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3.3 Création d’une base de données

Le but de cette section est de présenter la base de données produite à l’aide de la plateforme expérimentale basée sur les radios logicielles développées. De même, les expériences permettant de collecter les trames labellisées sont décrites.

3.3.1 Les caractéristiques de la base de données

La collecte des données s’effectue dans un milieu réel avec toute la richesse et la diversité de bruit et de perturbations non-intentionnelles que cela implique. La plateforme expérimentale utilisée pour la constitution de la base de données est située dans une salle standard du labo-ratoire Gipsa-lab et non pas dans une chambre sourde ou une cage de Faraday. On cherche ici à avoir des données qui reflètent au maximum les situations que peuvent rencontrer réellement les nœuds de communication une fois déployés dans leur environnement réel.

Comme mentionné dans les sections 1.4 et 2.3, la reconnaissance d’au moins trois types de canal est nécessaire pour appliquer une stratégie d’adaptation efficace. Les trois types de canal sont : le canal non perturbé où seul le bruit thermique est présent, le canal perturbé par de la mobilité donc présentant des phénomènes d’évanouissements et enfin le canal perturbé par une source d’interférence. Les données sont enregistrées dans des situations de canal contrôlées, ce qui garantit la fiabilité de la vérité de terrain.

En plus d’être labellisées en trois types de canal, les données sont enregistrées avec des niveaux de SNR différents pour balayer les différentes situations de fonctionnement réel d’un nœud. Cette diversité de SNR permet de répondre au cahier des charges qui demande à ce que les algorithmes développés soient indépendants du SNR, voir partie 2.3. Pour chaque trame reçue, deux informations concernant le SNR sont relevées : une valeur de SNR estimée par un estimateur de SNR et une valeur de SNR relative au SNRmin de la radio.

Dans le cas d’un canal perturbé avec une source d’interférence, plusieurs cas de figure sont pris en compte. En effet, la source d’interférence peut émettre directement dans la bande d’émission du signal du nœud ou de la station de base, on parle alors d’une interférence inband (ou co-canal). Ou bien elle émet dans une bande proche, mais perturbe tout de même le signal reçu dans ce cas, on parle alors d’interférence outband (ou canal adjacent).

Les sources d’interférence sont émises avec des standards et des méthodes de modulation différentes. Trois sources d’interférence sont sollicitées : interférence de type IEEE 802.15.4k-2015 LECIM FSK, LoRa [80] et Sigfox [79]. Ces trois types d’interférence correspondent aux protocoles et standards fréquemment utilisés dans le domaine de l’internet des objets et par-ticulièrement pour des systèmes LPWA. Il est probable qu’une radio déployée soit perturbée par au moins un de ces trois types d’interférence.

Selon l’environnement de déploiement, les phénomènes perturbateurs provoqués par de la mobilité sont liés par le trafic pédestre, automobile ou mouvement d’objets. Pour les

acquisi-tions seules les mobilités pédestres et d’objets sont introduites dans l’environnement expéri-mental.

3.3.2 Présentation de l’expérimentation

Pour l’ensemble des expérimentations, le facteur d’étalement de la couche physique IEEE802.15.4k est fixé à SF = 4, et la fréquence d’échantillonnage est de 300 KHz. Les trames contenant les données utiles transmises entre l’émetteur et le récepteur ont une durée fixe de 2,15 secondes. Par rapport au scénario applicatif défini au chapitre 2, cette trame correspond à celle émise par la station de base et utilisée par le nœud pour analyser le canal. Vu les débits extrêmement faibles des liens LPWA en limite de portée, pouvant descendre à quelques centaines de bits par secondes, il est normal de retrouver des trames très longues dans le contexte LPWA. Par ailleurs, comme la consommation d’un récepteur LPWA est typique-ment d’un ordre de grandeur inférieur à celle de l’émetteur, il est plausible d’utiliser une longue trame à cette fin. Dans le cadre de cette expérimentation, nous voulons surtout nous assurer de la présence d’au moins une perturbation dans les trames labellisées comme perturbées. La mobilité humaine étant un phénomène assez lent, d’une durée de l’ordre de la centaines de millisecondes pour une porteuse à 900 MHz, nous avons donc fait le choix de travailler avec des trames relativement longues, ce qui nous permet de garantir que le phénomène perturbateur est présent lors de la transmission et qu’ainsi la labellisation des trames soit correcte également dans ce cas. Seules les trames ayant un CRC correct, c’est-à-dire les trames ne contenant pas d’erreurs binaires non corrigées par le code correcteur d’erreurs, sont sauvegardées. Dans un souci de reproductibilité des expérimentations, le nom du fichier binaire sauvegardé porte les informations suivantes : le label, la valeur des gains RF et des atténuateurs utilisés.

3.3.2.1 Réglage du rapport signal à bruit du signal reçu

Comme les expérimentation s’effectuent dans des conditions de niveaux de SNR différents, il est important de pouvoir connaître le niveau de SNR avec lequel les trames sont collectées. Pour ce faire, on se base sur la valeur de SNRmin. Le SNRmin est un SNR calculé à partir de la valeur de la puissance reçue minimale, notée Psignal reçue minimale, avec laquelle notre algorithme de traitement numérique peut retrouver le message transmis avec un taux d’erreur choisi [6] :

SN Rmin = 10× log 

Psignal reçue minimale Pbruit



(3.4)

Le SNRmin est extrait à partir des performances de l’algorithme de démodulation utilisé. Pour la modulation utilisée dans la radio IEEE 802.15.4k, le SNRmin peut être extrait du graphe de la figure 3.7 pour un BER d’environ 10−5. Sur la plateforme expérimentale, la puissance du signal reçu est contrôlée par le gainRF de l’émetteur qui permet d’augmenter ou diminuer la puissance du signal émis. Il permet donc de régler le SNR du signal reçu par

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le récepteur. Pour simplifier les expériences, le SNRmin est déterminé expérimentalement en réglant le gainRF de l’émetteur de façon à n’avoir que des CRC corrects. Une fois le SNRmin déterminé, le gainRF est re-modifié pour régler le SNR au niveau du récepteur, en fonction des objectifs des différentes expérimentations (SNRmin+3, SNRmin+15, etc.). On s’assure donc que toutes les expériences se déroulent à un niveau de SNR ≥ SNRmin.

3.3.2.2 Expérimentation 1 : canal non perturbé

L’expérimentation 1 a pour but de collecter des trames labellisées comme non pertur-bées. Elle sollicite deux radios logicielles, SDR1 et SDR2. Aucune perturbation intentionnelle n’est ajoutée dans l’environnement proche de la plateforme d’expérimentation. Le système de communication est considéré comme suit :

— SDR1 : émettrice, son rôle est de transmettre un signal IEEE 802.15.4k-2015 LECIM FSK à la fréquence porteuse fpT X = 869, 3 MHz. Dans un réseau réel, il peut corres-pondre à une station de base ou à un nœud émetteur.

— SDR2 : réceptrice, son rôle est d’écouter à la fréquence fpRX = 869, 3MHz et de sauve-garder les échantillons complexes des trames reçues. Dans un réseau réel, il correspond au nœud qui peut se reconfigurer après avoir identifié l’état du canal.

Les atténuateurs sont utilisés pour éviter la saturation en puissance du récepteur et aussi pour limiter la portée de l’expérience à quelques mètres afin de maîtriser les conditions expé-rimentales. Pendant l’expérience, SDR1 émet une trame IEEE 802.15.4k-2015 LECIM FSK. Une fois reçue par SDR2, la trame est sauvegardée sous forme d’un fichier binaire.

3.3.2.3 Expérimentation 2 : canal perturbé par de la mobilité

Pour la collecte de trames labellisées comme mobilité, on utilise la même configuration expérimentale décrite dans la partie précédente. À cette configuration on ajoute de la mobi-lité dans l’environnement proche des deux SDR. On introduit deux types de mobimobi-lité : une mobilité sur le trajet direct des ondes et une mobilité sur les trajets indirects. Dans les deux cas les mouvements modifient les trajets des versions réfléchies de l’onde. Cela engendre des interactions pouvant provoquer des évanouissements du signal si elles arrivent en opposition de phase au niveau de l’antenne du récepteur.

Pour favoriser la transmission du signal par le trajet direct, les deux SDR sont placées en vis-à-vis sans obstacle physique immobile entre les deux. Dans un premier temps, on vérifie que le signal reçu est de bonne qualité et que les trames reçues sont correctes, sans mobilité. Le SNR est alors fixé avec les gains RF de manière à garantir que la trame ne soit pas perdue quand le phénomène de mobilité sera présent. Une fois les conditions de réception garanties, de la mobilité sur le trajet direct est provoquée en faisant bouger des objets à des vitesses différentes dans l’espace situé entre SDR1 et SDR2. La transmission du signal via le trajet direct est perturbée par les objets en mouvement. Pour diversifier les acquisitions réalisées et retrouver la variabilité d’un environnement réel, où les phénomènes d’évanouissement peuvent

être provoqués par des phénomènes divers, trafic pédestre, trafic automobile, mouvement du système, etc..., les objets mis en mouvement sont de nature différente : un ordinateur portable éteint, une trousse, etc. De taille et de compositions physiques différentes, les interactions entre l’onde et ces objets provoquent des changements des trajets de l’onde, les perturbations qui en résultent sont d’intensités différentes.

Dans le but d’avoir une transmission qui s’effectue majoritairement par des trajets in-directs, la transmission par le trajet direct est fortement atténuée en plaçant un obstacle immobile entre SDR1 et SDR2. Avec cette configuration, la transmission du signal s’effectue majoritairement par des réflexions sur les cloisons de la salle, le plafond, le sol et le mobilier présent dans la salle d’expérimentation. La présence d’un obstacle immobile sur le trajet di-rect de l’onde nous oblige à augmenter en conséquent le gain RF en émission du SDR1 pour que SDR2 puisse détecter et recevoir sans erreur. Dans cette situation, la mobilité est ajoutée en introduisant du mouvement dans l’environnement proche de SDR1 ou SDR2. Ces mouve-ments provoquent des changemouve-ments des trajets de réflexion d’onde entraînant des phénomènes d’évanouissements au niveau de l’antenne du SDR2.

3.3.2.4 Expérimentation 3 : canal perturbé par une source d’interférence

Le but de l’expérimentation 3 est de collecter des trames labellisées comme interférence. À partir du système de communication de l’expérimentation 1, on ajoute une troisième radio logicielle SDR3. Son rôle consiste à émettre le signal perturbateur pour provoquer des phéno-mènes d’interférences dans le canal de communication ; SDR3 est donc la source d’interférence notée IX. Plusieurs cas de figure sont considérés :

— SDR3 émet un signal IEEE 802.15.4k-2015 LECIM FSK dans le même canal que la communication entre SDR1 et SDR2, c’est-à-dire fpIX = 869, 3 MHz. C’est alors une perturbation co-canal.

— SDR3 émet un signal IEEE 802.15.4k-2015 LECIM FSK dans un canal adjacent avec un espace de 100 kHz entre les deux fréquences porteuses, [7].

— SDR3 émet en co-canal (fréquence porteuse identique) mais avec d’autres types de mo-dulations : LoRa ou Sigfox.

Pour ajouter plus de diversité dans la base de données, SDR3 émet avec une amplitude variable pour les trois cas de figure. Pour ce faire, l’amplitude du signal IX est modifiée en multipliant le signal en bande de base par un facteur a variant entre 0, 1 et 1, ce qui correspond à une variation de 20 dB de la puissance du signal d’interférence. Pour éviter d’avoir un nombre massif de trames corrompues pendant les acquisitions faisant varier a, on initialise le système de communication constitué par les trois SDR de manière à ce que toutes les trames reçues aient un CRC correct quand a = 1 (c’est-à-dire, l’interférence est la plus forte). Pour quantifier la puissance de l’interférence par rapport à la puissance du signal, le CIR (Carrier to Interference Ratio) est utilisé. Le CIR est défini comme le rapport entre la puissance du signal et la puissance de l’interférence, il est de la forme suivante :