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On dit que l’arbre cache la forêt, mais le temps merveilleux de la recherche reste celui où l’historien commence juste à imaginer la vue d’ensemble, quand la brume n’a pas fini de se déchirer qui voile les horizons lointains, tant qu’il n’a pas pris trop de distance avec le détail des documents bruts, et que ceux-ci conservent encore toute leur fraîcheur.

Son meilleur mérite est peut-être moins de défendre une thèse que de communiquer aux lecteurs la joie de sa découverte, de les rendre sensibles, comme il l’a été lui-même, aux couleurs et aux senteurs des choses inconnues.

-Philippe Ariès,

L’enfant et la vie familiale sous l’ancien régime, 1960

La présente étude qualitative n’implique pas de contact avec des « sujets vivants ». Elle n’en est pas moins empirique. Les manuels de méthodologie positiviste, comme celui de Del Bayle (2000), présentent l’enquête documentaire comme une observation « indirecte », « c’est-à-dire qu’elle s’effectue à travers un élément médiateur constitué par les documents » (Del Bayle, 2000, 167). Cela présuppose que la « chose » intimidation serait donnée à l’observation « directe » menée par entretiens ou questionnaires. À l’inverse, les documents écrits et archives de toutes sortes constitueraient une médiation supplémentaire s’insinuant entre l’observant et l’observé. Une telle distinction entre données « directes » et « indirectes » oublie que le matériau empirique est toujours produit par et pour la recherche. Le sociologue n’a jamais sous les yeux « le suicide », « la pauvreté » ou « l’intimidation », mais une opérationnalisation de ces réalités qu’il produit pour les fins de son entreprise. « Bien sûr l’observation pure et "naïve" n’existe pas et depuis longtemps le positivisme scientiste a perdu la partie dans les sciences sociales », rappelle à juste titre Olivier De Sardan (1995, 4).

a. Des données de « seconde main »

Les documents comme ceux que j’analyse ici ne sont ni plus ni moins factices que les données de terrain plus usuelles. Les unes ne relèvent pas plus « de vrai » que les autres, mais elles révèlent toutefois des brides différentes de ce dont elles parlent. Données de terrain et données documentaires colligées ne se distinguent pas en qualité ; leur différence réside dans leurs

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contextes et finalités de production. Sur le fond, elles sont toutes deux des « traces objectivées de morceaux de réel » :

Bien évidemment, les données, au sens où nous l’entendons ici, ne sont pas des « morceaux de réel » cueillis et conservés tels quels par le chercheur (illusion positiviste), pas plus qu’elles ne sont de pures constructions de son esprit ou de sa sensibilité (illusion subjectiviste). Les données sont la transformation en traces objectivées de « morceaux de réel » tel qu’ils ont été sélectionnés et perçus par le chercheur. (Oliver de Sardan, 1994, 4).

Pourtant, les préjugés à l’endroit des données documentaires contribuent à les marginaliser. Dans Discovering the grounded theory, Glaser et Strauss (1999) consacrent un chapitre entier au manque d’originalité dans l’utilisation des données qualitatives. En outre, ils déplorent le fait que tout ce qui s’écrit sur un sujet donné, à l’exception de la littérature savante bien sûr, attire très peu l’attention des sociologues. Lorsque ces données documentaires sont mobilisées, elles sont généralement cantonnées à la « phase exploratoire » où le chercheur s’initie à son thème de recherche et souhaite le circonscrire ou en dégager quelques hypothèses préliminaires. Elles sont parfois introduites au tout début de l’étude et ne sont alors utilisées qu’à des fins descriptives ou informatives. Dans le cadre de cette étude, je me propose de faire de ces

interactions sociosymboliques que sont fondamentalement les traces écrites de l’activité sociale le

matériau premier de l’analyse.

Glaser et Strauss invitent les chercheurs en sciences sociales à considérer la bibliothèque comme n’importe quel autre terrain digne d’investigation. En effet, les auteurs présentent de nombreuses similarités entre les données produites par le chercheur et celles accumulant la poussière sur les étagères :

Every book, every magazine article, represents at least one person who is equivalent to the anthropologist’s informant or the sociologist’s interviewee. In those publications, people converse, announce positions, argue with a range of eloquence, and describe events or scenes in ways entirely comparable to what is seen and heard during field work. (Glaser et Strauss, 1999, 163).

Partant, l’enquête documentaire doit se mener avec la même intelligence et débrouillardise que l’enquête par entretiens, observation directe ou participante. Le chercheur doit être à l’affut de l’information pertinente, de la « conversation » qu’il lui fallait ou de « l’informateur » qu’il attendait. Un peu à la manière qu’on interroge les participants, il suffit de savoir poser les bonnes questions à la bibliothèque et aux impressionnantes banques d’information aujourd’hui accessibles.

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J’aurais voulu connaître l’avis de psychologues, de travailleurs sociaux ou d’éducateurs spécialisés sur l’intimidation ? La bibliothèque en est pleine, et les revues disciplinaires donnent même un accès privilégié aux débats qui ont cours entre eux. Il aurait été utile d’interroger le personnel des écoles sur ce que représente l’intimidation dans leurs pratiques professionnelles, savoir comment ils interviennent face à ce phénomène ? Ils sont nombreux à avoir écrit des livres sur le sujet. Qu’en est-il des directions d’école, des commissions scolaires, des syndicats de l’éducation ? Leurs agents sont sollicités par les médias, écrivent des rapports ou mettent sur pied des programmes de prévention et d’intervention extrêmement riches en informations. Ces documents sont donc de réelles données sociologiques tout à fait fécondes, à condition toutefois de ne pas les prendre pour ce qu’elles ne sont pas. Elles sont des activités discursives

publiques et ne recouvrent que bien imparfaitement les expériences sensibles des acteurs sociaux

dont elles parlent. Elles donnent mieux à voir ce qui est réputé être ou ce qui devrait être que ce qui est.

La documentation qui m’occupe peut-être dite « de seconde main » en cela qu’elle a été produite dans un contexte et pour des finalités qui ne sont pas celles de la présente recherche et qui lui sont antérieures. Contrairement à l'observation et l'entretien, l'analyste n’intervient pas dans la construction des données dont il entend se saisir. Dépendamment de l’objectif de la recherche, il est possible d’y voir un avantage certain. Il est devenu trivial de rappeler que le sociologue, par ses questions, son statut et sa simple présence, interfère avec l'activité sociale qu’il souhaite comprendre et la modifie par le fait même. Bien qu’il existe quelques « tours de main pratiques » (Olivier de Sardan, 1995) permettant de produire d’excellentes données de terrain en dépit de ces biais, il s’agit néanmoins d’une limite qu’il faut accepter.

Les données documentaires déplacent le problème de manière intéressante. Elles ne prennent peut-être pas pour interlocuteur le savoir-expert qui les interroge, mais elles ont tout de même des destinataires. Elles sont produites dans un contexte social particulier que l’analyste doit chaque fois prendre en considération. Il est essentiel de garder en tête qu’un directeur d’école, un expert ou un politicien ne tiendra pas le même discours dans une publication ou un point de presse qu’à un chercheur dans un contexte d’entretien confidentiel. En outre, les données documentaires tendent à masquer les tensions qui sont bien vivantes derrière le verni de consensus. L’imprimé relevant par définition du domaine public, les antagonismes supposés

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ou réels sont atténués par des procédés argumentatifs fort sophistiqués. Dans Ce que parler veut

dire, Bourdieu insiste :

Le recours à un langage neutralisé s’impose à toutes les fois qu’il s’agit d’établir un consensus pratique entre des agents ou des groupes d’agents dotés d’intérêts partiellement ou totalement différents : c’est-à-dire, évidemment, en tout premier lieu dans le champ de la lutte politique légitime, mais aussi dans les transactions et les interactions de la vie quotidienne (Bourdieu, 1982, 18).

On ne retrouvera pas non plus les mêmes données dans la documentation produite par les ministères ou commissions scolaires que celles qui auraient pu être recueillies en interrogeant les professionnels de l’enseignement ou en menant une ethnographie de l’école (Andréo, 2005). Une victime ne se racontera pas de la même manière dans un livre qu’elle ne le ferait dans un contexte privé. Pour ces raisons, il faut se garder d’interpréter le texte pour sa stricte signification intrinsèque et toujours le rapporter à ses conditions sociales de production et de circulation, suggère encore Bourdieu. Il en résulte qu’au contraire de la tradition d’analyse héritée de la linguistique structurale, forme et contenu d’un message sont ici appréhendés de manière indissociable. Marc Angenot, intellectuel québécois qui gagnerait à être connu dans le champ sociologique, précise à cet égard :

Si tout énoncé, oral ou écrit, communique un "message", la forme de l’énoncé est moyen ou réalisation partielle de ce message […]. Les traits spécifiques d’un énoncé sont les marques d’une condition de production, d’un effet et d’une fonction. L’usage en vue duquel un texte est élaboré peut être reconnu dans son organisation même et dans ses choix langagiers (Angenot, 1989, 18).

Les données de seconde main présentent d’autres avantages, notamment du point de vue de l’accessibilité. D’abord, elles existent déjà et il ne reste qu’à les consulter telles quelles. Les ressources et le temps investis dans la préparation du terrain, la récolte des données et leur retranscription peuvent être consacrés à lire, ordonner, classifier, coder, catégoriser, relire, bref analyser un volume important de données. L’accessibilité se traduit aussi par un accès à des informateurs dont il aurait été difficile de récolter les propos autrement. Mon corpus se compose de discours d’experts, de journalistes, de personnalités publiques et politiques et autres « faiseurs d’opinions » qui ne se prêtent que difficilement au jeu de l’interrogatoire sociologique.

Cet avantage est aussi un inconvénient puisqu’il est évident que l’analyse de tels documents écrits écarte de facto tous les groupes qui sont privés de la parole légitime et institutionnalisée. Dans l’analyse des résultats, je ferai voir comment les discours relatifs à l’intimidation

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s’imposent à la manière d’un vaste consensus public qui va de soi. Dans la mesure où l’objectif de la recherche est de mettre au jour la vie publique de l’intimidation, c’est là un biais acceptable, mais non négligeable. Acceptable parce que le domaine public exclut par définition les groupes marginalisés, en cela le corpus est fidèle aux scènes sociales étudiées ; non négligeable parce qu’il est raisonnable de supposer que les pratiques et représentations de ces groupes en matière d’intimidation présentent des particularités qui ont échappées à l’analyse. Aux chapitres 7 et 8, je montre dans le détail qui sont ces groupes d’acteurs québécois qui s’engagent dans une « croisade morale » (Becker, 1985) pour dénoncer et combattre l’intimidation.

b. Une approche diachronique

Les données documentaires permettent aussi d’appréhender la temporalité de la production du problème de l’intimidation. J’ai insisté plus haut sur l’idée que la réalité sociale n’était pas une chose figée, mais bien au contraire une construction intersubjective toujours en train de se faire. Cette étude s’inspire de cette éclectique filiation sociologique pour qui les faits sociaux doivent être saisis de manière diachronique plutôt que synchronique, c’est-à-dire à travers leurs phases successives de développement. C’est une sociologie qui demande « comment ? » plutôt que « pourquoi ? ». On pense bien sûr au concept de « carrière » de Everett C. Hughes (1971) et à sa postérité dans les travaux de « l’École de Chicago » (Grafmeyer et Joseph, 1979). Ici, je l’ai déjà dit, la carrière s’applique à la catégorie publique (comment le problème de l’intimidation advient-il ?) et non aux élèves catégorisés (comment devient-on intimidateur, intimidé ou désigné comme tel ?).

En raison de cet objectif, il est fort utile de pouvoir retourner observer les activités de revendication telles qu’elles sont apparues dans leur contexte propre. Ma démarche consiste à prendre un phénomène donné (une balle de laine) et à en suivre les ramifications de sens, comme à rebours. Il faut tracer en quelque sorte une « coupe diachronique » autour d’un élément donné du réel. Ma démarche s’inspire en cela de la « méthode généalogique » d’inspiration nietzschéenne et foucaldienne (Koopman, 2013). Bien qu’encore vaguement définie, elle réfère généralement à la recherche de « l’origine » d’un concept non pas entendue comme sa nature profonde ou perdue, mais la succession de contingences qui y a conduit. Elle s’occupe à historiciser des phénomènes de société encore inexplorés tout en délaissant le projet

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positiviste d’une certaine méthode historique. Au sens où je l’entends, l’approche généalogique circonscrit un fait moral, en l’occurrence un problème public, pour « montrer sous l'effet de quelles forces il s'est constitué et transformé » (Wotling, 1995, 33).

En somme, les données documentaires donnent à voir la construction de l’intimidation en actes. Dans les médias, les projets de lois, les plans d’action gouvernementaux et les recherches expertes que j’ai dépouillés, la catégorie publique de l’intimidation est là en train de se faire. Je n’interroge pas des acteurs que j’amènerais à avoir un regard réflexif ou rétrospectif sur leur « croisade morale », mais j’interprète les transactions écrites la qui cadencent.

c. Constitution du corpus

Mon problème méthodologique n’est pas de savoir si mon corpus et les résultats qui s’en dégagent sont généralisables à la « totalité-intimidation ». D’abord, parce que je doute qu’il existe une telle « chose » qu’il serait possible de circonscrire a priori. À tout le moins, il était impossible de savoir, avant de mener cette recherche, quel était « l’univers de données » du problème public de l’intimidation. Ensuite parce que, comme le soutient Becker (2002) dans

Les ficelles du métier, les sociologues ont le droit de se poser d’autres questions que la

quantification et la généralisation. Il est clair que les méthodes qualitatives, et particulièrement l’analyse de contenu, ont été colonisées ces dernières décennies par les critères de scientificité propres aux méthodes quantitatives. La présente étude participe modestement à l’affirmation de la « rigueur du qualitatif » (Olivier de Sardan, 2008). Mes résultats ne prétendent pas être « reproductibles » par une analyse que mènerait un collègue ou un ordinateur. Ils ont cependant la prétention d’offrir une compréhension nouvelle, pertinente et rigoureuse de ce qui est désigné comme le problème public de l’intimidation. Partant, la défi de mon échantillon réside moins dans la représentativité « d’unités de sens » quantifiées que dans la découverte de « la gamme complète des variantes d’un même phénomène donné » (Becker, 2002). De quelles manières, en effet, l’intimidation a-t-elle été décrite, problématisée et publicisée pour former l’unité qu’on lui reconnait aujourd’hui ?

Comme les problèmes publics sont des activités collectives, il faut, pour les comprendre, prendre en considération toutes les parties impliquées dans cette interaction généralisée (Blumer [1971] 2004). La présente étude s’intéresse prioritairement aux activités de ces entrepreneurs de morale qui font de l’intimidation leur cheval de bataille. Dès lors, il est apparu inapproprié de

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circonscrire a priori un type d’acteurs ou un champ d’activités au détriment des autres. Pour voir comment s’est ficelé le problème de l’intimidation, il faut précisément être attentif aux interactions, convergences et conflits qui ont donné lieu à son institutionnalisation. Il faut voir le rôle propre de tels médias, de telles catégories d’experts ou de tels dispositifs d’État dans la production du problème. D’un point de vue de l’analyse de contenu classique, c’est là une hérésie puisque les documents analysés doivent être homogènes, ce qui conduit le plus souvent à des études sectorielles (Bardin, 2013). À l’opposé, cette étude prend le parti de mener une

analyse transversale de documents hétérogènes qui ont en commun d’avoir présidé à la définition

collective du problème. Il est possible de lister ainsi, en ordre approximatif d’importance, les grandes catégories de documents analysés :

 Documents de presse (médias écrits québécois, sauf quelques exceptions)  Littérature experte sur le bullying et l’intimidation ; programmes d’intervention  Documents d’organisations officielles (plans d’action, rapports, etc.)

 Littérature « grand public » (guides pour parents, enseignants, etc.)  Archives (BAnQ)

Ces documents permettent d’appréhender le rôle propre de chacun des trois grands champs qui travaillent à circonscrire le « malaise social » de la violence scolaire : médiatique, politique et scientifique (Vienne, 2009). Afin de constituer un corpus réaliste, j’ai d’abord posé quelques balises afin de limiter l’étendue de l’objet visé. Les sources sélectionnées devaient concerner, prioritairement ou de manière significative, l’intimidation scolaire entre élèves de niveau primaire

ou secondaire. À cet égard, il se serait avéré impossible de distinguer plus finement l’objet en

tranches d’âge ou niveau d’éducation puisque les discours publics amalgament eux-mêmes les enfants et les adolescents ; à quelques spécificités près, le problème public de l’intimidation concerne les deux groupes. Aujourd’hui, le vocable « intimidation », au sens pointu de la définition exposée en introduction, désigne des phénomènes qui débordent largement l’enceinte des établissements scolaires (Ministère de la Famille, 2015). Le problème est dorénavant observé et décrié dans les milieux de vie pour personnes ainées, sur le marché du travail, etc. Mais l’analyse montre que ces acceptions trouvent leur source dans le harcèlement entre élèves et la présente étude s’y limite.

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L’analyse s’articule prioritairement autour de l’intimidation telle qu’elle s’est développée au

Québec. Les données récoltées sont majoritairement de langue française et concernent la province

québécoise, mais pas exclusivement. Les données de presse, d’organisations officielles et les archives concernent le cas québécois. Pour la littérature savante, il s’est avéré nécessaire de faire une revue de la problématisation psychologique anglo-saxonne du bullying. Ce dernier problème public, dont l’intimidation est un dérivé direct, est apparu à la suite de travaux de psychologues scandinaves travaillant sur la violence chez les enfants dans une perspective comportementaliste. À compter de la toute fin du XXe siècle, le bullying connaît de brillantes

carrières publiques dans plusieurs pays occidentaux. Les entrepreneurs de morale et experts québécois importent ce paradigme qui subit par la suite une relative autonomisation. Ainsi, après avoir retracé l’émergence plus récente de l’intimidation québécoise aux chapitres 7 et 8, je propose une analyse critique de la littérature dominante, surtout anglo-saxonne, au chapitre 8.

Pour les autres choix nécessaires à la constitution du corpus, une double stratégie a été déployée. D’abord, j’ai constitué un corpus systématisé de la presse québécoise par l’intermédiaire de la collection numérique des journaux québécois de la Bibliothèque et Archives nationale du Québec (BAnQ). Parallèlement à ce travail, j’ai procédé, pour toutes les autres catégories de documents, par échantillonnage théorique. Issu de la grounded theory, cette stratégie est itérative en cela qu’elle décloisonne les étapes de la collecte, du traitement et de l’interprétation des données :

Theoritical sampling is the process of data collection for generating theory whereby the analyst jointly collects, codes, and analyzes his data and decides what data to collect next and here to find them, in ordre to develop his theory as it emerges. (Glaser et Strauss, 1999, 45).

La pertinence des données n’est donc pas établie a priori, en fonction d’hypothèses déductives ; elle est directement dépendante des résultats sur lesquels débouchent la recherche, et ainsi de suite par effet « boule de neige ». La double stratégie déployée a été d’une grande aide à cet égard. Grâce à la première « ossature » diachronique de l’objet obtenu par le corpus de presse systématisé, j’ai pu avoir une bonne vue d’ensemble (quoiqu’évidemment dépendante des discours médiatiques) de la carrière publique afin d’orienter les recherches et, partant, de sélectionner les autres documents pertinents. Par exemple, j’ai découvert de manière inattendue que la définition collective de l’intimidation, au Québec, dérivait d’autres problèmes

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publics comme le « taxage » et la délinquance des « gangs de rue ». J’ai alors pu investiguer ces