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Contrôle de l’ensemble des erreurs

l’intégration spatiale et de la

3.1. Matériel et méthode

3.2.4. Contrôle de l’ensemble des erreurs

L’enregistrement des mouvements oculaires a permis de différencier les participants ayant visuellement contrôlé toutes les erreurs de ceux en ayant oublié. Afin de comparer le nombre de participants ayant contrôlé l’ensemble des erreurs dans les différents groupes, un rapport de vraisemblance a été calculé, révélant une différence statistiquement significative entre les groupes, LR(2, N = 51) = 6,377, p = 0,041 (voir tableau 7).

Pour identifier plus précisément la différence, un second rapport de vraisemblance a été calculé pour comparer ces fréquences entre les groupes Séparé et Intégré. Aucune différence significative n’a été révélée par ce test, LR(1, N = 34) = 0,133, p = 0,715. Enfin, un troisième rapport de vraisemblance a été calculé pour comparer les groupes Intégré et Séquentiel. Celui-ci révèle que le contrôle de l’ensemble des erreurs est significativement plus fréquent dans le format Séquentiel, LR(1, N = 35) = 4,207, p = 0,040. Ce résultat accrédite l’interprétation selon laquelle la séquentialité génère un contrôle plus exhaustif des plans.

Tableau 7. Proportion de participants ayant contrôlé l’ensemble des erreurs

Contrôle visuel de l’ensemble des erreurs.

Oui Non Total

Séparé 9 7 16

Intégré 9 9 18

Séquentiel 14 3 17

Total 32 19 51

3.3. Discussion

L’expérience 2 était une réplication de la première présentée dans ce chapitre et à laquelle ont été ajouté des enregistrements des mouvements oculaires pendant la tâche de comparaison de plans. Les résultats obtenus confirment les précédents puisque là encore, l’intégration des plans améliore l’efficience de la comparaison alors que la séquentialité en améliore l’efficacité. La première hypothèse était que les participants du groupe Séparé ne trouveraient pas instantanément les informations référentes, mais devraient effectuer des recherches visuelles. Cette hypothèse est validée par les résultats de l’expérience puisque le temps cumulé moyen de fixation en dehors des zones d’erreurs est plus important dans la condition Séparé que dans la condition Intégré. En revanche, le temps de fixation cumulé sur les zones d’erreurs n’est pas significativement différent dans les groupes Séparé et Intégré. Ce résultat indique qu’en moyenne, le gain de temps dû à l’intégration des plans ne correspond pas à une diminution du temps passé à traiter les erreurs mais à l’économie du temps de recherche visuelle afin de coréférencer les informations des deux sources. Le fait de constater dans cette étude la présence d’une recherche visuelle dans le format Séparé renforce l’idée selon laquelle le principe de la contiguïté spatiale pourrait être étendu à la correction de plans. En effet, non seulement l’amélioration des performances avec

l’intégration spatiale des sources est cohérente avec le principe de contiguïté spatiale, mais en plus, la recherche visuelle observée grâce aux enregistrements des mouvements oculaires indique que l’interprétation de ce principe par Mayer (2001) semble aussi s’appliquer à la correction de plans. Cela s’explique par l’existence d’un point commun central entre les deux tâches : les participants doivent coréférencer des informations disparates en effectuant des allers et retours visuels. Ces allers et retours visuels impliquent des fixations involontairement en dehors des zones à contrôler qui constituent une perte de temps. Cette difficulté ne semble pas provenir d’une spécificité des plans d’architecture, mais plutôt de la situation de comparaison zone par zone de deux sources visuelles disparates. Ce choix de disposer côte à côte deux éléments dont il est nécessaire de comparer les sous-parties impliquerait donc qu’une part du temps consacré à la tâche de comparaison soit mobilisée dans des ajustements visuels permettant la coréférenciation.

La seconde hypothèse de l’expérience était que l’amélioration de l’efficacité dans la condition Séquentiel était due au guidage attentionnel conduisant les participants à effectuer un contrôle plus exhaustif du plan qu’en l’absence de guidage. Cette hypothèse est validée car les participants du groupe Séquentiel sont significativement plus nombreux à avoir contrôlé visuellement l’ensemble des erreurs. Le caractère statique du format Intégré implique que les participants qui ne mettent pas en place de stratégie d’exploration organisée s’exposent au risque d’oublier de contrôler certaines erreurs. Dans la condition Séquentiel, les erreurs apparaissent une par une à l’écran. Chacune des erreurs en apparaissant peut générer une capture attentionnelle (Godjin & Theeuwes, 2002; Theeuwes et al., 1998) et se trouve donc plus certainement contrôlée qu’en condition Intégré.

4. CONCLUSION

La principale limite de cette étude est qu’elle repose sur une tâche de repérage d’erreurs alors que dans le logiciel final, l’objectif n’est évidemment pas d’entourer les erreurs mais aussi de les corriger, ce qui implique une étape supplémentaire de

sélection de la bonne réponse. Cette simplification de la tâche découle d’une raison technique : à ce stade du projet, il n’était pas envisageable d’utiliser un prototype fonctionnel incluant cette fonction de correction des erreurs.

Les deux expériences présentées dans cette partie montrent qu’une présentation séquentielle des informations devrait favoriser leur coréférenciation ainsi qu’une exploration exhaustive des documents. Pendant l’étape de contrôle par l’utilisateur, il est donc préférable de superposer l’interprétation et le document initial afin d’améliorer l’efficience de la correction. De plus, afficher à l’écran l’interprétation qui se construit en temps réel peut permettre une amélioration de l’efficacité du contrôle. Cette séquentialité n’impose d’ailleurs pas de contrainte particulière à des utilisateurs qui pour des raisons d’organisation préfèreraient n’effectuer qu’un contrôle a posteriori. Le format Séquentiel est donc un choix de conception avantageux parce qu’il peut améliorer les performances sans contrepartie, mais en plus, il permet d’envisager des interactions entre l’utilisateur et le logiciel pendant le travail de reconnaissance. Cette approche plus coopérative de la correction est présentée dans la suite de ce manuscrit.

Étude 3 : Effets de