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Depuis plus de 2000 ans après son premier emploi dans l’Antiquité la représentation de la « douance », source de réalisations exceptionnelles, varie au cours du temps et le 20ème siècle marque un tournant décisif dans son étude. En effet, les sciences humaines recherchent les conditions de son apparition, ses caractéristiques et essayent de le quantifier par le biais de méthodes scientifiques (par ex. analyses factorielles).

Néanmoins, en raison de la complexité du phénomène et malgré les avancées théoriques, de nombreuses définitions sont utilisées sans qu’aucune ne soit universellement acceptées. Alors qu’une définition se doit de donner une description formelle et concise du sens d’un concept, dans le domaine du HPI, la littérature scientifique regorge de définitions se caractérisant par des positions théoriques distinctes.

2.1. Diversités des définitions

Le répertoire scientifique regorge de mots empruntés au langage commun où chaque terme prend différentes significations issues d’une longue histoire d’usages culturels et de jugements populaires.

Renvoyant au concept de don, et avec lui, à une connotation innéiste, les termes « surdoué » et « doué » sont largement utilisés par le grand public et les médias pour désigner les enfants présentant une facilité intellectuelle exceptionnelle dont tout réussit. Parallèlement, et sans préjugé de détermination génétique, le terme de « précoce » ou « précocité intellectuelle » fait référence à une avance observée précocement dans le développement mettant en évidence le caractère exceptionnel d’aptitudes cognitives.

Enfin, deux termes utilisés dans la littérature scientifique et faisant écho à deux conceptions différentes dans l’identification des personnes possédant des capacités hors normes: le « haut potentiel intellectuel » et le « talent ». Le premier terme fait référence à des dispositions intellectuelles remarquables identifiées par des tests d’intelligence, alors que le deuxième terme correspond à une aptitude atteinte lorsque le potentiel s’est réalisé dans un domaine d'activité spécifique (par ex.

musique, sport).

En France, le rapport Delaubier (2002) mentionne la difficulté de définir les enfants surdoués ou précoces: « (…) d’une manière générale, ces termes sont utilisés pour désigner un enfant qui manifeste la capacité à réaliser, dans un certain nombre d’activités, des performances que ne parviennent pas à accomplir la plupart des enfants de son âge. » (Delaubier, 2002, p. 4). Malgré l’importance de ce rapport, nous

« One of the most critical problems in gifted identification stems from confusion in the field about what giftedness is and how it should be defined. » Ackerman, 1997, p. 231.

retrouvons très fréquemment le terme « surdoué » ou « précoce » dans de nombreux écrits, qu’ils soient destinés à un public de profanes ou d’avertis.

Aux Etats-Unis, le constat de l’absence de consensus conduit le commissaire à l’Education, Sydney Percy Marland à proposer, au travers de son rapport (Marland, 1972), une nouvelle définition du HP. Il mentionne que les enfants « doués » et

« talentueux » sont ceux qui, du fait de capacités hors du commun, sont susceptibles de grandes réalisations. Ce rapport souligne l’importance d’élargir le concept du HP au sein de six domaines dans lequel le potentiel peut se réaliser: 1) aptitude intellectuelle générale, 2) aptitude scolaire spécifique, 3) aptitude au leadership, 4) pensée créatrice, 5) aptitude artistique et 6) aptitude psychomotrice. Ce rapport influence profondément le domaine en suscitant de nombreux Etats à reconsidérer l’expression du HP, incitant ces derniers à ne plus considérer les aptitudes intellectuelles comme l’unique trait permettant de définir un individu susceptible de présenter un HP. D’ailleurs, l’Association Suisse pour les Enfants Précoces (ASEP) fondée en 1998 a changé récemment son appellation pour devenir en 2016, l’Association Suisse pour les Enfants à Haut Potentiel (ASEHP).

Comme nous pouvons le constater, l’absence d’une définition commune reste l’un des sujets les plus persistant et les plus discuté. En effet, la consultation de la littérature scientifique montre encore une importante diversité de définitions dont la plus fréquente sur laquelle se base la majorité des études empiriques est la mesure de l’aptitude générale à travers le Quotient Intellectuel Total (QIT).

Même si un consensus semble émerger, la difficulté de trouver un terme commun soulève la question de l’identification, dont les travaux réalisés dans ce domaine restent quelques peu modestes.

Dès lors, dans la suite de ce manuscrit, nous emploierons le terme Haut Potentiel (HP) sans distinction du domaine auquel il se réfère, pour ensuite utiliser le

terme Haut Potentiel Intellectuel (HPI) en référence à des performances cognitives élevées identifiées par le biais de tests d’intelligence et sujet de notre étude.

2.2. Diversités des techniques d’identification

Dans son article intitulé « Comparing Apples and Oranges: Fifteen Years of Definitions of Giftedness in Research », (Carman, 2013) explore 64 études entre 1995 et 2010 issues de revues spécialisées dans le domaine du HP. Après avoir utilisé un processus en plusieurs étapes (par ex. sélection par mots clefs, dates de parution), Carman sélectionne uniquement les articles comparant des individus HP et non HP dans l’espoir de clarifier les différentes méthodes d’opérationnalisation. En effet, elle appuie ce choix en indiquant que le fait de comparer ces deux groupes obligent les auteurs à énoncer les définitions utilisées dans la sélection des individus de leurs échantillons. Les résultats indiquent que 9 techniques d’identification sont mises en évidence (par ex. rendement scolaire, recommandations enseignants) dont la plus couramment utilisée est le test d’intelligence ; 41 articles utilisent une forme d’évaluation de l’intelligence (par ex. verbale), dont la moitié des études utilisent le QIT.

Une étude un peu moins récente recense 90 études publiées entre 1997 et 1998 dans 5 revues spécialisées. Les résultats montrent que différentes méthodes d’identification sont utilisées par les chercheurs comme par exemple, les tests d’intelligence (par ex. les échelles de Wechsler), les accomplissements personnels (par ex. récompense sportive), la créativité, ou encore des tests de raisonnement figuratif (par ex. les Matrices progressives de Raven; Raven, Court, & Raven 1983) (Ziegler & Raul, 2000). Ces dernières étant utilisées pour en vue de l’inclusion à des programmes éducationnels pour enfants HP.

Aux Etats-Unis, le rapport Marland (2002) propose différentes méthodes

collective, enseignant, parent), les aptitudes scolaires spécifiques (par ex.

mathématiques), la pensée créatrice (par ex. pensée divergente, observation par l’enseignant) ou encore l’aptitude au leadership (échelles pour évaluer les caractéristiques). Alors qu’en France le rapport Delaubier vise à solutionner l’intégration scolaire des enfants HPI, il mentionne que le seul outil admis pour identifier le HPI est la WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) par le biais du seul critère admis, le QIT.