 044 10 044 10 044 10 044

R2 (MCO) ;R1 (Quantiles) 0.8925 0.7177 0.7241 0.7257

Robust standard errors in parentheses *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 Source : Nos estimations à partir des données d’AAC, 2017.

Les résultats sont analysés à travers la significativité globale des modèles, leurs pouvoirs explicatifs et la signification des variables indépendantes au seuil de 5 %.

Pour l’estimation MCO, la statistique de Fisher calculée est F (7, 322) = 108.10 et la probabilité qui lui est associée est inférieure à 5 % (p-value = 0,0000 < 0.05). On peut conclure que le modèle est significatif et de bonne qualité. Ce résultat est confirmé par le coefficient de détermination R2 qui est de 0,8925. Autrement dit, les variations des variables indépendantes du modèle expliquent 89,25 % de la variation de la rentabilité économique des entreprises laitières. Les pseudos R2 ou R1 qui mesurent la qualité des différents modèles pour chaque quantile sont de 0,7177 pour 25 % des entreprises les moins rentables ; 0,7241 pour les entreprises médianes et 0,7257 pour 25 % des entreprises les plus rentables.

Les résultats montrent que six variables sont significatives pour l’estimation MCO et dans la régression quantile sur 25 % des entreprises les moins rentables. La taille des entreprises n’est pas significative dans les deux

autres régressions quantiles (médiane et 25 % des entreprises les plus rentables). Le signe des variables significatives, qui traduit le sens de leurs impacts sur la rentabilité économique se présente comme suit : - La productivité du capital a un impact positif sur la rentabilité économique. Ce résultat, conforme à notre

hypothèse, est appuyé par une littérature unanime sur le lien entre productivité et rentabilité. De même, les résultats des études de Mishra & Morehart (2001) et Reid (2013) sur les facteurs de réussite des entreprises laitières arrivent aux mêmes conclusions. Les résultats des régressions quantiles montrent que l’impact de la productivité du capital est plus élevé dans les groupes d’entreprises les plus rentables. L’amélioration de la productivité s’accompagne donc d’une amélioration de la rentabilité économique.

- Les charges salariales, les charges d’amortissements et les autres charges d’exploitations ont un impact

négatif sur la rentabilité économique. Ces résultats confirment nos hypothèses et corroborent ceux obtenus par Reid (2013) ; Mishra & Morehart (2001) et Lepage et al., (2008). Les résultats des régressions quantiles montrent que les entreprises les plus rentables supportent plus de charges salariales que les moins rentables. Quant aux amortissements et autres charges d’exploitations, ils nuisent plus à la rentabilité des entreprises les moins rentables.

Le pourcentage de charges alimentaires a un impact positif sur la rentabilité économique. Ce signe est contraire à notre hypothèse. Cependant, les régressions quantiles montrent que les entreprises qui dépensent le plus en alimentation ne sont pas les plus rentables. L’effet positif des charges alimentaires sur les entreprises médianes est plus élevé que sur 25 % des entreprises les plus rentables. Il existerait donc un taux de charges alimentaires optimal au-dessus duquel l’impact positif sur la rentabilité décroit. - La taille a un impact négatif sur la rentabilité économique dans l’estimation MCO et dans les régressions

quantiles sur les entreprises médianes et sur 25 % des entreprises les moins rentables. L’impact n’est pas significatif dans 25 % des entreprises les plus rentables. Ces résultats infirment notre hypothèse initiale sur la supériorité de la grande entreprise en termes de résultats économiques. Ils se rapprochent des résultats des travaux de Shepherd (1972) et Dunlop (1992). La grande taille est un handicap à la rentabilité économique de 75 % des entreprises laitières (les entreprises médianes et 25 % des entreprises les moins rentables).

Les sensibilités moyennes sont calculées pour mesurer la variation de la rentabilité économique par rapport à la variation de 1 % de ses déterminants. Elles permettent d’identifier, dans chaque groupe, les facteurs les plus importants pour l’amélioration de la rentabilité économique. L’ensemble des sensibilités calculées sur les deux modèles de régression est présenté dans le Tableau 13.

Tableau 13.

Sensibilités moyennes des variables indépendantes significatives (Lait).

Variables |Sensibilités| MCO [3,44] ** Quantile .25 [1,26] ** Médiane [3,26] ** Quantile .75 [5,04] ** Productivité du capital 0,0392 0,0280 0,0408 0,0553 Charges salariales 0,0190 0,0202 0,0195 0,0173 Charges d’amortissements 0,0133 0,0220 0,0159 0,0100 Charges d’alimentation 0,0057 0,0049 0,0054 0,0032 Autres charges 0,0895 0,1091 0,0871 0,0618

Taille des entreprises 0,0020 0,0019 0,0009 -

** : Rentabilité économique moyenne.

Source : Nos estimations et compilations à partir des données d’AAC, 2017.

Les autres charges d’exploitation, la productivité du capital et les charges salariales sont les trois déterminants qui ont le plus d’impact sur la rentabilité économique des entreprises moyennes, médianes et 25 % des entreprises les plus rentables.

Dans le groupe de 25 % des entreprises les moins rentables, le contrôle des charges d’amortissement prime sur les charges salariales. Ainsi, une amélioration de la productivité du capital, une diminution des charges d’amortissement et autres charges d’exploitation pourront servir à améliorer la rentabilité économique dans ce groupe d’entreprises.

Céréales : Santé financière et ses déterminants