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Les contrats et les noces pour sceller les alliances au tournant du XIX e siècle

La chaîne et les anneaux Héritages et mariages dans la maison princière au tournant du XIX e siècle

III. Les contrats et les noces pour sceller les alliances au tournant du XIX e siècle

A. Les termes des contrats : quels engagements concrets entre les maisons ?

Les contrats étudiés

Le contrat est l’acte fondateur du mariage nobiliaire, défini par Christophe Duhamelle comme le « point de rencontre entre différents lignages, entre les individus et les nécessités du lignage auquel ils appartiennent, entre le présent d’une union, le passé qu’elle unit et le futur qu’elle doit préserver ou préparer262 ». Ce document important de l’organisation des maisons aristocratiques fixe la situation financière de l’épouse au moment où celle-ci s’apprête à entrer dans une nouvelle famille. Grâce à la mise au jour de quatorze contrats dans la maison Colloredo entre 1661 et 1845, Thibaud Klinger offre un point de comparaison avec ceux retrouvés dans les archives Clary-Aldringen263. Dans le cadre de cette étude, nous proposons de placer la focale sur deux mariages en particulier, ceux des héritiers de la maison princière. Il s’agit de Jean de Clary qui épouse la princesse Marie-Christine de Ligne en 1775, puis de leur fils Charles-Joseph qui épouse la comtesse Louise Chotek en 1802264. Ces mariages concentrent les enjeux de succession et de perpétuation du lignage dans une maison fidéicommissaire. Le contrat liant Edmund Clary et Élisalex Ficquelmont en 1841 n’a pu être retrouvé, imposant de se centrer sur la fin du XVIIIe siècle et de s’appuyer sur des contrats extérieurs à ces maisons pour un regard sur la première moitié du XIXe siècle265.

Les contrats de 1775 et 1802 présentent neuf et sept clauses, une simplicité formelle qui contraste par exemple avec les vingt-six articles du contrat de mariage de la princesse de Conti en France en 1759 ou avec ceux de la noblesse rhénane au XVIIIe siècle266. Outre les pratiques normatives en vigueur, cette simplicité s’explique aussi par le fait que la structure fidéicommissaire fixe déjà un certain nombre de règles concernant la transmission des biens et les conditions d’existence dans les maisons nobles d’Europe centrale267. Les contrats se contentent d’entériner le principe de succession présenté dans la première partie de ce chapitre. Les deux documents s’appuient sur le même type de régime matrimonial, réglé par les normes thérésiennes puis joséphistes268. Ils témoignent du vocabulaire juridique partagé

262

C. Duhamelle, L’héritage, op. cit., p. 97.

263

T. Klinger, « Mariage et famille », RÉS, 2007/78-4, p. 397-405.

264

SOAL-Děčín, c. 150, 1775 ; c. 155, 1802.

265

Il est référencé SOAL-Děčín, c. 250, mais n’est pas apparu au dépouillement.

266

A. Chatenet-Calyste, Une consommation, op. cit., p. 65 ; C. Duhamelle, L’héritage, op. cit., p. 119-127.

267

SOAL-Děčín, c. 79, décrets septembre 1749. Voir le chapitre I, p. 96-97.

268

Ces régimes sont présentés en détail dans Margareth Lanzinger et alii, Aushandeln von Ehe. Heiratsverträge

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par les grandes familles dans une pluralité de régimes progressivement (et relativement) harmonisés avec les codes civils de Bavière et de Prusse puis avec celui de l’Empire d’Autriche en 1811269. Les dispositifs de 1775 et 1802 se structurent autour de plusieurs temps essentiels : les sommes versées par la famille du fiancé au moment du mariage, la définition d’une dot et d’une contredot, l’institution des pensions matrimoniales et des douaires. Ces contrats présentent ensuite des particularités liées aux arrangements familiaux qui précédent l’apposition des sceaux. Ils posent ainsi les bases d’une intégration de l’épouse dans la maison princière. Les modalités de cette intégration éclairent quelques aspects importants du fonctionnement des sociétés aristocratiques en Europe centrale.

Des cadeaux rituels pour des mariages d’équivalence

Le contrat du comte Jean et de la princesse Marie-Christine de Ligne en 1775 débute par une clause de copulation (clause 1) suivie par le traditionnel cadeau du lendemain ou Morgengabe (cl. 2) offert par les parents du fiancé270. 2000 florins (environ 5200 l. t. au change de 1780) doivent être remis par le prince Franz Wenzel au prince de Ligne en argent comptant ou sous formes d’intérêts à 4%271. Cette clause nuptiale héritée des droits coutumiers de la période médiévale est en vigueur dans tous les milieux sociaux au début du XIXe siècle272. Dans le cas des Colloredo, Thibaud Klinger indique des sommes comprises entre 1000 et 40 000 florins, l’apport le plus fréquent étant de 4000 florins273. Hannes Stekl la retrouve dans le contrat du prince Johann Adolph II Schwarzenberg et Eleonore princesse Liechtenstein en 1830, pour un montant de 300 ducats, soit environ 1350 florins274. La clause n’apparaît pas pour le mariage de Charles-Joseph en 1802275. La question d’un accord familial ou de la situation de la mariée reste à éclaircir pour expliquer cette absence. Il est douteux d’en conclure que la fonction de

pretium virginitatis à l’origine de l’institutionnalisation du Morgengabe est dépassée dans la

société de la fin de l’époque moderne. S’il s’agit bien d’un outil normatif, cet échange entre

Josephinische Gesetzbuch en vigueur de 1787 à 1811 : Ph. Harras v. Harrasovsky, Codex Theresianus und seine Umarbeitungen, Vienne, Gerold, 1886, vol. I pour le droit matrimonial ; Gernot Kocher,

Privatrechtsentwicklung und Rechtswissenschaft in Österreich, Vienne, Böhlau, 1997, p. 50-62. 269

Jean-Paul Barrière, « Femmes, droit et droits en Europe du Nord-Ouest (XIXe-XXe siècles) », dans J.-P. Barrière, Véronique Demars-Sion (éd.), La femme dans la cité, Lille, CIJ, 2003, p. 13-72.

270

SOAL-Děčín, c. 150.

271

5200 livres tournois environ au change de 1780.

272

Gabriela Signori, « L’éphémère voix vivante. Les contrats de mariage dans le sud de l’Allemagne (XIVe- XVe) siècles », dans A. Bellavitis et alii, Construire, op. cit., p. 15-33. Dans les milieux paysans et artisans de Basse-Autriche, Gertrud Langer-Ostrawsky et Margareth Lanzinger indiquent des sommes comprises entre 50 et 1000 gulden, cette somme versée par un artisan drapier étant définie comme un maximum : Aushandeln von Ehe.

op. cit., p. 55, 273. 273

T. Klinger, « Mariage…, op. cit., p. 403.

274

3500 francs environ au change de 1830. H. Stekl, Österreichs, op. cit., p. 36.

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parents n’est pas délaissé au profit du hochzeits-Geschänke ou « cadeau de mariage » qui accompagne le moment de la rencontre entre les futurs époux.

Le hochzeits-Geschänke offert par la maison du fiancé correspond dans les deux cas à des bijoux, estimés à 10 000 florins. Les articles précisent qu’il s’agit d’une clause habituelle (Gewöhnliche), un attendu qui symbolise la richesse de la famille d’accueil dont les fiancés sont les héritiers principaux. Il n’est pas fait allusion aux « diamants-majorats » évoqués par la princesse de Liechtenstein en 1774, mais cette clause reflète bien l’attachement des grandes familles aux « joyaux de la couronne », une expression employée par Jean de Clary lorsque son épouse porte les bijoux pour la première fois dans la société des élites de Bruxelles en 1775276. Contrairement au Morgengabe remis par le prince, Jean de Clary est seul mentionné dans l’article 4. C’est lui qui pare son épouse pour qu’elle se présente au monde avec des biens offerts par la maison qu’elle accepte de représenter. Cette clause ritualise le consentement des époux, elle est indispensable à la cérémonie des noces. En 1802, elle prend le pas sur la consommation du mariage signalée par le Morgengabe. Le fait qu’il ne s’agit pas explicitement de bijoux inaliénables met en avant la bonne santé financière de la maison sur laquelle repose l’avenir de l’épouse dans le régime matrimonial de la monarchie des Habsbourg. En 1802, les 10 000 florins représentent exactement les revenus de Teplitz dégagés pour la maison princière en 1801, et un tiers environ de ceux de Binsdorf277. Jean de Clary offre l’équivalent d’un quart de ses ressources pour l’épouse de son fils. Ce montant représente le double de la valeur des « présents en nature » fixés à 5000 florins dans le contrat de ses parents à Vienne en 1747, indiquant que la maison accorde ses cadeaux à son rang lorsqu’elle devient princière278. C’est donc à la maison des fiancés qu’il revient de faire la démonstration de son assise économique et de sa puissance financière au cours de noces toujours célébrées dans les capitales ou les domaines des fiancées.

Les sommes peuvent être plus élevées, à l’instar des 24 000 florins offerts par le prince de Schwarzenberg à la princesse Liechtenstein au début du XIXe siècle279. Il faut toutefois se garder d’établir un lien mécanique entre ces montants et les revenus des domaines, en raison de la portée symbolique de ces cadeaux. Leur caractère ostentatoire est encore signalé par la comtesse Louise Chotek en 1811 à propos du mariage du comte hongrois Ladislav Festetics

276

SOAL- Děčín, c. 149, J.d.C. à M.-J. H.-H., Bruxelles, 29 janvier 1775.

277

Idem, c. 123, corr. seign., part des revenus envoyés en argent comptant à Vienne (rubr. Baaren Abführ).

278

Idem, c. 93, contrat entre le comte Franz Wenzel et Marie-Josèphe Hohenzollern-Hechingen, 1747.

279

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de Tolna (1785-1846) avec une fille de la maison Hohenzollern-Hechingen280. Bien que devant être célébré à Hechingen, le contrat est signé aux eaux de Teplitz où la fiancée est présentée toute parée : « hier autre visite mais je n’y était pas pour présenter l’Epouse, qui avait déjà collier, peigne, et boucles d’oreilles très jolies, en emeraudes et diamants que lui avait donné le beau-père ». Ces présentations magnifiques sont une invitation à examiner les termes des contrats qui filtrent au sein des grandes familles. Louise indique clairement que celui-ci est hors norme :

Le contrat est une chose incroyable, argent d’épingles 12 mille florins guten geld, waher Gulden ; 50 mille Morgengabe, une terre considérable, au moins 20 mille fl[orins] de revenus pour domaine […] ; enfin un contrat si magnifique, que le père assure tout de suite au fils pour qu’il ait une fortune indépendante, que la princesse mere [Hohenzollern] me disait qu’elle en était toute éttonné tant c’est hors de la règle ordinaire. […] Ce que c’est que l’argent! Et quand on en a pas, tout ce qu’on fait pour en avoir, et quand on en a, et que la noblesse cloche, comme on paye cher le plaisir de s’illustrer !!281

La valeur du Morgengabe est à la hauteur d’un mariage royal tel que l’union de Frédérique-Charlotte de Prusse avec le Duc d’York en 1791282. Pour la comtesse Louise, la splendeur du contrat dénote immédiatement la négociation entre « le titre et l’argent, l’ancienneté et l’illustration, le prestige et l’influence » permettant de rehausser les finances ou le statut. Elle met en doute la noblesse des hongrois Festetics, une famille récompensée par le service impérial au XVIIe et dont le parcours au XVIIIe siècle n’est pas sans offrir quelques points de comparaison avec les Clary-Aldringen283. En restant dans la norme, les Clary- Aldringen reconnaissaient le prestige des Ligne ou la stature politique et la stabilité économique des Chotek sans donner l’impression de les acheter. Les cadeaux de rang sont le prix de l’égalité aristocratique revendiquée par les grandes familles.

Les montants engagés par les maisons nobles reflètent la dynamique sociale qui est en jeu, en définissant un étalon permettant de mesurer l’équivalence des maisons alliées qui renforcent mutuellement les avantages acquis284. Ce qui paraît surtout hors norme à la princesse Hohenzollern en 1811, c’est la fortune indépendante assurée au fils du comte Festetics. Cette volonté déroge aux visées des maisons fidéicommissaires qui cherchent plutôt

280

Joséphine Hohenzollern-Hechingen (1790-1890), nièce de la princesse Marie-Josèphe de Clary, la mère du prince Jean et grand-mère du comte Charles-Joseph auquel la comtesse Louise adresse cette lettre conservée c. 187, Teplitz, 18 juillet 1811.

281

Ibidem.

282

D. Schönpflug, Die Heiraten der Hohenzollern, op. cit., p. 111: le Morgengabe est de 6000 livres sterling soit près de 54 000 florins au change de 1799.

283

François Cadilhon, « Keszthely ou le château hongrois comme démonstration du savoir », Theatrum

Historiae, 2012/10, p. 179-187. L’originalité bien connue du comte Georges, ses sentiments à l’égard des

Habsbourg et son engagement dans le développement de la Hongrie jouent peut-être un rôle dans ce jugement.

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à intégrer le nouveau ménage dans le cycle successoral dominé par l’autorité paternelle et princière.

Dots et pensions : un engagement patrimonial pour intégrer le ménage dans la maison

Définir les termes d’un contrat, c’est contribuer à bâtir la solidarité aristocratique entre les maisons et dans la maison. Cette solidarité est profondément patrimoniale : l’article final des contrats de 1775 et 1802 est une clause de protection : les sommes sont garanties par le placement sous hypothèque de la seigneurie allodiale de Binsdorf285. Après avoir permis de fixer un partage équitable des héritages entre les comtes et les comtesses, cette terre indispensable joue le rôle de caution foncière qu’interdit le fidéicommis de Teplitz/Graupen, selon une organisation similaire à celle d’autres familles comme les Colloredo286. La mécanique des héritages et celle des alliances vont de pair : le contrat de mariage insère l’épouse dans la dynamique patrimoniale spécifique des maisons de la monarchie des Habsbourg, en particulier celles qui sont élevées au rang princier au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

La fixation des dots et des pensions est au cœur du dispositif des contrats de mariage. Elles définissent les conditions de vie prévues pour la future comtesse de Clary, appelée à devenir princesse à la mort de son beau-père. Au moment du mariage, la fiancée se voit constituer un Heirat-Gut [capital matrimonial] qui s’apparente à la dot. Selon Lady Montagu, les lois de la monarchie empêchent qu’elle excède 2000 florins au début du XVIIIe siècle287. Sa constitution est ensuite réglementée par les codes thérésiens et joséphistes288. Les mariages nobles se différencient donc du régime dotal connu en France, qui permet à la Marie-Fortunée d’Este ou à Henriette Mazade de Saint Bresson de se voir constituer des dots d’un million de livres à la fin des années 1760289. Les enquêtes de Christophe Duhamelle ou de Thibaut Klinger, corroborées par les contrats Clary-Aldringen du XVIIIe siècle, indiquent des dots généralement comprises entre 2000 et 4000 florins (entre 5000 et 10 000 l. t. selon les changes)290. Le contrat de 1775 a la particularité de ne pas fixer de dot : en utilisant la coutume du pays de Bruxelles, les Ligne ont fait accepter que la dot soit remise sous forme

285

Une pratique fondée en droit : Scarlett Beauvalet-Boutouyrie, « La femme dans la cité : entre subordination et autonomie » dans J.-P. Barrière, V. Demars-Sion (éd.), La femme, op. cit., p. 7.

286

T. Klinger, « Mariage…, op. cit. ; et son travail sur les seigneuries : Évaluer HES/2007, op. cit., p. 59-86.

287

Les Lettres de Milady Montague paraissent en 1767. Cette loi est évoquée lettre XI, Vienne, 26 sept. 1716.

288

G. Langer-Ostrawsky, « Vom verheiraten der Güter Bäuerliche und kleinbäuerliche Heiratsverträge im Erzherzogtum Österreich unt der Enns », dans M. Lanzinger et alii, Aushandeln, op.cit., p. 55.

289

La première devient princesse de Conti en 1769 : A. Chatenet-Calyste, Une consommation, op. cit., p. 64 ; la deuxième épouse le duc de Villequier en 1771 : G. Chaussinand-Nogaret, La noblesse, op. cit., p. 173.

290

C. Duhamelle sur la chevalerie immédiate d’Empire : L’héritage, op. cit., p. 120 ; T. Klinger sur la famille Colloredo : « Mariage…, op. cit., p. 403.

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d’une pension annuelle de 2000 florins par le prince de Ligne (ou ses héritiers) jusqu’à la mort du prince Franz Wenzel de Clary291. Ces versements avantagent aussi les Clary- Aldringen, puisque le montant s’élève finalement à 26 000 florins entre 1775 et 1788, bien au- delà des sommes habituelles en Europe centrale. Le contrat de 1802 adopte l’usage conventionnel : le comte Chotek verse 3000 florins en argent liquide292. Le prince Jean ajoute 6000 florins de Wiederlag, une pratique comparable à l’augment dont les proportions sont fixées par le code thérésien293. Cette enchère traduit la solidarité aristocratique entre les deux familles : le mariage est un échange, et la promesse de perpétuation du lignage que représente l’arrivée de la nouvelle épouse est saluée par l’engagement du beau-père à son intégration financière dans la maison. Comme l’a souligné Christophe Duhamelle, ce type de dot est recognitif294.

En 1802, le Wiederlag reste dans les mains du prince Jean (qui ne la débourse donc pas) puis de son fils et revient à la maison si l’épouse décède. Dans le cas contraire, elle augmente la dot de veuvage295. Le contrat définit une sécurité pour l’épouse, et ne sert pas à compenser une renonciation de la mariée à l’héritage. Dans le cas des maisons fidéicommissaires de Bohême comme les Clary-Aldringen ou les Chotek, ce point est déjà réglé par les testaments : légalement exclues de la dévolution, les comtesses renoncent à toute prétention sur les terres allodiales en héritant d’un capital formé sur leur évaluation, et versé sous forme de dot et de pensions. L’institution fidéicommissaire représente donc la face cachée des contrats de mariages qui se nouent après elle. Les alliances de la noblesse de Bohême étudiées ici ne se traduisent pas en termes de gains patrimoniaux par apport de dot comme ce peut être le cas dans la noblesse française296. Il semble donc délicat de parler de stratégie de construction patrimoniale autrement qu’à long terme, si la mariée hérite de biens allodiaux comme c’est le cas dans la famille Colloredo au XIXe siècle297. Ces mariages favorisent toutefois le développement d’attaches et de liens inter-nobiliaires qui peuvent à terme favoriser des ventes de biens allodiaux. Mais au moment de la signature des contrats, la dot et l’augment ou Wiederlag accompagnent d’abord l’échange matrimonial entre des familles dont elle traduit l’équivalence sociale.

291 SOAL-Děčín, c. 150. 292 Idem, c. 155, clause 1. 293

G. Langer-Ostrawsky, « Vom verheiraten…, dans M. Lanzinger et alii, Aushandeln, op.cit., p. 55. Elle fournit l’exemple d’un maître cisailleur de l’étain ajoutant 800 florins aux 400 fl. de dot en 1759. On retrouve cette pratique dans le contrat de son père Franz Wenzel en 1747. SOAL-Děčín, c. 93 : 6000 fl. contre 3000 fl.

294

C. Duhamelle, L’héritage, op. cit., p. 119-123

295

Voir les conclusions de M. Lanzinger sur ce « système dotal » en Basse-Auriche : Aushandeln, op.cit., p. 470

296

M. Figeac, Les noblesses, op. cit., p. 237-244.

297

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Les ressources des nouvelles comtesses de Clary ne dépendent pas de ce capital, mais plutôt des pensions qui sont stipulées dans les articles suivants. Ces sommes sont désignées comme Spennadelgeld et servent littéralement au soutien matériel du rang de l’épouse, d’abord comtesse puis princesse de Clary-Aldringen (« Standmässigen Unterhaltung »)298. Pour Marie-Christine de Ligne, la pension se compose des 2000 florins versés par son père au titre de dot, auxquels les Clary-Aldringen ajoutent 1000 florins versés par quartiers299. L’article du contrat précise que la somme est à verser par le comte, et donc indirectement par le prince qui est pourvoyeur de ses ressources personnelles. L’alliance avec les Chotek présente une autre configuration : le prince de Clary est le responsable direct des 1500 florins annuels, ne laissant ainsi aucun doute sur l’identité de celui qui tient les cordons de la bourse du ménage comtal. Avec ces pensions, les comtesses rejoignent le principe de succession qui définit déjà la situation de leurs époux, « princes héréditaires » dépendant de l’héritage allodial et des ressources supplémentaires que leur verse le prince de Clary.

La nature de ces pensions est liée au rang dans la maison, et change avec lui. Les deux contrats prévoient le passage de la comtesse à la princesse lorsque l’époux « devient maître de son bien300 » au moment de la succession Clary-Aldringen de Jean en 1788 puis de Charles- Joseph en 1826. Marie-Christine, déjà princesse de Ligne, conserve les 3000 florins, qui sont cette fois intégralement versés par la maison Clary. Louise Chotek voit sa pension passer de 1500 à 3000 florins afin de soutenir le nouvel état qui est le sien. Thibaut Klinger donne un intervalle de 1000 à 6000 florins chez les Colloredo avec une moyenne de 2200 florins301. Les 3000 florins représentent un standard dans la haute noblesse de la monarchie des Habsbourg que l’on retrouve dans le mariage du prince Schwarzenberg avec Eleonore de Liechtenstein en