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La COVID-19 et ses impacts aux yeux des jeunes filles

4.1. Résultats de l’enquête auprès des jeunes filles

4.1.3. La COVID-19 et ses impacts aux yeux des jeunes filles

Globalement, 9 filles enquêtées sur 10 pensent que la COVID-19 est une maladie grave.

Cette tendance est uniforme sur l’ensemble des régions de l’étude. Cependant, 5% de l’échantillon seulement pensent que la maladie n’existe pas. Cette proportion est plus élevée à Kédougou où elle atteint 12,3% des filles enquêtées dans cette région.

Graphique 20: Perception de la COVID-19 (%)

Le degré de gravité de la COVID-19 est à mettre en lien avec le niveau de scolarisation des jeunes filles. En effet, la plupart des jeunes filles scolarisées estiment que la COVID-19 est une maladie grave. Les séances de sensibilisation sur la pandémie de COVID-19 dans les écoles expliquent cette proportion élevée quand on sait que 9 filles enquêtées sur 10 sont scolarisées dans les trois régions ciblées par l’étude.

La quasi-totalité des jeunes filles ont affirmé que des dispositifs ont été pris pour faire face à la COVID-19. Parmi ceux-ci, le port du masque (93,3%), l’utilisation d’un lave-main (93,8%) et l’utilisation de gel hydro-alcoolique (70,4%) sont les plus utilisés selon les filles. En revanche, la limitation des sorties inutiles et la distanciation physique sont les moins pratiquées par les filles avec respectivement des proportions de 37,1% et 39,1%.

1,8 1,7 1,2 1,5

82,5 93 92,5 91,3

12,33,5 1,73,5 5,80,6 5 2,2

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Ne sait pas maladie grave maladie inexistante maladie non grave

Graphique 21: Mesures de prévention contre la COVID-19 (%)

Les principales mesures ayant impacté le quotidien des filles sont : la fermeture des écoles et universités (66,4%), la fermeture des marchés (64,7%) et l’interdiction des rassemblements (52,5%). La limitation des déplacements dans le pays et la fermeture des frontières ont respectivement impacté le quotidien de 41,3% et 26,1% des filles enquêtées.

Graphique 22: Principales mesures ayant impacté le quotidien des filles (%)

La mesure de fermeture des écoles a été traumatisante pour de nombreuses jeunes filles (66,4%). Pour ces jeunes filles, l’école était le seul véritable espace de liberté leur permettant de se soustraire, pour quelques heures, à la rigueur souvent imposée par l’autorité parentale notamment dans le cadre de certaines activités domestiques et de s’adonner à des loisirs aux heures de récréation. L’école représentait aussi pour ces jeunes filles un cadre d’échange et de partage d’expériences vécues au quotidien entre camarades. La mesure de limitation des déplacements interurbains est venue aggraver la situation des jeunes filles qui n’ont que pour seule possibilité le confinement dans le cercle familial.

1,2%

Encadré 4 : «On m’a donné en mariage après la réouverture des écoles ...»

« Pour ne pas aller trop loin, je prends l’exemple de moi-même. Les conséquences de la fermeture des écoles, d’abord c’est la fatigue au sein de la famille. Par exemple, il y avait beaucoup de travaux domestiques à faire. Je ne peux pas rester à la maison sans travailler c’est-à-dire faire le linge et d’autres activités. À cause de ces travaux domestiques, je ne pouvais même pas réviser mes leçons normalement.

Cette fermeture a surtout affaibli le niveau d’étude et le niveau de concentration des filles scolarisées parce qu’elles ne se préoccupaient que des travaux domestiques et de Novelas TV comme vous le constatez bien les filles passent tous leurs temps à regarder cette chaîne puisqu’elles ne vont pas à l’école. On m’a donné en mariage après la réouverture des écoles mais au moment de la fermeture des écoles, il y a beaucoup de filles qui ont été données en mariage.»

Source : Entretien avec une jeune fille de 17 ans mariée, Kédougou

Pour ce qui est de l’impact du contexte de COVID-19 sur l’emploi et le revenu de leur époux, près de 29% des filles mariées ont signalé que la COVID-19 a impacté l’emploi de leur mari. En effet, 26% ont déclaré que leur mari a cessé de travailler durant la COVID-19 et pour 2,7% des filles mariées, leur époux a changé d’emploi.

L’impact semble être moins grave à Kédougou où 2/3 des filles ont déclaré que l’emploi de leur mari n’a pas été affecté et le tiers restant ne sait pas s’il y a impact ou pas.

Graphique 23: Impact de la COVID-19 sur l'emploi des époux des filles mariées (%)

Concernant le revenu des époux, près 6 filles mariées sur 10 ont révélé que celui-ci a diminué. Cette proportion est plus élevée à Kolda et Tambacounda comparée à Kédougou. Dans cette région, seulement 1/3 des filles ont déclaré que la pandémie a contribué à la diminution du revenu de leur mari.

5,3 1,4

33,3

5,3

27,5 21,9

66,7 57,9

43,1 47,9

31,6 25,5 26

3,9 2,7

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Autre Ne sait pas Non, il a conservé son emploi

Oui, il a cessé de travailler Oui, il a changé d'emploi

Graphique 24: Impact de la COVID-19 sur le revenu des époux des filles mariées

Pour ce qui est de l’impact de la COVID-19 sur le mariage des enfants, dans l’ensemble, 3 filles sur 10 ont affirmé avoir connu une amie ou voisine, de moins de 18 ans, qui a été donnée en mariage pendant la pandémie. Cette proportion est plus élevée dans la région de Tambacounda et plus faible à Kédougou avec des proportions respectives de 43,9% et 15,8%.

Graphique 25: Échos d'un mariage d’enfant durant la COVID-19 (%)

Globalement, la plupart des filles pensent que le phénomène du mariage des enfants dans leur localité est moins fréquent durant la COVID-19 soit 43%. Il faut noter que près de 32% n’ont aucune idée de l’évolution du phénomène avant et durant la COVID-19. En revanche, 9% seulement pensent que ce phénomène est devenu plus fréquent durant la COVID-19. Cet avis est plus répandu dans la région de Tambacounda avec une proportion de 17,3%.

5,3 7,8 6,8

33,3

63,2 58,8 58,9

33,3 31,6

3,9

12,3

33,3 29,4

21,9

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Augmenté Diminué Inchangé Ne sait pas

17,5 5,8 2,9

6,2

66,7 72,7 53,2

63,4

15,8 21,5 43,9

30,3

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Ne sait pas Non Oui

Graphique 26: Constat sur l'évolution du mariage des enfants durant la COVID-19 (%)

L’enquête qualitative auprès des acteurs communautaires montre cependant que la COVID-19 a fortement impacté le phénomène du mariage des enfants. Les chiffres de l’enquête quantitative auprès des jeunes filles contrastent ainsi avec ceux de l’enquête qualitative auprès des acteurs institutionnels et communautaires. Ce contraste pourrait s’expliquer par le niveau d’accès à l’information sur les cas de mariages d’enfants plus élevés chez ces acteurs institutionnels et communautaires (directeurs d’école, infirmiers chefs de poste, bajenu gox, imams, etc.) que chez les jeunes filles enquêtées.

Encadré 5 : « Donner sa fille en mariage pour s’assurer une sécurité financière »

« Durant la pandémie de COVID-19, le phénomène du mariage des jeunes filles a eu de l’ampleur. Quand on fait la relation entre les retombées financières venant de l’extérieur (étranger) et le niveau de vie au sein des familles, on se rend compte que les parents se retournent sur leurs filles pour chercher les moyens de survie.

En réalité, la fille est considérée comme un objet qu’il faut donner en mariage. Il convient de noter aussi qu’en dehors des raisons sociales, il y a aussi ce besoin de sécurité financière surtout quand le prétendant est un émigré.»

Source : Entretien avec un chef d’établissement scolaire à Goumbayel, Tambacounda Dans l’échantillon des filles, une proportion de 34,3% ont été au courant de grossesses précoces dans leur localité, durant la COVID-19. Ce taux est plus élevé dans la région de Tambacounda avec 43,4% des filles enquêtées. En revanche, il est plus faible a Kédougou avec 19,3%.

7

20,3 15 16,2

42,1 47,7

38,7 43

50,9

28,5 28,9 31,8

3,5

17,3

9

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Fréquence inchangée Moins fréquents Ne sait pas Plus fréquents

Graphique 27: Échos de grossesses précoces durant la COVID-19

Globalement, les filles ont constaté pour la plupart que ces cas de grossesse sont devenus moins fréquents durant la COVID-19 qu’avant. Cette tendance est retrouvée dans les régions de Kolda et Kédougou. Par contre, dans la région de Tambacounda, la majorité des filles ont affirmé que ces cas de grossesse sont plus fréquents durant la COVID-19.

Graphique 28: Constat sur l'évolution des grossesses précoces durant la COVID-19

La grande majorité des jeunes filles ayant fait l’école “française”, soit 86,3%, sont inscrites à l’école pour l’année en cours. Parmi ces élèves, 10% ont été retirées de l’école lors de la fermeture des écoles. Ce taux de retrait est plus élevé dans la région de Kolda où il atteint 16,5%.

Graphique 29: Accès à l'éducation en période de COVID-19 (%)

19,3 18,6 15,6 17,4

61,4 51,2

41 48,3

19,3 30,2 43,4

34,3

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Ne sait pas Non Oui

9,1 7,7 1,3 4,3

45,5

73,1

45,3 55,8

1,9 4 2,9

45,5

17,3

49,3 37

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Fréquence inchangée Moins fréquents Ne sait pas Plus fréquents

91,8 83,5 96,3 90

8,2 16,5

3,7 10

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Non retirée Retirée

13,7%

86,3%

Non inscrite Inscrite

Dans l’ensemble, seules 2,3% des filles inscrites à l’école ont bénéficié de mécanisme permettant de suivre des cours durant la fermeture des écoles. Ces mécanismes incluent les cours en ligne, les programmes éducatifs des télévisions et radio, des cours à domicile, etc.

Dans les régions de Kolda et Kédougou, aucune des adolescentes scolarisées enquétées n’a déclaré avoir bénéficié de ces possibilités, soit un taux de 57% de l’échantillon global.

Graphique 30: Mécanismes de suivi des cours en période de COVID-19 (%)

L’absence de dispositifs pouvant permettre de poursuivre les cours malgré la fermeture des écoles a certainement contribué à l’augmentation du taux de retrait des jeunes filles de l’école. Ce taux est donc naturellement plus élevé dans les régions qui n’ont pas bénéficié de dispositifs d’apprentissage en dehors du cadre scolaire. Il s’agit des régions de Kolda (avec 16,5

% de retrait) et Kédougou (avec 8,2 % de retrait). Nous pouvons donc en conclure que la pandémie de COVID-19 a impacté le retrait des jeunes filles du système scolaire.

Encadré 6 : Avec la fermeture des écoles, « beaucoup de parents ont donné leurs enfants en mariage...»

« La fermeture des écoles a eu des conséquences sur les jeunes filles parce que pendant cette fermeture, les filles sont restées à la maison à ne rien faire et n’ont pas continué à apprendre. À cause de ça beaucoup de parents ont donné leurs enfants en mariage. A cela s’ajoute l’affaiblissement du niveau des élèves parce que si tu restes des mois et des mois sans apprendre, tu oublies tout ce que tu avais appris mais aussi les élèves se sont senties découragées ».

Source : Entretien avec une jeune fille mariée de 16 ans, Kédougou

Pour ce qui est de l’accès aux soins de santé en période de COVID-19, la majorité des filles ont déclaré n’avoir pas eu accès aux soins de santé durant la COVID-19 (52%). En effet, 43,3% des filles révèlent qu’elles n’ont pas eu accès aux soins de santé car l’accès était difficile et 8,7% affirment qu’elles n’ont pas du tout eu accès aux soins de santé. Selon le statut, matrimonial, l’accès aux soins de santé est plus difficile chez les adolescentes non mariées par

25

8,7 7

75

100 87 90,7

4,3 2,3

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Ne sait pas Non Oui

rapport à celles en union, soit respectivement 53,4% et 42,9%. Ce manque d’accès aux soins de santé est plus accentué dans la région de Kédougou où 4 filles sur 5 étaient privées des soins de santé durant la COVID-19. En revanche, cette privation est moins sévère à Kolda où la majorité (51,7%) avait facilement accès aux soins de santé même si 4 filles sur 10 affirment avoir été privées de ces soins durant la COVID-19.

Graphique 31: Accès aux soins de santé en période de COVID-19 (%)

Le principal motif de non accès aux soins de santé durant la pandémie de la COVID-19 est la peur de la COVID-19 qui a été évoquée par 49% des filles n’ayant pas accès à ces soins.

Ensuite, viennent des motifs tels que le manque d’argent (25,4%) et le manque de transport (17,2%). Il faut signaler que les motifs relatifs au service médical sont moindres puisque seulement 1,5% des filles ont été privées de soins par manque de place et 4,7% par indisponibilité du personnel médical.

Graphique 32: Principaux motif de non accès aux soins de santé durant la COVID-19 (%)

7 8,1 8,1 8

71,9

30,8

46,2 43,3

10,510,5 9,3 7,5 8,7

51,7

38,2 40

Kedougou Kolda Tambacounda Total

Ne sait pas Non, accès difficile Non, pas accès Oui, accès facile

25,4%

43,3%

17,2%

4,7%

1,5%

6,5%

Manque d'argent Peur de la Covid-19 Manque de transport Indisponibilité du personnel…

Refusé par manque de place Problème de sécurité