Démarche « Décideur »

Dès cette démarche apparaissent déjà des orientations quant au modèle de la conception du document e-learning. Le croisement de la démarche « Apprenant » et de la démarche « Concepteur » nous a permis de dégager deux types de critères « qualité » extraits grâce à différentes techniques et méthodes d’analyse. Les résultats de ce croisement montrent que les critères dégagés de la démarche « Concepteur » sont validés et complétés par les critères dégagés de la démarche « Apprenant », avec certaines analogies et différences. Nous en soulignons ici quelques-unes ainsi que les solutions qui ont été proposées :

- Contrairement à la démarche « Concepteur », nous avons constaté une inversion du point de vue, où l’enjeu social prime sur toute solution technique ou technologique. Le concepteur doit prendre en considération le mode et le niveau de vie, notamment les contraintes budgétaires de l’apprenant.

- Quant aux contraintes spatiotemporelles soulevées par la démarche « Apprenant », nous avons dégagé le critère Interopérabilité et Réutilisabilité proposé par le « Concepteur ». Ce sont les enjeux de la standardisation et de la normalisation qui permettent de rendre interopérables les techniques entre elles afin de faciliter l’usage des séquences et des ressources pédagogiques sur toutes les plateformes e-learning. L’enjeu est de taille pour

l’enseignant qui peut réutiliser les cours déjà conçus et disponibles sur les catalogues.

- Nous soulignons aussi que presque la totalité des apprenants et des concepteurs pointent sur la médiatisation. Ils affirment qu’il ne sert à rien d’avoir un cours à distance si l’on ne se préoccupe pas de la médiatisation indispensable pour influencer le taux d’abandon.

- Nous avons dégagé les différences et les analogies entre les deux types de critères. Reste maintenant à les valider par les points de vue des décideurs.

VI.4. Démarche « Décideur »

L’objectif principal de cette démarche est de valider -ou pas- les résultats du croisement de la démarche « Apprenant » et « Concepteur ». La démarche « Décideur » nous permet d’interroger et d’identifier les besoins d’aide dans les prises de décision.

VI.4.1. Prises de données

La démarche « Décideur » consiste en une étude qualitative sur terrain au travers d’un entretien libre, auprès de deux groupes de décideurs. Cette phase est réalisée en deux étapes : - « Groupe I » : le premier groupe marocain est représenté par le directeur de

l’IRFC de Rabat.

- « Groupe II » : le second groupe français est composé du responsable de l’Université Numérique en région Nord-Pas-de-Calais, du directeur de la

direction des Systèmes d’Information de l’UVHC, et du directeur pédagogique de la FSMS.

Chapitre 6

VI.4.2. Analyse comparative de dépouillement des résultats des deux groupes

de la démarche « Décideur »

De la voix des décideurs sont extraits les points clefs, regroupés afin d’arriver à déterminer des attentes ou des classes d’attentes en nombre limité. L’analyse effectuée est une analyse qualitative du contenu de type sémantique qui aboutit aux regroupements suivants :

Groupe I

Nous rappelons que, suite à des discussions réalisées avec le décideur de l‘IRFC-Rabat-Maroc, il nous a été confirmé qu’aucun document e-learning n’a été conçu et le besoin énorme en formation en e-learning a été explicitement exprimé.

Ce constat majeur, nous a permis de formuler notre problématique et nous a poussé à élargir notre analyse avec d’autres décideurs de l’université française, là où l’infrastructure en Sport est plus développée.

Groupe II

Nous avons extrait quelques fragments des entretiens concernant les résultats saillants, notamment la disponibilité des cours à distance en Sport, leur réutilisabilité, la satisfaction des apprenants et des enseignants, le rôle et la position de chaque acteur du processus de conception, la scénarisation, la médiatisation, les services et la disponibilité des plateformes et les contraintes budgétaires des apprenants qui limitent leur accès au cours à distance.

En termes de disponibilité de cours à distance en Sport, Le décideur explique :

« … on n’est pas encore dans la logique de cours à distance », Il ajoute :

« … au sein de toutes les universités Françaises, seul 4% des cours à distance sont mis

en place dans des domaines divers notamment en Droit chez les juristes qui font de la formation continue, mais pas en Sport … »,

Il souligne :

« …, les apprenants veulent finalement la ressource que l'enseignant préconise ! Ça c'est un point qu'on a bien remarqué … »,

Il ajoute un détail :

« … le besoin est alors d'avoir un support de cours sur la plateforme Moodle. Les apprenants aiment bien ça… »,

Il explique suite à une relance :

« …Oui pendant les enquêtes on parle de ressource et cours en ligne, on ne parle pas de cours à distance. On n’en est pas à la logique de cours à distance. Ce qui est disponible ce sont des supports, des informations utiles pour le cours, des illustrations, des schémas… »,

Il explique :

« … L'objectif du cours mis en ligne est de pouvoir résoudre les exercices, après des informations plus généralisées sur d'autres thématiques mais c'est à titre d’information.

D’autre part, en cas d’absence de l'étudiant pour presque ne rien rater ! Ce sont des ressources sous format (*.pdf) ou (*.ppt). On met aussi des contrôles d’évaluation, des exercices à faire en ligne. Tout dépend du niveau d'implication de l'enseignant, son intérêt à utiliser le numérique dans ses cours… ».

En termes de réutilisabilité des cours à distance,

Il explique :

A ce propos, le décideur explique explicitement :

« … là c'est un élément important, un enseignant peut être créateur d'une ressource, mais avant de la créer, on encourage les enseignants d'aller voir sur les catalogues s'il n'y a pas des ressources qui sont proches de leurs cours et qui sont déjà disponibles… »,

Et il ajoute : « … Aujourd'hui il y a un grand enjeu, c’est-à-dire, permettre aux enseignants de trouver finalement des parties de ressources lui permettant de reconstituer un support de cours qui lui sert propre : donc c'est bien la réutilisation des ressources… ».

En termes de motivation des enseignants,

Le décideur ajoute explicitement :

« …à travers les structures mises en place en France qui sont des universités virtuelles thématiques UVT, on encourage les enseignants à participer à des projets, en disant, moi j'ai envie de faire un cours sur les réseaux, j'ai un partenaire à l'école des Mines de Paris,… avec un projet, ça marche bien, car là il y a une motivation, … »,

« …Oui quand il y a un projet, on évalue avec les enseignants impliqués ce qu'ils souhaitent faire, le cahier des charges et puis on donne des conseils pour la réalisation du projet … ».

Il ajoute un détail :

« … la cellule TICE a pour mission d’aider les enseignants pour justement analyser leurs attentes, étudier les scénarios pédagogiques, proposer les outils pour réaliser des supports de cours en ligne et les méthodologies pour les mettre après sur la plateforme et pour que

les étudiants puissent y accéder en fonction de leur avancement dans leur parcours de formation … »,

Il rebondit :

« … on fait des formations sur l’utilisation de la plateforme Moodle, bon il y a quelques enseignants qui viennent voir comment on dépose un cours… ».

En termes de satisfaction des apprenants

Le décideur explique :

« …pour les étudiants, on fait des enquêtes sur leurs attentes, en terme de services numériques. Ce qu'ils ressortent c'est qu'ils attendent finalement des supports de cours de leurs enseignants ou des supports extérieurs préconisés par leurs enseignants … »

En termes de rôle et position des acteurs

Il explique clairement :

« …il faut que l'enseignant produise son cours, c’est lui qui a l’idée sur ce cours … »,

Et il ajoute dans ce sens :

« …on a des infographistes, un spécialiste web, un spécialiste vidéo à la cellule TICE. Un ingénieur également qui a pour mission d'être avec les enseignants pour justement analyser leurs attentes, étudier les scénarios pédagogiques, proposer après les outils pour réaliser des supports de cours en ligne. Il conseille des outils qu'on appelle des chaines éditoriales « Scénarii » pour produire des cours. L’ingénieur aide à scénariser mais, il faut que l’enseignant produise ces cours lui-même… »,

Chapitre 6

Il souligne :

« …la cellule TICE est là pour donner des conseils, montrer comment utiliser une chaine éditoriale éventuellement s'il veut faire une animation ou un graphisme, on fait appel à des compétences de médiatisation, mais c'est l'enseignant qui fait son cours car ça c'est important… ».

En termes de scénarisation des cours,

Il ajoute :

« …scénarisation des cours il y a eu en mécanique, en environnement durable, en économie, en histoire, mais pas en Sport… »

En termes de médiatisation des cours,

Il explique :

« …la cellule de multimédia audiovisuel de l'établissement aide à faire des captures des cours. Ces cours ont été retravaillés de telle façon à les mettre en ligne sur la plateforme Moodle, … »

En termes de services et disponibilité des plateformes

Il ajoute :

« …, on met à disposition des enseignants et des étudiants, tout un ensemble de services numériques pour organiser le volet de la formation… ».

En termes de contraintes budgétaires de l’apprenant

Le directeur de la FSMS ajoute implicitement :

« … que dans la région Nord-Pas-de-Calais, le facteur socio-économique émerge et devient trop limitant, du fait que 60% des apprenants sont des boursiers, donc pas de moyens pour suivre un cours à distance... »

Le directeur de la FSMS ajoute : « … surtout dans cette région, les gens sont trop attachés et ne bougent pas, ils ont peur et ils sont tous renfermés sur eux-mêmes. Les facteurs climatiques sont aussi partie prenante,… ».

Suite à la démarche « Décideur », il en résulte que seulement 4% des cours à distance ont vu le jour dans certains domaines d’application, mais pas en Sport. Les concepteurs pédagogiques de la FSMS se sont estimés heureux de déposer des supports de cours sur la plateforme Moodle, ce qui ne représente ni un cours à distance, ni un cours en ligne.

Nous allons procéder maintenant à la discussion et au croisement des résultats des trois démarches : « Apprenant », « Concepteur » et « Décideur ».