• Aucun résultat trouvé

Corrections pré-identification

2.4 Nettoyage des cartes d’identification

2.4.1 Corrections pré-identification

Empilement dans les détecteurs silicium

Pour améliorer la précision sur l’identification, plusieurs outils sont à notre dispo-sition. Le premier est donné directement lors de l’acquisition par le dispositif Faster. Il s’agit d’un outil de détection d’empilement de signaux dans les détecteurs connectés sur une entrée ADC, comme les détecteurs silicium. Cela permet de supprimer certains événements dont l’énergie mesurée dans les diodes est faussée, ce qui sur une carte ∆E-E peut déplacer un événement sur une autre ligne d’identification. Cet outil a permis de supprimer au maximum 3 % des événements aux plus faibles angles sur la carte ∆ESi fin

-ESi épais. Le nombre de ces événements décroit ensuite avec l’angle (0,15 % à 23°). Sur

la carte ∆ESi fin-ESi épais, ces événements étaient généralement situés aux faibles valeurs de ∆ESi fin et pour toutes les valeurs de ESi épais, polluant ainsi principalement les lignes d’identification des fragments de Z = 1. Sur la carte ∆ESi épais-ECsI, l’importance de cette correction était bien plus faible (< 1 % dès 3°).

Interactions dans les armatures des détecteurs silicium

Les diodes silicium utilisées sont présentées en figure 2.16. Sur cette figure, la surface hachurée représente la surface active du détecteur. Le détecteur est entouré d’une

arma-Figure 2.16 – Composition et dimensions des diodes silicium utilisées.

ture métallique dans laquelle une partie des particules vont interagir. Or, si une particule traverse la partie située juste en dehors de la surface active (partie représentée en bleu sur la figure), il se peut qu’elle ionise suffisamment le milieu pour créer un signal dans le détecteur. Mais le champ électrique dans cette partie du détecteur étant différent, la collection de charges n’est pas correcte, ce qui a pour effet de créer un signal électrique déformé, étalé en temps, et ayant une amplitude non proportionnelle à l’énergie déposée par la particule. Ces événements ont donc une position incorrecte sur la carte ∆E-E. De plus, ils sont émis hors de l’angle solide calculé en utilisant la surface active du détecteur silicium et ne doivent pas être pris en compte lors du calcul des sections efficaces.

Lors de l’acquisition, Faster fournit une mesure du temps ∆t entre le début du signal et l’instant où l’amplitude de ce signal est maximale. Cette donnée permet alors une discrimination sur le temps de montée du signal et de trier ces signaux déformés. Pour cela, une carte représentant l’énergie déposée dans le détecteur silicium étudié en fonction de cette valeur ∆t est créée. Un exemple d’une telle carte est montré en figure 2.17, sur laquelle sont entourés en rouge les événements rejetés. À faible angle, ces événements peuvent contribuer jusqu’à 20 % du nombre d’événements total sur la carte

∆ESi fin-ESi épais. Ce nombre diminue ensuite avec l’angle (5 % à 23°).

Perte de linéarité des photomultiplicateurs

Pour les mesures aux faibles angles, les télescopes sont exposés à des ions 12C du faisceau diffusés. Ces ions et certains fragments les plus lourds ayant une énergie proche de celle du faisceau atteignent le détecteur avec une grande intensité et provoquent une perte de linéarité des photomultiplicateurs. Cela entraîne un décalage des événements à la fin des lignes d’identification pour ces éléments, ce qui implique que les lignes d’identification ajustées ne sont plus valables. Ce phénomène est observé particulièrement pour le télescope fixe à 3° et pour les mesures à 5°. Pour remédier à ce problème, les lignes d’identification ont été modifiées à la main pour obtenir une superposition correcte avec la carte expérimentale. Le résultat est montré en figure 2.18, sur laquelle les lignes issues de l’ajustement de KaliVeda sont présentées en traits pointillés et les lignes modifiées à la main sont présentées en traits pleins.

2.4. Nettoyage des cartes d’identification

Figure 2.17 – Représentation de l’énergie déposée dans le silicium épais en fonction de l’intervalle de temps ∆t entre le déclenchement du détecteur et la position du maximum du signal généré.

Interactions et « fuites » dans le scintillateur

En traversant le scintillateur, certaines particules peuvent subir des interactions nu-cléaires avec les noyaux du détecteur. Ces réactions peuvent parfois conduire à la frag-mentation de la particule et changent donc la production de lumière au sein du scin-tillateur. Comme la valeur d’énergie déposée dans le silicium épais reste inchangée, cela a pour effet de créer des lignes horizontales sur les cartes ∆E-E. Un autre phénomène est responsable d’un effet similaire sur les cartes. Il s’agît de la fuite de certaines parti-cules par les parois du scintillateur. Bien que les CsI aient été usinés de forme conique pour minimiser ces fuites, il semblerait que ce ne soit pas suffisant pour les supprimer complètement. Ceci peut être dû à des fragments légers créés dans le scintillateur ayant un parcours plus long que le détecteur. Ces traînées horizontales sont surtout visibles pour les12C de haute énergie (visible uniquement à faible angle), pour les α et pour les isotopes de l’hydrogène. Elles sont visibles sur la figure 2.19(a) pour le carbone et sur la figure 2.19(b) pour les Z = 1 et Z = 2.

Comme l’énergie déposée dans le CsI n’est pas mesurée mais calculée à partir du dépôt d’énergie dans le silicium épais, ces événements peuvent être comptabilisés, à condition d’être correctement identifiés. Or, ces événements, en plus de ne pas faire partie des lignes d’identification, forment des lignes horizontales qui se superposent aux hyperboles d’autres fragments de masses inférieures (voir figure 2.19). Lors de l’identification, ces événements seront soit perdus, soit associés à une autre particule. Il faut donc trouver

Figure 2.18 – Ajustement manuel des lignes d’identification pour des mesures où une perte de linéarité des PM est constatée.

(a) (b)

Figure 2.19 – Traînées horizontales créées sur les cartes ∆E-E lors de la fragmentation de la particule dans le scintillateur ou par la fuite de la particule par les parois du télescope. (a) traînée engendrée par le carbone, (b) traînées engendrées par les particules

2.4. Nettoyage des cartes d’identification (a)

1,2,3H

3He

(b)

Figure 2.20 – Étapes de la technique utilisée pour récupérer les événements de la traînée

α qui polluent les lignes des isotopes de l’hydrogène et des 3He. Une première sélection

(a) est appliquée sur la carte rapide-total pour isoler ces éléments et une deuxième (b) est appliquée sur la carte ∆E-E pour récupérer tous les événements de la traînée. une méthode pour récupérer ces événements et empêcher la pollution d’autres lignes d’identification.

Pour ce faire, nous avons utilisé conjointement la méthode d’identification ∆E-E et l’analyse en forme du signal. Afin de décrire précisément la technique employée, nous prendrons la récupération des particules α comme exemple. La ligne horizontale engen-drée par ces particules pollue les distributions des3He et des trois isotopes de l’hydrogène. Sur la carte d’identification rapide-total, une sélection graphique a été réalisée autour de ces quatre éléments (figure 2.20(a)). Ensuite, la carte ∆E-E est construite sans les événements de la précédente sélection (figure 2.20(b)). Cela permet alors de sélectionner les événements de la traînée horizontale et de les identifier comme particules α. Les 3He étant beaucoup moins produits que les4He, la proportion d’α polluant les3He atteignait 36 % de leur statistique à 5°. Pour les protons, elle atteignait 10 %. Ce phénomène n’est plus visible pour les ions carbone dès 9°, et à partir de 23° pour les protons et α. Le même procédé est appliqué pour les isotopes de l’hydrogène. Concernant la traînée de

12C, la même technique a été employée pour nettoyer les lignes polluées des isotopes du lithium. Il a cependant été impossible d’utiliser cette technique pour nettoyer celles des isotopes du béryllium, du bore et du carbone, qui ne sont pas dissociables sur la carte rapide-total à basse énergie. Cette pollution sera alors prise en compte dans le calcul des barres d’erreur pour ces isotopes.

Empilement de deux particules α

Lors de la fragmentation du projectile, il peut arriver que deux fragments soient émis sensiblement au même angle. Si ces particules sont émises à la même vitesse, elles peuvent alors atteindre un télescope simultanément. Ces deux particules sont alors confondues en un même événement et l’énergie mesurée dans les détecteurs est la somme des énergies des deux particules. L’empilement de deux particules le plus courant est celui de deux

particules α, majoritairement issus de la désintégration du8Be. Cet isotope a une durée de vie très courte (6.7 × 10−17s) et se désintègre en deux particules α. Afin de récupérer ces événements dans la statistique des4He, l’identification par la méthode rapide-total a été utilisée. En effet, à cause de la non linéarité de la production de lumière dans le CsI, les événements issus de l’empilement 2α créent une nouvelle ligne, clairement séparée des lignes correspondant aux fragments (voir figure 2.21(a)). Il est alors possible de créer une sélection graphique de cette ligne pour les isoler avant l’identification

∆E-E. La figure 2.21(b) représente ces événements isolés sur la carte ∆E-E, superposés à

la grille d’identification KaliVeda. Comme le montre cette figure, la contribution de cet empilement se retrouve majoritairement confondue avec les lignes d’identification des isotopes du lithium sur la carte ∆E-E. Une fois ces événements isolés, ils peuvent être identifiés en tant que particules α et ne pollueront plus la statistique des isotopes du lithium. Un événement de cette sélection est alors compté deux fois dans la distribution des4He. L’énergie de ces particules est ensuite déterminée à partir de l’énergie déposée dans le silicium épais, au préalable divisée par deux.

L’évolution de cette contribution « 2α » dans les distributions du lithium en fonc-tion de l’angle est représentée en figure 2.22. À 3°, cette contribufonc-tion est grandement diminuée, grâce à la plus grande distance du télescope à la cible, qui réduit l’angle solide couvert par le détecteur. La plus grande proportion d’événements 2α se trouve donc à 5°, où elle atteint 31 %. Elle diminue ensuite rapidement avec l’angle, pour descendre sous 5 % après 20°. La figure 2.22 représente également l’évolution de l’importance de la correction 2α à la statistique totale des particules α. À 5°, elle est d’environ 10 %, mais diminue rapidement avec l’angle.

En amont de l’identification, des corrections importantes ont été rendues possibles grâce au système d’acquisition Faster. En effet, toutes les corrections présentées ci-dessus ont utilisé différentes fonctionnalités de ce système : la détection de l’empilement de signaux et la mesure du temps de montée du signal pour les détecteurs connectés aux entrées ADC, et l’analyse en forme du signal pour le scintillateur plastique. Ceci nous a permis de réduire considérablement le bruit de fond sur les cartes ∆E-E et de prévenir de mauvaises identifications. Cependant, de nouvelles corrections ont été nécessaires après l’identification par la méthode ∆E-E.