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Selon Houzel, « ce qui est commun à tous les types d’enveloppe est la notion d’une limite entre un dedans et un dehors, entre ce qui est contenu à l’intérieur et ce qui est à l’extérieur d’un espace donné » (2010, p.9). L’enveloppe est donc quelque chose qui entoure un espace et le délimite de l’extérieur.

De l’existence intra-utérine, et tout au long de la vie, la peau reçoit des informations sensorielles et est une surface d’ancrage de nos expériences et de notre vécu. C’est avec l’intégration de la sensorialité que petit à petit, la peau va se constituer comme enveloppe physique. Elle limite, protège et contient le corps (Doron, 2003). C’est sur elle que va s’étayer la construction psychique. L’enveloppe psychique a pour fonction de délimiter le monde interne et l’espace du monde externe du sujet. Elle assure la cohésion du psychisme tout en permettant des communications entre le monde intérieur et extérieur (ibid). Différents processus permettent la construction de cette enveloppe psychocorporelle et vont progressivement permettre son intégration. Il me semble important de revenir rapidement dessus pour comprendre la suite de ma réflexion. Je reprendrais la description de Charpentier (2013).

In utéro, l’utérus et le liquide amniotique viennent faire office de première enveloppe pour le fœtus. Déjà, il reçoit des afférences sensorielles, avant tout tactile, par lesquelles il découvre son corps. Tout ceci constitue une enveloppe tactile. Puis ses capacités auditives se développent. Il perçoit les sons physiologiques et la voix de sa mère qui constituent un bain sonore, à l’origine d’une enveloppe sonore. Enfin, avec les mouvements du fœtus qui se font ressentir et ses réponses aux stimulations parentales, des interactions prénatales se mettent en place. Cela participe à

l’investissement psychique de l’enfant par ses parents : émerge alors une première enveloppe psychique.

À la naissance, le nouveau-né quitte l’abris utérin. Il passe du dedans au dehors ce qui altère le sentiment d’enveloppe acquis jusque là. Il se retrouve alors face à des angoisses archaïques. Les échanges précoces et les premiers peau à peau sont donc nécessaires à la construction de l’enveloppe psychocorporelle.

Lors des premiers mois de vie, la mère va témoigner de contenance psychique par la capacité de rêverie de la mère, décrite par Bion. Elle va donc mettre du sens sur les éprouves de son enfant et ainsi l’aider à penser. La préoccupation maternelle primaire y participe également, en comblant les besoins du nourrisson au bon moment. Winnicott parle d’objet-presenting : la mère présente l’objet désiré pour satisfaire les besoins de l’enfant, il a l’impression que c’est lui qui crée l’objet. Cette illusion de toute- puissance participe à l’illusion de ne faire qu’un avec sa mère, dans une unité psychique et corporelle.

Tous ces soins maternels et interactions psychiques s’étayent sur le corps. Les contacts peau à peau entre le nourrisson et sa mère lui permettent de délimiter un espace interne et un espace externe à son corps. C’est sur cette relation corporelle que se construction l’enveloppe psychocorporelle. Si l’accordage tonico-émotionnel de la mère à son enfant est correcte, il pourra sentir son corps rassemblé et unifié. Robert-Ouvray parle d’enveloppe tonique, première enveloppe psychocorporelle du bébé qui sera la toile de fond des enveloppes psychiques. Cela permet la délimitation entre le dedans et le dehors, passant par l’état d’unité de l’enfant et permettant plus tard son individuation.

Bick, elle, précise l’importance de la peau sur laquelle va se constituer une peau psychique. Pour cela, un objet externe doit venir contenir les vécus de l’enfant pour qu’ils ne soient pas dispersés. Cette fonction de peau psychique va dans un premier temps être tenue par la mère. Progressivement, l’enfant va intérioriser cet objet externe et être capable de contenir par lui même les différentes parties. Il va se sentir suffisamment contenu à l’intérieur de sa propre peau. Cette peau psychique s’étaye sur la peau, selon Anzieu : il parlera de Moi-peau. Cette enveloppe psychique va résulter du lien que l’enfant fait entre les différentes sensations qu’il reçoit. Le Moi-peau s’étaye donc sur les expériences sensorielles tactiles lors du contact peau à peau avec sa mère. Anzieu précise que c’est par ces activités que l’enfant va différencier un dedans et un dehors, un contenant et un contenu, ce qui implique la notion

d’enveloppe. Il va alors pouvoir se sentir contenu dans cette enveloppe, unifié, et protégé. La sensorialité va donc être la base sur laquelle s’étaye l’enveloppe.

Par les soins de maternage, l’enfant va progressivement intégrer les différentes foncions du Moi-peau, décrites par Anzieu. Ces huit fonctions s’étayent sur la peau physique. Parmi elle, il y a la fonction de maintenance du psychisme : à l’instar de la peau qui maintient muscles et squelette à l’intérieur, le Moi-peau « maintient le psychisme en état de fonctionner ». Ceci s’intériorise par le holding maternel de Winnicott. La fonction de contenance, elle, permet au Moi-peau d’envelopper la psyché et contenir les représentations psychiques, comme la peau recouvre le corps entier. Elle s’étaye sur le handling maternel.