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2.3 Modélisation du dépôt sous ébullition

2.3.1 Dépôt des particules dû à la vaporisation à la surface

2.3.1.1 Modèle de Charlesworth et Mankina

Charlesworth [48] et Mankina [49] sont les premiers à avoir exprimé le taux de dépôt des particules sous ébullition par vaporisation. Ils supposent que la masse de particules déposées à la paroi est proportionnelle à la densité de flux thermique et à la concentration de particules dans le fluide. Le taux de dépôt des particules sous ébullition s’écrit de la manière suivante :

dm dt ∝ Φ

n· Cparticulesm (2.51)

Avec :

• Φ : la densité de flux thermique (W.m−2),

• Cparticules : la concentration en particules dans le fluide (kg.kg−1eau), • n, m : des constantes.

Cette expression laisse cependant beaucoup de degrés de liberté sur n et m. 2.3.1.2 Modèle d’Asakura

Asakura propose une expression basée sur la croissance des bulles à la paroi pour le taux de dépôt par vaporisation.

La croissance d’une bulle à la paroi est principalement composée de trois phases comme cela est présenté sur la figure 2.38 :

Figure 2.38 : Croissance des bulles à la paroi. – Etape 1 : naissance d’une bulle sur un site de nucléation,

– Etape 1 → 2 : la bulle grandit rapidement et principalement selon la direction horizontale par rapport à la surface chauffante. Une fine couche de liquide se forme entre la bulle et la paroi chauffante,

– Etape 2 → 3 : la bulle grandit verticalement par rapport à la surface chauffante par évaporation de cette couche de fluide. Ceci a pour effet de former une région dite "sèche" à la base de la bulle. Lorsque la bulle atteint sa taille critique (i.e. diamètre critique), elle se détache de son site de nucléation et une nouvelle bulle va pouvoir se développer sur ce site.

En reprenant les notations de la figure 2.38, on appelle V1 le volume total d’eau évaporé de la microcouche de fluide durant les étapes B et C de croissance de la bulle et V2 la partie de V1 correspondant au volume d’eau qui s’est évaporé pour former la région sèche sous la bulle. Asakura suppose que l’ensemble des particules contenues dans le volume V2 se déposent sur la surface chauffante à l’endroit où la paroi s’est asséchée.

Asakura propose l’expression suivante pour le calcul du taux de dépôt des particules sous ébullition : dm dt = K · Φ Llv · Cparticules (2.52) Avec :

• K : une constante de proportionnalité égale à K = V2

V1, • Φ : la densité de flux thermique (W.m−2),

• Llv : la chaleur latente de vaporisation (J.kg−1),

• Cparticules : la concentration en particules dans le fluide (kg.kg−1).

Ce qui revient à prendre n = m = 1 dans 2.51.

Le calcul détaillé de la constante K d’Asakura [13] est présenté ci-dessous.

Asakura suppose par ailleurs que les bulles sont circulaires (sauf à la base cf. figure 2.38). La figure 2.39 présente la géométrie utilisée pour le calcul des volumes V1 et V2.

Figure 2.39 : Géométrie utilisée par Asakura [50]. Avec KL=DE=∆δ, BC=δb, DL=r et DC=Rb

Si l’on admet que toute la vaporisation du volume V1 conduit à la formation d’une bulle de rayon critique Rb, on peut exprimer ce volume par (cf. notation de la figure 2.39) :

V1= 4

3 · π · R3b ·ρv

ρl (2.53)

V1 peut aussi se calculer par les relations suivantes :

V1 = (GEH) − (ADB) − V6− (IEL)

Or :

(M EN ) = (ADB) (2.54)

Donc :

V1 = (GEH) − (ADB) + (GEH) + (ADB) + (AM N B) − (IEL) = (AM N B) − (IEL) (2.55) D’où : V1= (AM N B) − (IEL) (2.56) Et : V1= π · R2b · ∆δ −1 3 · π · r2· ∆δ = π · ∆δ  R2b1 3 · r2  (2.57) Le volume V2 se calcule par la relation suivante :

V2 = (ILKJ ) − (J DK) = π · r2· ∆δ −1

3 · π · r2· ∆δ = 2

3· π · r2· ∆δ (2.58)

r se calcule par une relation de Thalès :

r = Rb·∆δ δb (2.59) Des équations (2.53) et (2.57) on a : ∆δ = 4R 3 b · ρv ρl·R2b1 3· r2 (2.60)

r étant très petit devant Rb on a :

∆δ = 4

3 · Rb·ρv

ρl

(2.61)

Si on combine les équations (2.53), (2.58), (2.59) ainsi que (2.61)on obtient l’expression de Kvap : Kvap= V2 V1 = 1 2· 4 3 3 · ρv· Rb ρl· δb 2 (2.62) On obtient ainsi un facteur 12 par rapport à l’expression donnée par Asakura [13] :

KAsa = 4 3 3 · ρv· Rb ρl· δb 2 (2.63)

Le calcul de l’épaisseur de la sous-couche de fluide (δb) se fait grâce à la formule de Torigai [51] en R = Rb :

δ (R)2= µ · dRdt · R2

P i · Rb (2.64)

Avec :

• σ : la tension de surface (J.m−2),

• P i : ce terme caractérise la contribution dynamique due au mouvement du liquide qui entoure la bulle (J.m−3).

Le terme P i peut se calculer de la manière suivante en fonction du problème considéré :

Figure 2.40 : Croissance d’une bulle dans un liquide surchauffé.

– en statique : le rayon de la bulle est constant, l’équation relative à l’excès de pression dans la bulle est la suivante (équation de Laplace) (cf. figure 2.40) :

P i = Pv− P= 2 · σ

R (2.65)

– en dynamique : lorsque la bulle croit, elle génère un mouvement qui modifie le compor-tement du fluide à son voisinage. L’équation relative à l’excès de pression dans la bulle est la suivante (équation de Prosperetti [38]) :

P i = Pv− P= 2 · σ R + ρl· R · d2R dt2 +3 2 · dR dt 2! +4 · µ R · dR dt (2.66)

Dans le cas de l’eau, nous pouvons d’ores et déjà négliger le terme 2·σR devant les autres termes de cette équation.

Asakura fait aussi l’hypothèse que les termes 4 · µ

dR dt

R et ddt2R2 sont négligeables, ce qui conduit à l’expression suivante de la constante K :

KAsa = 4 3 2 ·Rb· U · ρ 2 v ρl· µ (2.67)

Avec notre expression et en effectuant les mêmes simplifications nous arrivons à la même formule, le facteur 12 se simplifiant.

Dans le cas des approximations précédentes, dont nous étudierons la pertinence dans la section suivante, l’accélération étant prise égale à 0, la vitesse de croissance de la bulle est constante et égale à U .

Le tableau 2.14 présente certaines valeurs de la constante KAsa donné par Asakura : Conditions Valeur de KAsa

P = 10 bar 0,06

P = 70 bar 0,29

2.3.1.3 Modèle de L’AECL

Turner et al. [52] proposent l’expression suivante pour le calcul du taux de dépôt des particules sous ébullition, ils font intervenir dans leur expression le titre massique x :

dm dt = K

0· Φ

L · (1 − x) · Cparticules (2.68)

Le terme Φ reste une inconnue dans cette expression. Il subsiste cependant une question, doit-on utiliser la densité de flux thermique totale ou uniquement la part de la densité de flux thermique transmise par vaporisation au fluide ?

Par rapport à Asakura, Turner et al. considèrent que la constante de proportionnalité doit évoluer en fonction du pH (modèle utilisé en conditions secondaires).

Le tableau suivant 2.15 regroupe des valeurs de la constante K0 données par les auteurs : Conditions Valeur de K0

P = 47 bar et pH = 9 0,04

P = 70 bar et pH = 9 0,05

Tableau 2.15 : Valeurs de K0 données par Turner et al. [52].

2.3.1.4 Modèle de Rassokhim

Rassokhim et al. [53] ont étudié le dépôt sur un faisceau sous ébullition dans de l’eau à 100 bar avec un pH alcalin (9-10). Ils expriment le taux de dépôt de la manière suivante :

dm

dt = 0, 278 ·

Φe

L · Re· Cparticules (2.69)

Avec :

• Φe : la densité thermique de vaporisation (W.m−2), • Re : le coefficient de réentrainement fixé ici à 0,02.

Les auteurs donnent une valeur de K "équivalente" à celle d’Asakura valant 0,055, celle-ci est cependant différente d’un facteur 10 du produit 0, 278 · Re (= 0, 0056).