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d

où u et d sont respectivement la vitesse et le diamètre hydraulique équivalent à la sortie de la zone précédente.

A la fin de chaque simulation, tous les champs sont sauvegardés pour être utilisés comme conditions initiales de la simulation correspondant au pas de temps suivant pour la même zone.

2.3 Couplage neutronique - transport

Le couplage entre la neutronique et le transport est effectué de la façon la plus simple qui soit : ces simulations sont effectuées l’une après l’autre pour un même pas de temps. Connaissant l’état du réacteur à l’instant t, la source de neutrons correspondant aux précurseurs présents est utilisée pour connaître le taux de fissions en tous points du réacteur entre t et t + dt. A partir de celui-ci, la source de précurseurs est calculée et utilisée pour la simulation hydraulique sur le même pas de temps. Il ne faut pas confondre ce pas de temps avec celui qui est utilisé en interne à la simulation hydraulique, et qui peut être beaucoup plus court. Puis le cycle recommence pour le pas de temps suivant.

Le choix du pas de temps est crucial : trop court, le temps de calcul augmente considérable-ment ; trop long, les aspects neutronique et hydraulique ne peuvent plus être considérés comme indépendants sur cet intervalle.

2.3.1 Source de précurseurs

Si l’on note Cila concentration de précurseur i,λisa constante de décroissance,βisa fraction de création, F le taux de fission etνle nombre moyen de neutrons par fission, alors on a :

d

dtCi= −λiCiiνF

Ciet F sont des champs dépendant de l’espace.λietβisont les constantes récapitulées table 2.4. La source de précurseurs donnée à Trio_U peut donc être calculée à partir de la concentration au début du pas de temps et du champ de fissions.

Cependant, même avec un champ de fissions supposé indépendant du temps, le calcul peut devenir numériquement instable si le pas de temps est trop long et queλiCidt devient du même

ordre de grandeur que Ci. La plus grande valeur de λi étant 3.01 s−1, le pas de temps doit être inférieur à 0.33 seconde. Il s’avère que la simulation présente une bonne stabilité avec un pas de temps de 0.1 seconde. Comme tous les phénomènes qui ont lieu dans le réacteur, à l’exception de situations accidentelles très violentes, ont un temps caractéristique supérieur, cette valeur de 0.1 seconde est conservée comme pas de temps constant.

Il reste à connaître le champ de fissions. MCNP n’est pas prévu pour délivrer des champs dé-pendant de l’espace, mais plutôt des valeurs intégrales sur toute une zone du réacteur, le nombre de zones ne pouvant pas être augmenté à l’infini. Une procédure a donc été spécialement déve-loppée et intégrée à MCNP pour écrire la valeur du champ de fissions en chaque maille d’un maillage tridimensionnel structuré régulier. Connaissant le champ de fissions sur ce maillage, il faut ensuite le convertir pour l’adapter au maillage de chaque zone de la simulation hydrau-lique, dont plusieurs sont bidimensionnels axisymétriques, avant de pouvoir calculer la source de précurseurs donnée à Trio_U. En particulier, le champ de fissions dans un canal est supposé dépendre uniquement de la coordonnée verticale z, et il est approximé par une fonction poly-nômiale de z. Des précautions sont prises lors de ces conversions de maillage pour conserver rigoureusement le nombre total de fissions, au prix quelquefois de disparités systématiques entre une maille et ses voisines, notamment dans les plenums.

2.3.2 Source de neutrons

La source de neutrons se déduit de façon immédiate des champs de concentration des précur-seurs. Si on la note S, alors on a la relation :

S =

i

λiCi (2.1)

Ceci nous donne la localisation des neutrons émis. Leur direction d’émission étant supposée isotrope, il reste à définir leur énergie. Le spectre d’émission utilisé est celui de l’uranium 235 en spectre thermique tel que décrit dans [65]. Il est repris table 2.5.

Cependant, MCNP utilise pour générer les neutrons sources (avec la carte KSRC) un spectre décrit par 32 intervalles d’énergie équiprobables. Pour calculer ces intervalles, nous avons ap-proximé le spectre précédent par une fonction analytique, puis déduit de cette fonction les inter-valles équiprobables. L’approximation du spectre cumulé (intégré depuis E = 0) utilisée est la suivante :

Z E 0

P(E)dE = −2.8 ∗ E ∗ e−E/0.28+ 1 − e−E/0.28

l’énergie étant exprimée en MeV. Les intervalles équiprobables qui s’en déduisent sont résu-més table 2.6.

TAB. 2.5 – Spectre d’émission des neutrons retardés tel qu’il est disponible dans les bases de données.

Energie minimum (eV) Energie maximum (eV) Proportion de neutrons

3.106 1.7.107 0.002 1.4.106 3.106 0.032 9.105 1.4.106 0.103 4.105 9.105 0.307 105 4.105 0.389 1.7.104 105 0.093 3.103 1.7.104 0.013 550 3.103 0.001 100 550 0

TAB. 2.6 – Bornes supérieures des intervalles d’énergie équiprobables utilisés par MCNP

Energie (MeV) Energie (MeV) Energie (MeV) Energie (MeV) 0.0352339 0.0646701 0.0913105 0.116348 0.14041 0.163887 0.187046 0.210087 0.233175 0.256448 0.280036 0.30406 0.328644 0.353915 0.380012 0.407086 0.435312 0.464891 0.496062 0.529117 0.564416 0.602417 0.643717 0.689118 0.739736 0.797194 0.863996 0.944312 1.04591 1.18611 1.419650 3.5

2.3.3 De la source de neutrons aux fissions

Pour pouvoir transporter les précurseurs de neutrons retardés, nous les soustrayons artificiel-lement de la réaction en chaîne. Du point de vue de la simulation neutronique par MCNP, le réacteur ne produit pas de neutrons retardés, il est donc sous-critique. Les précurseurs de neu-trons retardés sont produits et transportés comme décrit précédemment, et nous donnent accès à la source de neutrons retardés. Le réacteur, sous-critique prompt, est donc considéré comme un milieu multiplicateur pour cette source retardée. En première approximation, nous pouvons supposer que la multiplication prompte est instantanée comparée aux temps qui nous intéressent. Nous verrons par la suite comment il est possible de ne pas faire cette hypothèse.

Théoriquement, il est très facile de déduire le nombre et la distribution des fissions engen-drées par les neutrons sources. Il suffit de transporter ces neutrons en suivant l’ensemble de la réaction en chaîne prompte, MCNP permettant de déterminer les lieux des fissions. Il y a

ce-pendant un obstacle à cette approche. Le calcul étant stochastique, il faut conserver une erreur statistique faible. Or, la variance de la longueur des chaînes de réactions pour un neutron source, et donc la variance du nombre de fissions, tend vers l’infini quand le coefficient de multiplication effectif prompt ke f fp tend vers 1 [63]. Dans le cas qui nous intéresse, 1 − ke f fp vaut quelques cen-taines de pcm, et la puissance du réacteur est dominée par quelques rares chaînes très longues. Dans ces conditions, sachant qu’une de ces très longues chaînes peut coûter de plusieurs minutes à plusieurs dizaines de minutes de calcul, l’approche directe est prohibitive.

C’est pourquoi nous allons utiliser une propriété que nous avons déjà remarquée en 2.1.4 : en considérant séparément les générations de neutrons, les coefficients de multiplication prompts successifs kipconvergent rapidement vers le coefficient de multiplication effectif prompt ke f fp du réacteur. Nous avions vu que pour des positionnements extrêmes de la source, seulement huit générations se distinguaient nettement des suivantes. Dans les cas qui se présentent dans le ré-acteur, nous avons vérifié qu’au plus cinq générations étaient singularisées. Le nombre total de fissions engendrées par un neutron source est donc :

Nf = 1 ν k p 1+ k1pk2p+ . . . + k1p. . . k5p+ k1p. . . k5p k p e f f 1 − ke f fp !

Comme la simulation se fait génération par génération, la détermination des kipne souffre pas d’une variance excessive. De plus, MCNP est spécialement optimisé pour obtenir la meilleure valeur possible de ke f fp . Enfin, la valeur de ke f fp étant par définition indépendante de la source, tant que le réacteur ne change pas, elle reste constante et cette simulation peut être effectuée une fois pour toutes. Outre ke f fp , nous conserverons la distribution de fissions pour les générations supérieures à cinq, Fe f f. A chaque pas de temps, nous aurons donc simplement à simuler cinq générations. Pour chacune d’elles, nous conserverons la valeur de kipet la distribution des fissions

Fi, dont l’intégrale volumique vaut kip. Le champ de taux de fissions F vaudra donc :

F = Ns F1+ k1pF2+ . . . + k1p. . . k4pF5+k p 1. . . k5p 1 − ke f fp Fe f f ! (2.2)

où Ns est le nombre de neutrons source par seconde. Vérifions maintenant si l’hypothèse selon laquelle la multiplication prompte est rapide devant un pas de temps est justifiée. La durée de génération l entre une fission et la précédente dans la chaîne vaut 0.27 milliseconde. Selon la cinétique point [17], la population neutronique décroît avec un temps caractéristique de l

1−ke f fp

après la source. Nous verrons dans la partie II que cette estimation n’est pas toujours exacte, mais qu’à proximité de la criticité, elle constitue une très bonne approximation. La sous-criticité étant du même ordre de grandeur que la fraction de neutrons retardés, soit quelques centaines de pcm, le temps de décroissance est de plusieurs dizaines de millisecondes (60 millisecondes au régime nominal). Il n’est donc pas négligeable devant le pas de temps, qui vaut 0.1 seconde, et peut lui devenir supérieur en cas d’insertion de réactivité. Il faut donc oublier cette hypothèse.

Les cinq premières générations, quant à elles, sont immédiates à l’échelle du pas de temps. Nous pouvons donc séparer les premiers termes de 2.2 qui resteront instantanés, du dernier qui

doit être reformulé. Pour cela, nous introduisons une nouvelle variable N(t), le nombre de neu-trons présents dans le réacteur dont la génération est supérieure à cinq. La durée de vie de ces neutrons est l, et chacun d’eux en disparaissant induit ke f fpfissions selon le champ Fe f f. Le dernier terme de 2.2 peut donc se réécrire N(t)l Fe f f. Chacune de ces fissions recréeνneutrons de génération supérieure à cinq. D’autre part, le réservoir de ces neutrons de génération supérieure à cinq est alimenté par les fissions de la cinquième génération, dont le taux est k1p. . . k5pNs(t). Nous

avons donc le système d’équations :

F(t) = Ns(t) F1+ k1pF2+ . . . + k1p. . . k4pF5 +N(t) l Fe f f (2.3) d dtN(t) = k p 1. . . k5pNs(t) −1 − k p e f f l N(t) (2.4)

On peut vérifier que dans la limite l → 0, N(t) est immédiatement à sa valeur d’équilibre et ce système se réduit à l’équation 2.2. La simulation neutronique au cours d’un pas de temps comprend donc les étapes suivantes :

– Calcul des kipet Fipar MCNP pour les cinq premières générations. – Evolution de N(t) au cours du pas de temps selon 2.4

– Calcul du champ de fissions total selon 2.3 en utilisant pour N(t) la valeur moyenne sur le pas de temps.

Dans la pratique, il s’avère que le premier terme de 2.3 est négligeable devant le second, mais nous le conservons car aucun gain de temps significatif ne peut être obtenu de cette simplification.