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CHAPITRE 3 : LES ÉMOTIONS COMME JUGEMENTS

A- Différentes théories sur l’émotion

3- Convenance et justesse

Pour autant, une telle interrogation quant à la pertinence émotionnelle recouvre deux niveaux d’analyse que Justin D’Arms et Daniel Jacobson identifient et que Laure Rivory expose très clairement dans son travail de thèse130. En découplant la convenance de la justesse, ils affinent l’étude

des émotions vécues :

However, to see when and how moral consideration can properly be brought to bear on issues of emotional fittingness and property ascription, one must distinguish between moral assessments of feeling an emotion and moral considerations about its object. This will be made clear if we first consider an analogous distinction between prudential considerations about emotions and their objects131.

Le premier type d’interrogation, portant sur la convenance, c’est-à-dire sur l’acception culturelle de tels types d’émotions dans des contextes donnés, s’attacherait à la dimension subjective et révélatrice de l’émotion. Elle s’axe autour d’un intérêt particulier et ne se comprend que dans un système de règles sociales intégrées. Est-il convenable d’éprouver et d’exprimer un sentiment de colère en réunion professionnelle ? Cela risque-t-il d’entraver mes chances d’être promu à un poste aux responsabilités plus importantes ? Dans ces questionnements, le sujet

130 Approche épistémologique et conceptuelle du rôle des émotions au sein de la rationalité, thèse en cotutelle (Dir. Luc Faucher et Pierre Livet), Université du Québec à Montréal et Université de Provence-Aix Marseille 1, 2011, p.69.

131 « The Moralistic Fallacy : On the ‘Appropriateness’ of Emotions », Philosophy and

Phenomenological Research, Vol. 61, No.1, 2000, p.73 (URL : https://www.jstor.org/stable/2653403, consulté le 23.07.18). Par la justesse de la correspondance entre l’émotion et l’objet visé, D’Arms et Jacobson entendent la pertinence de l’évaluation émotionnelle. En effet, une émotion de peur pourrait tout autant correspondre à une réalité objective, par exemple la présence d’un danger réel, qu’à une réalité déformée face à un danger inexistant. Plus loin dans le texte, les deux auteurs écrivent « We suggest that considerations of fittingness can be divided into two kinds, corresponding to two dimensions of fit : one can criticize an emotion with regard to its size and its shape », Ibid., p.87.

met l’accent sur ce qui est convenable socialement et, par extension, profitable à son intérêt.

En revanche, le second type d’interrogation porte sur la rationalité des émotions et non plus sur leur convenance contextuelle. Visant à l’objectivité, il passe au crible de la critique les propriétés que l’émotion reconnait à l’environnement. Par exemple, une émotion de peur face à des valeurs religieuses différentes pourrait ainsi inviter le sujet à s’interroger sur les concepts de « valeur », de « religion », de « valeur religieuse », etc. Cette analyse conceptuelle, en interrogeant les croyances véhiculées par les émotions, mesure ainsi leur degré de justesse afin d’améliorer la qualité rationnelle du jugement, au-delà de toute convenance culturelle. Son objectif sera de critiquer la dimension cognitive de l’émotion afin d’en mesurer la pertinence au regard de l’objet valorisé. Il s’agira ici de critiquer le contenu cognitif de l’émotion et non plus son degré d’acceptation sociale.

3.1-Une affaire de choix

Ces deux formes de rationalité, subjective et objective, ne sont pourtant pas étrangères l’une à l’autre et encore moins irréconciliables. Comme nous l’avons vu plus en avant au sujet de la tripartition de l’âme platonicienne132 les émotions, rangées sous le terme générique de

passions, ont souvent été envisagées en Occident, de la philosophie

jusqu’au sens commun, comme un possible obstacle au bon fonctionnement de la raison qui, en retour, pourrait être à même de les tempérer. Dès lors, l’humain ne pourrait être sage qu’en s’en protégeant. Cette représentation classique d’une raison dénuée d’affect repose

pourtant sur un fait indéniable : des passions trop vives, des émotions inadéquates, peuvent avoir de graves conséquences, ne serait-ce qu’en terme de survie. Les livres d’histoire abondent d’exemples où des émotions de peur, développées en sentiment de haine, ont pu conduire aux pires catastrophes. Pour autant, comme nous le rappelle Laure Rivory, pas plus que les dentistes n’« arrachent les dents pour qu’elles ne fassent plus mal »133, les humains ne devraient se délester de leurs émotions pour

les « bêtises »134 qu’elles engendrent, car même si certains philosophes,

tels Aristote, Descartes ou encore Hume, ont reconnu la dimension physiologique de la raison, les découvertes des neurosciences au sujet des émotions ne peuvent plus laisser aucun doute sur la place et le rôle qu’elles y occupent. Ce sera pourtant du monde de l’économie que naîtra la véritable révolution axiologique de la rationalité.

3.2-Rationalité limitée

Les travaux du prix Nobel d’économie135 Herbert Simon auront apporté un

éclairage essentiel quant à l’imbrication de la raison et de l’émotion dans les choix formulés par l’humain. Loin de se satisfaire de la théorie du choix rationnel (comme une opération idéale de l’esprit et désigné par le concept d’« homo œconomicus »136), que tout agent formulerait face à un

choix quelconque et dont il décrit l’approche commune :

Sometimes the term rational (or logical) is applied to decision making that is consciously analytic, the term non rational to

133 Nietzsche, Le Crépuscule des Idoles, Trad. H. Albert, Paris, Mercure de France, 1952, p. 110- 111 cité par Laure Rivory dans Approche épistémologique et conceptuelle du rôle des émotions au sein de la rationalité, op. cit., p.80.

134 Ibid., p.80. 135 En 1978.

136 Pierre Demeulenaere, Homo Oeconomicus, Paris, Presses universitaires de France, 1996 ; réédition collection Quadrige 2003. L’homo œconomicus est un acteur rationnel capable de maximiser les effets de son action en fonction de l’utilité maximale qu’il pourrait en tirer.

decision making that is intuitive and judgmental, and the term irrational to decision making and behaviour that responds to the emotions or that deviates from action chosen « rationally »137.

Simon relève des facteurs plus intuitifs dans la prise de décision. Loin d’apparaitre comme un agent entièrement guidé par ses décisions rationnelles et optimales, l’humain répondrait essentiellement à des choix ancrés dans un environnement particulier et des émotions qui lui sont propres. Dès 1947 Simon écrit à propos de la rationalité qu’il tente d’approcher au sein d’une administration :

The need for an administrative theory resides in the fact that there are practical limits to human rationality and that these limits are not static, but depend upon the organizational environmental in which the individual’s decision takes place. The task of administration is so to design this environment that the individual will approach as close as practicable to rationality in his decision138.

De ce constat, une rationalité dite « limitée » plutôt qu’« optimale » correspondrait davantage à la réalité des choix. Les émotions pourraient ainsi faire partie de ces formes de connaissances rapides et préconscientes. En effet, dans ses décisions économiques, l’humain ne reflète pas celles qu’aurait prises un agent dont le choix serait le fruit d’une logique formelle et d’un calcul des probabilités. Un tel agent, que propose la rationalité « néoclassique », optimiserait ses choix de façon utilitaire. Comme le souligne Jon Elster, rapporté par Laure Rivory :

137 Simon, H., « Making Management Decisions: the Role of Intuition and Emotion », Academy of

Management Perspectives, VOL. 1, NO. 1, 1 Feb., 1987, p.57.

138 Simon, H., Administrative Behavior: a Study of Decision-Making Processes in Administrative

Le principe fondamental de la théorie est on ne peut plus simple : l’agent choisi l’action dont les conséquences sont, de son point de vue, meilleures que les conséquences de toute autre action faisable. On ajoute ou présuppose que les croyances de l’agent sont elles-mêmes formées de manière rationnelle, en tenant compte de toute l’information pertinente139.

En d’autres mots, l’agent déciderait de façon logique un certain nombre de variables afin de maximiser ses actions, au vu de ses intérêts. Or, une telle capacité à faire les choix les plus éclairés rencontre une pléthore d’obstacles dans la réalité. Se penchant sur le concept de « rationalité optimale », Simon140 analyse la déduction entre différents éléments que

nécessite le processus mental141 menant du but à atteindre aux choix

rationnels qui le concrétise. Trois impératifs sont alors identifiés : un but fixé, l’exécution des actions rationnelles y conduisant et les moyens de cette même exécution. Dans cette linéarité, le second impératif est déduit par le troisième. En effet, c’est par le choix du moyen le plus optimal que découlera l’action la plus rationnelle. Or, la réalité vécue est plus complexe qu’une équation mathématique en ce que la prise en considération de tous les paramètres qu’elle recèle déborde largement les capacités humaines. Les moyens à considérer dans l’exécution d’un projet sont si nombreux que la maximisation semble toujours hypothétique. Par exemple, le choix d’une voiture ne repose pas forcément sur ses caractéristiques objectives (consommation de carburant, multiples options, etc.), mais également sur ce qu’elle représente affectivement pour l’acheteur (représentation subjective de la forme, de l’image à laquelle le véhicule renvoi, etc.). Idem concernant le choix d’un livre susceptible d’aider à la rédaction d’un

139 Le laboureur et l’enfant, deux essais sur les limites de la rationalité, éd. de Minuit, Paris, 1987, p.4, cité par L. Rivory dans Approche épistémologique et conceptuelle du rôle des émotions au sein de la rationalité, op. cit., p.102.

140 Simon, H., «The Logic of Rational Decision », Models of Discovery, Reitel, 1965, p.136-153. 141Nous aborderons dans la deuxième partie cette notion de « processus mental » en tant qu’intelligence, c’est-à-dire comme faculté réflexive à établir des liens entre des éléments.

quelconque travail. Comment savoir qu’il est le mieux adapté à nos besoins ? N’y en aurait-il pas un autre mieux adapté mais que l’on ne connaîtrait pas ? À défaut de pouvoir être considérées comme optimales, Simon considère avant tout les décisions de l’agent comme satisfaisantes. Ne pouvant, à partir du but fixé, identifier la totalité des moyens y conduisant, il devient peu probable que la personne soit jamais assurée du degré de certitude de son choix. De ce fait, la rationalité optimale représenterait davantage le fantasme d’une raison toute puissante qu’une réalité humaine. Simon différencie ainsi les concepts de « satisfaction » et d’« optimisation » :

The terms satisficing and optimizing, which we have already introduced, are labels for two broads approaches to rational behavior in situations where complexity and uncertainty make global rationality impossible. In these situations, optimization becomes approximate optimization – the description of the real- world situation is radically simplified until reduced to a degree of complication that the decisions maker can handle. Satisficing approaches seek this simplification in a somewhat different direction, retaining more of the detail of the real-world situation, but settling for a satisfactory, rather than an approximate-best, decision142.

Le concept même d’intelligence s’en trouve bouleversé. En effet, si la raison du choix est davantage à penser en termes de satisfaction plutôt que d’optimisation, quelles conséquences pourrait-on retenir quant aux critères de l’intelligence et aux fonctions qui lui sont assignées ? En tant que processus mental ou démarche réflexive s’interrogeant sur les relations entretenues entre divers objets ainsi que de leur nature, le concept d’intelligence sera à questionner au regard des émotions qui

142 Simon, H., « Theories of bounded rationality », Decision and Organization, Éd. C.B. McGuire and Roy Radner, 1972, p.170.

pourraient y participer. Si la prise de décision ne peut reposer uniquement sur la seule raison, comment aborder le « quotient intellectuel » lorsque sa méthode de mesure ne requiert qu’un esprit logique, sans appel aucun aux émotions ?

Autant de questions auxquelles nous essaierons de répondre dans le chapitre suivant et qui nous serviront à mieux comprendre le sujet qui nous intéresse ici, à savoir l’éducabilité émotionnelle que permettrait la méthode Lipman. En effet, si l’un des objectifs de Lipman est d’aider les enfants à penser par et pour eux-mêmes en leur donnant les outils nécessaires à une réflexion rigoureuse, autonome et partagée, son concept de « pensée d’excellence » serait alors à comparer à celui d’intelligence afin d’observer la place et le rôle que les émotions y jouent. Conclusion

Ce que nous pouvons retenir de cette première partie de thèse concernant les émotions est, dans un premier temps, qu’elles ont toujours suscité chez les humains un grand intérêt. Des trépanations exécutées dans l’Égypte antique jusqu’au cerveau triunique de MacLean, les chercheurs ont essayé de comprendre le fonctionnement du cerveau humain et de localiser les zones inhérentes aux émotions. Identifiées comme contraires à la raison, les émotions lui seraient néfastes, l’empêchant de raisonner de façon optimale.

Pour autant, cette vision négative des émotions allait bientôt céder face à un intérêt scientifique accru les concernant. Ledoux et Muller rejettent ainsi en bloc le cerveau triunique de MacLean pour lui substituer un cerveau foisonnant dans lequel ne se trouverait pas un centre unique des

émotions. Au contraire, celles-ci auraient un rôle cognitif important à jouer. Par le biais des hormones et des neurotransmetteurs dont elles dépendent, les émotions renseigneraient le sujet sur son positionnement dans le monde.

Plusieurs théories fleurirent alors à leur sujet. De la théorie périphéraliste de James et Lange à la théorie psycho-évolutive de Plutchik, leur dimension cognitive fut davantage reconnue. Les émotions ne sont plus dès lors appréhendées comme hostiles à la raison, mais participent bien à son fonctionnement. De plus, comme le soulignent Averill et Wierzbicka, elles portent en elles un héritage culturel qui participe à leur normalisation tout en nous renseignant sur ce qui a vraiment de l’importance pour nous. Ainsi, pour Livet, les émotions nous révéleraient nos valeurs les plus ancrées. Elles sont en elles-mêmes, comme le mentionne Tappolet, des valeurs à partir desquelles le sujet oriente sa vie.

Enfin, nous avons suivi les traces de l’économiste Simon qui, en revenant sur le concept de choix optimal que produit l’« homo œconomicus » face à l’acquisition d’un objet, fait de la rationalité limitée une notion phare pour bien comprendre les nombreux paramètres qui participent au choix de chacun(e). En ce sens, Simon ne parle plus de choix optimal mais bien plutôt de choix satisfaisant. En tant qu’être de raison et d’émotions, l’humain semble choisir en fonction de ce qui lui paraît le plus pertinent, le plus satisfaisant au regard de sa particularité. Le choix optimal, auquel toutes et tous devrions adhérer apparaît dès lors comme étranger à la nature humaine.

En s’appuyant sur ce concept de rationalité limitée, nous nous interrogerons dans la deuxième partie de ce travail de thèse sur la nature

même de l’intelligence en tant que capacité à questionner et à comprendre les relations causales régissant un contexte et à y faire des choix pertinents. Nous étudierons ce concept d’intelligence afin d’identifier ce qui la compose et la place qui tiendraient les émotions. À la lumière de ce que nous aurons trouvé à son sujet, nous pourrons alors essayer de comprendre la pensée d’excellence lipmanienne et la possible éducation émotionnelle qu’elle permettrait.

DEUXIÈME PARTIE

INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE ET PENSÉE D’EXCELLENCE

L’objectif de ce travail de thèse étant de vérifier si le programme mis en place par Lipman permettrait d’éduquer les émotions, nous nous attarderons dans cette deuxième partie sur le concept d’intelligence en tant que capacité à critiquer, à questionner les liens de façon rationnelle et à faire des choix pertinents. Si nous choisissons un tel détour par l’intelligence, c’est que la méthode lipmanienne est, à première vue, un exercice réflexif dans le but de renforcer la pensée d’excellence multidimentionnelle des enfants. En ce sens, un tel détour nous permettra de mieux saisir la place qu’occuperaient les émotions dans ce que nous appelons « intelligence ». Grace à ce détour par l’intelligence, nous pourrons alors nous pencher sur la notion d’« intelligence émotionnelle »143 développée dans les années quatre-vingt-dix. La raison

de cette étude est que ce « nouveau » concept renvoi à la capacité de bien gérer ses émotions, de les vivre harmonieusement de façon intra et interpersonnelle. Nous comparerons alors cette intelligence émotionnelle à ce qu’entend Lipman par la « pensée d’excellence » en tant qu’elle embrasse des habiletés de nature différentes et complémentaires sur lesquelles nous nous attarderons au chapitre trois.

Le critère de satisfaction que Simon utilise pour appréhender de façon plus juste les choix de l’« homo œconomicus », s’oppose à un choix seulement rationnel et détaché de toute influence émotionnelle. En effet, en reconnaissant à l’intelligence une capacité à la satisfaction

143 Les précurseurs de ce concept d’« intelligence émotionnelle » sont les psychologues américains Peter Salovey et John Mayer in What Is Emotional Intelligence? Emotional development and emotional intelligence, Ed. BasicBooks, 1990, New York, NY. C’est le psychologue Daniel Goleman qui démocratisa ce concept en 1995 dans Emotional intelligence: Why it can matter than IQ, Ed. Bantam Book, New York, New York.

décisionnelle plutôt qu’à son optimisation, Simon fait déborder la seconde par la première, la théorie par la pratique. Certes, l’intelligence humaine, dans son sens le plus évolutif, en tant qu’adaptation au contexte, inaugure des choix conscients en fonction de ce qui lui semble le plus satisfaisant. Pour autant, vouloir ainsi identifier la solution optimale, idéale, vient buter contre une réalité qui ne pourrait être embrassée par le seul exercice de la raison. En effet, loin de répondre à un problème posé comme le ferait un ordinateur de façon optimale, l’humain s’inscrit dans une dimension holistique qui ressent et s’émeut, jusque dans ses décisions. L’intelligence que définit Simon va alors ouvrir les portes à des conceptions de l’intelligence en opposition totale avec celle qu’Alfred Binet144 proposa à

l’aube du XXème siècle, à savoir le quotient intellectuel en tant que capacité à résoudre de façon logique un problème posé. S’il fut pendant une très grande partie du siècle dernier le seul critère de l’intelligence, la découverte de Simon allait en écorcher la vision rationaliste et idéalisée.

Depuis l’émergence de la philosophie, l’ami de la sagesse a pu être interprété comme un être distant de ses émotions. Par cette distanciation entre raison et émotion, il deviendrait possible d’envisager une critique objective et d’émettre un choix judicieux. Le choix de l’action idéale serait ainsi fixé par des critères exclusivement rationnels, renforçant la méfiance à l’encontre de ce que l’Antiquité désignait par « passion », à savoir l’ensemble de la vie affective. Or, depuis le constat que fit Simon au sujet d’une intelligence ancrée dans la satisfiabilité plutôt que l’optimalité, de nouvelles conceptions de l’intelligence ont foisonné en même temps que

144 Pédagogue et psychologue français, Binet est à l’origine de ce qui allait devenir le « quotient intellectuel » censé mesurer l’intelligence des enfants. C’est dans un article de 1905 intitulé « Méthodes nouvelles pour le diagnostic du niveau intellectuel des anormaux » publié dans la revue L’Année psychologique, vol. 11, qu’il rendra publique ses méthodes psychométriques.

des découvertes neuroscientifiques concernant le rôle joué par les émotions dans la capacité humaine à faire des choix appropriés.

C’est cette évolution que nous étudierons dans cette seconde partie afin de mieux cerner ce que l’on entend généralement par la notion d’intelligence. Qu’est-elle exactement ? À partir de quand une personne, une pensée, un choix, pourraient-ils être qualifiés d’intelligents ? Quelles habiletés l’intelligence requiert-elle et de quelle nature seraient ces mêmes habiletés ? À la lumière de ce que nous découvrirons à son sujet, nous pourrons alors mieux saisir la place qu’occupent les émotions dans