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Les contributions du modèle DE au modèle de R&D

CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE

3.6 Les contributions du modèle DE au modèle de R&D

Sur le plan méthodologique, le modèle complet de design présente plusieurs points communs avec une R&D. D’abord, les deux modèles sont préoccupés par des problématiques concrètes, et cherchent à élaborer des solutions appropriées au contexte. Ces modèles misent également sur une recension des écrits pour organiser leurs stratégies, ils procèdent à une phase de conception et ils passent par plusieurs cycles de mise à l’essai avant de diffuser un produit. Plus spécifiquement, le modèle DE s’intéresse aux intervenants, aux instruments qu’ils utilisent et à leurs interactions au sein d’un environnement d’apprentissage qu’il scrute dans ses moindres recoins. Alors que l’adaptation de notre modèle de VS dans le cadre d’une recherche de développement d’objet s’appuie principalement sur un enjeu pragmatique, l’adaptation d’un modèle DE possède à la fois des enjeux pragmatiques et théoriques. Il place également le chercheur en position de développer des théories qui mèneront à la réalisation de prototypes (Cobb et al., 2003). Plus encore, ce modèle cherche à mieux comprendre les liens qui unissent la théorie, l’objet produit et la pratique (Design-Based Research Collective, 2003). Des considérations qui nécessitent d’être étudiées pour la construction de notre modèle de VS.

Pour Cobb et al. (2003), l’objet développé dans le contexte particulier d’un modèle DE permet de tirer profit des résultats de recherches antérieures et de les engager dans un processus de réingénierie, dans lequel des approches novatrices sont testées au sein même de l’environnement d’apprentissage. En permettant aux vulgarisateurs d’observer les retombées des ressources de VS sur l’apprentissage des différents utilisateurs (les jeunes lecteurs), puis en les amenant à co- élaborer un modèle qui prend appui sur des concepts didactiques et qui se construit à partir de la rétroaction des lecteurs, le modèle DE, adapté aux fins de notre recherche, permet de générer un contexte riche d’apprentissages. D’abord, dans ce modèle, le chercheur fait équipe avec les

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intervenants du milieu; il se dégage alors une même préoccupation de la part de tous ces intervenants (Design-Based Research Collective, 2003). Dans la lignée d’une recherche-action, le modèle DE vise à permettre au praticien de prendre en charge les problématiques et de s’approprier les tenants théoriques afin d’imaginer et de tester des solutions concrètes. En ce sens, Gorard et al. (2004) insistent sur la structure organisationnelle d’un modèle DE qui reconnaît l’importance des utilisateurs (dans notre cas, il s’agit des vulgarisateurs) et leur permet d’influencer l’élaboration de l’objet. Ainsi, le modèle de DE permettant au chercheur d’évoluer au sein des intervenants du milieu, il s’en dégage inévitablement un objet adapté aux réalités du terrain. Par exemple, lors de l’étude de faisabilité d’une recherche-développement d’objet (à la phase de préparation), c’est le chercheur qui rejette les simulations au regard des contraintes et demandes formulées dans le cahier des charges (Van der Maren, 2007). Lors de l’étude de faisabilité du modèle DE, l’objet est testé et commenté à la fois l’expérimentateur et les utilisateurs (les vulgarisateurs scientifiques), d’après Middleton et al. (2008).

Également, une recherche de développement peut représenter un plus grand risque en termes de temps, d’énergie et d’argent investis, et ce, sans réelle garantie. En effet, dans une recherche de développement, il faut attendre la phase de conception pour qu’une première ébauche de l’objet soit proposée, et la simulation de prototypes pour qu’une première version soit réellement testée auprès de son destinataire. Autant de phases qui pourraient s’avérer vaines si l’objet n’était pas jugé efficace au regard de la problématique. De son côté, le modèle DE s’affaire, d’entrée de jeu, à comprendre comment un objet est mis à profit par l’utilisateur, et comporte des cycles répétitifs de mise à l’essai auprès de petits groupes choisis dans l’environnement pour tester le prototype. D’ailleurs, pour Middleton et al. (2008), ces phases permettent d’assurer l’efficacité de l’objet, le prototype étant mis à l’essai dans l’environnement choisi jusqu’à ce qu’il rencontre les exigences souhaitées. De plus, dans une recherche de développement, l’objet jugé inefficace est rejeté, alors qu’il fait plutôt partie de la solution dans un modèle DE. Pour Gorard et al.:

« Where laboratory experiments may never indicate why a particular artefact or intervention is ineffective (only that it is ineffective), the changes that are necessary to move from an ineffective to an effective design in a DE may well illuminate the sources of the original design’s failure. » (2004, p. 580)

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Également, cette mise à l’essai sur un petit échantillon d’apprenants représente un avantage significatif du modèle DE sur une recherche de développement d’objet, puisqu’elle permet d’étudier et de documenter au sein même de l’environnement d’apprentissage chaque moment de la transformation du discours, avant de passer à une mise à l’essai sur un échantillon plus large. Pour Cobb et al. (2003), ce processus répétitif d’action-réaction-réflexion, propre au modèle DE, exige une grande sensibilité de la part du chercheur, afin qu’il puisse détecter tout changement dans l’environnement. On ne saurait donc minimiser l’importance de l’environnement, ou du contexte d’apprentissage, dans un modèle DE. Étudier l’évolution d’un objet à l’intérieur même de cet environnement permet au chercheur de développer un modèle solide qui pourra, par la suite, être transposé à la phase 6 du modèle de design, selon Middleton et al. (2008). Si les modèles de recherche de développement et de design recourent tous deux à une approche qualitative pour documenter les mises à l’essai des prototypes, et à une approche quantitative pour évaluer leur transférabilité, le modèle DE s’intéresse spécifiquement à la richesse qui se dégage du contexte d’apprentissage et aux acteurs qui y évoluent, afin de créer des objets qui seront utiles. Ce modèle sacrifie en quelque sorte la transférabilité au profit d’une meilleure compréhension de l’environnement et des échanges sur le terrain (Middleton et al., 2008). Pour Cobb et al. (2003), puisque l’efficacité d’un objet élaboré est liée à la compréhension que les chercheurs ont de l’environnement d’apprentissage, il convient d’enregistrer chaque moment d’un modèle DE, afin de leur permettre de pouvoir mener une analyse a posteriori. Ces enregistrements permettront de garder une trace qui alimentera les échanges et la réflexion du chercheur et du groupe d’experts. En somme, tous ces éléments contribuent à la pertinence de la méthode DE pour l’élaboration de notre modèle de VS. La prochaine section décrit le déroulement de notre recherche en suivant les étapes de la méthode DE.

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