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Partie 1  : De l’homéostasie glucidique à l’insulino‐résistance

I. Homéostasie du glucose et désordres associés à sa dérégulation

3.  Désordres du métabolisme glucidique

   

3. Désordres du métabolisme glucidique 

Comme  nous  l’avons  vu  précédemment,  la  régulation  du  métabolisme  glucidique  est  complexe et fait intervenir plusieurs facteurs comme les hormones, certains acides aminés ou  encore des acides gras. Tous ces éléments permettent de maintenir la glycémie stable au cours  du temps. Cependant, il existe de nombreuses causes pouvant altérer cette régulation et  provoquer plusieurs désordres comme des hypoglycémies (ce qui ne sera pas détaillé ici) mais  aussi des pathologies comme le syndrome métabolique ou encore le diabète de type 2. 

a. Syndrome métabolique 

Le syndrome métabolique (SM) a d’abord été défini par Reaven en 1988 comme une  association de symptômes regroupant : une diminution du glucose uptake sous insuline, une  intolérance au glucose, une hyperinsulinémie, une augmentation des VLDL, une diminution  Figure 9 : Action du glucagon sur le métabolisme glucidique (adapté de Jiang et Zhang, 2003)  La liaison du glucagon à son récepteur active la protéine Gs aboutissant à l’activation de la PKA. Une fois activée, la PKA active la transcription des enzymes impliquées dans la néoglucogénèse, et active la glycogénolyse. 

du cholestérol HDL et une hypertension. Sa définition a ensuite été revue par l’Organisation  Mondiale de la Santé en 2001 pour y ajouter la présence d’une obésité viscérale. En 2005,  l’IDF (International Diabetes Federation) a redéfini le SM comme étant un ensemble de  conditions qui, une fois regroupées, augmentent le risque de maladies cardiovasculaires,  d’infarctus et de diabète. Les critères de diagnostic sont une obésité abdominale (tour de taille 

≥94 cm) combinée à deux des critères suivants : triglycérides ≥150 mg/dL ou cholestérol HDL 

<40 mg/dL, pression sanguine  ≥140/90 mmHg, glycémie à jeun  ≥100 mg/dL. Malgré les  différences de critères de diagnostic suivant les définitions, tous s’accordent sur le fait que le  SM est caractérisé par une obésité et une résistance à l’insuline (Alberti et al., 2006). Le SM  représente un problème majeur de santé publique avec une prévalence de 25% d’adultes  atteints dans le monde (O’Neill and O’Driscoll, 2015), une mortalité cardiovasculaire six fois  plus élevée (Isomaa et al., 2001) et un risque cinq fois plus élevé de développer un diabète  (Stern et al., 2004). 

b. Diabète de type 2 

Le diabète de type 2 (DT2) est une maladie métabolique très fréquente qui touchait 422  millions d’adultes dans le monde en 2014 avec une prévalence qui augmente dans toutes les  régions du monde (NCD Risk Factor Collaboration, 2016). Le DT2 est caractérisé par une  hyperglycémie, une hyperinsulinémie, une résistance à l’insuline et une défaillance de la  cellule bêta (Ogihara and Mirmira, 2010) (Figure 10). 

 

Évolution de la fonction de la cellule , de la glycémie et de la sensibilité à l’insuline dans le temps suivant l’état physiologique : tolérance au glucose normale, altérée et lors du diabète (adaptée de

Les principales complications du DT2 sont des complications cardiovasculaires qui touchent  les petits vaisseaux comme les rétinopathies diabétiques, les néphropathies diabétiques et les  neuropathies diabétiques mais aussi les plus gros vaisseaux et favorise la formation de plaques  d’athéromes ainsi que les arrêts cardiaques. À la différence du diabète de type 1 qui est une  maladie génétique auto‐immune dirigée contre les cellules du pancréas, le DT2 est une  maladie complexe associant des causes génétiques et environnementales.  

Les causes génétiques du DT2 sont illustrées par plusieurs aspects : d’une part, la prévalence  du DT2 varie considérablement selon les populations, passant de 2% chez les Caucasiens en  Europe à plus de 50% chez les Indiens Pima (Diamond, 2003). D’autre part, il est clairement  établi qu’il existe une prévalence familiale de cette maladie, où le risque pour un enfant de  développer un DT2 est de 30 % si un de ses parents est diabétique et approche 70% si les deux  parents sont diabétiques. Enfin, un troisième argument est le taux de concordance très élevé  chez les jumeaux, qui est proche de 100% chez des jumeaux homozygotes (Diamond, 2003).  

Le principal facteur environnemental est l’obésité qui, surtout lorsqu’elle est abdominale, est  le plus robuste facteur prédisposant au DT2 (Hu et al., 2001; Guh et al., 2009). Véritable  pandémie,  l’obésité  se  manifeste  à  travers  une  détérioration  de  l’alimentation,  une  diminution de l’activité physique et une augmentation de la sédentarité chez la majorité des  personnes  depuis plusieurs  années, se traduit  par une augmentation  de l’adiposité  et  s’accompagne du développement du T2D chez un grand nombre de sujets. Or, il a été montré  qu’une réduction du poids est associée à un risque diminué de développer un diabète et que  chez des personnes diabétiques, une perte de poids est associée à une forte diminution des  risques cardiovasculaires (Wilding, 2014). 

L’obésité peut également être classée dans les causes génétiques car il est maintenant bien  établi qu’il existe des gènes de prédisposition à l’obésité, le meilleur exemple étant le gène  MC4R, codant pour la protéine Melanocortin Receptor 4, qui est associé à une obésité sévère 

(Farooqi et al., 2000). 

Cependant,  il  existe  une  certaine  interaction  entre  les  facteurs  génétiques  et  environnementaux qui est illustrée par l’augmentation de la prévalence du DT2 dans certaines  populations suite à un changement dans leur style de vie. C’est notamment le cas des Indiens  Pimas en Arizona, qui pendant des milliers d’années ont connu des périodes de famines et de  grande sécheresse entrainant ainsi une sélection de gènes favorisant le stockage de graisses. 

Lorsque cette population s’est retrouvée dans une société de pléthore alimentaire, ces gènes 

sont alors devenus pro obésogènes et le nombre de personnes atteintes de DT2 a alors  augmenté de façon exponentielle, pour arriver aujourd’hui à une prévalence de DT2 de 50%,  ce qui en fait la population avec la plus grande prévalence de DT2 (Diamond, 2003). Cet  exemple montre que les facteurs génétiques et environnementaux agissent en synergie. 

 

La pathogénèse du DT2 fait intervenir plusieurs mécanismes aboutissant à l’hyperglycémie  regroupés à ce jour sous le terme d’« ominous octet » (Figure 11). Il regroupe la résistance à  l’insuline dans les tissus périphériques, processus au cours duquel l’action hypoglycémiante  de l’insuline décroit, l’augmentation de la lipolyse des tissus adipeux, l’augmentation de la  réabsorption  du  glucose  au  niveau  du  rein,  une  dysfonction  des  neurotransmetteurs,  l’augmentation de la sécrétion de glucagon et la diminution de l’effet incrétine, aboutissant à  l’hyperglycémie et au DT2 (DeFronzo, 2009).  

Nous nous interesserons dans la partie suivante à l’insulino résistance, composante majeure  du DT2. 

      

Figure 11 : Pathogénèse du DT2 : « l’ominous octet » 

Liste des causes retrouvées dans le DT2 provoquant une hyperglycémie (adapté de DeFronzo, 2009)