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Déterminants aux premiers stades du développement

évoque toute la gamme des déterminants de la santé, y compris certaines interventions dont l’efficacité est avérée. La section suivante (p. 89 à 93) aborde les divers facteurs mentionnés ici afin de répertorier ceux que l’on retrouve dans les interventions réussies.

Déterminants aux premiers stades du développement

Liens avec la santé maternelle

Il existe un lien étroit entre la santé des enfants et les politiques relatives à la santé maternelle. Les conditions de vie de la mère ont une influence capitale sur la santé de l’enfant. De plus, les premières interventions visant à protéger et à promouvoir la santé de l’enfant – grâce à des soins adéquats au

nouveau-né et à un allaitement maternel exclusif, par exemple – ne peuvent que s’inscrire dans le cadre de la santé maternelle et des soins prodigués à la mère.

Comme cela a déjà été signalé, les bases d’une bonne santé sont posées avant même la conception. Elles sont décisives durant les premières années de la formation de l’enfant. Les anomalies congénitales, par exemple, peuvent être évitées grâce à diverses interventions : 1. l’absorption par la femme, à l’époque de la conception, de suppléments d’acide folique a un

puissant effet protecteur contre l’apparition de défauts du tube médullaire chez les fœtus (59) ;

2. l’élargissement des programmes de vaccination des bébés et/ou des fillettes contre la rubéole ; 3. l’organisation des meilleurs soins cliniques possibles pour les femmes enceintes souffrant

d’épilepsie ou de diabète et la mise en œuvre d’une stratégie de lutte contre les risques liés à l’obésité de la mère ;

4. l’adoption de dispositions prévoyant des essais plus rigoureux pour les produits

pharmaceutiques avant leur commercialisation et la surveillance de ces produits par la suite ; 5. la réduction de la consommation abusive de drogues récréatives telles que la cocaïne et

l’alcool par les parents ;

6. la délivrance de conseils génétiques ;

7. l’application du principe de précaution vis-à-vis de l’exposition à certains facteurs de l’environnement : limiter l’exposition intensive à des sous-produits de la chloration de l’eau potable, à des produits chimiques perturbateurs du système endocrinien, aux rejets des décharges et aux pesticides.

Un régime alimentaire sain et un approvisionnement en eau potable ont une importance capitale à chaque stade du développement, depuis avant la conception jusqu’à la vie ultérieure.

Une mauvaise alimentation a pour corollaires un affaiblissement de la résistance aux maladies, une perturbation du développement physique et psychologique, une morbidité et une

mortalité infantiles trop élevées.

La période néonatale est un moment critique. L’ expérience montre qu’une technologie sophistiquée n’est pas le principal facteur. La santé néonatale dépend largement de la situation socioéconomique, de l’accès à des services prénatals et à des services d’obstétrique, et de l’information dispensée aux parents. Combinée à des mesures visant à promouvoir la santé et à prévenir la maladie, l’amélioration de la situation socioéconomique des personnes à haut risque est efficace. Si la survie du nouveau-né ne dépend pas essentiellement d’une infrastructure médicale coûteuse, l’accès à des soins de base est capital.

Un faible poids à la naissance (moins de 2 500 g) augmente les risques sanitaires chez le nouveau-né et par la suite. Il va de pair avec une augmentation de la fréquence des coronaropathies, des accidents vasculaires cérébraux, de l’hypertension et du diabète non insulinodépendant. Sa prévalence oscille entre 4 % et 16 % environ dans la Région. Les mères jeunes ont davantage tendance à donner le jour à des bébés de petit poids. Ces bébés sont aussi plus souvent nés de mères fumeuses, ce qui semble être le principal facteur dans la Région.

De plus, un faible poids à la naissance peut être le signe d’une alimentation inadéquate chez la mère.

Allaitement au sein

L’ allaitement au sein est un moyen efficace et peu coûteux d’améliorer le bien-être des nourrissons. De faibles taux d’allaitement au sein et un sevrage rapide :

• ont d’importantes répercussions négatives sur le plan sanitaire et social pour les femmes, les enfants et la société ;

• entraînent un surcroît de dépenses de soins de santé ;

• accroissent les inégalités sur le plan de la santé (60).

Dans tous les États membres, les mères sont trop peu nombreuses à allaiter leur enfant au sein jusqu’à l’âge de 6 mois (figure 10) ; l’OMS recommande un allaitement maternel exclusif durant cette période.

L’ allaitement au sein peut être encouragé par tout un éventail de mesures telles que des séances d’information, des pratiques éclairées dans le milieu de travail et un congé de maternité payé. Les médias et les responsables de l’enseignement peuvent apporter leur pierre à l’édifice en promouvant des normes sociales favorables à ces activités. Une analyse des bases factuelles révèle que toutes les formes d’appui supplémentaire aux mères ont des effets bénéfiques sur la durée de l’allaitement maternel exclusif et partiel. Un soutien professionnel supplémentaire est bénéfique pour tout type d’allaitement et un soutien non professionnel limite efficacement l’arrêt de l’allaitement maternel exclusif. Il a été démontré qu’un soutien professionnel dispensé par un personnel correctement formé avait des effets positifs pour la santé, dont une nette réduction des risques d’infections gastro-intestinales et d’eczéma atopique. La recherche montre qu’un soutien général de l’allaitement maternel augmente à la fois le nombre de mères allaitantes et la durée de l’allaitement (61).

Il y a consensus quant à la meilleure manière d’encourager l’allaitement au sein. Un plan d’action (60) financé par la Commission européenne a été élaboré en se basant sur la Stratégie

Figure 10.

Pourcentage d’enfants de 6 mois nourris au moins partiellement au sein dans 32 pays de la Région européenne de l’OMS, 2000

95 87 81 80 79 72 72 71 71 67 63 51

50 48 44 42 41 41 40 40 39 37 37 33 32 32 30 27 26 25 21 17

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Pourcentage

Ouzbékistan Albanie République de Moldova Norvège Kirghizistan Tadjikistan Suède Turquie Kazakhstan Islande Arménie Finlande Bélarus Hongrie Géorgie Estonie Ukraine

Israël ERY de Macédoinea Espagne Roumanie Slovaquie Italie Fédération de Russie Serbie-et-Monténégro République tchèque Azerbaïdjan

Lituanie Lettonie Pays-Bas Royaume-Uni

Croatie

a Ex-République yougoslave de Macédoine

Source : Base de données européenne de la Santé pour tous (17).

mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (26). Il recommande des stratégies nationales insistant sur la traduction des politiques dans les faits. Il convient de faire preuve de vigilance, par exemple pour veiller à ce que le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (62) continue à être appliqué.

Pratiques d’alimentation

De mauvaises pratiques d’alimentation peuvent être l’une des grandes causes de malnutrition chez les jeunes enfants, avec pour principal signe révélateur, dans la Région, une petite taille par rapport à l’âge (retard de croissance). C’est en Albanie et au Tadjikistan que le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance était le plus élevé entre 1997

et 2003 (plus de 35 % ; voir le tableau 2 de l’annexe), mais il est considérable dans plusieurs autres pays où la population infantile est nombreuse. On rencontre également des courbes de croissance situées sous la normale chez les groupes pauvres de pays riches comme le Royaume-Uni.

Le retard de croissance augmente les risques de problèmes de santé ; il va de pair avec un ralentissement du développement cognitif et une réduction de la capacité de travail à un stade ultérieur de la vie. Il est aussi un indicateur sensible d’un état de pauvreté. Les nourrissons ayant présenté un faible poids à la naissance sont plus susceptibles de souffrir d’un retard de croissance (63). Une mauvaise alimentation dans la prime enfance rend plus vulnérable à l’hypertension, au diabète et aux maladies cardiovasculaires. Les fillettes présentant un faible poids à la naissance courent davantage de risques de présenter un retard de croissance lorsqu’elles deviendront mères et, partant, de donner naissance à des bébés de petit poids (49).

Les habitudes alimentaires sont fonction de la situation économique et de normes sociales.

Il est possible d’exercer une influence sur les normes sociales par le biais de l’éducation et de programmes de communication dont l’action est renforcée par des interventions auprès de la population et les recommandations de professionnels. Des modifications de l’approvisionnement alimentaire peuvent nécessiter des mesures de la part des autorités publiques à l’échelle nationale et la participation de l’industrie alimentaire, du secteur de l’enseignement, des organisations de la société civile et des médias.

Infection à VIH

Avec l’augmentation constante du nombre de femmes infectées par le VIH dans la Région européenne, les nouveau-nés sont de plus en plus nombreux à contracter cette infection.

Néanmoins, le cadre stratégique pour la prévention de la séropositivité chez les nourrissons (64) ouvre des possibilités d’éliminer ce problème dans la Région. La prévention va au-delà des soins cliniques et doit comprendre toute une série de tâches de soins et de protection, tant dans les établissements de santé qu’auprès de la population. Ce cadre stratégique s’inspire de l’expérience des pays de la Région. Il définit des stratégies pour la concrétisation, à l’échelon des pays, des objectifs formulés dans la déclaration de Dublin sur le partenariat pour la lutte contre le VIH/sida en Europe et en Asie centrale (65). Ce cadre stratégique recommande la prise des mesures suivantes :

• intégrer les services de prévention de l’infection à VIH chez les nourrissons aux services de santé maternelle, infantile et autres services de santé génésique ;

• établir le contact avec les femmes ayant un accès limité ou tardif à de tels services ;

• amplifier les services de conseil et de dépistage performants et les mettre en relation avec d’autres services de soins et de prévention du virus VIH.