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Séance 1 : lancement : réagir et se questionner

Les élèves analysent un document (le dessin de Nawak) qui met en évidence une polémique autour de la fin de vie. À l’aide de quelques questions à l’oral, (De quoi est-il question ? Pourquoi ? Que dit la loi ? Et l’avis du patient ? Qui décide ?), les élèves réalisent que pour comprendre les enjeux de cette situation, ils ont besoin d’informations concernant l’éthique médicale, la loi sur la fin de vie, le rôle du CCNE, la question du consentement du patient.

Séance 2 : recherche documentaire : s’informer

Cinq groupes de travail sont constitués pour répondre aux cinq thèmes de recherche : G1 : l’éthique médicale

G2 : la loi sur la fin de vie G3 : rôle du CCNE

G4 : la question du consentement du patient

G5 : les différents types d’euthanasie (active, passive)

Le travail s’effectue en salle informatique, chaque groupe devant réfléchir à la manière d’être le plus efficace ; d’où de nombreuses discussions au sein des groupes. Ce sont les élèves qui définissent les sites sur lesquels ils vont travailler ; je ne fais que valider les choix proposés. Ces temps d’échanges sont autant de moments durant lesquels les élèves s’approprient de nouveaux savoirs mais développent aussi ou consolident des compétences : travailler ensemble, s’écouter, argumenter par exemple.

Pour restituer les éléments de recherche trouvés deux possibilités s’offrent alors à moi :

1. soit la restitution des informations faite par les élèves sous forme d’exposés 2. soit l’organisation de groupes tournants : on crée de nouveaux groupes en

mettant un élève de G1, G2, G3, G4, G5 ensemble (autant de fois que nécessaire selon le nombre d’élèves de la classe). L’intérêt de cette organisation réside dans le fait que chacun est réellement acteur et actif dans le groupe (lourde responsabilité pour chacun).

Dans le cas présent, ce sont les ateliers tournants qui sont retenus afin que chacun soit responsable et acquière davantage d’autonomie.

Séance 3 : organisation d’un débat argumenté : donner son opinion

Pourquoi avoir choisi cette mise en œuvre ?

La fiche Éduscol125 « Ressources enseignement moral et civique : le débat » (réglé ou argumenté) nous éclaire sur la définition de ce type de débat et sur ses enjeux :

« La pratique du débat à privilégier en classe est celle du débat argumenté obéissant à des règles garantissant son cadre démocratique et le respect du droit de chacun d’exprimer son opinion. Le débat permet alors l’expression publique des points de vue (accords ou désaccords) afin d’aboutir à une décision ou une position, sur fond de préparation d’un dossier étayant les argumentaires, l’objectif étant d’apprendre à défendre une opinion en mobilisant une argumentation, c’est-à-dire une succession d’arguments pesés et mesurés ».

Par conséquent, les élèves doivent être capables de : - présenter en public une question, un sujet, un thème - intervenir, comprendre ce qui est dit par les autres - retenir ce qui est dit par chaque intervenant - apporter une critique constructive

125 Site Éduscol : http://eduscol.education.fr/cid92404/methodes-et-demarches.html

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- savoir respecter les règles du débat

« Le débat s’insère dans une séquence qui comprend, outre le temps du débat lui-même, des étapes de recherche, d’exploitation des résultats de recherche en vue de l’élaboration de l’argumentaire et une phase de bilan réflexif.

Un débat réglé comme un débat argumenté est un débat préparé. L’aménagement de l’espace de la classe est essentiel : les élèves sont disposés de manière à faciliter la communication (en U, en cercle…). On peut expérimenter différentes organisations, notamment pour mieux permettre l’expression d’une multiplicité de points de vue et la participation directe du maximum d’élèves ».

Il est ici absolument nécessaire de bien donner le cadre aux élèves : expliquer ce qu’est un débat argumenté, comment il s’organise, l’importance de l’empathie et de la bienveillance, le rôle de chacun…

Ce mode de débat présente l’avantage de faire intervenir toute la classe. Dans cette configuration, six élèves occupent une place centrale :

- les challengers sont chargés de mener le débat,

- sous la direction de l’animateur, qui pose les questions et distribue la parole.

- Deux analystes de débat sont chargés quant à eux de donner leurs impressions et d’indiquer les temps forts du débat, sur un fil Twitter créé pour l’occasion. Le tweet présente l’avantage d’obliger à la concision, et de donner des informations en temps réel, auxquelles l’animateur a accès et qu’il peut relayer.

Les rôles sont définis en tenant compte dans la mesure du possible de l’opinion de chacun ; les challengers vont donc défendre un point de vue, le leur.

Si cela est possible, on peut filmer le débat. Les autres élèves, divisés en deux groupes, ont la possibilité d’intervenir pour aider le challenger de leur camp.

Ce débat donne lieu à une évaluation : à chaque élève est attribuée une note de départ de 10/20 variant en fonction de la qualité de son dossier de recherches (2 points) et de ses interventions (8 points). Les élèves les plus impliqués dans le débat sont assurés d’avoir une bonne note, car il s’agit de valoriser leur travail. Les autres élèves peuvent gagner des points, soit en intervenant au cours du débat, soit en glissant sous forme écrite un argument à leur challenger.

La question retenue pour ce débat est : Faut-il légaliser l’euthanasie active ? Là aussi Éduscol126 nous donne des informations :

« La question à débattre, qui s’intègre dans le cadre du programme d’EMC, doit permettre la controverse et donc pouvoir susciter un échange étayé par des arguments entre des positions également défendables dans un cadre démocratique ».

Dans l’organisation de la séquence, il faut prévoir de donner du temps aux élèves pour qu’ils préparent réellement ce débat : questions, arguments… à l’aide de leur recherche documentaire.

Le débat argumenté est un exercice difficile la première fois pour les élèves, car il leur demande de questionner, voire même de remettre en question leur jugement initial, en tout cas d’entendre les arguments des autres et de leur répondre.

Par ailleurs, les élèves doivent être capables de :

- savoir présenter en public une question, un sujet, un thème - savoir intervenir, comprendre ce qui est dit par les autres - retenir ce qui est dit par chaque intervenant

- apporter une critique constructive - savoir respecter les règles du débat.

126 Éduscol, « Ressources enseignement moral et civique. Le débat (réglé ou argumenté) ».

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nterlignes ● n° 47- Juin 2017 ● Enseignement moral et civique, parcours citoyen au lycée professionnel

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Le professeur, quant à lui, peut être celui qui prend une trace écrite de ce débat et qui en fait des photocopies pour tous, ce que j’ai fait.

Séance 4 : analyse du débat

La même fiche Éduscol concernant le débat argumenté nous donne, là aussi, des précisions importantes concernant le bilan réflexif :

« Il (le bilan réflexif) est nécessaire pour insérer la séquence dans une progressivité et favoriser l’appropriation des valeurs dans leurs dimensions cognitive, affective et comportementale. Il peut s’appuyer sur une auto-évaluation individuelle confrontée ensuite aux retours des élèves auxquels on a assigné le rôle d’évaluateurs et à ceux de l’ensemble du groupe en vue de l’élaboration d’un bilan collectif. Ce bilan doit être constructif et comporter des éléments liés aux compétences mobilisées dans le débat mais également des éléments d’institutionnalisation des savoirs en jeu ».

Il s’agit dans cette dernière étape de revenir sur les points d’accord ou de désaccord du débat mais aussi analyser dans quelle mesure certains élèves ont pu évoluer dans leur réflexion sur la question de l’euthanasie.

En complément, on pourrait envisager un travail d’expression écrite permettant à chacun de répondre à la problématique du débat, cette fois-ci, seul.

Pour élargir un peu plus la discussion, un dernier document sur l’euthanasie active dans les autres pays européens permet de découvrir que là aussi, l’Europe est loin de parler d’une voix unanime.

Cette séquence d’EMC ainsi menée permet donc de mobiliser les quatre compétences, les élèves peuvent être évalués à différents moments : lors de la recherche documentaire, lors du débat. Et surtout, dans ce type de séquence, ce sont les élèves qui travaillent.

Pour finir, laissons la parole aux élèves de la classe concernée :

« On a parlé de la vraie vie » (Alexandre)

« C’est pas facile un débat comme ça mais c’est chouette car on apprend beaucoup » (Paul)

« L’EMC, c’est comme les autres cours : on travaille encore plus en groupe » (Julien)

« En EMC, on apprend à s’écouter » (Axel)

Françoise Camus Professeure de lettres- histoire Lycée Kastler, Dourdan Formatrice, Académie de Versailles

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Annexe