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Chapitre 3 : Contribution de la théorie psychanalytique à l’analyse

2. Désobéissance et travail salarié : une subversion de l’assignation par

F. Fanon a proposé une analyse des dégats psychologiques de la colonisation

L’intérêt de l’ouvrage de F. Fanon : « Peau noire et masque blanc », est qu’il se prend, lui-même comme sujet d’investigation et décrit ce qu’il ressent en tant que noir dans un monde de blancs.

Il montre qu’il existe une origine sociale et politique à cette forme de « haine de soi ». Il se sert de nombreux témoignages et récits pour montrer en effet que ce ressenti est largement partagé par les peuples colonisés.

Par contre, et bien que F. Fanon soit psychiatre, il ne reconnaît pas à ce phénomène une quelconque origine psychologique, il en décrit les symptômes psychopathologiques mais ne lui reconnaît qu’une origine sociale et politique à savoir la colonisation. A aucun moment il n’envisage que le socius194 puisse avoir une quelconque influence. Il racontait pourtant :« Quand je désobéis, quand je fais trop de bruit, on (sa famille195) me dit de ne pas “ faire le nègre ”196 ».

Nous considérons également que la colonisation, mais aussi, et surtout, l’esclavage qui l’a précédé en Guadeloupe, a obligatoirement eu un impact psychologique sur les sujets qui ont vécu cette condition. Nous pensons même, comme le montre Le Guillant pour les bonnes à tout faire, que les héritiers des personnes ayant subi cette condition ont également été touchés.

Nous nous démarquons du point de vue de F. Fanon parce que nous pensons qu’il n’y a pas que la société qui est en cause même si elle joue un rôle fondamental, nous y reviendrons. La famille, les socius ont aussi contribué, nous semble-t-il, à ce que cette forme de « haine de soi » existe et qu’elle se perpétue.

194 Au sens de l’entourage proche de l’enfant : le père, la mère mais aussi un ami, un frère, un cousin, etc.

195 C’est moi qui précise

Assignation et économie matrimoniale

J.L Bonniol, anthropologue, constate que les sociétés issues de l’esclavage transatlantique ont été confrontées à une correspondance originelle entre les statuts et les apparences physiques. Celle-ci a posé un problème inédit de reproduction, marqué par la rémanence du biologique par rapport aux évolutions sociales. Il montre de façon assez convaincante que :

« La solution a résidé dans le recours à une économie matrimoniale bien surveillée : c’est dire qu’il y a bien eu « gestion » sociale de traits […], et surtout de la transmission de ces traits. […] par là une idéologie s’est véritablement incarnée197 ».

Ainsi, il montre que les Blancs ont tâché de se marier et de se reproduire avec des personnes de leur couleur de peau, tandis que les autres tâchaient de se marier et de se reproduire avec des personnes plus claires de peau qu’eux, pour grimper dans la hiérarchie sociale. Les choix matrimoniaux seraient donc depuis l’époque de la colonisation, orientés par la couleur de peau du partenaire potentiel ce qui avait déjà été souligné par F. Fanon.

De la théorie de la séduction généralisée à l’assignation par la couleur de peau

Si certains adultes, dans leur économie érotique et surtout matrimoniale donnent la préférence aux partenaires de couleur plus claires qu’eux, il y a fort à parier qu’il en sera de même avec leurs enfants.

Mais rappelons d’abord le cadre de la théorie de la séduction généralisée de J. Laplanche. La situation prise en compte est celle que J. Laplanche appelle « Situation anthropologique fondamentale » caractérisée par un rapport inégal entre l’enfant et les adultes. Les adultes transmettent à l’enfant une infinité de messages dont le code, le langage de base, est préconscient-conscient. L’enfant, qui a besoin des adultes qui l’entourent pour survivre, ne dispose pas des codes qui lui permettraient de comprendre les messages de l’adulte. De surcroît, ces messages sont compromis par l’inconscient sexuel de ces adultes. Comme le souligne C. Dejours :

197 Bonniol, J-L. (1992) « La couleur comme maléfice. Une illustration créole de la généalogie des Blancs et des Noirs ». Paris : Edition Albin Michel. , p. 17

« Lorsqu’un adulte dit à son enfant qu’il est un garçon, il dit en même temps tout ce qu’il pense des garçons, des filles, mais aussi tous les doutes qu’il a lui-même sur ce que recouvre au juste la notion d’identité de sexe et de genre. On peut assurément affirmer que par le truchement de cette assignation de genre, l’adulte emmène l’enfant, qu’ille sache ou non, dans tout ce que la différence anatomique de sexes et le « sexual » peuvent avoir d’ambigu, en raison même de ses propres ambivalences, incertitudes et conflits internes d’adulte. L’assignation n’est pas simple détermination sociale transmise par l’adulte à l’enfant. Elle devient, à partir de l’adulte qui l’adresse à l’enfant, un message d’assignation de genre compromis, d’entrée de jeu, par son inconscient à lui, selon des formes qui, pour une bonne part, s’énoncent à son insu198 ».

Ces messages sont donc énigmatiques pour l’enfant et il ne peut ainsi que tenter de les traduire. Mais cette traduction est toujours imparfaite, du fait du caractère compromis de ces messages et de l’absence de maîtrise du langage. Ce qui n’est pas traduit viendra constituer l’inconscient sexuel du sujet qui perdurera tout au long de sa vie.

C. Dejours rappelle que :

« C’est en raison du caractère inévitable de cette compromission de la relation adulte-enfant par le sexuel, que Laplanche propose le concept de « séduction généralisée »199 ».

Le processus d’assignation par la couleur de peau que nous proposons est un processus psychologique proche de celui évoqué par J. Laplanche concernant le genre :

« Assignation souligne le primat de l’autre dans le processus […]. C’est un processus qui n’est pas ponctuel, limité à un seul acte […]. L’assignation est un ensemble complexe d’actes qui se prolonge dans le langage et dans les comportements significatifs de l’entourage. On pourrait parler d’une assignation continue ou d’une véritable prescription […]. Ce n’est donc pas la Société qui assigne sans médiation, mais « le petit groupe des socii qui inscrit dans le social (père, mère, ami, frère, cousin…)» »200

198 Dejours. C, Ibid, p. 63

199 Dejours. C. ibid, p. 60

200 Jean Laplanche « Le genre, le sexe, le sexual » in « Sur la théorie de la séduction » Libres cahiers pour la psychanalyse, Press Editions, Paris, 2003, p.81

Dès sa naissance, sur la base de son anatomie sexuelle perçue, l’enfant sera assigné « garçon » ou « fille » par son entourage immédiat. Tout son destin sera ainsi marqué par l’assignation du genre.

C. Dejours, s’appuyant sur l’épistémologie féministe et plus particulièrement sur les travaux des sociologues du travail Helena Hirata et Danièle Kergoat, va plus loin en soulignant que l’assignation de genre est, de facto, une assignation asymétrique dans les rapports sociaux de sexe201.

En Guadeloupe, « Les barrières raciales apparues durant l’esclavage se sont maintenues après l’abolition, continuant à renforcer les hiérarchies sociales.202 ». De même qu’il existe une hiérarchie sociale de sexe, il existe une hiérarchie sociale de couleur de peau. Et en fonction de la couleur de peau de l’enfant perçue par les adultes qui l’entourent, ces derniers lui adresseraient des messages estampillés par l’ambivalence de leurs réactions inconscientes à la couleur de peau. Par exemple, un enfant qui naît de couleur claire s’entendra probablement désigné par son entourage, et ce, dès les premiers moments de sa vie : « Ti203 blan » ou « ti Chabine » ou « ti chabin » (signifiant positif usuel des personnes de couleur claire) ». Alors qu’un enfant de couleur foncé s’entendra plutôt dire : « Ti nèg » ou

« ti nègrès ». Encore faut-il préciser d’emblée que la perception par les parents de la couleur de peau d’un enfant ne renverrait pas à un classement objectif, qui serait valable pour tous, à l’instar d’un nuancier de couleurs prédéterminé. La perception de la couleur de peau d’un enfant est relative à celle de ses parents, ascendants, ou des autres enfants de la fratrie. La couleur de peau initialise donc chez l’adulte des réactions dont la composition est très complexe, toujours singulière, différente pour chaque enfant d’une même fratrie. C’est l’ensemble de ces réactions qui s’insinuent dans la communication adulte-enfant, jusque dans les soins du corps, sous forme, en particulier, de réactions affectives au corps de l’enfant, qui compromettent ou contaminent les gestes d’abord organisés par l’autoconservation.

201 Dejours. C « Pour une théorie psychanalytique de la différence des sexes » In « Sur la théorie de la séduction » - Libres cahiers pour la psychanalyse – In press – 2003.

202 J.L Bonniol, Ibid, p. 13

Assignation par la couleur de peau : des messages énigmatiques

Ces messages ne sont pas moins énigmatiques que les messages d’assignation du genre. L’enfant doit, de même, les traduire. C’est en fonction de la traduction que fera l’enfant qu’il se « convaincra » qu’il est un nègre, un « chabin » ou un blanc, comme on peut être convaincu d’être un garçon ou une fille. Dans ces circonstances la couleur de peau s’avère subjective et donc non objective. Jean Laplanche insiste sur le caractère binaire de l’assignation de genre. L’assignation par la couleur de peau est sans doute plus complexe. D’une part, elle renvoie à des différences et non à une différence ; d’autre part ces différences sont instables, l’assignation d’un enfant à une couleur de peau plutôt qu’à une autre étant variable d’un individu à l’autre. Enfin ces différenciations participent de l’assignation à une place plus ou moins privilégiée dans un ordre social, issu de l’esclavage.

Si les adultes sont si peu volubiles sur cet aspect en particulier avec leurs enfants, nous le verrons, c’est qu’ils ne seraient pas, eux-mêmes, « très au clair », oserions nous dire, sur cette question de la couleur de peau.

Assignation par la couleur de peau et rapports de domination

Dès le départ les deux pôles « nègre » et « blanc » ont correspondu dans la société guadeloupéenne à un statut de dominé, celui d’esclave ou de dominant, celui de maître et même après l’abolition de l’esclavage ce rapport de domination s’est maintenu dans la hiérarchie sociale, jusqu’à ce jour. En effet, encore aujourd'hui, la hiérarchie sociale est favorable aux personnes plus claires de peau. Il suffit d’observer la couleur de peau des dirigeants d’entreprise pour s’en convaincre. Ainsi, nous proposons l’idée qu’en fonction de sa couleur de peau, l’enfant pourrait être assigné au statut de dominé, de nègre ou même d’héritier d’esclave s’il est perçu comme étant de couleur foncée, ou au statut de dominant, de blanc ou encore d’héritier de maître s’il est perçu comme étant de couleur plus claire.

Le fait que les enfants perçus comme des nègres, soient initiés très tôt au travail domestique, nous semble pouvoir, là aussi, jouer un rôle, comme il en joue un pour les filles par rapport aux garçons.

Invisibilité de l’assignation et adulto-centrisme

Ce qui aurait empêché jusqu’alors tous les auteurs commentés d’accéder à cette hypothèse de l’existence de ce processus d’assignation psychologique par la couleur de peau, serait selon nous, de l’ordre de ce que J. Laplanche appelle « l’adulto-centrisme »204. Sinon, il est impossible de comprendre comment toutes les recherches qui ont été menées sur les voies de la transmission de la race, et des habitus qui l’accompagnent, n’ont jamais pris en compte l’enfant et sa relation avec les adultes qui l’entourent.

L’assignation par la couleur de peau concerne aussi les blancs

Nous pensons que pour les familles qui se considèrent comme des « blancs », le processus d’assignation existe également, le meilleur exemple est sans doute celui des « békés205 ». Dans un récit d’enfance d’une femme béké, celle-ci raconte notamment comment elle dispose dès sa naissance d’une domestique noire (ce qui est très fréquent) qui lui est dévouée corps et âme206. Ce simple fait installe, nous semble-t-il, cet enfant dans une position de dominant vis-à-vis de ceux qu’il considère comme des « nègres ».

Pour les métropolitains, le seul fait qu’en 1930 au zoo de Vincennes, on ait exposé des représentants des peuples colonisés à côté des macaques et des crocodiles, et qu’il y ait eu des millions de visiteurs, dont de nombreux enfants, qui ont jeté des cacahuètes à ces personnes, nous amène a penser que l’assignation par la couleur de peau pourrait exister aussi chez ceux qui se considèrent comme des « Français de souche ».

Une recherche de l’identité antillaise amène à percevoir l’assignation par la couleur de peau.

Dans son ouvrage « L’identité antillaise », Julie Lirus fait passer le test de Rorschach à une population d’étudiants antillais résidant en métropole. Elle distingue dans son échantillon,

204 Idem, p. 78

205 Nom par lequel on désigne les héritiers des maîtres.

206 Alibar France et Lembeye Pierette “ Le couteau seul…Sé Kouto sèl… La condition féminine aux Antilles. Volume 2 : Vies de femmes. Editions Caraïbéennes 1983, p 265.

les Guadeloupéens et les Martiniquais mais également les sujets au teint clair des sujets au teint foncé à partir de critères de phénotypes indiqués dans le passage suivant :

« Il est habituel de trouver dans une même famille, différents enfants avec des phénotypes différents207, allant du teint le plus clair au teint le plus foncé, en passant par toute une gamme de teints. Ainsi, dès son entrée dans la vie, l’enfant de couleur claire, apprécié de l’entourage qui dit de lui “ qu’il a une petite couleur sauvée ”208, a plus d’atouts que l’enfant foncé de teint et aux traits négroïdes accentués. Consciemment ou inconsciemment, il est entouré de plus de prévenances et de plus d’affection. La noirceur de la peau, et les autres attributs de la négritude (cheveux crépus, nez épaté, lèvres plus ou moins épaisses) placent automatiquement un individu au dernier rang de la représentation sociale qu'on a de lui »209 . (p 32, Julie Lirus, 1979).

Par ailleurs dans ce passage, il nous semble aussi que cette auteure décrit de manière très synthétique le processus d’assignation psychologique que nous tentons d’analyser ici. Ces passations du test de Rorscharch lui permettent de produire les résultats suivants : concernant les réponses tridimentionnelles, dites “ Vista ”, en référence à S. Beck dans son ouvrage “ Le test de Rorschach ” (1968, p 324), qui sont déterminées par l’impression de quelque chose vu en perspective. Julie Lirus interprète ces réponses comme un indicateur de mise à distance du complexe d’infériorité des antillais et constate les résultats suivants dans une approche différentielle des sujets :

« 52 % de ceux qui ont le teint clair en donnent (des réponses vista), contre 42% chez ceux et celles qui ont le teint fonçé. Nous avons vu dans la première partie de cet ouvrage, que les Antillais au teint clair bénéficiaient dans leur enfance de l’attention familiale et de celle de leur entourage, précisément à cause de cette couleur “ sauvée ”. Il semblerait donc qu’ils possèdent plus de ressources affectives, pour se dégager de ce complexe qui les tenaille. Ici, encore, la couleur de la peau et le type physique sont des indicateurs importants de mise à distance, mais ils ne sont pas des phénomènes causaux explicatifs. D’autre part, se vérifie ici l’observation de plus en plus courante chez les étudiants antillais, que ceux qui ont des

207 Phénotype : ensemble de caractères qui se manifestent visiblement chez un individu et qui expriment les réactions de son génotype ( c’est-à-dire de son fonds héréditaire), à l’égard des circonstances particulières de son développement et de son milieu.

208 Landeau (G) – Les relations raciales à la Martinique. 1976.

origines métissées accentuées sont un peu plus revendicatifs que les autres (tendance) » (p 187).

Plus loin, Julie Lirus procédera au même type d’analyse concernant cette fois ce qu’elle caractérise par “ les représentations humaines ”. Il s’agit pour elle au travers des contenus humains existant dans les réponses données, de :“ mieux comprendre la corrélation intime qui existe entre l’identité et l’identification, ainsi que la fantasmatique des relations interpersonnelles chez les sujets étudiés et enfin la force des identifications ” ; (p 194). L’approche différentielle lui permet d’obtenir les résultats suivants concernant la variable couleur de peau :

« Cette variable permet aussi de discerner des différences de comportement en fonction du teint, foncé ou clair. Les Antillais au teint foncé ont des relations inter-personnelles agressives. Par contre, les Antillais au teint clair utilisent leur seul dynamisme pour les plaisirs de la vie ; ce sont des hédonistes qui aiment voir et être vus. Le reste du temps, ils sont inhibés et passifs. Les comportements ludiques et dynamiques de ces clairs de peau sont donc réactionnels et compensatoires210. Au niveau du contrôle de la peur de ce qui est humain, ils utilisent le mécanisme de la scotomisation. Ils paraîtraient plus enclins que les foncés de peau, à vivre l’infériorisation de façon aiguë et d’être, par le fait même, prêts à la dépasser » (p 202-203).

Pour nous, ce type de résultat n’est pas à prendre “ au pied de la lettre ” d’autant plus qu’il concerne des étudiants antillais (et donc autant Martiniquais que Guadeloupéens) résidant en métropole. Cependant, dans cet ouvrage, il nous semble que J. Lirus touche du doigt ce que J. Laplanche identifie aujourd’hui pour le genre par le terme “ d’assignation ” et que nous reprenons ici pour la couleur de peau. On voit bien au travers de la recherche de J. Lirus que la couleur de peau répartit les sujets au même titre que leur sexe. Les réponses “ vista ”s’avèrent d’ailleurs, indépendantes du sexe alors qu’elles sont, nous l’avons vu, dépendantes de la couleur de peau. Ces travaux nous confortent donc dans notre hypothèse de l’existence d’un processus d’assignation par la couleur de peau en Guadeloupe.

210 « Ne pas y voir de jugement de valeur. La démarche analytique permet de démonter les mécanismes des comportements pour mieux les comprendre dans leurs expressions socio-culturelles, sans connotation moralisante ».

Il est cohérent au niveau théorique de penser qu’un processus psychologique d’assignation par la couleur de peau puisse exister au même titre que l’assignation de genre décrite par J. Laplanche. Nous émettons l’hypothèse que les conduites de résistance et de désobéissance envers le travail salarié prises en compte ici, fonctionneraient comme une subversion des rapports de domination entre les noirs et les blancs liés à cette assignation par la couleur de peau. Le raisonnement serait le suivant :

« On m’a toujours fait comprendre dans mon enfance, que j’étais « un nègre » dominé par les « blancs », je vais montrer, à tous que je ne suis pas si dominé que cela ». Ce qui nous a amenée à cette hypothèse, rappelons-le, c’était l’utilisation paradoxale du proverbe « Ravet pa ni rèzon douvan poul » (Les cafards n’ont jamais raison devant les poules) lors de notre investigation de DEA.

3. Désobéissance et travail salarié : la reproduction d’une forme d’éducation