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: L’Etat se doit de protéger les jeunes !

Source : Entretien avec un animateur de radio communautaire, Kolda

§ Aux acteurs institutionnels et communautaires : 1. Les acteurs communautaires doivent se mobiliser en participant aux campagnes de

sensibilisation et de communication sociale qui sont menées par l’Etat et les ONG ; 2. Une communication de proximité, à travers des visites à domicile, doit être

régulièrement faite par les acteurs communautaires (imams, chefs de quartiers, bajeenu gox, etc.) auprès des parents pour prévenir le mariage des enfants ;

3. Les tentatives ou actes de mariage d’enfant doivent être dénoncés par les acteurs communautaires et rapportés au plus vite aux autorités locales compétentes en la matière ;

4. Les acteurs communautaires doivent organiser des émissions de sensibilisation sur le mariage des enfants dans les radios communautaires en mettant en avant les dispositions juridico-légales prises par l’Etat pour sanctionner une telle pratique ;

5. Les chefs d’établissements doivent sensibiliser les parents des jeunes filles pour que celles-ci puissent rester et réussir à l’école. Ils doivent également dénoncer des cas d’élèves précocement données en mariage auprès des autorités locales compétentes.

«Vous savez ça sonne mal à l’oreille quand on dit « mariage d’enfants ». Le mariage doit être quelque chose de consenti entre deux personnes adultes qui s’aiment. Si aujourd’hui il y a beaucoup de problèmes dans ces ménages, c’est parce qu’on donne les filles en mariage à des personnes qu’elles n’aiment pas. Pour régler ces problèmes il faudrait arrêter les mariages forcés. L’enfant, sa place est à l’école ; c’est de faire une formation ; sa place, c’est un environnement qui lui permet de grandir avec tout ce qu’il lui faut comme protection, comme assistance, comme aide. Il faut aider l’enfant à grandir, l’aider à s’assumer et quand il sera mature il pourra choisir. Donc l’appel que je lance à l’Etat, c’est de protéger les enfants, augmenter les structures de services sociaux un peu partout cela peut aider. Les parents aussi doivent respecter les droits des enfants, parce que souvent, aussi certains parents font ces choses, juste pour protéger leurs enfants mais en voulant cela ils portent préjudice à l’enfant parce qu’ils ignorent ou bien parce qu’ils veulent le faire. Donc vraiment je voudrais une synergie de toutes les forces de la nation pour qu’on aide et qu’on apporte notre soutien aux enfants qui constituent vraiment l’avenir de ce pays.»

Encadré 8 : «Nous œuvrons au quotidien pour éviter le mariage des enfants...»

«Nous avons récemment empêché le mariage de deux de nos élèves. L’une qui fait cette année la classe de 4éme que sa famille voulait marier. On a essayé de faire des médiations, de parler avec les parents pour leur dire de repousser les dates pour permettre aux enfants d’étudier mais ils ont refusé.

Et on est allé même jusqu’à alerter les services sociaux qui y sont allés avec la gendarmerie pour intervenir en convoquant les parents concernés et cela a fait beaucoup de bruit ici. Ils ont fini par dire que les enseignants ne veulent pas que les enfants rejoignent leur domicile conjugal, ils interférent dans nos problèmes. Et nous on leur a fait savoir que cela est dans nos prérogatives parce que nous sommes là pour protéger les enfants. Donc nous nous œuvrons au quotidien pour éviter les mariages des enfants.»

Source Entretien avec un instituteur à Médina Yoro Foulah (Kolda):

§ Aux parents des jeunes filles et aux jeunes filles :

Les parents doivent :

1. Laisser leurs jeunes filles suivre une éducation de qualité afin qu’elles puissent réussir à l’école et se construire un destin meilleur ;

2. Dissuader d’autres parents qui envisagent de donner leurs jeunes filles en mariage en faisant preuve de diplomatie ;

3. Créer un cadre de dialogue entre eux et leurs jeunes filles pour mieux cerner les aspirations de celles-ci et les accompagner à atteindre ces aspirations ;

4. Les femmes doivent sensibiliser leurs époux pour prévenir le mariage des enfants en mettant en avant les risques qu’encourt la jeune fille lorsqu’elle est précocement donnée en mariage ;

5. Les femmes doivent également échanger constamment avec leurs jeunes filles sur la sexualité et la santé de la reproduction pour prévenir les risques de grossesses précoces ; 6. Le respect de l’âge de la majorité pour se marier et la liberté de choix du conjoint doivent

être accordés aux jeunes filles.

Encadré 9 : «On doit demander aux parents d’arrêter les mariages d’enfants...»

«Dans les villages, les filles découvrent très tôt le sexe. Les parents ayant peur que leurs filles tombent enceintes et étant pauvres, ils les donnent en mariage. Certains aussi, s’ils voient un homme riche, ils lui donnent leur fille même si cet homme est vieux.

Certaines mamans aussi n’acceptent pas que leurs filles discutent souvent avec elles. Elles les repoussent et finalement si la fille n’a pas quelqu’un avec qui partager elle fait ce qu’elle veut. Certaines aussi interdisent à leurs filles de sortir. Le jour où elle a l’occasion de sortir

elle va profiter. Si tu n’es pas collée à ta maman tu vas être collé à qui ? Moi si j’ai une fille je vais être proche d’elle. On doit demander aux parents d’arrêter les mariages d’enfants. Ce n’est pas bon. Les personnes avant et aujourd’hui sont différentes. La fille ne doit pas se marier avant 18 ans. Elle ne comprend rien du mariage, tout ce qu’elle fera dans ce ménage comme péché elle va partager ça avec son père qui l’a obligé à se marier.»

Source : Jeune fille mariée de 17 ans, Kolda

À la CONAME, à ses membres et aux organisations actives dans la protection de l’enfance :

1. Accompagner l’Etat dans la mise en œuvre des programmes de santé de la reproduction dans les écoles en élaborant, par exemple, des boîtes à images de sensibilisation ; 2. Mettre en place, avec l’appui des autorités locales, des projets visant à renforcer

davantage la scolarisation des filles notamment dans les zones où sévit le mariage des enfants ;

3. Appuyer les acteurs communautaires dans l’organisation de campagnes de communication sociale de proximité pour lutter contre le mariage des enfants ;

4. S’appuyer sur les radios communautaires pour organiser des émissions hebdomadaires de sensibilisation sur le mariage des enfants en impliquant les acteurs communautaires notamment les chefs religieux et coutumiers ;

5. Initier des ateliers de renforcement des capacités des femmes dans les milieux ruraux pour renforcer le leadership féminin et permettre aux femmes d’avoir voix au chapitre dans les prises de décisions en lien notamment avec l’avenir de leurs jeunes filles ; 6. Mener des campagnes de plaidoyer auprès des autorités étatiques pour l’application

rigoureuse des lois réprimant la pratique du mariage des enfants et l’adoption de nouvelles lois plus contraignantes y compris pour relever l’âge du mariage à 18 ans pour les filles sans exception.

Liste des documents consultés

CONAME, 2018. Note d’orientation. Mariages d’enfants au Sénégal: Des progrès à consolider pour en finir avec les mariages d’enfants, CONAME, 2018.

Filles Pas Épouses, 2013. Cartographie du mariage précoce en Afrique de l’Ouest. Une étude des tendances, des interventions, des méthodes efficaces, des bonnes pratiques et la voie à suivre, https://www.girlsnotbrides.org/documents/119/Ford-Foundation-West-Africa-report-FRENCH-2013_09.pdf.

Plan international et Filles, Pas Épouses, 2020. COVID-19 et mariage des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre, Note de positionnement conjointe, août,

https://www.girlsnotbrides.org/documents/963/COVID-19-et-mariage-des-enfants-en-Afrique-de-lOuest-et-du-Centre.pdf.

Plan international, 2016, Famille, honneur et rêves brisés : le cas des filles-épouses au Mali, Niger et Sénégal, Morgan, J., https://www.fillespasepouses.org/documents/650/Plan_Famille-honneur-et-r%C3%AAves-bris%C3%A9s_Web.pdf.

République du Sénégal, Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Direction de la Famille, 2017. Analyses des Déterminants Sociaux Culturels et Économiques des Facteurs favorisants les Mariages d’Enfants dans les Régions de Diourbel- Fatick-Kaffrine-Kédougou- Kolda-Louga-Matam-Tambacounda et de Sédhiou, Rapport d’étude, Consultant Moussa B.

Sall, Janvier 2017, 79 p.

République du Sénégal, Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, 2020, Plan Sénégal Émergent – Plan d’Actions Prioritaires Ajusté et Accéléré (PAP2A) 2019-2023 https://www.economie.gouv.sn/sites/default/files/fichier/PAPv10122018-DEFINITIF.pdf.

Save the Children International, 2018. Still left behind: tracking children’s progress against the pledge to Leave No One Behind (Toujours laissés pour compte : suivi des progrès des enfants

par rapport à la promesse de n’oublier personne),

https://resourcecentre.savethechildren.net/node/13589/pdf/still_left_behind_low_res.pdf.

UNICEF et Save the Children International, 2020. Impacts de la crise COVID-19 sur les enfants au Sénégal, Policy brief, https://senegal.un.org/sites/default/files/2020-11/20176_UNICEF_PolicyBrief_C-v10_RC_WEB_002%5B1%5D.pdf.

UNICEF, 2018. Situation des enfants et des adolescents au Sénégal : diagnostic et analyse, étude produite par le Groupe d’Étude de Recherche et d’Appui au Développement (GERAD) pour l’UNICEF, Janvier 2018.

World Vision, 2016. Ensemble pour un Sénégal sans mariage d’enfants, https://www.wvi.org/sites/default/files/brochure%20ESSME%20web.pdf.