III. Devenir des HAP dans le sol
4. Devenir des HAP du sol
4.2. Dégradation des HAP par les microorganismes du sol
Particulièrement intéressantes dans le cadre de dépollution de sols contaminés en HAP
(friches industrielles), la biorémédiation est considérée comme une façon écologique de
diminuer la teneur en HAP des sols. C’est en vue d’exploiter la faculté de certains organismes
à dégrader les HAP que des études s’attachent à caractériser, quantifier et comprendre ces
mécanismes de dégradation. Il est important de souligner que la durée de demi-vie des HAP
dans les sols est régie par différents mécanismes, dont les biodégradations. Les bactéries,
champignons et algues peuvent en effet cataboliser les HAP. Le tableau 11 illustre les fortes
différences de durée de demi-vie dans un sol.
La connaissance du devenir de ces molécules dans le sol est indispensable dans le cadre de
notre étude. L’aptitude des microorganismes du sol à dégrader les HAP nous permet d’autre
part de nous interroger sur la transposition de cette faculté aux bactéries présentes dans le
tractus digestif des animaux, et particulièrement du rumen.
Tableau 11 : Exemple de durée de demi-vie dans les sols (Berthelin et al., 1995)
Molécule Naphtalène Anthracène Pyrène
Durée de demi-vie 16 à 48 jours 50 jours à 1,3 ans 210 jours à 5,5 ans
4.2.1. Dégradation des HAP par la flore totale du sol
La capacité de biodégradation des microorganismes (bactéries et champignons) d’un sol est
avérée. Plusieurs études démontrent cette dégradation biotique via le suivi de la
minéralisation des HAP marqués radioactivement. Elles seraient préférentiellement localisées
dans les agrégats de petite taille (argiles et limons, respectivement inférieurs à 2 µ m et
compris entre 2 et 20 µm) par opposition au sable et aux fractions grossières (Amellal et al.,
2001). La minéralisation de composés marqués est mesurée par le dégagement de
14CO
2. Une
incubation de durée variable valide les phénomènes de biodégradation au sein du sol (Ginn et
al., 1995 ; Smith et al., 1999).
Parallèlement à la capacité de dégradation des microorganismes, la disponibilité et la mobilité
(la part de polluants mobile est située en phase vapeur et liquide) de ces molécules dans le sol
sont des facteurs à étudier. Les concepts d’extractibilité et de disponibilité sont primordiaux
puisque seules les molécules disponibles seront soumises à la biodégradation (Barriuso et al.,
1996 ; Ginn et al., 1995). Des métabolites issus de la dégradation des HAP par la flore du sol
peuvent exister. Leur part est variable selon les conditions environnementales, la
concentration en polluants et les types de sol.
4.2.2. Caractérisation de la flore totale du sol
Le sol est un milieu vivant. Il est le siège de nombreux phénomènes de dégradation auxquels
participent des champignons, des bactéries, des protozoaires et des algues. Leur proportion
dans un sol est donnée dans le tableau 12.
Tableau 12 : Abondance des organismes du sol (Gobat et al., 1998)
Nombre approximatif
(par g de sol sec)
Biomasse moyenne
(en %)
Bactéries 10
6-10
825
Champignons nd* 59
Algues 10
3-10
5Traces
Protozoaires 10
4-10
64
Faunes du sol (sans
protozoaires)
0,1-1000 12
* nd : non déterminable