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Certains auteurs émettent l’hypothèse d’un lien entre la peur de la mort en couches et certaines pathologies de la grossesse. C’est le cas de Fort (2005). Selon elle, les femmes enceintes seraient conditionnées à la peur de la mort. Cela créerait alors un conflit intra-psychique entre le désir conscient d’avoir un enfant et le refus inconscient d’avoir ce même enfant, associant l’accouchement à un danger de mort. Ce conditionnement culturel de la peur de la mort en couches engendre donc ce conflit latent qui s’actualise pendant la grossesse. Le seul moyen d’y mettre fin est l’accouchement.

Des troubles psycho-organiques résultent de ce conflit. Il serait à l’origine des symptômes tels que la fatigue, les nausées, les brûlures d’estomac… Il y a parfois même une inhibition de l’action, une anxiété, une dépression, pour s’en protéger. Mais quand le conflit est trop important un dilemme s’impose à la mère : l’un des deux doit mourrir, c’est la mère ou l’enfant. Ceci pourrait expliquer les avortements spontanés et les accouchements prématurés, par exemple, qui seraient alors l’expression somatique du dilemme.

II.2.3.2. S’attacher en situation de risque

Avoir un enfant est le fruit d’un projet personnel, puis parental, qui s’est constitué au fil du temps. Il s’agit d’un projet de vie. Ce dernier peut se trouver entaché par la peur que l’enfant ait un problème à la naissance, ou décède. Toute femme enceinte s’en inquiète, même lorsque les examens médicaux sont positifs. Tant qu’il ne sera pas bien né, et en bonne santé, rien ne pourra la rassurer. Elle continuera à douter et vivre dans cette anxiété (Lachowski et coll., 2007). Lorsque la possibilité de perte ou d’anomalie du bébé est bien réelle, il peut y avoir un « blanc » de représentation de l’enfant, ou bien des représentations mortifères pouvant culpabiliser la mère (Dayan, 1999).

La mère investit l’enfant à naître par la pensée, l’aime et le contient physiquement mais aussi psychiquement. Elle se fait des représentations mentales de ce qu’il est, en interprétant ses mouvements, ses réactions… (Marcelli et Cohen, 2012). Comme le

Mme Gerra, a qui les médecins répètent de se préparer à prendre l’enfant, se dit bloquée. « Je n’arrive plus à penser à ma fille, à préparer ses vêtement… », dit-elle en pleurant. Des fois, elle parvient à l’investir, d’autres fois c’est trop dur.

décrit Gauberti dans son livre (1993), la mère traduit les mouvements de son bébé, les analyse selon ses propres désirs et émotions. Les interactions commencent ainsi in

utéro et leur présence est très importante. Elles sont les prémices de l’attachement, qui

se prépare déjà à l’arrivée de l’enfant, notamment avec l’apparition de la préoccupation maternelle primaire en fin de grossesse.

Cependant, lorsque l’intérêt principal de la mère est détourné du bébé, des répercussions peuvent avoir lieu. Prenons l’exemple des mère toxicomanes. Leurs pensées sont tournées vers la drogue plutôt que vers l’enfant qu’elles portent. Ceci entrave le processus habituel de la création de l’enfant imaginaire. Les femmes hospitalisées, elles, ont leurs pensées tournées vers la peur pour leur santé, leur mari et parfois, les enfants resté à la maison, qu’elles ont l’impression d’abandonner. Tout ceci peut obstruer le cheminement de l’enfant imaginaire dans le psychisme de la femme. La pauvreté de la vie imaginaire est inquiétante car cela peut être le présage de troubles de la relation (Dayan, 1999).

Dans un contexte de PMA, ce risque est exacerbé. Ces parcours sont souvent longs et marqués par de nombreux échecs, qui peuvent être considérés comme des deuils périnataux. Selon Rousseau (2001), la peur d’une nouvelle perte altère généralement l’attachement à l’enfant suivant, qui s’en trouve inhibé. Cette inhibition peut finir par se lever, en dépassant la date « d’anniversaire » de la perte précédente par exemple. Mais elle perdure parfois longtemps. Lorsqu’elle se prolonge après la naissance, les conséquences sur l’attachement se fait ressentir et cela crée des troubles.

Ce désinvestissement, s’il est trop extrême, peut glisser vers un deuil anticipé : il commence lorsque la mort d’un proche est envisagée. C’est un mécanisme permettant

Mme Valle est hospitalisée pour une pré-éclampsie. Elle attend son enfant après un long parcours de PMA. Elle dit elle même ne pas s’être trop impliquée dans cette grossesse, sachant à quel point la probabilité d’aller jusqu’au bout de cette grossesse, et de voir un jour son enfant était faible.

Mme Lou a 47 ans et attend son premier enfant, à la suite d’un long parcours de PMA. Elle ne cesse de répéter « on ne sait jamais ce qui arrivera, on ne sait pas s’il sera là, ce qu’il en sera dans 10 ans… ». L’idée d’une nouvelle perte après de nombreux échecs de PMA ne la quitte pas.

d’atténuer le choc et aider à accepter la perte. Mais lorsqu’il aboutit à un détachement complet, et que la personne ne meurt finalement pas, les conséquences peuvent être désastreuses. Ces observations ont été réalisées dans des services de néonatalogie, de médecines fœtales et diagnostic anténatal, entre autres (Ibid).

Dans des situations comme celles décrites précédemment, l’établissement de relations précoces peut se trouver fragilisé. Il est donc important d’accompagner pendant l’hospitalisation, et même après lors du retour à domicile (Ibid).