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Critères d’évaluation de la vulnérabilité des bâtiments

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 155-160)

Partie II. La mesure du risque : Approche multi-scalaire

Chapitre 6 e : Les indices de risque humain à El Jadida

6.3. Evaluation de la vulnérabilité humaine sur la ville d’El Jadida

6.3.3. Critères d’évaluation de la vulnérabilité des bâtiments

Dans le cadre du retour d’expérience sur le tsunami de décembre 2004 en Indonésie, Leone et al. (2010) ont développé une démarche méthodologique reproductible permettant l’évaluation de la vulnérabilité des bâtiments. Ils ont mis au point une typologie simplifiée des bâtiments en fonction de leur vulnérabilité structurelle, dépendante de la qualité architecturale et des matériaux utilisés pour leur construction (Tableau 6).

Cette typologie se base sur des critères d’identifications de terrain et aériens, facilement reconnaissables, qui ne nécessitent pas des connaissances approfondies en architecture :

- Nature de la maçonnerie (bois, brique, bêton) ; - Nature de la toiture (tuile, tôle, panneau…) ; - Nombre d’étage ;

- Bâtiment isolé ou collectif ;

- Nature des structures porteuses (bêton renforcé ou non) ; - Taille des structures porteuses (poteau >20 cm ou non) ; - Géométrie du bâtiment (en plan simple ou complexe).

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Tableau 6. Classification du bâti indonésien selon 5 classes de vulnérabilité décroissante (Leone et al., 2010).

Une classification du bâti existante pré-catastrophe a été établie en 5 classes de vulnérabilité décroissante. Ces classes sont déduites du diagnostic d’endommagement établi après plusieurs phases de validation de terrain (Leone et al., 2010).

Les dommages quant à eux sont hiérarchisés en 6 classes suivant une gravité croissante (de D0 à D5). La diversité des modes d’action du tsunami (zone de transit, d’inondation ou de déferlement) et la succession de plusieurs vagues de tsunami ont entraîné des dommages variables sur le bâti, en nature et en intensité, qui vont de la légère dégradation (D0) à l’arasement total avec déblaiement (D5) (Tableau 7).

Tableau 7. Typologie des dommages définis en Indonésie (Banda Aceh). (Leone et al., 2010).

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L’exploitation statistique des dommages a permis la construction des toutes premières courbes d’endommagement du bâti en milieu urbain (Figure 74). Cette représentation graphique permet également d’établir une corrélation statistique et empirique entre le niveau de destruction d’un bâtiment d’une classe de vulnérabilité donnée et la hauteur d’eau mesurée au sol. Nous verrons que ces courbes présentent une utilité pour établir le seuil de destruction total du bâti – à partir duquel la probabilité de décès de ses occupants est maximale - du moment où elles peuvent s’appliquer à une classification du bâti analogue à celle obtenue pour l’Indonésie.

Figure 74. Courbes de vulnérabilité de cinq classes de bâtiments (A, B, C, D, E) exprimant le niveau moyen des dommages (D0 à D5) en fonction de la hauteur de submersion d’un

tsunami (Gauraz et al., 2009).

Seule la courbe de la classe de bâti B a été construite de manière empirique. Les 4 autres courbes ont été extrapolées à partir de celle-ci. Elles permettent théoriquement de retrouver un niveau de dommage pour une classe de bâti à partir d’une hauteur d’eau.

Dans le cadre d’un autre retour d’expérience mené après le tsunami de 2004 au Sri Lanka, une équipe de chercheurs du BRGM a réalisé un projet ayant pour objectif la mise en place d’un système d’information géographique sur les aléas et risques côtiers. Des scénarios de risque tsunami ont été réalisées sur des zones effectivement touchées par l’évènement de 2004 (Garcin et al., 2007). Après avoir identifié les enjeux, ils ont défini une typologie du bâti introduisant 7 classes structurelles :

157 - L : construction légère en bois, tôle, tronc ;

- B1 : construction en briques légères (mur à 1 rangée) ; - B2 : construction en briques (mur à 2 rangées) ;

- CB1 : construction en parpaing de ciment de mauvaise qualité ;

- CB2 : construction en parpaing de ciment de bonne qualité avec colonnes en béton ; - C : construction en béton armé ;

- LB : construction traditionnelle en moellons (calcaire corallien, calcaire, liant à la chaux).

Cette classification tient compte uniquement des matériaux utilisés pour la construction des murs. Elle est dépouillée de toute autre information sur les éléments structurels des bâtiments, ce qui la rend peu exploitable sur le terrain. Excepté pour la première classe (construction légère,…), il s’avère difficile de distinguer les autres classes entre elles, notamment dans le cas où les murs seraient recouverts, même d’un simple crépi. Dans leurs travaux, les auteurs n’établissent pas une hiérarchisation de vulnérabilité entre ces différentes classes.

Dans un autre contexte géographique et culturel, une étude d’évaluation de la vulnérabilité du port de Casablanca (Maroc) et de ses alentours, face à l’impact d’une submersion par tsunami, a été entreprise par une équipe de chercheurs portugais. Dans ce cadre, Omira et al. (2009) ont établi une typologie de la vulnérabilité du bâti spécifique au Maroc. Le diagnostic terrain a conduit à définir 6 classes de bâti, différenciées principalement par la qualité des constructions (Figure 75).

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Figure 75. Typologie du bâti définie sur le port de Casablanca (Omira et al., 2009).

a) Unreinforced masonry walls b) Timber construction

c) Brick traditional

d) Non-engineered RC buildings

e) Engineered RC frames with infill masonry walls blocks, reinforced with concrete.

f) Multi-storey engineered RC buildings

Cette typologie tient compte d’un grand nombre de paramètres de construction: Nombre d’étage ; Type de matériaux de construction (brique, pierre sèche, parpaing…) ; Structure porteuse/ossature (renforcé ou pas) ; Profondeur des fondations ; Matériaux de la toiture ; Structure calculé ou auto-construite ; Type d’ancrage de la structure aux fondations ; Qualité des matériaux utilisés ; Remplissage ou non des murs ; Conformité ou pas du bâtiment au code parasismique marocain (RPS 2000).

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Elle est très intéressante pour notre étude car elle caractérise l’ensemble du parc immobilier de la ville de Casablanca en 6 classes de vulnérabilité décroissante. Celle-ci tient compte des caractéristiques culturelles du type d’habitat marocain ainsi que de certains matériaux utilisés en construction. Par exemple, la première classe du bâti, la plus vulnérable, donne les détails sur la nature des murs. Contrairement au cas indonésien ou Sri lankais, qui est caractérisé par l’utilisation du bois, l’habitat précaire utilise ici plutôt des éléments de pisé ou de pierre à joints argileux sans liaison entre les murs. La classe C quant à elle caractérise l’habitat ancien traditionnel des villes du Maghreb, la médina. Par contre, des critères de construction très techniques sont introduits. Ceux-ci, bien que pertinents (respect des règle parasismique, renforcement des structures…), apparaissent difficilement identifiables sur le terrain.

L’étude de ces trois typologies, nous a permis d’identifier les critères nécessaires à une évaluation prospective de la vulnérabilité du bâti (diagnostic). Les indicateurs sélectionnés pour la réalisation de notre propre typologie du bâti, doivent répondre aux exigences suivantes :

- être facilement repérable visuellement sur le terrain ; - distinguer un minimum de classes structurelles ;

- tenir compte des spécificités culturelles des villes marocaines.

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