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Déni de pastorale : Réalisme et Naturalisme

Comment la nature est-elle perçue par la littérature réaliste qui s’attache à dire le vrai ? Balzac et Zola avec leurs deux romans Les Paysans et La Terre, ont marqué l’histoire de la littérature par leurs évocations sordides de l’homme de la glèbe. Bien que poursuivant des idéaux politiques et des objectifs sociaux bien différents, Balzac, le légitimiste, et Zola, le républicain, ont tous deux été dans le déni de la représentation pastorale de la nature. Paul Vernois le remarque : « […] Le Médecin de Campagne (1833), Le Curé du Village (1838-39), et Les Paysans (1844) se sont attachés à la description des faits sociaux relatifs à la campagne française. »52. Pierre Macherey va plus loin, il parle de « roman politique »53. La pierre d’angle n’est donc pas la nature, mais le grand propriétaire terrien en butte aux deux classes sociales montantes (bourgeoisie et paysannerie) qui démantèlent et s’approprient la terre. Quant à Zola, en fidèle positiviste, il s’intéresse à la Beauce en pleine révolution agricole : engrais, machinisme, prix du blé : telles sont les représentations de la nature dans La Terre. Ce sont bien les problèmes politiques et sociaux qui servent de toile de fond, et non les ormeaux et autres décors pastoraux. Tous deux ruinent également l’idéalisation romantique et les vieux clichés romanesques qui avaient jusqu’alors représenté l’homme de la terre ; le paysan, pour ces deux auteurs est un être abject, barbare, et mauvais à un point qu’on ne peut imaginer. Pas d’héroïsation, ni même d’idéalisation, ce sont des types en accord avec l’esthétique naturaliste. Le discours persuasif et le récit chronologique renforcent le parti-pris de véracité. Enfin la grande absente dans ces romans est bien la nature, comme si l’école réaliste montrait là une de ses apories ; pour preuve, lorsque ces deux parangons du réalisme s’essaient à la peinture de paysage, ils flirtent alors avec le symbolisme, voire, avec la pastorale.

Trois points sont alors développés dans un souci d’établir une contre-définition de la pastorale : le souci de véracité, la chronique du temps présent, la nature à l’école réaliste.

52 Paul Vernois, Le Roman Rustique de George Sand à Ramuz, op. cit., 1962, p. 26.

53 Pierre Macherey, « Histoire et Roman dans Les Paysans de Balzac », in Sociocritique, publié sous la direction de C. Duchet, éd. Nathan, 1979, pp. 137-146 : « Roman de part en part politique […] de l’aveu de Balzac […] : « Il s’agit d’aller au fond des campagnes étudier la conspiration permanente […] du paysan contre le riche », […] Balzac ne parle des paysans que dans la mesure où il parle aussi contre eux. ».

Le souci de véracité

Ruiner les topoï littéraires du paysage idéal et des bergers poudrés est l’une des ambitions de Balzac et de Zola. Leur dessein est de dépeindre la réalité des campagnes. Toutefois, la nature, à la lorgnette réaliste, est singulièrement absente ; et, pour ce qui est des bergers, adopter l’antithèse systématique ne se révèle in fine guère plus vraisemblable que l’idéal pastoral.

Balzac ne s’attarde pas à peindre la nature dans Les Paysans ; s’il décrit longuement le château, il ne donne en revanche pas de descriptions paysagères. Sous une attitude de désinvolture, bien entachée de parisianisme, qui vante la ville et dénigre la campagne, se pose la supériorité de la civilisation sur la nature, et du décor factice sur la réalité:

Les beautés de la campagne me semblent bien mesquines, comparées à leur représentation au théâtre. Paris scintille alors de toutes ses facettes.54

Ma foi, c’est presque aussi beau qu’à l’opéra.55

Lorsqu’il évoque la nature, c’est pour la condamner. On est loin d’une vision rousseauiste, puisque la nature corrompt l’homme, et qu’elle rend le paysan bestial :

Les paysans vivent d’une vie purement matérielle qui se rapproche de l’état sauvage auquel les invite leur union constante avec la nature. […] Le travail, quand il use le corps, ôte à la pensée son action purifiante.56

Zola décrit les travaux des champs en s’attachant au jeu des quatre saisons : les semailles en automne, les orages de mai, les récoltes en été. Cette bonne organisation agricole vante les mérites d’une terre cultivée et maîtrisée par l’homme, aux antipodes de la nature panique et sauvage. L’incipit montre Jean semant :

54 Les Paysans, France Loisirs, 1987, p. 56.

55 Ibid., p. 61.

Jean, ce matin-là, un semoir de toile bleue noué sur le ventre, en tenait la poche ouverte de la main gauche, et de la droite, tous les trois pas, il y prenait une poignée de blé, que d’un geste, à la volée, il jetait.57

La description des quatre saisons est une technique impressionniste58, adoptée par Zola ; cette chronologie lui permet de répondre à son souci de véracité. Le locus amoenus où l’on parle d’amour sous de doux ombrages n’existe pas dans ces deux romans ; ou la terre est convoitée pour sa valeur, ou elle est cultivée pour ses récoltes. Pour Balzac, le mythe du bon sauvage s’applique uniquement au nouveau monde ; le paysan français est un « mauvais sauvage », car il est un être social, ayant abandonné la principe de nature : il est devenu un « prolétaire » motivé par une haine inextinguible envers le propriétaire:

Les sauvages de France sont inabordables, ils ont pour loi de ne pas nous écouter, tandis que l’on peut intéresser les sauvages d’Amérique.59

Zola pousse la caricature à son extrême ; jamais le paysan n’a été autant noirci ; l’abjection est partout. Tout est corrompu, même les produits de la terre sont suspects; Mme Caca illustre ce principe néfaste qui dévaste la campagne, ses habitants et ses récoltes :

Mais sa continuelle doléance était le manque de fumier : ni le crottin ni les balayages de quelques lapins et des quelques poules qu’elle élevait, ne lui donnaient assez. Elle en était venue à se servir de tout ce que son vieux et elle faisaient, de cet engrais humain si méprisé, qui soulève le dégoût même dans les campagnes. On l’avait su, on l’en plaisantait, au marché. Des bourgeoises s’étaient détournées de ses carottes avec répugnance.60

La question de la vraisemblance, chère aux naturalistes, semble cependant faire défaut : La Terre soulève l’indignation, et les paysans de

57 La Terre, Le Livre de Poche, 1984, p.13.

58 « La quasi-totalité des livres de paysage du XIX° siècle en France divise le "temps" du paysage en huit moments : les quatre saisons et leurs "corollaires", les quatre parties du jour, le matin, le midi, le soir, la nuit. Ils forment ce que Valenciennes, le grand théoricien du paysage appelle « les moments variés et réguliers qui forment la chaîne de notre vie. », in L’Impressionnisme et

le Paysage français, op. cit., p. 30.

59 Les Paysans, op. cit. , p. 66.

Zola, tout vraisemblables qu’ils sont, sont rejetés par le lectorat de l’époque. Les travailleurs de la terre sont absents chez Balzac ; Paul Vernois remarque qu’ils ont abandonné le premier plan de la scène pour des gredins sans aveu61. Véritables « bergers enragés », les habitants des campagnes réalistes ne sont, en fin de compte, guère plus crédibles que ceux des bergeries idéalisées. Bien que relevant de descriptions soucieuses de véracité, ils semblent bien noircis à dessein, et deviennent alors de véritables antithèses du berger poète et musicien de la pastorale.

Une chronique des campagnes

Relater les événements politiques et sociaux de leur époque, et établir des types d’individus représentatifs d’une réalité présente sont les préoccupations de ces deux romanciers. La nature n’invite à aucune nostalgie, ou rêverie sensuelle, attachées à la pastorale. Les actes notariés, les banquets de mariage, les élections semblent devenus les lieux convenus des romanciers réalistes. Zola, dans La Terre, ne renonce à aucune de ses marottes ; le repas de mariage de Françoise semble faire écho à celui de Gervaise :

Lise ayant dit de commencer, on se mit à table, dans une bousculade, avec des éclats de voix. […] Déjà les cuillères tapaient ferme au fond des assiettes. La soupe était froide, couverte d’yeux de graisse qui se figeaient. Ҫà ne faisait rien, le vieux Fouan exprima cette idée qu’elle allait se réchauffer dans leur ventre, ce qui souleva une tempête de rires. Alors ce fut un massacre, un engloutissement : les poulets, les lapins, les viandes défilèrent, disparurent au milieu d’un terrible bruit de mâchoires. Très sobres chez eux, ils se crevaient d’indigestion chez les autres. La Grande ne parlait pas pour manger davantage, allant son train d’un broiement continu…62

La scène du notaire, dans les premières pages de La Terre n’est pas sans rappeler l’incipit du Colonel Chabert de Balzac :

[…] le petit clerc, un gamin de quinze ans, chétif et pâle, avait relevé l’un des rideaux de mousseline pour voir passer le monde. Les deux autres clercs, un vieux ventru et très sale, un plus jeune, décharné, ravagé de bile…63

61 Le roman rustique de George Sand à Ramuz, op. cit. , p. 27.

62 Les Paysans, op. cit., p. 177.

Balzac rapporte dans le détail les manigances et tours de passe-passe juridiques de l’homme de loi allié à l’ancien régisseur pour s’emparer du domaine. Il relate avec minutie les systèmes de métayage et de gages de l’époque. Le refus d’héroïciser les personnages est l’une des modernités de l’école naturaliste ; les personnages principaux sont issus des basses couches de la société. Le Père Fouan dans La Terre est l’un de ces types de paysan, rusé, taciturne, esclave de son arpent :

Mais ce qu’il ne disait pas, ce qui sortit de l’émotion refoulée dans sa gorge, c’était la tristesse infinie, la rancune sourde, le déchirement de tout son corps, à se séparer de ces biens si chaudement convoités avant la mort de son père, cultivés plus tard avec un acharnement de rut, augmentés ensuite lopins à lopins, au prix de la plus sordide avarice. […] Il avait aimé la terre en femme qui tue et pour qui on assassine. Ni épouse, ni enfants, ni personne, rien d’humain : la terre !64

Balzac campe les ruraux : le pilier de bistrot, le braconnier, ou l’intendant malhonnête, mais point de travailleurs de la terre. Les figures de noblesse et de dignité que George Sand attachera aux ruraux de ses romans champêtres ont justement été créées pour contrer cette représentation.

La nature à l’école réaliste

Aporie du réalisme, ou tentation poétique d’auteur ? La critique littéraire a bien montré que l’on ne pouvait cantonner ces deux écrivains dans la seule école du réalisme : on a qualifié Balzac de visionnaire et on ne peut nier la dimension symbolique de Zola (Claude Seassau parle de réalisme symbolique). Lorsqu’ils s’attellent à la transcription de l’amour dans un cadre champêtre, il semble qu’alors ils renouent avec des esthétiques contraires au réalisme : pastorale et symbolisme.

Dans Les Paysans, l’auteur fait l’impasse sur les descriptions de la nature ; cependant, lorsqu’il présente le domaine des Aigues, domaine champêtre d’un temps passé, il a recours au cliché idyllique :

L’Arcadie est en Bourgogne et non en Grèce, l’Arcadie est aux Aigues et non ailleurs.65

Pierre Macherey66observe que la bergerie est représentée par le personnage de Melle Laguerre, la chanteuse d’opéra d’Ancien Régime, pour qui la campagne était d’abord un décor de théâtre, témoin de l’idylle à jamais révolue. Cependant, un autre roman balzacien vient fausser le parti pris réaliste : Le Lys dans la vallée. Dans ce récit, la femme aimée et le paysage se fondent en une longue rêverie sensuelle :

Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me rouler […] Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard […] et où mon imagination courut comme en de frais sentiers…67

La description de Madame de Mortsauf reflète cette symbiose du personnage et de la nature. Par ailleurs, le paysage de la vallée fait écho à la description des épaules de Mme de Mortsauf :

Là se découvre une vallée qui commence à Montbazon, finit à la Loire, et semble bondir sous les châteaux posés sur ces doubles collines ; une magnifique coupe d’émeraude au fond de laquelle l’Indre se roule par des mouvements de serpent. A cet aspect, je fus saisi d’un étonnement voluptueux…68

La description de la vallée fait appel aux traits pastoraux bien répertoriés du locus amœnus, tels que les arbres, l’eau, le coteau. Mais surtout le caractère pastoral réside explicitement dans la référence au Cantique des Cantiques, quand l’auteur dit qu’il était « impossible de ne pas écouter la voix de cet éternel Cantique des cantiques par lequel la nature convie ses créatures à l’amour », et par la reprise même du « je dors mais mon cœur veille »69 du quatrième poème, dans les paroles de Mme de Mortsauf :

65 Les Paysans, op. cit., p. 41.

66« Histoire et Roman dans les Paysans de Balzac », op. cit. , p. 137-146.

67 Balzac, Le Lys dans la vallée, Le Livre de Poche, 1984, p. 34.

68 Ibid., p. 38.

69 Le Cantique des cantiques, Les Livres poétiques et sapientiaux, La Bible de Jérusalem, Cerf-Desclée de Broywer, traduction Éditions de Cerf, 1979, p. 1004.

Quand je dormais, mon cœur veillait.70

Le titre même est une référence explicite, et tout ce roman, dans lequel l’amour et la nature sont intimement mêlés, semble une reprise de certains thèmes du Cantique des Cantiques, pastoral s’il en est, et dont l’abbé Genest71 affirme qu’il a inspiré Théocrite.

Et chez Zola, les descriptions de la nature, dans La Faute de l’abbé Mouret, offrent un bel exemple de glissement vers une dimension symbolique. Le « Paradou », véritable jardin d’Eden, avec sa flore luxuriante, symbolise les états d’âme du personnage, et représente alors l’abîme de sensualité redouté par Serge. L’évocation de la femme aimée recourt à la flore :

Et il la prenait par le bras, lui sentait les jupes, le corsage, les joues. –Tu sens toutes sortes de bonnes choses…Hein, tu as marché dans l’herbe ? […] Quand tu es entrée, tu avais l’air d’une grande fleur […]. Il la gardait près de lui, la respirant comme un bouquet.72

L’abondance des descriptions paysagères suggère l’exaltation de Serge et Albine ; le jardin devient un symbole d’érotisme et de désir sexuel :

Une mer de verdure déserte, vierge, sacrée, étalant sa douceur sauvage dans l’innocence de la solitude. Le soleil seul entrait là, se vautrait en nappe d’or sur les prés, enfilait les allées de la course échappée de ses rayons, laissait pendre à travers les arbres ses fins cheveux flambants, buvait aux sources d’une lèvre blonde qui trempait l’eau d’un frisson. […] C’était une débauche telle de feuillages, une marée d’herbes si débordante […] Rien que des pentes vertes, des tiges ayant des jaillissements de fontaine, des masses moutonnantes, des rideaux de forêts hermétiquement tirés, des manteaux de plantes grimpantes traînant à terre, des volées de rameaux gigantesques s’abattant de tous côtés.73

Certes, la critique a bien relevé l’influence des peintres dans les descriptions paysagères de Zola ; le "rendu" des impressionnistes se

70Le Lys dans la vallée, op. cit., respectivement p. 82 et p. 190.

71 Cité par Françoise Lavocat, in Arcadies malheureuses, Aux Origines du roman moderne, op. cit., p. 173.

72 Zola, La Faute de l’abbé Mouret, Le Livre de Poche, 1976, p. 159.

transpose aisément dans l’écriture zolienne. Cependant, la fonction symbolique d’une nature sensible est l’une des composantes essentielles de la littérature pastorale. Stéphane Macé a montré que le lieu, dans les Idylles de Théocrite, révèle les sentiments du personnage : « […] l’évocation du cadre naturel échappe donc à la dimension réaliste, évacuée au profit d’un fonctionnement symbolique. […] Les successeurs de Théocrite exploiteront volontiers cette association du cadre champêtre et des personnages : il ne s’agit pas seulement d’un arrière-plan pittoresque, mais plutôt d’un lieu symbolique apte à révéler l’état d’âme, le caractère ou les intentions des interlocuteurs. »74. L’interpénétration du soleil et de la terre, dans la description zolienne, révèle l’amour fusionnel des deux personnages.

Le déni de pastorale réside essentiellement dans ce souci de véracité : montrer la vraie campagne et de vrais paysans, illustrés par des scènes fortes du quotidien et des préoccupations matérielles. Ce parti pris conduit à décrire la campagne sociale et historique d’une époque donnée. Cette représentation est contraire à celle de la littérature du XVIIe siècle, qui peuplait les campagnes de bergers oisifs en quête d’amour dans une nature complice.

À l’heure du positivisme, la pastorale est rejetée, car jugée anachronique, mensongère et invraisemblable. Néanmoins, ces deux auteurs réalistes n’atteignent guère une crédibilité totale, trop préoccupés qu’ils sont de noircir à dessein leurs paysans. La grande absente des deux romans, Les Paysans et La Terre, est bien la nature, avec sa flore fragile et immuable tout à la fois, sa douceur sensuelle, son appel à la rêverie, véhiculée par la pastorale depuis les débuts de la poésie. Aussi, lorsque ces auteurs réalistes du second XIX° siècle s’essaient à la décrire, c’est au réaliste antique Théocrite qu’ils empruntent les procédés. Contemporaine de Balzac, George Sand perfectionne le petit tableau préconisé par Florian, et se rapproche ainsi de la construction formelle des pastorales.

I.2. George Sand et le roman rustique

La célèbre boutade de la préface de 1848 : « Revenons à nos moutons, c'est-à-dire à nos bergeries »75, et le commentaire de Sainte Beuve, dans sa causerie du lundi 18 février 1850, propageant cette thèse, lorsqu’il dit que grâce à George Sand, notre littérature est en possession de quelques tableaux de pastorales et de géorgiques bien françaises, ont sans doute accrédité l’idée selon laquelle Sand avait renoué avec la pastorale. Mais, c’est parce quelle est déçue par les événements politiques parisiens76, que cette républicaine entreprend d’écrire un roman champêtre. Les motivations de George Sand sont politiques et sociales. En ce sens, elles ne diffèrent guère de celles de Balzac ou de Zola ; mais c’est surtout en romantique qu’elle entend renouer avec la vision romanesque et teintée de folklore de la vie aux champs. Maurice Toesca insiste sur les buts politiques qui ont engendré l’écriture de La Mare au Diable : « Non seulement on ne peut opposer roman socialiste et roman champêtre ou berrichon ; mais encore, comme l’observe nettement P. Salomon, c’est par le socialisme que G. Sand a été conduite au roman champêtre ; sans P. Leroux, il n’y aurait probablement pas eu La Mare au Diable. »77. La bonne dame de Nohant se trouve en profond désaccord avec la peinture des paysans faite par Balzac ou Eugène Sue ; elle entreprend ainsi de réhabiliter l’homme de la terre berrichonne, fidèle ainsi à l’idéal romantique. Son originalité réside dans un subtil équilibre entre peinture réaliste et vision idéalisante de la ruralité. Réaliste, par la forme de ses tableaux brefs et simples, elle poursuit néanmoins un idéal, qui est d’améliorer la société :

Dans les temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l’artiste est de célébrer la douceur […] les mœurs pures, les sentiments tendres et l’équité primitive.78.

75 George Sand, La Petite Fadette, Le Livre de Poche, 1999, p. 24.

76 George Sand, La Mare au Diable, Le Livre de Poche, 1999, in la préface de 1851 : « C’est à la suite