les déchets municipaux contiennent 50 % de matières renouvelables, car les déchets des ménages comportent une part importante d’éléments biodégra-dables. La production d’énergie issue des déchets est principa-lement basée sur l’incinération dans des installations de valorisa-tion énergétique des déchets. Ce secteur est relativement difficile à quantifier et demeure l’un des plus modestes parmi les secteurs des énergies renouvelables de l’Union européenne. EurObserv’ER estime son chiffre d’affaires à 4,4 mil-liards d’euros en 2018. Avec 31 000 équivalents temps plein directs et indirects, on constate une diminution de 5 000 emplois par rapport à 2017.
Malheureusement, les rapports semestriels de la Cewep (Confe-deration of European Waste-to-Energy Plants) présentant les tendances nationales de l’emploi et de l’activité dans l’industrie européenne des déchets ont été interrompus. EurObserv’ER estime
qu’environ les deux tiers du chiffre d’affaires et de l’emploi estimés reposent sur des investissements dans de nouvelles capacités (Capex) et que le tiers restant peut être attribué à l’exploitation-main-tenance des unités de valorisation énergétique des déchets.
Selon la modélisation d’Eur-Observ’ER, l’Allemagne est le premier acteur en termes de retom-bées socio-économiques, avec 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 7 600 emplois dans le secteur. Ces chiffres semblent plausibles, car le pays affiche également la plus grande produc-tion d’énergie primaire à partir de déchets municipaux renouvelables en 2018 (3 102 ktep).
Le Royaume-Uni arrive en deuxième position, avec une main-d’œuvre estimée à 4 400 per-sonnes et un chiffre d’affaires de 520 millions d’euros en 2018 (en baisse par rapport à 2017), et un accroissement des mises en ser-vice d’unités de valorisation éner-gétique des déchets. La Suède,
avec 660 millions d’euros de chiffre d’affaires et 3 400 emplois, est devenue l’un des principaux fournisseurs d’énergie issue des déchets, avec la plus forte crois-sance du chiffre d’affaires et de l’emploi. L’Italie (2 400 emplois) et la France (2 100 emplois à plein temps) arrivent ensuite.
La Cewep (2019) estime que les objectifs 2020 de la directive sur les énergies renouvelables concernant l’énergie issue des déchets sont en passe d’être réalisés et que l’on pourrait atteindre, de façon réa-liste, les 67 TWh d’ici 2020, avec 25 TWh de production d’électricité et 42 TWh (3,6 Mtep) de production de chaleur. L’actuelle mise en ser-vice de nouvelles unités d’inciné-ration au Royaume-Uni, couplée à une amélioration de l’efficacité énergétique des installations existantes, devrait également se traduire par une progression stable du secteur et des emplois correspondants. n
Emplois
(directs et indirects) Chiffre d’affaires (en M€)
2017 2018 2017 2018
Allemagne 6 300 7 600 1 020 1 180
Royaume-Uni 10 800 4 400 1 140 520
Pays-Bas 1 500 3 400 230 470
Suède 800 3 400 160 660
Italie 2 500 2 400 320 310
France 2 600 2 100 350 280
Irlande 700 1 600 70 170
Finlande 400 1 200 70 200
Belgique 3 200 600 590 100
Danemark 600 600 130 120
Espagne 1 100 600 120 70
Estonie < 100 500 < 10 30
Portugal 500 500 40 40
Hongrie 400 400 20 20
Autriche 1 600 200 270 50
Rép. Tchèque 700 200 50 20
Pologne 700 200 50 10
Bulgarie < 100 < 100 < 10 < 10
Chypre < 100 < 100 < 10 < 10
Grèce 100 < 100 10 < 10
Croatie < 100 < 100 < 10 < 10
Lituanie 100 100 < 10 < 10
Luxembourg 100 < 100 10 < 10
Lettonie < 100 < 100 < 10 < 10
Malte < 100 < 100 < 10 < 10
Roumanie 100 < 100 < 10 < 10
Slovénie < 100 < 100 < 10 < 10
Slovaquie 100 < 100 < 10 < 10
Total UE 28 35 600 31 000 4 750 4 360
Source : EurObserv’ER
Emploi et chiffre d’affaires
L
a biomasse solide demeure la première filière renouve-lable en termes de production énergétique et d’emploi au sein de l’Union européenne. En effet, contrairement à l’énergie éolienne,BIOMASSE SOLIDE
économiques des activités d’ex-ploitation-maintenance, mais ces chiffres incluent le secteur du bio-gaz, qui est traité séparément par EurObserv’ER. La Suède arrive der-rière l’Allemagne, avec un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’eu-ros. Mais, avec 18 900 emplois, le pays reste derrière la France, qui occupe 31 100 personnes pour un chiffre d’affaires de 3,7 milliards d’euros. En Italie, la baisse des effectifs dans le secteur de la biomasse (24 400 emplois) est principalement due à une baisse de la production de matière pre-mière biomasse, estimée par Eur-Observ’ER sur la base des dernières statistiques d’Eurostat concernant la production et le commerce de produits agricoles et forestiers.
La conversion de centrales à charbon en centrales biomasse s’est poursuivie, se traduisant par des retombées notables dans les États-membres d’Europe de l’Est : Pologne (28 900 emplois), Bulgarie (25 600 emplois) et Lettonie (24 400 emplois). Le chiffre étonnamment élevé pour l’autre géant des énergies
renou-velables, la biomasse contribue également de manière substan-tielle à la production de chaleur renouvelable. De plus, une grande part de l’activité est générée par
l’approvisionnement en biomasse.
Le secteur de la biomasse solide comprend différentes technolo-gies qui couvrent divers secteurs de consommation finale : l’énergie (cogénération biomasse,
cocom-bustion), l’industrie (chaudières) et les ménages (chaudières et poêles à pellets). La biomasse solide est non seulement utilisée sous forme de copeaux de bois et de briquettes de bois compressées, mais aussi sous de nombreuses autres formes telles que les déchets de bois, les granulés, la sciure, la paille, la bagasse, les déchets d’origine ani-male ainsi que les liqueurs noires de l’industrie papetière. La récu-pération d’énergie issue de cette matière est essentiellement cana-lisée vers la production de chaleur.
La demande en chaleur a diminué dans l’Union européenne en rai-son d’un hiver plus doux en 2018, alors que la production d’électri-cité a augmenté. Dans l’ensemble, la consommation d’énergie pri-maire du secteur est stable (0,2 % de moins qu’en 2017), et se situe juste en dessous des 100 Mtep (99,4 Mtep).
Avec 360 600 personnes employées dans les différentes chaînes de valeur, la biomasse solide est la première source d’énergie renouvelable en 2018, devant l’éolien. En termes de chiffre d’affaires, la biomasse est
également une filière majeure, avec 31,8 milliards d’euros, juste derrière l’éolien. L’analyse d’Eur-Observ’ER couvre également les activités forestières et agricoles de la chaîne de valeur de la biomasse.
Ainsi, les États membres de l’Union européenne disposant de grandes zones forestières sont également ceux qui offrent les meilleures perspectives dans ce domaine.
Il convient de mentionner ici deux pays scandinaves, la Suède et la Finlande. Pour le secteur de la bio-masse solide, la Finlande présente le chiffre d’affaires le plus élevé (4,4 milliards d’euros) ainsi que l’un des effectifs les plus impor-tants, avec 23 700 personnes.
L’Allemagne est passée au second rang en termes de chiffre d’affaires (4,3 milliards d’euros) et a perdu près de 10 000 emplois, mais elle comptabilise encore 35 400 per-sonnes dans la filière. La diffé-rence de ratios entre emplois et chiffres d’affaires est due à la façon de modéliser les différents types d’activités. Les statistiques natio-nales d’AGEE-Stat donnent des chiffres un peu plus élevés pour l’investissement et les retombées
Drax
Emplois
(directs et indirects) Chiffre d’affaires (en M€ )
2017 2018 2017 2018
Allemagne 44 900 35 400 5 630 4 330
France 33 900 31 100 3 990 3 650
Pologne 25 900 29 600 1 000 1 210
Bulgarie 8 700 27 000 280 990
Italie 35 800 24 400 2 550 1 750
Lettonie 20 700 24 400 770 900
Finlande 26 800 23 700 4 860 4 390
Suède 20 700 18 900 4 460 4 080
Espagne 20 800 18 300 1 030 800
Rép. Tchèque 12 300 16 700 840 1 120
Croatie 14 400 16 700 280 410
Royaume-Uni 15 000 16 500 1 230 1 390
Estonie 8 000 12 200 490 740
Hongrie 13 300 11 800 420 400
Slovaquie 9 000 11 300 350 430
Autriche 8 700 10 100 1 630 1 840
Portugal 8 000 7 100 670 610
Roumanie 11 400 6 800 320 210
Danemark 10 500 5 300 1 890 1 020
Pays-Bas 4 800 3 300 550 380
Lituanie 3 600 2 700 240 200
Grèce 2 600 2 400 170 160
Slovénie 1 500 1 800 110 140
Belgique 2 000 1 500 590 500
Irlande 1 200 1 100 160 140
Chypre < 100 300 < 10 20
Luxembourg 100 100 20 10
Malte < 100 < 100 < 10 < 10
Total UE 28 364 800 360 600 34 550 31 830
Source : EurObserv’ER Drax
Emploi et chiffre d’affaires la Bulgarie peut s’expliquer par la
conversion de centrales à charbon plus anciennes en centrales bio-masse. Le Royaume-Uni (1,4 mil-liard d’euros et 16 500 emplois) est un autre grand utilisateur de la biomasse ; les retombées éco-nomiques sont principalement dues au développement de la
transformation et de l’utilisation du bois dans le secteur de la cogéné-ration et des centrales électriques.
À partir de 2021, l’utilisation de la biomasse solide à des fins énergétiques sera soumise à des critères européens de durabi-lité plus stricts. Si les retombées
socio-économiques de la biomasse solide dans l’UE sont énormes par rapport à des secteurs plus fluc-tuants tels que le photovoltaïque, l’éolien ou les biocarburants, la dynamique du marché est, quant à elle, moins prononcée dans ce secteur. n
CONCLUSION
CHIFFRE D’AFFAIRES
• Le chiffre d’affaires total des filières liées aux énergies renouvelables dans les 28 États membres de l’UE s’élevait en 2018 à 158,9 milliards d’euros, ce qui représente une croissance brute d’environ 4,2 milliards d’euros par rapport à 2017 (+ 2,7 %).
• 18 des 28 États membres de l’UE ont augmenté ou maintenu leur chiffre d’affaires généré par les éner-gies renouvelables.
• Les 5 premiers pays en termes de chiffre d’affaires sont l’Allemagne (35,5 milliards d’euros), la France (19,8 milliards d’euros), l’Espagne (15 milliards d’euros),l’Italie (14 milliards d’eu-ros) et le Royaume-Uni (13,3 milliards d’euros).
• Les plus fortes hausses de chiffre d’affaires, selon la modélisation d’EurObserv’ER, ont été observées en Autriche (+ 2,4 milliards d’euros), en France (+ 1,4 milliard d’euros) et aux Pays-Bas (+ 1,3 mil-liard d’euros). Les plus fortes baisses ont été enre-gistrées en Allemagne (- 3,7 milliards d’euros), en Finlande (- 530 millions d’euros) et au Danemark (- 520 millions d’euros).
• Les principales filières renouvelables en termes de chiffre d’affaires sont l’éolien avec 43,9 milliards d’euros, suivi de la biomasse solide (31,8 mil-liards d’euros) et du secteur des pompes à cha-leur (26,8 milliards d’euros).
L
’équipe EurObserv’ER utilise une approche de modélisation permettant d’estimer l’emploi généré par les investissements renouvelables, les activités d’exploitation-maintenance ainsi que la production et le commerce d’équipements et l’approvisionnement en biomasse. Les estimations de l’emploi et du chiffre d’affaires reposent sur une évaluation de l’activité économique de chaque secteur renouvelable couvert, activité qui est ensuite convertie en équivalents temps plein (ETP).Le chapitre sur les indicateurs socio-économiques peut se résumer par les tendances suivantes :
EMPLOI
• Globalement, on peut estimer que 1,51 million de personnes sont directement ou indirectement employées dans le secteur des énergies renou-velables de l’Union européenne. Cela représente une croissance brute de 67 000 emplois (+ 4,6 %) entre 2017 et 2018.
• 20 des 28 États-membres ont augmenté ou maintenu leurs effectifs dans les énergies renouvelables.
• Les 5 premiers pays en termes d’emplois sont : l’Allemagne (263 700 emplois, 17 % des emplois de l’UE dans les énergies renouvelables), l’Espagne (167 100 emplois, 11 %), la France (151 600 emplois, 10 %), le Royaume-Uni (131 900 emplois, 9 %) et l’Italie (121 400 emplois, 8 %).
• La plus forte croissance de l’emploi a été observée en Bulgarie (+ 18 400 nouveaux emplois, soit + 81 %), en Autriche (+ 14 900, soit + 62 %) et en Pologne (+ 11 900 emplois, soit + 16 %). Les plus fortes pertes ont été observées en Allemagne (- 27 000 emplois, soit - 9 %), en Italie (- 8 500 emplois, soit - 7 %) et en Finlande (- 3 400 emplois, soit - 7 %).
• Le secteur de la biomasse solide (360 600 emplois, 24 % du total de l’UE) a conservé son titre de premier employeur, devant l’éolien (325 300 emplois, 22 %) et les biocarburants (248 200 emplois, 16 %). La plus forte hausse de l’emploi a été enregistrée dans le sec-teur des pompes à chaleur, avec 33 000 emplois sup-plémentaires (+ 17 %), suivi du photovoltaïque, qui a vu la création de 26 700 nouveaux emplois (+ 29 %).
Le secteur des biocarburants a également gagné 17 800 ETP (+ 8 %).
Le Green Deal annoncé par la nouvelle Commission européenne pourrait mettre l’UE sur la bonne voie pour réduire ses émissions. Il fait naître l’espoir d’un développement continu des énergies renouvelables dans l’Union européenne au cours de la prochaine décennie, qui devrait s’accompagner de retombées socio-économiques encore plus positives. n
Total pays Biomasse
solide Éolien Biocarburants Pompes
à chaleur Photovoltaïque Biogaz
Hydro-électricité Déchets
renouvelables Solaire
Thermique Géothermie
Allemagne 290 700 44 900 140 800 15 500 9 300 29 300 35 000 4 600 6 300 4 500 500
Espagne 168 800 20 800 37 200 26 600 56 600 5 500 1 600 11 200 1 100 8 100 < 100
France 140 700 33 900 18 500 24 400 36 200 9 300 2 400 9 900 2 600 1 000 2 500
Royaume-Uni 131 400 15 000 69 900 10 100 1 700 12 900 8 400 2 300 10 800 200 < 100
Italie 129 900 35 800 7 500 9 000 41 300 11 200 8 100 10 800 2 500 600 3 100
Pologne 73 900 25 900 8 000 31 400 3 000 1 100 2 300 1 100 700 300 100
Roumanie 53 000 11 400 2 100 34 300 200 900 300 3 400 100 < 100 200
Danemark 50 200 10 500 34 200 700 1 500 1 100 700 < 100 600 200 600
Suède 43 100 20 700 2 700 8 300 5 100 500 100 4 700 800 < 100 < 100
Finlande 40 300 26 800 4 100 1 600 4 700 700 600 1 200 400 < 100 < 100
Hongrie 36 000 13 300 800 18 200 400 1 300 600 < 100 400 200 700
Portugal 33 100 8 000 3 100 400 13 800 1 500 700 4 200 500 500 400
Rép. Tchèque 32 500 12 300 900 8 400 2 600 1 300 4 500 1 500 700 200 < 100
Pays-Bas 28 700 4 800 5 800 2 800 6 800 6 000 700 < 100 1 500 100 100
Lettonie 27 200 20 700 < 100 4 000 < 100 < 100 900 1 000 < 100 < 100 < 100
Grèce 25 200 2 600 3 100 11 500 1 200 1 300 1 300 2 000 100 2 000 < 100
Autriche 23 500 8 700 2 000 2 000 1 300 1 600 400 4 200 1 600 1 200 < 100
Bulgarie 22 700 8 700 500 7 700 700 600 600 2 300 < 100 1 300 200
Croatie 20 300 14 400 1 100 2 000 < 100 100 800 1 400 < 100 200 100
Belgique 17 800 2 000 5 500 1 500 1 400 3 000 500 400 3 200 100 200
Slovaquie 15 900 9 000 < 100 3 800 200 200 500 1 200 100 100 700
Estonie 12 200 8 000 1 200 700 1 700 100 100 < 100 < 100 < 100 < 100
Lituanie 10 700 3 600 500 4 500 300 100 700 700 100 < 100 100
Irlande 9 700 1 200 6 500 200 300 < 100 200 300 700 100 < 100
Slovénie 4 300 1 500 < 100 500 900 100 100 800 < 100 100 100
Chypre 1 500 < 100 200 100 < 100 500 100 < 100 < 100 100 < 100
Luxembourg 1 400 100 100 < 100 < 100 100 100 500 100 < 100 < 100
Malte 1 200 < 100 < 100 < 100 < 100 300 < 100 < 100 < 100 100 100
Total UE 28 1 445 900 364 800 356 700 230 400 191 700 90 800 72 400 70 700 35 600 21 900 10 900
Source : EurObserv’ER