Nous rappelons ici brièvement la base de conception d’un cryostat classique destiné à
re-cevoir un réfrigérateur à dilution muni d’un échangeur de prérefroidissement par les vapeur
d’
3He entre 4,2 K et la température de l’évaporateur. Cela nous permettra ensuite
d’appré-hender la conception des cryostats prérefroidis par tube à gaz pulsé en insistant sur les
spé-cificités de leur réalisation.
1.3.1 Cryostats classiques
Comme cela est schématisé sur la figure 1.12, les cryostats classiques de réfrigérateurs à
dilution sont constitués de deux parties distinctes : d’une part, le vase permettant de contenir
le bain d’
4He liquide, et d’autre part, la canne à dilution munie du calorimètre contenant la
dilution dans le bain à 4,2 K.
F
IG. 1.12: Schéma de principe d’un cryostat pour réfrigérateur à dilution
1.3.1.1 Vase
La conception du vase est orientée de manière à minimiser les entrées de chaleur sur le
bain d’
4He, dans le but d’obtenir l’autonomie la plus grande à partir d’un volume de liquide
donné. Pour cela il est nécessaire de parer les apports par convection, conduction et
rayonne-ment.
Le vase est constitué premièrement d’une enceinte à vide permettant de supprimer les
échanges de chaleur par convection et conduction dans l’air. La pression dans l’enceinte doit
être inférieure à10
−4mB pour que la conduction à travers le gaz commence à diminuer
Le rayonnement à 300 K constitue un apport non négligeable de chaleur sur un bain d’
4He.
Avec une chaleur latente de seulement 20,9 joules par gramme, un réservoir d’
4He de surface
égale à 100 cm
2, d’émissivité égale à 0.1, évapore 640 cm
3d’hélium par heure. Pour couper
la puissance de ce rayonnement, un écran thermique, réalisé par une garde d’azote liquide
à 77 K, est la plupart du temps employée. La consommation en
4He chute alors à environ
3 cm
3/100 cm
2par heure. Le rayonnement peut aussi être coupé en utilisant des vases
super-isolés.
La conduction thermique à travers les supports du réservoir d’
4He est minimisée en
utili-sant des matériaux peu conducteurs et en les thermaliutili-sant au bain d’azote liquide.
Les vases ont des contenances des plus variées. De quelques litres à plusieurs centaines de
litres, le choix est effectué en fonction de l’autonomie dont le réfrigérateur est censé disposer.
Certains types de réfrigérateurs à dilution de faible puissance utilisent directement les vases
de stockage et transport d’hélium liquide. Cela a l’avantage d’économiser le temps et l’hélium
liquide nécessaires au prérefroidissement du vase.
1.3.1.2 Canne à dilution
La canne comporte un calorimètre (enceinte étanche à basse température) spécifique
per-mettant le fonctionnement du réfrigérateur. Sa conception est réalisée de telle sorte, qu’une
fois insérée dans le vase, elle coupe les apports de chaleur par rayonnement le long du col du
vase sans que les supports et tubes de connexion au calorimètre apportent trop de chaleur par
conduction sur le bain d’
4He.
En plus des tubes passe fils et du tube de pompage du gaz d’échange, le calorimètre doit
disposer d’un tube de pompage auquel sera connecté l’évaporateur, et aussi d’un dispositif de
prérefroidissement de l’injection d’
3He de 300 K à 4,2 K.
L’injection d’
3He est généralement prérefroidie par les vapeurs d’
4He avant d’être
therma-lisée au contact du bain afin de limiter l’apport de chaleur sur celui-ci.
1.3.1.3 Mise en froid et températures de fonctionnement
Une fois le calorimètre fermé et rempli de gaz d’échange, la canne à dilution est insérée
dans son vase. Le prérefroidissement du vase et de la canne nécessite d’évacuer de grandes
quantités de chaleur. L’utilisation à moindre coût de l’azote liquide permet un refroidissement
efficace de l’ensemble de 300 K à 77 K en quelques heures et évacue la majorité de la chaleur
contenue dans les matériaux. Le refroidissement à 4,2 K de la canne est réalisé lors du
trans-fert de l’
4He liquide, en prenant soin d’utiliser les vapeurs froides de l’
4He entre 4,2 K et 77 K
comme source froide.
Lorsque la consommation d’azote et d’hélium liquide n’est pas un souci, les cryostats
clas-siques peuvent être mis en froid en des temps très rapides de l’ordre de 4 à 5 heures. La
température de l’écran thermique de 77 K et celle du calorimètre de 4,2 K sont constantes
et uniformes quelles que soient les charges thermiques appliquées. La qualité d’un cryostat
classique se juge uniquement sur sa consommation en fluides cryogéniques.
1.3.2 Cryostats refroidis par machines frigorifiques
La réalisation de cryostats refroidis par des machines frigorifiques ne peut être envisagée
rapidement comme une simple substitution des sources froides sur un cryostat classique.
Deux facteurs importants changent en effet la manière d’appréhender la conception :
•La puissance froide limitée de la machine et sa dépendance en température.
•Le fonctionnement dans le vide d’isolement de l’écran thermique et du calorimètre.
Alors qu’il s’agissait de limiter la consommation de fluides cryogéniques, il est dans le cas
présent nécessaire de limiter les charges thermiques sur les sources froides de la machine de
sorte que ses températures et celles de l’écran thermique et du calorimètre restent en dessous
des valeurs limites de fonctionnement du réfrigérateur à dilution.
Alors que l’écran et le calorimètre étaient parfaitement thermalisés grâce à la dispersion
homogène de la puissance froide dans les bains d’azote et d’hélium liquide, il faut ici tenir
compte des gradients de températures qui s’établissent en fonction des charges thermiques,
des sections conductives, des longueurs caractéristiques et de la conductivité thermique des
matériaux employés.
Enfin, alors que le refroidissement des cryostats n’était pas un problème du fait que les
puissances froides des bains sont considéralbes, il est ici important de limiter les masses à
refroidir et d’utiliser judicieusement les performances de la machine pour refroidir en un
mi-nimum de temps écrans et calorimètre.
Nous constatons sur ces bases que la réalisation de cryostats refroidis par des machines
fri-gorifiques constitue une nouvelle approche de conception. Il est aussi à prendre en compte que
les machines frigorifiques génèrent plus ou moins de vibrations suivant leur principe de
fonc-tionnement et que les développements de cryostats appliqués aux réfrigérateurs à dilution
doivent intégrer ce facteur nouveau dans le but d’atteindre des performances comparables
aux cryostats classiques, l’autonomie en plus.
Dans le document
Développement d'un réfrigérateur à dilution prérefroidi par un tube à gaz pulsé
(Page 34-37)