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Partie 1 : L’effet du bien-être sur la santé

2. Définitions et mesures

Les termes « bien-être » et « santé » font référence à des concepts vastes. Afin de clarifier le propos de la thèse, certaines précisions importantes sont apportées ici.

2.1. Bien-être

La principale et première problématique retrouvée dans ces travaux est immanquablement comment définir et évaluer le plus scientifiquement possible un concept comme celui du bien-être.

2.1.1. Définition

Tout d’abord, différents termes sont employés par les chercheurs dont nous analysons le travail dans cette partie : bonheur, bien-être, bien-être subjectif, bien-être psychologique, bien-être émotionnel. Ces termes seront utilisés de manière interchangeable dans cette thèse et feront référence à l’état d’un individu qui juge positivement son existence. Il y a deux composantes dans ce jugement. La première est cognitive, et réfère à ce que pense un individu de la qualité de sa vie, notamment dans différents domaines comme la vie professionnelle ou familiale. La seconde composante est émotionnelle, et réfère aux différentes sensations et humeurs ressenties au quotidien. Certains chercheurs focalisent sur les affects positifs en partant du principe, empiriquement démontré, que la fréquence des affects positifs détermine le bonheur de l’individu. L’affect positif est généralement décrit comme l’expérience d’émotions plaisantes comme la joie, l’enthousiasme, le calme, la satisfaction. Bien que certains chercheurs utilisent les termes affect, humeur et émotion pour distinguer des expériences de durées différentes, ces termes ne sont pas appliqués de façon uniforme dans la littérature. De même, certains chercheurs distinguent les affects positifs qui relèvent d’une caractéristique stable chez l’individu, par exemple un trait de son caractère comme l’optimisme, de ceux qui relèvent d’états transitoires, comme les émotions. Une composante complémentaire présente dans certaines publications est nommée bien-être eudémonique et réfère au sens qu’un individu donne à sa vie. Toutes ces différentes constructions psychologiques sont distinctes et peuvent être étudiées de manière isolée, mais elles sont souvent corrélées considérablement, ce qui explique l’emploi d’un terme général comme bien-être ou bonheur dans les études.

2.1.2. Mesure

Le bien-être étant subjectif et défini par le jugement qu’un individu porte sur sa vie, il est mesuré dans la plupart des études par des questionnaires d’auto-évaluation soumis aux participants. Il en existe une multitude, certains évaluent le bien-être dans sa globalité, d’autres se focalisent sur des composantes plus spécifiques comme les affects positifs ou la satisfaction de vie.

Quelques exemples de questionnaires fréquemment utilisés dans les études sur le bien-être sont présentés ci-dessous et leurs originaux intégraux sont retrouvés dans l’annexe 1.

a) D-T Scale : Delighted-Terrible Scale

Cette auto-évaluation se base sur une seule question, qu’on pourrait traduire en français par

« Comment vous sentez-vous à propos de votre vie dans son ensemble ? ». Il y a sept réponses proposées, qui varient de 1 = terrible à 7 = enchanté, et il est précisé aux participants qu’ils doivent répondre en fonction de ce qui s’est passé dans l’année précédente et de leurs attentes pour leur futur proche. L’échelle a été conçue pour refléter les deux composantes du bien-être, cognitive et affective.22

b) CES-D : Center for Epidemiologic Studies Depression-Scale

L’échelle CES-D est un auto-questionnaire de vingt items à compléter en fonction de son humeur au cours des sept derniers jours. L’objectif initial est d’identifier une symptomatologie dépressive et d’en évaluer la sévérité. Les questions portent sur la fréquence, durant la semaine écoulée, à laquelle l’individu a ressenti des symptômes ou des comportements souvent associés à la dépression. La fréquence est mesurée à l’aide d’une échelle à quatre points, qui varie de 0 = jamais, très rarement (moins d’un jour) à 3 = fréquemment, tout le temps (5 à 7 jours). Cette échelle n’est donc pas initialement conçue pour mesurer le bien-être, ce qui peut poser des problèmes d’interprétation lorsqu’elle est utilisée dans ce cas.23

c) SWLS : the Satisfaction with Life Scale

Cette échelle propose cinq affirmations pour lesquelles le participant peut être en accord ou en désaccord, par exemple « les conditions de ma vie sont excellentes » ou « jusqu’ici, j’ai obtenu les choses importantes que je veux dans la vie ». Une échelle de réponses variant de 1 = fortement en désaccord à 7 = fortement en accord permet d’attribuer pour chaque affirmation

un score. Le score global donne la satisfaction de vie du participant. Cette échelle a été conçue pour mesurer la composante cognitive du bien-être.24

d) PANAS : the Positive and Negative Affect Schedule

Il s’agit d’un auto-questionnaire qui comporte vingt items reflétant des sentiments ou émotions, comme « intéressé », « irritable », « nerveux » ou « enthousiaste ». Chaque item est évalué d’après une échelle à 5 points, de 1 = pas du tout à 5 = tout à fait. Différentes instructions temporelles peuvent être données, par exemple « vous vous sentez comme ça au moment où vous répondez au questionnaire » ou bien « vous vous êtes sentis comme ça lors des dernières semaines ». Ce questionnaire a été beaucoup étudié et est considéré comme un outil fiable et valide pour évaluer le bien-être. Il est particulièrement intéressant car il est un des rares outils à séparer l’évaluation de l’affect positif et de l’affect négatif.25

2.2. Santé

Tout comme le bien-être, la santé est un concept vaste et multi-dimensionnel. L’objectif n’est pas de donner une définition de la santé mais d’identifier quels critères sont retenus dans les études pour y référer. L’approche scientifique des chercheurs dont nous discutons le travail dans cette thèse impose une certaine objectivité de mesure. Ainsi, si certaines études ont été réalisées en mesurant la santé d’après des questionnaires d’auto-évaluation, celles qui ont été retenues dans les méta-analyses ou revues qualitatives que nous présentons dans la sous-partie suivante ont choisi des critères objectifs comme la mortalité, la morbidité ou la survie.

D’autres critères sont parfois retenus comme la déclaration de symptômes ou de douleurs, les admissions à l’hôpital ou les visites chez le médecin généraliste. Le terme santé physique est retrouvé fréquemment dans les publications, et réfère à l’absence de maladies ou défaillances.

Certains chercheurs utilisent des critères de santé plus spécifiques et étudient par exemple la réponse immunitaire à travers des mesures comme la concentration en IgAs (Immunoglobines A dans leur forme sécrétoire) ou la réponse endocrine à travers des mesures comme le cortisol.