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1. Synthèse bibliographique sur les caractéristiques de l’élevage du porc au Bénin

1.4. Contraintes au développement de l’élevage porcin au Bénin

Les contraintes au développement de l’élevage concernent les pathologies, le suivi de l’alimentation et de l’habitat et enfin le vol. Dans certains quartiers et

villages du Bénin, les porcs continuent malheureusement d’être élevés en liberté totale. Cette pratique qui caractérise le système traditionnel expose le porc déjà insuffisamment nourri, aux intempéries diverses qui affectent dans un premier temps ses performances de production et de reproduction et dans un second temps, son état sanitaire avec pour conséquence une faible rentabilité (Ayssiwede, 2004). De plus, les cas de vol sont plus fréquents avec les animaux en divagation.

Sur le plan alimentaire, le manque de moyens financiers et la cherté des matières premières sont des obstacles qui limitent l’accès des éleveurs à un aliment de qualité pour les animaux (Houndonougbo et al., 2012; Kouazounde, 2016). A ces problèmes s’ajoute la rareté des matières premières pour les élevages des zones un peu éloignées des industries.

Eu égard aux maladies parasitaires et nutritionnelles dont sont victimes les animaux, la peste porcine africaine (PPA) apparue en août 1997, a ravagé plus de 70% du cheptel et constitue actuellement le handicap majeur à l’élevage des porcs car le virus circule à bas bruit sur tout le territoire national malgré les mesures de lutte engagées.

❖ La peste porcine africaine

C’est une maladie contagieuse, virulente, inoculable, frappant les suidés domestiques et sauvages. Elle commence par une fièvre subite. Comme signe typique de la maladie, l’animal reste bien vif au début avec un appétit normal.

Ce n’est qu’entre quatre et trois jours avant la mort que le porc devient agité, arrête de manger et s’allonge. Parfois, il y a un écoulement oculaire ou nasal qui peut être sanguinolent et des vomissements. La peau est souvent rouge-bleuâtre, particulièrement au niveau des pattes (Muys et al., 2003). On note une dominance de lésions de septicémie hémorragique. Les lésions afférentes sont dominées par les pétéchies sur différents organes tels que la rate, les ganglions

lymphatiques, le tube digestif et ses annexes, la vessie, et un phénomène œdémateux, spontanément hémorragique dans les grandes cavités et dans la paroi de la vésicule biliaire. Dans les cas chroniques, apparaissent des lésions de pleurésie, de péricardite et de pneumonie (Farougou, 2017). Il n’existe ni vaccin, ni traitement pour cette maladie.

En 1996, la PPA a sévi à l’état pandémique en Côte d’Ivoire et a affecté de nouveaux pays dans la sous-région (Bénin, Togo, Nigéria, Ghana et Burkina Faso) de 1997 à 2003, avec des manifestations plus néfastes au Sénégal, en Gambie et au Cap Vert sur la même période (Penrith et al., 2013). Excepté la Côte d’Ivoire, elle n'a été éradiquée dans aucun de ces pays. En 1998, la PPA a été détectée pour la première fois au Madagascar et depuis ce temps elle est devenue endémique (Roger et al., 2001; Costard et al., 2009). Les seuls pays africains récemment infectés et l’ayant éradiquées ou apparemment éradiquée sont la Côte d’Ivoire (Penrith et al., 2013), le São Tomé qui a connu une épizootie en 1979 (Penrith et al., 2013), et les Îles Maurice qui ont connu la PPA en 2007 mais éradiquée en 2008 (Lubisi et al., 2009). Bien que le Ghana ait réussi à l’éradiquer un an après son introduction en 1999, il a néanmoins enregistré de nouveaux cas en 2002. Actuellement, la présence de la PPA est signalée dans 28 pays africains (figure 1). Il y a très peu d’informations disponibles sur la PPA en Afrique de l’Ouest. Le Sénégal et le Nigéria sont deux pays disposant d’informations documentées sur la PPA. Au Sénégal, la maladie est connue sous un état endémique, avec plus de 54 manifestations rapportées à l'OIE depuis 1986 (Etter et al., 2011). La PPA est également devenue endémique au Nigéria depuis son introduction en 1997 (Luther et al., 2007a;

Luther et al., 2007b; Owolodun et al., 2010).

Figure 1 Distribution de la Peste Porcine Africaine en Afrique

Source : Penrith et al.2013

❖ Le rouget

C’est une maladie infectieuse, virulente, inoculable, due à un bacille gram (+), Erysipelothrix rhusiopathiae, affectant surtout les porcs de trois mois à deux ans d’âge. Il est caractérisé cliniquement par des morts brutales, de la fièvre avec des lésions cutanées douloureuses sous forme d’éruptions ou de plaques rouges violacées ou pourpres (cyanose) en forme de losange ou de rectangle bien délimitées très caractéristiques et surélevées par rapport à la surface de la peau. Elles peuvent s'accompagner de lésions d’arthrite ou d’endocardite

végétant. Le rouget est une zoonose transmissible à l’homme (Ayssiwede, 2004).

❖ Les pneumonies et les broncho-pneumonies

Ce sont les affections inflammatoires de l’appareil respiratoire. Elles sont caractérisées par une diminution du volume d’air ventilé à chaque mouvement respiratoire. Par conséquent, le porc s’essouffle et respire plus rapidement pour compenser le déficit en donnant aux mouvements du diaphragme la plus grande amplitude. L’animal tousse le plus souvent ; lorsqu’il est obligé de se déplacer, il est secoué par des quintes sous l’effet du courant d’air. La circonstance favorisante la plus courante est le froid. Mais on peut toutefois assister à une complication par des agents microbiens. Les bactéries les plus dangereuses demeurent les Pasteurella.

❖ Les parasitoses externes

La seule parasitose externe la plus importante est la gale causée par un acarien Sarcoptes scabiei variété suis. Les animaux sont l’objet d’un très vif prurit, ils se grattent contre les murs jusqu’à se faire saigner. La gale est très contagieuse et il faut éviter d’introduire un animal galeux dans la porcherie. Les cas de gale ont été enregistrés dans les élevages au Bénin (Youssao et al., 2008a).

❖ Parasitoses internes

Elles sont essentiellement provoquées par des vers dont la plupart siègent dans l’intestin. Ils ne provoquent pas de maladies spectaculaires. Mais par le détournement des aliments, par l’irritation permanente de muqueuse intestinale et la gêne de l’assimilation qui en résulte, par les produits toxiques qu’ils peuvent secréter et qui sont absorbés, ils perturbent la nutrition et la croissance.

Ils sont responsables des pertes économiques très importantes. Il existe plus de 30 espèces qui peuvent affecter la paroi intestinale des porcs. La contamination se fait par l’absorption des œufs de vers qui sont de taille microscopique et qui

se trouvent dans les excréments des porcs, dans la paille, dans les fossés et aux endroits où les porcs viennent souvent (Klooster et Wingelaar, 2011). Les jeunes porcelets sont très vulnérables aux ascaridioses. Pour empêcher leur contamination dès la naissance, la future mère doit être traitée avec un vermifuge dix jours avant la mise bas. On la lave quelques jours après avec du savon pour éliminer les œufs présents sur son corps. Après ce lavage, on procède à l’élimination des parasites externes en pulvérisant ou en badigeonnant la truie avec un produit tuant la gale (Klooster et Wingelaar, 2011). Les porcelets peuvent aussi être vermifugés au sevrage (Klooster et Wingelaar, 2011).

❖ La cysticercose ou la ladrerie

La cysticercose porcine est une cestodose larvaire très répandue dans les pays tropicaux avec une prévalence qui oscille entre 10 et 30% selon les abattoirs (Ayssiwede, 2004). Elle est due à la présence et au développement dans les muscles striés du porc, de larves vésiculaires blanchâtres de type cysticerque.

L’espèce en cause est Cysticercus cellulosae, larve de Taenia solium, ver solitaire de l’homme. C’est un parasite à cycle dixène. Le porc, hôte intermédiaire coprophage, se contamine en ingérant des œufs de Taenia rejetés par l’homme (hôte définitif) avec ses excréments (Ayssiwede, 2004). L’homme se contamine à son tour en mangeant la viande de porc contenant de cysticerques. Les cysticerques se logent dans les muscles de la langue, du diaphragme, du masséter et sont plus faciles à détecter lorsque l’infestation est massive. Des signes encéphaliques peuvent s’observer lorsque les cysticerques s’égarent dans le cerveau. Il peut y avoir une mort brutale par défaillance cardiaque en cas d’infestation importante du myocarde. Le porc ainsi parasité est dit « ladre » et est saisi à l’abattoir. La plus grande gravité de la ladrerie réside dans le danger qu’elle fait courir à la santé de l’homme (zoonose), raison pour laquelle il faut activement lutter contre sa dissémination (Ayssiwede,

2004). En Afrique, la cysticercose est un problème émergent de santé publique et d’agriculture dans la quasi-totalité de l’Afrique subsaharienne excepté dans les régions musulmanes où le porc est très peu consommé (Lovadina, 2012).

Ceci s’explique par l’explosion de l’élevage de façon assez traditionnelle des porcs et l’augmentation de la consommation de viande de porc dans ces régions.

Ainsi, toutes les conditions sont réunies dans ces régions pour permettre une transmission aisée du parasite du porc à l’Homme ou inversement. Comme dans la plupart des pays en développement, la prévalence de la cysticercose est sous-estimée en Afrique en raison d’un manque d’infrastructures médicales et de diagnostic appropriés (Nguekam et al., 2003). Toutefois, la cysticercose est retrouvée en Afrique du Sud, au Bénin, au Burundi, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, à Madagascar, au Sénégal, au Togo, au Zimbabwe et à l’île de la Réunion. Des études menées au Bénin et au Togo ont permis d’évaluer l’importance de la cysticercose. Elle est considérée comme endémique au Bénin, au Ghana et au Togo (Murrell, 2005). Au Bénin, les cysticerques ont été identifiés dans 0,22% des carcasses de porcs inspectés dans les abattoirs (Kpodekon et al., 2013). Les gros risques de la cysticercose porcine au Sud Bénin ont été signalés à Aplahoué, Dogbo, Klouekanme et Lokossa (Goussanou et al., 2013). La proportion de saisies est passée de 0,06% pour des muscles de cou à 0,69% pour des langues. L'analyse spatiale des fréquences de saisie de carcasse a indiqué Akpro Misserete, Avrankou, Dangbo, Porto-Novo, Ifangni et Aguégués comme les plus probables réseaux pour la distribution de la cysticercose porcine au Sud Bénin (Goussanou et al., 2013).

En plus de ces pathologies d’autres comme la brucellose, la trypanosomose, l’anemie, la constipation et les gastro-entérites sont également rencontrées en élevage porcin.

1.5. Paramètres et performances de reproduction des races porcines élevées

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