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Synthèse du chapitre 1

Chapitre 2. La transformation numérique du travail : dynamique d’influence sur l’activité et sur

1.1. Définition des TIC et transformation des organisations

Précisons tout d’abord qu’il n’y a pas spécifiquement lieu de différencier les acronymes TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) et NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). En effet, le terme NTIC est apparu dans la littérature mais ne se distingue pas de façon consensuelle du terme TIC, le caractère de nouveauté n’étant que difficilement caractérisable. Quand arrêtons-nous de considérer qu’une technologie est nouvelle ? Nous utiliserons ici la notion de TIC et l’adjectif « nouveau ou nouvelle » s’entendra en synonyme de récence temporelle ou rareté d’utilisation. Par exemple, nous pourrons dire que la réalité virtuelle est un nouvel outil numérique utilisé dans l’enseignement supérieur au sens où cette technologie est majoritairement en phase de pré-implémentation, peu utilisée, dans des exemples quasi anecdotiques, ou peu étudiée dans

Les TIC représentent l’ensemble des technologies qui permettent de saisir, traiter, stocker et communiquer de l'information (Reix, 2002 ; Reix, Fallery, Kalika et Rowe, 2016). S’appuyant sur l’étude détaillée de chacun des trois concepts technologie, communication, information, Basque (2005) établit une définition complète qui synthétise l’ensemble des éléments qui composent les TIC. Ainsi, les TIC « renvoient à un ensemble de technologies fondées sur

l’informatique, la microélectronique, les télécommunications (notamment les réseaux), le multimédia et l’audiovisuel, qui, lorsqu’elles sont combinées et interconnectées, permettent de rechercher, de stocker, de traiter et de transmettre des informations, sous forme de données de divers types (texte, son, images fixes, images vidéo, etc.), et permettent l’interactivité entre des personnes, et entre des personnes et des machines. » (Basque, 2005, p. 34). De plus, dans

une approche des TIC centrée sur l’utilisateur, le rôle de ce dernier est prépondérant, vu comme présent et actif dans l’usage d’un artefact cognitif permettant une interaction intuitive et favorisant l’interface homme-technologie (Felio, 2013; Millerand, 1999).

La réalité virtuelle peut ainsi s’entendre comme une TIC de par son fondement et ses multiples potentiels d’usages pour l’information où l’interaction personne-machine d’un utilisateur acteur est une des clés de voûte de la technologie.

Dans les organisations, les TIC se sont implantées par vagues successives depuis la première dans les années 50 avec le déploiement des ordinateurs (Klein & Ratier, 2012) jusqu’à la dernière décennie où les capacités de mobilités des TIC et leur performance sont de plus en plus importantes (Besseyre Des Horts & Isaac, 2006). Les mutations du travail sont multi facettes et l’évolution des technologies apporte autant de changements pour les organisations en induisant de nouvelles problématiques (Klein & Ratier, 2012). Lorsque l’on s’intéresse à la transformation numérique du travail, ce sont tout autant les impacts organisationnels qu’individuels que l’on peut aborder. Au cœur des préoccupations des organisations, des salariés et/ou des systèmes politiques, les questions de bien-être au travail, de qualité de vie au travail, de performance individuelle ou collective, de développement de compétences, mais aussi de désengagement des salariés ou de résistance au changement, font débat.

attribuées dans l’enseignement universitaire et plus particulièrement à la notion de média d’apprentissage. En dépit du fait que les TIC couvrent les quatre interprétations d’un média dans le champ de l’éducation (véhicule un message, système symbolique, outil cognitif, médiateur entre personnes objets et idées), l’auteur relève qu’elles ne sont encore utilisées que comme vecteur de présentation de l’information et que le potentiel pédagogique en est limité. Est principalement mis en avant l’idée que cette vision pourrait s’expliquer par la crainte de l’enseignant d’être remplacé par les TIC au sein de l’acte pédagogique. Les besoins de formation des enseignants dans ce domaine sont soulevés, tout comme l’importance de la prise en compte des représentations des TIC dans leur implantation. Près d’une décennie plus tard, Lavielle-Gutnik & Massou (2013) s’interrogent sur la place des TIC dans la fonction enseignante des enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales d’universités françaises, faisant état que la question des effets des TIC sur les enseignants est toujours centrale et non éprouvée. Leur contribution à la question s’appuie sur le processus dynamique de socialisation professionnelle comme facteur d’usage et de représentation des TIC. À partir de 19 entretiens semi-directifs et 395 réponses à des questionnaires, sur 10 organisations, des enjeux de tensions identitaires ont été mis en avant dans la conception de leur métier et deux modes de sociabilisation influençant le recours aux TIC. La mission d’enseignement avec principalement le rapport à l’apprenant est le facteur dominant de la socialisation professionnelle, l’environnement socioprofessionnel des pairs et des institutions est alors un facteur important mais plus accessoire. Une forte ambivalence sur les conséquences du développement des TIC sur les conditions de travail est conclu et des hypothèses de réponses

Par ailleurs, lors d’une étude sur l’impact de la mise en place d’un ENT (Environnement Numérique du Travail) dans une université, Déro & Heutte (2008) amorcent une réflexion quant à l’impact des TIC sur les conditions de travail. 747 usagers d’un IUFM ont été interrogés et bien qu’à prendre comme une étude a visée exploratoire, l’importance de la satisfaction au travail, de la reconnaissance des compétences et du sentiment d’auto-efficacité a été pointées.

Alors que les TIC et leurs implantations dans l’enseignement viennent renforcer le poids des interrogations mentionnées dans le chapitre 1, sur la professionnalisation et le développement professionnel des enseignants universitaires (Peraya, 2015; 2018), Lameul et al. (2014) posent clairement la question dans une de leurs études : un dispositif hybride de formation peut-il influencer le développement personnel de l’enseignant ? Les enseignants interrogés étaient à l’origine de la conception des dispositifs hybrides. In fine, des relations d’influence ont été mises en avant sur la motivation personnelle et intentionnelle, sur la satisfaction et sur les intentions d’action, le tout au sens d’une pratique et posture réflexive sur leur transformation pédagogique.

Ainsi, ces recherches apportent des variables notables pour notre propre question, en conservant cependant en limites que les TIC étudiées sont différentes ou plus globales et que nous nous interrogeons non pas à l’issu d’un changement de pratique avéré mais en amont d’une implémentation possible ; les représentations de transformations numériques sont prospectives.

Les TIC tiennent une place majeure dans la transformation du travail, tant au niveau des organisations que des individus. Dans les organisations d’enseignement que sont les universités, l’influence des TIC sur la transformation de l’enseignement et des enseignants reste une question centrale où la compréhension de la place des outils et ressources numériques se doit d’être poursuivie. Comment appréhender cette influence ?

C’est en croisant deux visions de la transformation numérique du travail que nous proposons d’aborder l’influence d’un nouvel outil numérique sur l’individu et sur son activité.

numérique est potentiellement inductive d’une transformation des acteurs. À ce titre, la transformation numérique du travail peut se lire via plusieurs visions d’influences ; parmi elles l’apprentissage individuel présenté par une trajectoire reliant l’appropriation aux situations potentielles de développement et les déterminants du comportement, présentés par une trajectoire reliant l’intention à la capabilité. Dans une situation de transformation numérique prospective, un ensemble de questions sous-jacentes émergent.

2.1. Impact de la transformation numérique du travail sur l’apprentissage