• Aucun résultat trouvé

DÉFINITION – APERÇU HISTORIQUE

Dans le document L’histoire des plus grandes épidémies (Page 85-90)

Lorsque l’eau tue

I. DÉFINITION – APERÇU HISTORIQUE

Depuis la peste noire du XIVe siècle, aucune épidémie n’avait produit une terreur aussi générale que le choléra.

Le choléra est le compagnon privilégié des catastrophes naturelles et des situations de conflits avec déplacements massifs de populations. Il peut cependant survenir dans un contexte de stabilité politique et en l’absence de toute calamité naturelle, lorsque les conditions socio-économiques des populations sont favorables à son développement.

Le choléra est une véritable urgence en santé publique.

1. Etymologie

Choléra-morbus ou simplement choléra.

Le choléra est un terme médicale latin attesté à l’époque impériale (1546) au sens de « maladie qui vient de la bile ». Morbus, maladie.

En grec, choléra signifie gouttière, car les matières fluent comme par une gouttière.

Le choléra-morbus est une appellation désuète ; aujourd'hui, il désigne une forme de gastroentérite aiguë due à une salmonelle.

2. Principales épidémies

Tout au long de l'histoire, des flambées dévastatrices de choléra ont frappé sporadiquement les populations du monde entier. Hippocrate (460 - 377 avant JC) et Galien (129 - 216 après JC) décrivaient déjà une maladie qui pourrait être le choléra et de nombreux indices font penser qu'une maladie de ce type était

Les connaissances modernes sur le choléra ne remontent cependant qu'au début du 19ème siècle, lorsque les chercheurs ont commencé à progresser dans leur compréhension des causes et du traitement de la maladie. La première pandémie, ou épidémie mondiale, a commencé en 1817 à partir de la zone d'endémie en Asie du Sud-Est et s'est propagée dans d'autres régions du monde. Cette pandémie et celles qui ont suivi ont fait des ravages et se sont répandues dans le monde entier avant de reculer.

En 1961, la septième vague pandémique démarre en Indonésie et gagne rapidement d'autres pays asiatiques, l'Europe, l'Afrique et finalement, l'Amérique latine.

Cette dernière pandémie persiste encore aujourd’hui dans de nombreux pays en développement [34].

Tableau IV : Itinéraires et chronologie des sept pandémies du choléra du XIXe siècle jusqu’à nos jours

Durée des pandémies

Zone affectée, diffusion Repères et Modes de transport

PREMIERE PANDEMIE

1817-1825

- Espaces riverains de l’Océan Indien

- Moyen-Orient

- Côté orientale de l’Afrique - Russie

- Europe

Essor des échanges terrestres et maritimes

DEUXIEME PANDEMIE

1826-1841

- Depuis la Mecque vers l’Egypte - l’Europe

1832 : Grandes épidémies de Paris, New-York et Londres

TROISIEME PANDEMIE

1863-1876

- Europe du Nord et de l’Ouest

- Afrique du Nord

- Amérique du Sud

1854 : Pacini observe et décrit le Vibrio comma.

Snow met en évidence le rôle de l’eau dans la diffusion du choléra

QUATRIEME PANDEMIE

1883-1896

- Depuis l’Inde vers l’Est et l’Ouest

- Afrique du Nord

- Amérique du Sud

Poursuite des extensions coloniales Françaises et britanniques en Afrique et en Asie. CINQUIEME PANDEMIE 1883-1896

- l'épidémie diffuse à partir de l'Inde vers l'est et l'ouest sur plusieurs continents.

1883 : Koch isole le Vibrio Cholerae - développement des courants hygiénistes. SIXIEME PANDEMIE 1899-1923 - Asie - Russie - Europe - Amérique latine

Première guerre mondiale

SEPTIEME PANDEMIE DEPUIS 1961 JUSQU’A NOS JOURS - L’Asie (1962) - Le Moyen-Orient

- Une partie de l'Europe (1965) - L’Afrique (1970)

- L'Amérique latine (1991)

- Extension de l’aviation commerciale et civile - La mondialisation

3. Chemins de la découverte du Vibrio cholerae

Les premières recherches étiologiques de l’agent causal du choléra ont eu lieu lors de la seconde pandémie Européenne (1826-1851).

Le tableau V, résume le chemin parcouru par les savants, depuis la première observation du V.cholerae jusqu’à sa mise en culture, afin de faciliter la compréhension de l’étiologie de cette maladie.

Tableau V : L’histoire de la découverte du V.cholerae.

Médecins- chercheurs Périodes Découvertes JOHN SNOW Médecin Anglais (1813-1858) FLIPPO PACINI Professeur d’anatomie Italien (1812-1883) Epidémie De Londres 1831-1832 Epidémie de Florence 1854

John Snow a fait considérablement progresser la connaissance sur l’épidémiologie du Choléra par des observations de simple bon sens :

- Le choléra est une maladie contagieuse due à un poison qui se reproduit dans le corps humain et est trouvé dans les vomissements et les selles des patients. - L’eau contaminé par le poison est le principal, sinon

le seul vecteur de la maladie.

- En 1855, John Snow montre que l’eau de boisson polluée par les égouts transmettait le choléra. Le premier à avoir observé l’agent du choléra.

- Pacini examina au microscope les tissus intestinaux de patients morts du choléra en pratiquant des autopsies immédiatement après leur mort.

- Découverte d’un bacille en virgule qu’il appela Vibrio dans une publication intitulée « Observations

microscopiques et déductions pathologiques sur le choléra ».

- Description de la fuite aqueuse massive au moment des diarrhées et le traitement par réhydratation apportant l’eau et le sel par voir voie veineuse pour compenser les pertes diarrhéiques.

ROBERTKOCH Médecin allemand (1843-1910) Epidémie D’Egypte 1883

Robert Koch Identifia le Bacille du choléra.

- Koch examina des prélèvements de muqueuse intestinale à l’autopsie de patients morts de choléra, il observa comme Pacini, un bacille virgule, un vibrion tapissant cette muqueuse sans envahir les parois intestinales.

- Le 7 Janvier 1884, Koch poursuivit ces études en Inde, où il annonça par dépêche qu’il avait isolé le bacille du choléra en culture pure. On l’appellera Vibrio

cholerae. Il le décrivait comme un bâtonnet droit ou

incurvé en virgule, se multipliant dans l’eau stagnante et contaminée de matières organiques.

- Le bacille n’était pas retrouvé dans des diarrhées en dehors du choléra mais était massivement présent dans les « grains de riz » retrouvés dans les selles de malades cholériques.

4. Miracle de la réhydratation

Après la gloire de Koch, il est juste aussi de rappeler les efforts d’inconnus qui ont permis de traiter efficacement le choléra.

 1831 : le Dr Thomas Latta, un chirurgien de Leith, avaient ressenti que la vraie cause de mortalité des patients était la déshydratation induite par la diarrhée, et tenta de traiter les patients avec des perfusions intraveineuses d’eau

salée non stérile, pratiquées avec des plumes d’oie, ce qui améliorait l’état des patients mais entraînait de graves thromboses et phlébites suppurées.

 1940 : Un physiologiste américain, P.F. Curran, fit une observation qui sauva des centaines de milliers de vie. En travaillant sur des intestins isolés de rat, il montra en 1960 que le glucose additionné aux solutions salées stimulait fortement la réabsorption du sodium.

 1966 : le Dr N. Hirschborn confirma l’efficacité des solutions salées additionnées de sucre administrées par voie orale chez des cholériques au Bangladesh.

 1970 : L’emploi des solutés de réhydratation de l’UNICEF basés sur ce principe s’était généralisé, sauvant des centaines de milliers d’enfants diarrhéiques tous les ans. Ces solutés permettaient la réhydratation orale de ces enfants, même ceux atteints de choléra grave, sans recours à la perfusion veineuse.

Dans le document L’histoire des plus grandes épidémies (Page 85-90)

Documents relatifs