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facteurs explicatifs

15.2 Désavantages constatés

Au niveau professionnel, on relèvera en premier lieu que les femmes sont globalement plus avantagées en matière de conciliation par le fait qu’elles travaillent moins que les hommes. Il s’agit largement d’un avan-tage provoqué en ce sens qu’il répond précisément à un besoin accru de conciliation dans la mesure où les fem-mes continuent d’assumer la majeure partie des activités éducatives et ménagères. Elles sont ainsi nettement moins nombreuses à travailler plus de 36 heures par semaine (44% vs 90% des hommes)3. Elles sont aussi favorisées en matière d’horaires atypiques (travail du soir, de nuit, du week-end ou sur appel): 66% des femmes et 71% des hommes connaissent au moins

occasionnelle-ment l’un ou l’autre de ces horaires. Ceux-ci dérogeant à la norme d’une activité professionnelle diurne et concen-trée sur les cinq premiers jours de la semaine, ils rendent potentiellement plus difficile l’exercice d’activités sociales ou la garde d’enfants.

A l’inverse, les femmes sont désavantagées par rap-port aux hommes concernant la flexibilité de leurs horai-res et de l’organisation de leur travail. 57% d’entre elles contre 46% des hommes ont des horaires fixes ou tra-vaillent régulièrement en équipe. Elles ont aussi moins souvent la possibilité de décider librement du moment où elles arrivent et partent du travail (36% vs 48%) ou de prendre des jours de congé sans compensation de leur part (30% vs 40%)4. Dans l’organisation de leur tra-vail, notons tout d’abord qu’elles occupent plus souvent que les hommes des positions hiérarchiques exé cutives, lesquelles offrent globalement moins de flexibilité que les positions intermédiaires et dirigeantes (52% sont em-ployées et ouvrières qualifiées ou non vs 34% des hom-mes). Confirmant ce premier constat, elles ont moins souvent la possibilité de décider librement de diminuer considérablement le rythme de leur travail pendant toute une journée (35% vs 44%) ou d’intégrer une nouvelle tâche ou attribution à leur travail (30% vs 40%)5.

Leur désavantage ne se retrouve par contre pas au niveau du travail à domicile, lequel permet également une large flexibilité d’horaires et d’organisation; en effet,

ce type de travail les concerne autant que les hommes (écart non significatif). Enfin, elles se trouvent plus sou-vent dans la situation de devoir travailler davantage que ce qu’elles souhaiteraient: 15% sont engagées selon un horaire hebdomadaire représentant au moins 10 heures de plus que ce qu’elles souhaiteraient (9,3% des hom-mes). Ce dernier point n’implique pas en soi un désavan-tage en terme de conciliation; on peut toutefois suppo-ser qu’une partie des personnes concernées voient ainsi leur marge de manœuvre réduite et se trouve dès lors en situation de désavantage.

Au niveau familial, l’existence d’une aide extérieure et la présence d’enfants de moins de 15 ans se présentant de manière similaire pour tous les membres d’un même ménage, l’écart entre femmes et hommes reste non significatif. On ne peut donc conclure à l’avantage d’un sexe sur l’autre sur ces aspects. Les femmes tendent tou-tefois à vivre moins fréquemment que les hommes dans des ménages avec enfants. Ceci s’explique sans doute par le fait que beaucoup de mères cessent leur activité professionnelle (au moins temporairement) et qu’elles ne sont donc pas prises en compte dans ces analyses6.

Par contre, les femmes sont très nettement désavan-tagées en matière de charge du travail ménager: 66%

d’entre elles contre 23% des hommes consacrent à ce dernier 8 heures et plus par semaine7. Elles ont aussi plus souvent la responsabilité principale de ce travail, comme des enfants en général, de les emmener à l’école ou de les garder en cas de maladie. On relèvera que cette res-ponsabilité principale est autant la cause que la consé-quence des facilités de conciliation qu’elles se donnent en étant moins actives professionnellement. Enfin, les femmes consacrant globalement moins de temps au tra-vail bénévole8, elles se trouvent sur ce plan favorisées par rapport aux hommes.

3 Notons que si le temps partiel est souvent choisi par les femmes dans l’esprit de mieux concilier travail et famille, il se révèle parfois contrai-gnant pour cette conciliation lorsqu’il est imposé par l’entreprise et im-plique un bas salaire et des horaires très morcelés, tôt le matin et tard le soir et non négociables.

4 Questions posées en 1999 uniquement.

5 Questions posées en 1999 uniquement.

6 Rappel: ces analyses portent exclusivement sur les personnes profes-sionnellement actives.

7 La médiane du temps consacré au travail ménager s’établit à 6 heures par semaine (4 heures pour les hommes et 14 heures pour les femmes, non inclus la prise en charge des enfants). Nous avons retenu le seuil de 8 heures et plus pour désigner une charge élevée de ce travail en référence à cette médiane et en tenant compte du fait que les réponses données à ce type de questions sont souvent peu précises.

8 Dans ce chapitre, le travail bénévole est considéré uniquement sous son aspect institutionnel, le plus contraignant pour la conciliation entre travail et vie privée. Une charge élevée de travail bénévole a été définie dès 10 heures par mois, soit 2 heures de plus que la médiane (construc-tion identique que pour la charge de travail ménager). Ques(construc-tion posée:

Exercez-vous des activités honorifiques ou de bénévolat au sein d’une association, d’une organisation ou d’une institution ? Les activités de bénévolat reposant sur l’initiative privée, telle que l’aide aux voisins, fêtes de quartier ne sont pas comprises ici.

VERS L’ÉGALITÉ? OFS 2003 154

Etant donné l’importance de la présence d’enfants dans ce thème, nous nous sommes intéressés aux diffé-rences pouvant survenir entre les parents et les autres adultes. Nous reprenons ainsi certains résultats pour les mères/pères et les femmes/hommes sans enfants (situa-tion parentale).

Si un certain nombre de résultats corroborent des phénomènes largement connus (rareté du plein emploi parmi les mères, suprématie des femmes et des mères en particulier dans les tâches ménagères et éducatives, etc.), d’autres sont plus inattendus. On relèvera en particulier que les mères, tout en ayant la responsabilité principale d’emmener les enfants à l’école ou au jardin d’enfants, connaissent le plus des horaires inflexibles. Elles sont aussi presque autant concernées par les horaires atypi-ques que les hommes. De même, elles s’occupent

nette-ment plus souvent des enfants malades quand bien même les pères ont plus d’autonomie dans leur travail ce qui recouvre en partie la possibilité de s’absenter une journée. La rareté d’un temps de travail supérieur à 36 heures par semaine confirme ainsi que c’est bien par la réduction de leur engagement professionnel que les mères parviennent à compenser leurs désavantages en matière de conciliation. On constate également que cette conciliation reste souvent difficile si on interprète le fait que les mères sont les plus nombreuses à travailler davantage qu’elles ne souhaiteraient comme un signe d’un engagement professionnel (encore) trop important pour arriver à l’équilibre.

En prolongement de ces premiers résultats, nous avons construit un indicateur de conciliation désavanta-gée. Nous avons éliminé les éléments trop spécifiques

15 CONCILIATION ENTRE VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSIONNELLE

T15.1 Part des personnes connaissant des conditions défavorables à la conciliation entre vie familiale et professionnelle

Femmes Hommes Rapport entre la part des mes et celle des hommes

Conditions de travail

Travailler plus de 36 heures par semaine 44% 90% 49%

Travailler au moins 10h de plus que souhaité 15% 9,3% 163%

Vivre dans un ménage qui a dû prendre un 2e job 28% 27% 103%

Travailler selon des horaires atypiques¹ 66% 71% (93%)

Travail du soir² 38% 48% 78%

Travail de nuit² 10% 18% 54%

Travail du week-end² 51% 58% 88%

Travail sur appel² 25% 26% (99%)

Travailler selon un horaire inflexible (fixe ou en équipe) 57% 46% 125%

Travailler sans autonomie d'organisation 48% 31% 154%

Occuper une position exécutive (employés/ouvriers) 52% 34% 154%

Occuper une position de production 67% 50% 134%

Ne pas décider librement quand arriver et partir² 45% 34% 131%

Ne pas pouvoir prendre librement un jour de congé² 47% 38% 124%

Ne pas pouvoir réduire librement son rythme de travail² 56% 47% 120%

Ne pas pouvoir définir librement ses responsabilités² 47% 38% 123%

Ne pas travailler à domicile 81% 78% 104%

Conditions familiales

Ne disposer d'aucune aide domestique extérieure 83% 85% (98%)

Présence d'enfants dans le ménage (0-14 ans) 33% 37% (89%)

Avoir une charge ménagère élevée (8 heures et plus par sem.) 66% 23% 293%

Avoir la responsabilité principale du travail domestique 76% 24% 310%

Avoir la responsabilité principale des enfants 22% 6,1% 357%

Emmener les enfants à l'école / au jardin d'enfants (resp. princip.) 47% 18% 264%

S'occuper principalement soi-même des enfants malades³ 77% 9,0% 860%

Avoir une charge bénévole élevée (10 heures et plus par mois) 32% 43% 74%

Le rapport entre la part des femmes et celle des hommes est calculé en divisant le %F par le %H. Si le résultat est >100 (grisé), les femmes sont désavantagées. Ce rapport figure entre parenthèses lorsque l'écart entre la part des femmes et celle des hommes n'est pas significatif.

¹ Construit à partir des données 1999 sur la base des personnes ayant gardé le même emploi entre 1999 et 2000.

² Données 1999 (pas disponibles en 2000 ).

³ Résultat calculé sur la base des réponses des personnes ayant rempli le questionnaire "ménage" (personnes de référence).

Source: PSM 2000

15 CONCILIATION ENTRE VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSIONNELLE

(travail de nuit ou à domicile) et ceux trop équivoques par rapport à la conciliation (avoir la responsabilité prin-cipale des enfants ou une charge bénévole élevée), et veillé à un certain équilibre entre les désavantages plutôt féminins et masculins. Au final, sept éléments ont été retenus: travailler plus que 36 heures par semaine, tra-vailler 10 heures de plus que souhaité, tratra-vailler selon des horaires atypiques, travailler selon des horaires inflexibles, travailler sans autonomie d’organisation, ne disposer d’aucune aide domestique extérieure et avoir une charge ménagère élevée.

En attribuant un point par situation désavantagée, on obtient un premier indicateur représentant le nombre de situations désavantagées que chaque individu connaît.

Vu le relatif équilibre souhaité entre les désavantages masculins et féminins, cet indicateur ne montre pas de différence profonde entre les sexes. La moyenne s’élève ainsi à 3,9 situations désavantagées pour les femmes et 3,7 pour les hommes. Une situation générale de concilia-tion désavantagée a ensuite été définie à partir d’un score supérieur à la médiane (4 pour les deux sexes comme pour l’ensemble de la population retenue), soit au moins 5 situations désavantagées. Sur la base de cet indicateur, les femmes se révèlent significativement désavantagées par rapport aux hommes.

Les différences selon la situation parentale restent par contre non significatives. A priori, les hommes sans

enfants apparaissent comme les moins touchés (23%

connaissent une conciliation désavantagée) et les fem-mes sans enfants comme les plus touchées (36%).

De la même manière, il ressort que les personnes vivant dans des ménages avec enfants et celles ayant une charge bénévole élevée ne connaissent pas une situation différente en matière de conciliation désavanta-gée que les autres. Elles ne disposent donc pas de facili-tés particulières, alors qu’elles présentent de toute évi-dence un besoin plus grand de conciliation, mais ne sont pas non plus défavorisées.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Travaillerplus de36heures parsemaine Travaillermin. 10hdeplus quesouhai Travaillerselon deshoraires atypiques Travailler selonunhoraire inflexible Travailler sansautonomie d’organisation Aucuneaide domestique exrieure Charge ménagère élevée Responsabilité dutravail domestique Responsabilité desenfants Emmener lesenfants àl’école Charge névoleélevée

87,6 8,1 69,8 45,8 33,7 87,2 19,3 26,0 0,4 1,5 45,0

94,3 11,5 72,2 45,1 26,3 82,3 28,6 21,9 8,0 28,5 39,3

54,1 14,8 64,3 56,8 50,3 86,8 56,4 67,4 1,9 4,8 34,8

20,3 16,0 69,4 58,0 42,3 75,5 89,1 91,1 29,9 80,9 25,3

Mères (enfant le plus jeune: 0–14 ans) Femmes sans enfants (0–14 ans)

Pères (enfant le plus jeune: 0–14 ans) Hommes sans enfants (0–14 ans)

Situations désavantagées selon la situation parentale en matière de conciliation G 5.11

© Office fédéral de la statistique (OFS) Source: PSM 2000

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Femmes

Hommes

33,2 66,8

24,4 75,6

Oui Non

G 15.2 Part des personnes touchées

par une conciliation désavantagée

© Office fédéral de la statistique (OFS) Source: PSM 2000

VERS L’ÉGALITÉ? OFS 2003 156

15 CONCILIATION ENTRE VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSIONNELLE

15.3 Risque de connaître une conciliation