Chapitre II : Modèles directs de stack
2) Déséquilibre des forces électromotrices
Fig. 25 Situation où l'importance du défaut résistif est augmentée. Tension en Volt aux bornes des huit
cellules (gauche). Potentiels en Volt dans un plan de coupe (droite).
2) Déséquilibre des forces électromotrices
Une mauvaise évacuation de l'eau peut amener à un noyage localisé de la couche de
diffusion provoquant un appauvrissement en gaz réactif au niveau de ces régions. En
diminuant localement la force électromotrice (Fig. 26), il est possible de modéliser l'impact de
ce type de phénomènes sur le comportement électrique du stack. Les résultats sont représentés
sur la figure (Fig. 27).
Fig. 26 : Distribution de la force électromotrice (en Volt) dans les huit AME du stack. Cas test du
défaut de force électromotrice.
Fig. 27 : Tension en Volt (gauche-haut) et densité de courant en A.cm
-2(droite-haut) sur les huit AME
du stack. Equipotentielles et lignes de courant (gauche-bas) dans un plan de coupe. Cas test du défaut
de force électromotrice. Potentiels en Volt dans un plan de coupe (droite-bas).
Les résultats font apparaître une boucle de courant au niveau de la cellule défectueuse.
Ce phénomène est du au déséquilibre des forces électromotrices : il y a une force présente à
gauche mais absente à droite au niveau du défaut. Au niveau de cette zone défectueuse, les
forces résultantes poussent les charges en sens inverse. On observe aussi que la tension de la
cellule défectueuse s'écroule alors que celles des cellules voisines augmentent.
Ces simulations ont été réalisées en utilisant pour les AME une loi de comportement
linéaire qui autorise la circulation des courants en sens opposé. Bien entendu, le véritable
comportement électrochimique non-linéaire des AME limite en parti ce phénomène. Par
conséquent, les courants calculés ici sont totalement surévalués. Une seconde simulation a été
réalisée en bloquant cette fois-ci totalement les courants inverses avec une résistance retour
infinie. Les résultats montrent qu'il existe toujours un champ électrique orienté en sens inverse
au niveau des zones défectueuses. Ce champ électrique inverse développe une force qui tend à
pousser les charges dans le sens opposé. Si des processus électrochimiques particuliers
permettent des transferts de charges adéquates, ce champ électrique entrainera bien les
charges dans le sens opposé. Il est probable que ces processus possèdent des cinétiques très
lentes et que les courants engendrés soient très faibles. Néanmoins, mêmes faibles, ces
courants peuvent avoir des conséquences désastreuses sur les matériaux du stack (destruction
du support du catalyseur).
Des courants inverses ont déjà été observés expérimentalement et plusieurs mécanismes
ont été proposés pour expliquer ce phénomène [Maranzana et al., 2010], [Reiser et al., 2005].
Bien que ce modèle électrocinétique ne soit pas en mesure de quantifier ces courants inverses,
il permet néanmoins de montrer qu'à partir de considérations purement électriques, il est
possible d'obtenir un mode de fonctionnement favorisant très fortement les courants inverses.
Remarque : déséquilibre des forces électromotrices au démarrage d'un stack
Ce type de défaut peut être rencontré dans d'autres circonstances. Par exemple, lors du
démarrage d'un stack, un front transitoire air-combustible est créé le long des canaux de gaz.
Ainsi, près des entrées des gaz, une force électromotrice est établie. Mais au niveau de la
sortie, les canaux sont toujours remplis d'air et aucune force n'est établie. La figure (Fig. 28)
illustre comment est modélisée cette situation. Les résultats sont présentés sur les figures (Fig.
29). Pour les mêmes raisons que précédemment, des boucles de courant internes apparaissent
dans le stack.
Fig. 28 : Distribution de la force électromotrice (en Volt) dans les huit AME du stack. Cas test du
démarrage de stack.
Fig. 29 : Tension en Volt (gauche-haut) et densité de courant en A.cm
-2(droite-haut) sur les huit AME
du stack. Equipotentielles et lignes de courant (gauche-bas) dans un plan de coupe. Cas test du défaut
Remarque sur les tensions de cellule supérieures à la tension de boucle ouverte
On remarque encore une fois que les courants transverses dans les plaques bipolaires
créent des chutes ohmiques qui viennent augmenter les tensions des cellules voisines. Si le
courant total à travers le stack est nul, ces différences de potentiels viennent s'ajouter à la
tension de boucle ouverte. Ainsi ces cellules peuvent atteindre des tensions dépassant la
tension de boucle ouverte (Fig. 30), ce qui peut amener à des phénomènes de dégradations
prématurées du stack.
Fig. 30 : Tensions en Volt des huit cellules du stack avec un défaut de force électromotrice et dans le
cas où le courant total est nul. Une tension de 1,1 V (supérieure à la tension de boucle ouverte de 1V)
apparaît sur les cellules voisines du défaut.
E - Conclusion sur le modèle électrocinétique
La technique de modélisation présentée ci-dessus permet d'obtenir la répartition
macroscopique des courants au sein d'un stack pour différents modes de fonctionnement.
Certains phénomènes particuliers ont ainsi pu être observés tel que des couplages entre
cellules, des plaques bipolaires non équipotentielles ou des boucles de courant. Cet outil se
révélera aussi utile par la suite pour évaluer les signatures magnétiques des différents modes
de fonctionnement du stack.
Néanmoins les défauts présentés ici ne représentent qu'une faible partie des défaillances
susceptibles de survenir à l'intérieur d'un stack. Tenter de modéliser toutes ces défaillances
avec l'approche proposée ici ne semble pas adéquate. L'étape suivante consistera à coupler
l'électrocinétique avec la fluidique et la thermique. Le couplage avec la fluidique a fait l'objet
de premiers travaux qui sont encore en cours de développements [Moselle, 2011].
II - Les modèles directs magnétiques
La section précédente a présenté un outil de calcul permettant d'évaluer la répartition
des courants dans le stack pour différents modes de fonctionnement. Cette section va décrire
comment, à partir de ces courants, il est possible de calculer les champs magnétiques générés
par ceux-ci.
Fig. 31 : Entrées et sorties du modèle magnétique direct.
Dans un premier temps un modèle magnétique 3D est présenté. Les équations de ce
modèle sont détaillées et des hypothèses sont proposées afin de faciliter la résolution
numérique de ce type de problème. Ce modèle sera couplé avec le modèle électrocinétique
précédent afin d'étudier la sensibilité du champ magnétique aux défauts de fonctionnement.
De ces simulations il sera possible de mettre en évidence la principale caractéristique des
champs magnétiques générés par une pile. Ce modèle magnétique permet alors de réaliser un
pré-dimensionnement rapide des magnétomètres.
Bien que les résultats produits par le modèle magnétique 3D soient physiquement
réalistes, celui-ci peut néanmoins se révéler encore trop lent ou trop complexe à manipuler
pour la création des premiers modèles inverses. Ce constat a mené au développement d’un
deuxième modèle magnétique plus léger et plus efficace. Celui-ci fait l’hypothèse que le
problème 3D peut se ramener à un problème 2D. Cette approche réduit le nombre de degrés
de libertés et facilitera la création prochaine du modèle inverse.
A - Modèle magnétique 3D
Cette partie présente le modèle magnétique 3D qui a été développé dans le cadre de ces
travaux. Les équations sont d'abord présentées puis deux techniques de discrétisation sont
proposées. Le modèle magnétique est ensuite couplé au modèle électrocinétique et l'effet d'un
défaut de fonctionnement est étudié. Les résultats montreront qu'il est plus judicieux de
découper le problème en deux sous problèmes. Enfin l'ordre de grandeur du champ
magnétique autour d'une pile à combustible est estimé.
Densité de
courant
Champ
magnétique
Modèle
magnétique
direct
Dans le document
Diagnostic non invasif de piles à combustible par mesure du champ magnétique proche
(Page 86-92)