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Thaïlande : approche croisée

1. Le croisement : pour une approche dynamique des objets de recherche

M. Werner et B. Zimmerman (2003) exposent ce qui, selon eux, pose problème dans la démarche de comparaison, telle qu’elle est envisagée de façon théorique : elle procède en une coupe pour produire une opposition binaire faite de différences et de similitudes entre deux objets à un instant t. Les auteurs proposent de dépasser cette opposition simplificatrice en optant pour une démarche d’intersection plus complexe :

« La notion d’intersection exclut tout d’abord de raisonner à partir d’entités individuelles, exclusivement considérées pour elles-mêmes, sans point de référence extérieur. Elle rompt avec une perspective unidimensionnelle, simplificatrice et homogénéisante, au profit d’une approche multidimensionnelle, donnant droit de citer à la pluralité et aux configurations complexes qui en découlent. (...) Dès lors, les entités ou les objets de recherche ne sont pas seulement considérés les uns par rapport aux autres, mais également les uns à travers les autres, en termes de relations, d’interactions, de circulation. Le principe actif et dynamique du croisement est ici primordial, par contraste avec le cadre statique de la comparaison qui tend à figer les objets. » (ibid, p. 15-16).

L’approche par le « croisement » met en question les manières d’aborder les objets, les sources, les terrains. Elle fait partie de la famille des démarches « relationnelles », tout comme la comparaison et les études de transfert, en proposant une alternative moins figée. Dans le cadre d’une recherche sur les mobilités internationales, les cadres spatio-temporels sont particulièrement labiles, et l’intérêt d’une méthode souple trouve tout son sens. Plus spécifiquement, le croisement peut désigner plusieurs moments de la recherche : le croisement intrinsèque à l’objet d’étude, le croisement des angles de vue, le croisement des rapports entre objet et observateur, ainsi que le croisement des échelles d’analyse. Cette première section développe différents enjeux liés aux diverses façons d’utiliser cette démarche dans cette thèse.

Afin de donner au lecteur quelques points de repère avant d’identifier les processus et les limites floues intrinsèques à l’objet d’étude et sa construction, reprenons rapidement le portrait des deux groupes étudiés, esquissé en introduction de la thèse. La Figure 3.1. présente les seuils posés pour définir les backpackers et les hivernants dans cette thèse.

Figure 3.1. Entre touristes et résidents : seuils choisis pour identifier les backpackers et les hivernants

Réalisation : B. Le Bigot, 2017

Ce seuil, de plus de trois mois et de moins de six mois dans une destination, situe les backpackers et les hivernants entre le touriste et le résident. Ces seuils ont été fixés à partir de la littérature qui considère qu’un voyage de plus de trois mois sort du cadre des congés traditionnels (Sørensen, 2003; Lallemand, 2010). Ils sont faits pour être discutés et poreux ; ils permettent de questionner le gradient entre expérience touristique et expérience résidentielle des lieux. Identifié traditionnellement selon son mode de voyage itinérant (ibid), le backpacker est considéré comme passant par au moins deux pays différents. Un des territoires identifiés dans la littérature (Hampton et Hamzah, 2010) comme une centralité mondiale du backpacking est l’Asie du Sud-Est,

expliquant le choix de la Thaïlande comme terrain. Concernant les hivernants, ils peuvent être itinérants, par exemple en camping-car, mais aussi en logement fixe. La destination d’Agadir a été assez peu étudiée (Viallon, 2012) alors que la médiatisation du phénomène, sa visibilité et son ancienneté sont importantes, ce qui a expliqué le choix de cette destination et de la côte environnante. Les développements de cette section montrent que c’est en déconstruisant et reconstruisant ces seuils et critères, et en faisant dialoguer les groupes étudiés avec les figures mobiles proches, qu’a fonctionné une partie de la recherche menée.

1.1. Une approche relationnelle : différents niveaux de croisement

La prise en charge d’un objet double, deux groupes, chacun étudié sur un terrain différent, a positionné le début ce travail de recherche dans une situation d’abord assez dichotomique. La facilité à parler des backpackers avec des chercheurs en tourisme, et des hivernants avec des chercheurs en migration pouvait rendre difficile la présentation simultanée des deux objets. Au fur et à mesure de l’avancement de cette recherche, il m’est petit à petit paru impossible de les présenter séparément : ils étaient enfin imbriqués dans un même objet de recherche. Cette évolution permet d’introduire le principal intérêt trouvé à la démarche de « croisement » proposée par M. Werner et B. Zimmermann : l’approche dynamique.

Les caractéristiques principales de cette approche dynamique, qui ont guidé ma démarche, sont de quatre ordres. D’abord, elle permet le renouvellement du cadre d’analyse au fil de la construction de l’objet et de sa connaissance par l’intermédiaire du terrain. En d’autres termes ici, le cadre d’analyse pose des jalons pour mettre en regard chaque groupe, des points communs notamment, qui peuvent évoluer au fur et à mesure de la connaissance empirique des groupes. Un exemple de cette évolution du cadre d’analyse est celui de la place de la notion d’itinérance dans l’analyse des groupes étudiés. L’itinérance semblait au départ être un point d’identification fort des deux groupes, notamment en mettant en regard le camping-car et le sac à dos, supports de l’itinérance. Après la première phase de terrain, le fait de voir des processus de sédentarisation dans les destinations a fait évoluer le cadre d’analyse vers une appréhension du rapport aux lieux entre itinérance et sédentarité. Au delà de l’évolution des cadres d’analyse, cette démarche considère la réflexivité comme un outil de construction de l’objet. Le rapport à ces deux groupes et à ces deux terrains est nécessairement dissymétrique. A. Fleury (2008), qui a travaillé sur l’adaptation de cette méthode pour croiser les terrains en géographie, indique bien que, l’on peut « s’appuyer sur le déséquilibre initial ». Cette dissymétrie permet de faire ressortir des points saillants dans l’un des cas, parce que l’on en a une meilleure connaissance par exemple, et de regarder l’autre cas à travers cet angle, ce qui n’aurait pas été envisagé sans la mise en regard. Enfin, cette démarche est particulièrement adaptée à une

analyse géographique transnationale et translocal développée dans le chapitre 1. En effet, le lieu est considéré comme construit dans ses interactions avec les autres lieux, à de multiples échelles. L’idée est de faire apparaître les réseaux d’interactions dynamiques, et finalement, de regarder les croisements qui s’opèrent entre les échelles et produisent les espaces de compréhension des phénomènes.

La proposition de M. Werner et B. Zimmerman (ibid) contient donc de très nombreuses possibilités d’application. L’une d’elle est d’envisager comment deux objets en se croisant, dans la réalité, évoluent l’un avec l’autre. Dans le cas des backpackers et des hivernants, cela aurait supposé d’envisager des hivernants et des backpackers sur un même terrain, et de regarder ce que le contact entre ces deux groupes implique pour chacun d’entre eux. Dans le cadre de l’enquête qui a été menée, les deux groupes choisis ne sont pas particulièrement pertinents à observer sur un seul terrain. Pour chacun des groupes, un terrain « de prédilection » a été choisi, où leur observation concrète était facilitée et où leur présence a une visibilité forte dans les lieux. Leur croisement est ainsi plus une démarche théorique, une mise en regard de deux groupes ayant des comportements de mobilité proches, et des places relativement originales tant dans leur société de départ que dans les lieux où ils passent. Je précise néanmoins que des profils proches de celui des backpackers, qui serait observable non pas en Thaïlande mais au Maroc, et à l’inverse, des profils d’hivernants, non pas au Maroc, mais en Thaïlande, ont été rencontrés sur les terrains, ou dans la littérature, et pris en considération dans l’analyse.1 Ces profils constituent des « profils périphériques » stimulants pour l’analyse des hivernants au Maroc et des backpackers en Thaïlande.

Enfin, si les propositions de B. Zimmermann et M. Werner (2003) constituent des solutions intéressantes pour accompagner la construction de mon objet d’étude et son analyse, les démarches comparatives plus classiques ont aussi nourri la démarche. Au final, le croisement se rapproche par certains aspects de la proposition de M. Détienne de « comparatisme constructif » (2000). Son propos principalement anthropologique et historique se base notamment sur la comparaison de mécanismes de pensées, entre diverses civilisations, contemporaines et passées, grâce au travail collectif entre spécialistes. Il a ainsi été plus difficile de faire des parallèles avec ma démarche de croisement. Néanmoins, dans sa proposition, l’idée n’est pas de chercher l’essence d’un objet, mais bien d’en découvrir « des formes mouvantes et multiples » (p. 47), ce qui correspond bien à l’approche entreprise ici. Je ne fais par ailleurs pas

1 Ainsi, les jeunes travellers, vivant en camions et se rendant l’hiver au Maroc pourraient être rapprochés des backpackers. J’ai eu l’occasion de mener quelques entretiens exploratoires et de lire certains travaux sur leurs pratiques, en dehors du Maroc (Halfacree 1996; Pimor 2013). Aussi, j’ai rencontré, à Khao San Road, mais aussi à Ko Phangan, des retraités séjournant en Thaïlande pour quelques mois, à l’image des hivernants. Plusieurs travaux pointent cette nouvelle tendance des migrations de retraite à ne plus se contenter de « son » Sud le plus proche, mais à se rendre jusqu’en Asie du Sud Est, pour des retraités occidentaux (Koch-Schulte 2008; Howard 2008; Husa et al. 2014; Zimmermann 2014) ou Japonais (Shibuya 2014).

l’économie des processus de base de la comparaison, rappelés par exemple par C. Vigour (2005) : harmoniser, notamment en se basant sur des définitions de concepts communs ; contrôler les variations qui sont des éléments explicatifs des différences ; intégrer l’étude dans un cadre théorique qui consiste finalement à comparer sa recherche avec celle des autres.

Justement, l’enjeu du cadre théorique est d’identifier plusieurs modalités de croisement qui se mélangent, déterminant aussi les différentes modalités de questionnements présentes dans cette thèse. En dehors du croisement des backpackers en Thaïlande et des hivernants au Maroc, le champ des lifestyle migration lui même peut être relu comme un croisement entre le champ du tourisme et le champ des migrations. C’est l’un des enjeux théoriques et épistémologiques de cette thèse, qui accompagne des croisements davantage empiriques. Il faudra ainsi envisager comment les études touristiques et migratoires peuvent être affectées par cet « hybride » qu’est le champ des lifestyle migrations.

1.2. Assumer des catégories hétérogènes et poreuses

Dans la phase de préparation des enquêtes de terrain, j’ai tenté de délimiter de façon objective les groupes d’étude, afin de délimiter une population pour la conduire de questionnaires. Une fois sur le terrain, je me suis rendu compte de la porosité de ces groupes. Au fur et à mesure, la difficile délimitation des groupes a été un des éléments participant de la compréhension de l’objet d’étude. Le croisement est justement une démarche intéressante pour questionner les catégories, leur historicité, et les circulations entre elles (Fleury 2008). J’ai choisi concernant les hivernants de travailler comme l’a rappelé l’introduction de cette section sur les Occidentaux présents au Maroc pour 3 à 6 mois. Le choix de ce seuil était un moyen, justement, de s’intéresser à un profil interstitiel, entre le touriste séjournant quelques jours ou semaines, et le résident, séjournant plus de 6 mois. Mais la définition de ce seuil, s’est faite « en relation » avec les figures du touriste et du résident. Ainsi, sur le terrain, j’ai également réalisé des entretiens avec des résidents à l’année, des retraités, mais aussi un couple de Français gérant une maison d’hôte, une jeune femme travaillant en free lance louant une maison, ou encore deux femmes ne restant qu’un mois, pour prendre des repères avant de revenir en « hivernante » l’année suivante. Ces « profils périphériques », présentés dans l’Erreur ! Source du renvoi introuvable., ont été de prime abord sources de confusion, mais finalement m’ont permis une compréhension plus complexe des processus amenant des Occidentaux à s’installer, temporairement ou durablement au Maroc, en les replaçant dans des trajectoires notamment. De même pour définir les backpackers, j’ai considéré un seuil de 3 mois de voyage, dans au minimum 2 pays, sans rester plus de 6 mois dans un pays, mais j’ai également interrogé des profils périphériques : touristes en séjour en Asie moins de 3 mois, ou encore des personnes

installées ou comptant s’installer durablement en Thaïlande ou en Asie en général, pour travailler.

Encadré 3.1. L'enjeu de délimiter les groupes, de la confusion à la mise en regard. Exemple de micro-situations d'enquête, plage d'Agadir

La tentative de tracer les contours des groupes étudiés a été un enjeu particulièrement marquant lors des périodes de terrains. Elle m’a tour à tour mise en difficulté et donné des indices de compréhension des phénomènes étudiés. La micro-situation d’enquête sur un carré privé de la plage d’Agadir est un exemple de l’appréhension de la forte coprésence de profils d’individus différents, à la fois source de confusion et de connaissance et spécifiquement analysé dans le chapitre 9. Le carré privé propose une cinquantaine de transat, la moitié est occupée par des Marocains, l’autre par des Européens. Après discussion, Nabil, l’employé récupérant les 25 dirhams par entrée, d’origine sub-saharienne, me laisse aller interroger les personnes présentes. Le carré étant petit, je décide d’interroger tous les Européens plutôt que de faire une sélection aléatoire. J’essuie deux refus « non merci, nous sommes tranquilles là ». Je rencontre ensuite Danièle, hivernante de 73 ans. En 2009, elle achète une maison à Agadir et vient y passer trois mois par an. Elle revend finalement sa maison et vient désormais en location, plus flexible, pour 5 mois et demi, de novembre à avril. Très bavarde et contente de me parler, elle navigue entre les transat’ me présentant ses amis. Leurs profils sont très diversifiés, à tel point que je suis au départ assez confuse et presque déçue, car parmi eux, seul un couple correspond au profil que j’avais délimité comme « hivernants », René et Joséphine. Ils viennent depuis 1979, lui est né au Maroc et l’a quitté à 14 ans avec ses parents lors de la fin du protectorat, il parle arabe. Ils venaient au départ pour un ou deux mois, et depuis la retraite, ils viennent pour 6 mois, dans l’appartement qu’ils ont acheté. A côté d’eux, parmi les amis de Danièle, on trouve Tomas, Allemand de 63 ans, qui vient depuis 10 ans en location dans un appartement, depuis la retraite, il reste 8 mois par an ; Marie-Louise, qui n’a pas voulu donner son âge, mais est vraisemblablement en retraite et inscrite comme résidente, vient quatre fois dans l’année, pour un mois et demi à chaque foi ; enfin Régine, qui elle non plus ne me donne pas son âge, est très méfiante, elle me dit au départ qu’elle est une simple touriste, pour ne pas faire l’entretien. Puis poussée par Danièle, elle décide finalement de me parler, elle est au Maroc à l’année, rentre chez elle à Saint-Malo une semaine tous les deux mois, elle est venue au Maroc pour la première fois un peu forcée –elle ne voulait initialement jamais aller dans un pays du Maghreb– il y a deux ans, a rencontré un Marocain avec qui elle est en concubinage depuis. Au-delà du cercle d’amis de Danièle, Camille et Véronique, sous un parasol avec un bébé, le fils de Camille, il s’agit d’une maman de 36 ans, et son bébé, sa la grand-mère de 65 ans, toutes les deux divorcées. Elles ont acheté un appartement à Agadir et y viennent au moins trois fois par an pour 3 semaines à chaque fois.

En passant de transat’ en transat’, cette diversité de profils a d’abord été vécue comme une difficulté : ne pas parvenir à rencontrer des hivernants, mon groupe cible, mais toujours des profils légèrement décalés. C’est en fait cette coprésence dans certains lieux, et ce partage d’une même sociabilité, qui permet de comprendre, par la mise en regard des situations individuelles, que les hivernants sont sur un continuum biographique et à comprendre en fonction de ces multiples agencements spatio-temporels possibles entre les différents lieux de vie.

A ce jeu de délimitation et d’identification, pas à pas, entre les hivernants, les backpackers, et leurs profils périphériques respectifs, s’est ajoutée l’identification, à l’intérieur des backpackers et des hivernants, de sous-groupes assez clairs. Dans le cas des hivernants, le fait d’être camping-caristes ou de loger en dur dans un appartement ou un hôtel constitue une importante différence, notamment dans la sociabilité et la pratique des lieux. Dans le cas des backpackers, c’est essentiellement la durée de séjour et le rapport au travail durant le séjour qui fait la différence.

Finalement, le fait de ne pas avoir figé trop rigidement les groupes d’études, grâce à la démarche de croisement, a permis de prendre vraiment en charge la porosité des profils. Cette prise en charge est un parti pris de cette thèse qui souhaite questionner les catégories. La difficulté du chercheur à identifier, classer, et par conséquent à quantifier serait le reflet d’une réalité où les individus eux-mêmes se rangent de moins en moins dans des catégories génériques. Les groupes auxquels ils s’identifient semblent de plus en plus s’apparenter à des groupes informels et éphémères, sans fonctionnement institutionnel. Ceci correspond à ce que J. Urry identifie comme des communautés instables partageant des « modes d’habiter et de voyager », réseaux enchevêtrés dans lesquels l’individu entre et sort consciemment, des « light socialities » selon A. Amin et N. Thrift (2002). Cette façon d’envisager les catégories comme poreuses et de regarder les profils périphériques en lien avec les backpackers et les hivernants est une façon de mener un travail articulant subjectivités individuelles et résonnance globale. Ainsi, cette thèse ne se limite pas à deux études de cas, mais propose bien différentes échelles et temporalités d’interprétation des mobilités contemporaines et des catégories dans lesquelles elles s’inscrivent.

1.3. La réflexivité participant à la construction de l’objet

L’enjeu de la réflexivité, comme méthode pour construire un cadre de connaissance, est très présent dans la proposition de démarche de croisement :

« Le croisement ne se présente jamais comme un « déjà donné là » qu’il suffirait de relever et d’enregistrer. Il requiert un observateur actif pour le construire, et c’est dans un mouvement d’aller-retour entre le chercheur et son objet que se dessinent conjointement les dimensions empiriques et réflexives de l’histoire croisée. Le croisement se donne ainsi comme une activité cognitive structurante qui, par diverses opérations de cadrage, construit un espace de compréhension. » (Werner et Zimmermann 2003, p. 17)

A. Fleury (2008) parle de différents degrés de proximité et de distance pour le croisement des terrain en géographie. Dans mon cas, ces degrés de proximité et de distance peuvent se décliner par rapport aux terrains, mais aussi principalement aux groupes étudiés. L’âge a été particulièrement structurant pour mon intégration auprès des backpackers, par la proximité de mon profil avec ce groupe. En parallèle, la différence d’âge avec les hivernants a pu être mise à profit pour attirer l’attention au

sein des campings, et la proximité culturelle a compensé cette distance apparente. Le terrain marocain m’était plus facile d’accès à première vue car les liens post-coloniaux entre France et Afrique du Nord font qu’une interconnaissance culturelle existe, notamment liée à la langue et à la présence de nombreux Marocains en France. Dans la mise en pratique même de l’observation en terrain urbain, c’est en Thaïlande que je me suis, au début en tout cas, sentie la plus à l’aise dans l’espace public, car j’y ai moins