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Choix des éléments d’explication de la situation financière

Chapitre 3 : Méthodologie

3.2.4 Choix des éléments d’explication de la situation financière

Il existe une multitude d’indicateurs et de ratios permettant d’expliquer la situation financière des entreprises agricoles. Chaque indicateur permet d’évaluer et de suivre un aspect particulier de la gestion. Le choix des indicateurs dépend des objectifs de chaque étude et des données disponibles. Winsten, Parsons & Hanson (2000) construisent un modèle de régression multiple avec des variables indépendantes telles que la taille du troupeau, l’endettement, la production par vaches et les dépenses vétérinaires pour analyser la performance

financière des fermes laitières du Vermont. Andrews et al., (2006) jugent l’efficacité des systèmes de production laitière australienne en s’appuyant sur la liquidité, la production par vache et les coûts de production (coût d’alimentation, coût de main-d’œuvre, coût financier) liés à la structure des actifs. Pour comparer les systèmes de productions laitières canadiennes et états-uniennes, Leblanc (2012) utilise 14 ratios financiers repartis en trois indicateurs : les indicateurs de performance technique, économique et financière. La plupart de ces ratios sont reconduits par Reid (2013) pour dresser une analyse complète de la situation financière des entreprises laitières québécoise.

Au regard des objectifs de la présente étude et des données accessibles, huit ratios sont définis au travers de quatre indicateurs que sont : la productivité du capital, l’efficacité technico-économique, la taille des entreprises et l’expérience.

Productivité du capital

« La croissance de la productivité est le fondement de l’amélioration des revenus réels » (Schreyer & Pilat, 2001, p. 138). Il est de ce fait un indicateur économique particulièrement important dans toute analyse économique. La productivité va généralement de pair avec la rentabilité (Cette & Szpiro, 1992). Il existe une multitude de méthodes de mesure de la productivité qu’on pourrait regrouper comme suit : les méthodes de mesure mono- factorielles (facteur capital ou facteur travail) et les méthodes de mesure pluri-factorielles qui combinent les facteurs capital et travail (Schreyer & Pilat, 2001). Le choix à opérer dépend de l’objectif de l’étude et des données disponibles. Dans la présente étude, ce choix s’impose de lui-même. La productivité du capital est la seule variable de productivité que la base de données permet de calculer. Elle évalue la capacité de l’entreprise à générer des produits avec peu de capitaux (Levallois & Perrier, 2002). Pour les producteurs, l’objectif est d’avoir une productivité du capital la plus élevée possible afin de conserver un faible nombre d’actifs comparé aux produits (Lepage et al., 2008). Il est donc attendu qu’il soit positivement corrélé avec la rentabilité économique.

La meilleure des productivités étant celle qui permet d’avoir le maximum de produits avec un minimum d’intrants, une entreprise saine est celle qui produit le plus aux moindres coûts possibles sans détériorer la qualité. On voit alors toute l’importance de l’efficacité technico-économique ou gestion des charges qui constitue notre deuxième classe de variables identifiée.

Efficacité technico-économique (Pourcentage de charge)

Quels que soient son secteur d’activité et ses spécificités, une entreprise économiquement rentable est celle-là qui maitrise ses charges de manière à pouvoir dégager des bénéfices (Crucifix & Derni, 1992). Plus le pourcentage de charge est faible, mieux se porte l’entreprise. Pour accroître son efficacité, une entreprise doit « diminuer ses charges et/ou augmenter ses produits afin de conserver le pourcentage de charges le plus bas possible » (Lepage et al., 2008, p. 11).

Cinq variables d’efficacité sont calculées. Il s’agit du pourcentage de charges salariales, du pourcentage de charges d’amortissements, du pourcentage de charge d’alimentation pour le lait, du pourcentage de charge d’engrais, semences et pesticides pour les fruits, légumes et céréales, et du pourcentage des autres charges d’exploitation (électricité, carburants, loyer de terre…).

Une bonne rentabilité étant incompatible avec un pourcentage de charge élevé, il est attendu que les variables d’efficacité technico-économique soient négativement corrélées avec la rentabilité économique.

Taille

Il existe une vaste littérature sur l’importance de la taille dans la santé financière d’une entreprise. La littérature économique des années 60 révèle que la taille est positivement liée à la rentabilité d’une entreprise du fait de l’existence d’économie d’échelle15 (Coutsinas et al., 1968 ; Linder, 1961). Quelques années plus tard, de nouveaux courants de pensée vantent les avantages de la petite entreprise. Les études empiriques de Shepherd (1972) et Dunlop (1992) concluent que la taille de l’entreprise a un effet négatif sur le taux de la rentabilité. Pour faire le pont entre les deux courants, Cette et Szpiro (1992) stipulent qu’il existe une taille optimale pour la rentabilité dans la plupart des secteurs d’activités.

La variable taille est mesurée par les ventes agricoles.

Pour notre propos, ne grossis pas qui veut, mais qui peut. Autrement dit, c’est la réussite économique qui permet à une entreprise de prendre de l’expansion. La taille serait donc positivement liée à la rentabilité économique des entreprises agricoles.

Expérience

L’expérience et le profil managérial du dirigeant sont fortement mis en cause ou loués, respectivement en cas de faillite ou de réussite financière (Crucifix & Derni, 1992; Perry & Pendleton, 1984). Pour Harouz (2012), les fautes liées à la capacité managériale du décideur et sa méconnaissance du processus de décision sont à l’origine de beaucoup de difficultés qui peuvent être fatales pour l’entreprise.

Rejoignant le point de vue des auteurs, il est attendu que la variable expérience soit positivement corrélée avec la rentabilité économique.

La variable expérience mesure le nombre d’années d’expérience du gestionnaire le plus expérimenté. En dehors des quatre catégories de variables définies, les débats en cours sur le surendettement ou non des entreprises agricoles québécoises nous incite à regarder la situation de l’endettement des fermes sous étude. La dette est analysée à travers trois ratios : le taux d’endettement, le coût de la dette et l’annuité par dollar de produit. Étant donné que la rentabilité économique exclut l’endettement, les variables d’endettement ne sont pas incluses dans les modèles de régressions.

Le modèle testé avec les variables explicatives peut s’écrire de la sorte :

Y(RE)= β0 + β1 Productivité + β2 Efficacité technico-économique + β3 Taille + β4 Expérience +

ε

. Les variables explicatives et d’endettement identifiées, leur mode de calcul, leur codification et le signe attendu de leur liaison avec la rentabilité économique sont résumés dans le Tableau 9 ci-après :

Tableau 9.

Synthèse des variables indépendantes et d’endettement, modes de calcul, codes et impacts attendus sur la rentabilité économique.

Variables Mode de calcul Code Impacts RE

Productivité du capital 𝑣𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑎𝑔𝑟𝑖𝑐𝑜𝑙𝑒

𝑎𝑐𝑡𝑖𝑓 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙 ProdCap +

Charges salariales 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑠 𝑠𝑎𝑙𝑎𝑟𝑖𝑎𝑙𝑒𝑠𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 ChgSal_PB -

Charges alimentaires 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑠 𝑑′𝑎𝑙𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 ChgAlim_PB - Charges d’amortissements 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑠 𝑑′𝑎𝑚𝑜𝑟𝑡𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡𝑠𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 ChgAm_PB - Charges d’engrais, semences et pesticides 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑆𝐸𝑃𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 ChgSEP_PB - Autres charges d’exploitation 𝐴𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒𝑠𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 AutrChg_PB -

Taille Vente agricole Taille +

Expérience Nombre d’années d’expérience Exper +

Coût de la dette 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡 Intérêts Poidsdette

Annuité par dollar de produit brut 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢 𝑏𝑟𝑢𝑡𝐴𝑛𝑛𝑢𝑖𝑡é Anuit_PB