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Détection de l’hypertension artérielle et facteurs associés dans les pays africains

CHAPITRE II : RECENSION DES ÉCRITS

2.4 Détection de l’hypertension artérielle et facteurs associés dans les pays africains

2.4.1 Détection de l’hypertension artérielle dans les pays africains

La détection de l’HTA représente le rapport du nombre des personnes hypertendues connues sur le nombre de toutes les personnes hypertendues dépistées lors d’une étude de prévalence. Afin de bénéficier d’une prise en charge, toute personne hypertendue doit être diagnostiquée. La détection dans les pays africains varie de 15 à 40 % parmi les personnes de 18 ans et plus [16, 18, 24, 26, 129]. Dans une étude sur des personnes de plus de 50 ans vivant en ville au

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Sénégal, la détection était environ 50 % [93]. C’est dire que la moitié des personnes hypertendues en Afrique ne sont informées de leur état. Cela aura pour conséquence la consultation tardive des personnes qui en souffrent, souvent au cours d’une complication comme un accident cérébral vasculaire étant donné que l’HTA est asymptomatique. Des efforts doivent être consentis pour améliorer la détection dans les pays africains.

2.4.2 Facteurs associés à la détection de l’hypertension artérielle Le sexe

Dans les pays africains, la détection de l’HTA présente des proportions différentes selon le sexe. La quasi-totalité des études montre une meilleure détection parmi les femmes [17-19, 24, 93]. Cette prédominance des femmes hypertendues détectées sur les hommes est expliquée sûrement par l’activité génésique de la femme qui l’amène plus fréquemment à voir le personnel de santé. Ainsi chaque visite dans la formation sanitaire est une occasion pour elle de bénéficier de la mesure de sa PA [20].

L’âge

La détection augmente avec l’âge. Chez les moins de 35 ans, la proportion des personnes hypertendues détectées est de moins de 20 % alors que parmi les personnes âgées de 50 ans et plus, elle est au moins de 4 0% [17, 26]. Il y a donc une association positive entre la détection et l’âge. Deux hypothèses pourraient expliquer cela : (1) soit les personnes plus jeunes feraient moins l’objet d’un diagnostic de l'HTA de la part des agents de santé (2) soit les personnes jeunes fréquentant moins les formations sanitaires ont moins de chance de se faire diagnostiquer (surtout que l’HTA est asymptomatique).

Le milieu de résidence

La différence de la détection en fonction du milieu de résidence a été prise en compte dans les études sur la population africaine. Certaines études montrent que la détection des personnes hypertendues dans le milieu urbain (plus de 25 %) est significativement plus élevée que celle dans le milieu rural (moins de 15 %) [24, 27]. D’autres études n’ont pas trouvé de différence significative, mais le pourcentage des détectés en milieu urbain reste supérieur à celui en milieu rural [16, 26]. Les populations en milieu urbain pourraient avoir

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plus d’opportunités afin de se faire diagnostiquer. La proximité et la multiplicité des formations sanitaires en milieu urbain pourraient expliquer cette différence, car en milieu rural, la formation est souvent unique et la population desservie n’en est pas plus informée. Le niveau d’éducation

Les résultats de l’effet de l’éducation sur la détection des personnes hypertendues sont mitigés. Au Mozambique, la détection augmente avec l’instruction chez les femmes aussi bien en milieu urbain (< 4ans : 28,6 % ; 8ans et plus : 51,9 %) qu’en milieu rural (< 4ans : 8,5 % ; 8 ans et plus : 13,1 %). Cependant l’éducation n’a pas d’effet significatif chez les hommes, quel que soit le milieu [24].

Au Ghana, la détection diminue lorsque le niveau d’éducation augmente (aucun : 44,6 %, Primaire : 32,2 %, Secondaire et plus : 29,7 %) [26]. Cette association négative est rencontrée chez les personnes âgées au Sénégal (aucun : 52,2 %, Primaire : 52,9 % secondaire et plus : 32,7 %) [93]. Cette association négative entre la détection et l’éducation pourrait s’expliquer par un effet de confusion du sexe. En effet, il est un constat en Afrique que plus le niveau d’éducation augmente, moins les femmes sont représentées. Alors ces auteurs pourraient faire une analyse stratifiée selon le sexe qui serait la mieux indiquée. De futures études sont souhaitables pour mieux élucider l’effet de l’éducation sur la détection de l’HTA.

Le mariage

Une seule étude s’est intéressée à l’effet de la situation matrimoniale sur la détection. L’auteur trouve que la détection des personnes hypertendues est meilleure chez les non- mariés (67 %) comparés aux mariés (44 %) [93]. Ce résultat se rapporte à une population de 50 ans et plus et le groupe des non-mariés a une très large définition (veuves/veufs, célibataires, divorcés) et pourrait entraîner une confusion. Il est possible que les personnes non mariées dans cette étude soient fondamentalement des femmes veuves puisqu’il y a très peu d’hommes veufs (5 à 10 fois plus de veuves que de veufs après 60 ans) dans les populations africaines [130]. Il y a donc lieu de mieux définir les classes de façon plus précise et évaluer l’effet du sexe sur la détection des personnes hypertendues dans de futures études.

32 L’Indice de Masse Corporelle

Dans une étude au Ghana, le pourcentage de personnes HTA détectées augmente avec l’IMC (Normal : 26 % ; Surpoids : 43 % ; Obèse : 48 %) [26]. Deux hypothèses pourraient expliquer cela : (1) Plus une personne tend vers l’obésité, la tendance pour l’agent de santé à poser un diagnostic d’HTA serait grande, (2) plus une personne fait du surpoids, elle fréquenterait plus les centres de santé pour des problèmes de santé et augmente ainsi sa chance de diagnostiquer son HTA. De nouvelles études sur l’effet de l’IMC sur la détection sont souhaitables pour confirmer ou infirmer ces résultats.

En somme, la détection de l’HTA est en général faible (< 40 %) dans les pays africains. Des interventions sont souhaitées pour l’améliorer. Les facteurs associés à la détection pourraient être exploités pour guider l’intervention.

2.5 Traitement de l’hypertension artérielle et facteurs associés