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Le créateur de jeans durables : Jean-Philippe Pete, cofondateur de la marque NU

Cofondateur de la marque NU, Jean-Philippe Pete est un entrepreneur audacieux : depuis 2007, il tente de populariser ses pantalons en coton bio faits pour durer… et pour moins consommer. Les jeans NU ont deux particularités : ils sont écologiques et éthiques tout en étant aussi fashion que les jeans classiques.

Cet ancien étudiant en ingénierie physique, spécialisé dans le développement durable avec son associé Maxime Guillon ont eu l’idée de se lancer dans l’aventure de la mode en créant un produit respectueux pour l’homme et pour l’environnement.

Dans leur bureau à Paris, les jeans ont envahi l’espace, dans des cartons ou des casiers. Ils sont minimalistes, épurés et ne subissent aucun traitement ou délavage. Ce sont des pantalons indémodables, atemporels et de bonne qualité pour qu’ils durent longtemps et incitent à la consommation intelligente.

« C’est une nouvelle façon de consommer. Avec la crise, il y a eu un retour à la simplicité, aux

« basics ». Nos jeans coûtent 125 €. A ce prix-là, on réfléchit pour être sûr d’acheter un bon produit et un produit écoresponsable neutre en carbone ».

« On ne veut pas avoir d’impact sur le réchauffement climatique. Ce que l’on ne peut pas diminuer, on le compense. On achète des crédits carbones chez Climat Mundi qui le réinvestit en Erythrée pour financer des fours solaires ».

Ras-le-bol général

L’idée de créer NU a germé dans l’esprit de Jean-Philippe et de son associé Maxime Guillon à la suite d’un ras-le-bol général. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai ces convictions, raconte le premier.

Comme je voyais bien que ce n’était pas efficace de simplement militer, et comme le capitalisme a gagné, j’ai compris que les idées devaient être transmises par le business. » Le duo sollicite des banques, des investisseurs et le réseau Entreprendre pour financer leur projet. Ils sont les deux seuls salariés de l’entreprise en France.

En 2009, leur chiffre d’affaires représentait entre 150 000 et 200 000 €. « Moi, je ne gagne pas des fortunes et ce que je gagne, je le réinvestis », dit-il. Leurs jeans sont distribués sur Internet, dans plusieurs grandes enseignes parisiennes (Citadium, Galeries Lafayette, Frank & Fils, Altermundi) et il n’existe pas de boutique NU.

Au départ de l’aventure, Jean-Philippe Pete se souvient des difficultés rencontrées à trouver une belle matière, de bonne qualité. Le choix géographique s’est arrêté sur la Turquie. Ils y produisent leurs pantalons. Toute leur production s’y fait. « Les champs de coton bio sont en Turquie, à côté d’Izmir où on n’utilise ni engrais ni pesticide ». On y fait la filature du coton, le

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tissage, la teinture », là non plus pas de traitements chimiques, pas de techniques polluantes et énergivores.

NU a choisi ce pays pour sa proximité avec l’Europe, afin de limiter sa trace carbone. « C’est aussi là-bas que se trouve notre bureau de style qui dessine les modèles ». Jean-Philippe n’a jamais pris de cours de design et ne s’en cache pas. « On ne va pas inventer le jean, Levi’s l’a fait pour nous. On ne fait que travailler sur des classiques ».

Rêve secret

S’il n’a pas choisi d’implanter ses ateliers en France, c’est surtout à cause du prix. « On veut être une marque accessible. Si les jeans étaient fabriqués en France, ils coûteraient 250 €, c’est du luxe ».

Il assure que la Turquie respecte les conditions de travail et qu’un contrat de confiance le lie à l’atelier où travaillent une cinquantaine de personnes.

Il se rend là-bas une semaine à chaque nouvelle production. « Il n’y a pas de sous-traitance ou de travail des enfants caché ». Les ouvriers sont payés au salaire minimum turc, soit environ 400 €.

La mode bio et éthique fait-elle rêver les étudiants en stylisme ?

La plupart d’entre eux espère accéder aux plus grandes maisons de couture françaises ou aux gros groupes industriels. La mode bio ne représente qu’une toute petite partie de ce secteur.

Pourtant les choses sont en train de changer. Aujourd’hui, les plus grandes enseignes de prêt-à-porter comme H&M ou Zara sont les principaux clients de coton Bio.

« Les « pure players », ceux qui ne font que du bio, sont tout petits, mais marchent bien. Des marques comme Ekyog, Veja ou Kuyichi se sont très bien implantées. Ce sont des acteurs forts qui structurent le marché ». Jean-Philippe en est sûr, le secteur va se stabiliser et devrait donc créer des emplois dans les années à venir.

Pour la saison d’hiver 2009/10, Nu a créé un jean en exclusivité pour Comptoir des Cotonniers. Ce co-branding est né de « la rencontre de deux marques qui partagent de nombreuses valeurs : des univers simples et élégants, le travail sur des basiques, le naturel et la proximité.

Fort de son succès dans le jean, Nu propose également des sous-vêtements pour hommes et femmes, pour que plus jamais, vous ne vous retrouviez tous nus !

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Activités

1. En quoi les jeans NU sont-ils différents des jeans traditionnels ?

2. Pour quelles raisons les deux jeunes gens ont-ils décidé de produire un tel jean, qui ne veut pas suivre la mode ?

3. Résumez les différentes étapes de la vie du produit de sa naissance à sa mise en vente (matériau de fabrication utilisé, lieu, étapes et procédés de fabrications, conditions de fabrication, lieux de vente.)

4. Achèteriez-vous un tel jean ? Pourquoi ?

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