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Comment faciliter la vérification de l’interprétation ?

au cours du projet

2.4. Comment faciliter la vérification de l’interprétation ?

Lors de l’entretien semi-directif mené lors de l’étude 4, il était demandé aux participants de suggérer des modifications du logiciel permettant de faciliter la correction des erreurs. Concernant cette question, deux principales catégories de réponses ont émergé : la première consistait à dire que l’aspect graphique des sollicitations devait être amélioré et la seconde renvoyait à l’ordre d’apparition des interprétations, jugé non pertinent.

Le principe ergonomique de groupement et de distinction entre les items (Bastien & Scapin, 1993) repose sur le fait que les éléments qui sont visuellement proches dans l’espace, ou similaires en termes de forme ou de couleur, ont tendance à être interprétés comme appartenant à une même catégorie. Ainsi, il est important de bien choisir les emplacements des items, mais aussi leurs caractéristiques graphiques pour renseigner l’utilisateur sur les liens que ces items entretiennent entre eux. Dans un premier temps, en accord avec ce principe, il avait été décidé d’attribuer une couleur différente pour chaque interprétation. Les portes étaient donc encadrées en orange, les fenêtres en bleu, les fenêtres coulissantes en vert et les meubles en rouge. Dans les exemples traités, seuls ces 4 symboles différents étaient interprétés (les meubles n’étaient pas différenciés les uns des autres). En revanche, cette logique consistant à attribuer une couleur par symbole risquait de perdre de son intérêt lorsque le nombre de symboles différents à traiter allait augmenter. Plus ce nombre allait augmenter et plus il allait devenir difficile de discriminer les couleurs correspondantes. Afin de résoudre ce problème tout en restant cohérent avec le principe de groupement et de distinction entre les items (Bastien & Scapin, 1993), deux couleurs ont été utilisées (le bleu et le vert) pour renvoyer à deux catégories plus générales de symboles : les ouvrants (portes et fenêtres) et les meubles (voir figure 41). De plus, le simple encadrement des symboles a été remplacé par un surlignage permettant de mieux distinguer la couleur de chaque élément.

Figure 41. Capture d’écran d’un plan interprété utilisé dans l’étude 4 (à gauche) et d’un plan interprété après la prise en compte des préconisations (à droite)

L’autre commentaire récurrent des participants concernait l’ordre d’apparition des interprétations de symboles considéré comme spatialement incohérent. Il arrivait en effet que le système analyse successivement plusieurs symboles très proches les uns des autres et qu’il se mette soudainement à interpréter des symboles très éloignés sur le plan. Agir sur l’ordre de l’analyse serait techniquement très coûteux. La solution proposée a donc été d’envoyer en permanence à l’utilisateur des feedbacks sur les traitements effectués par le système. Ce choix s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la conscience de la situation des utilisateurs (Endsley, 1995). Ces feedbacks continus se présentaient sous la forme d’un halo de couleur se déplaçant à l’écran et surlignant le symbole que le système était en train d’analyser (voir figure 42).

Figure 42. Exemple de focus signalant en temps réel à l’utilisateur la zone du plan traitée par le système (en bleu clair)

Pour faciliter la vérification des interprétations, il faut que les choix graphiques soient porteurs d’informations. Le meilleur niveau de catégorisation des symboles en fonction des couleurs dépend certainement beaucoup du type de document qui est traité, puisque celui-ci implique une variété de symboles plus ou moins grande. Chaque logiciel devrait donc nécessiter une réflexion spécifique en fonction du matériel qu’il sera amené à traiter. Quoi qu’il en soit, les heuristiques de Bastien et Scapin (1993), mais aussi celles de Nielsen (1994), semblent être des outils pertinents pour cette réflexion. Enfin, comme l’a préconisé Endsley (1995), il est important d’apporter à l’utilisateur un maximum de feedbacks sur l’état du système afin d’améliorer sa conscience de la situation et ainsi éviter les ralentissements de l’activité. Lorsque l’interprétation apparaît progressivement comme nous le recommandons, ces feedbacks peuvent prendre la forme d’un focus de couleur signalant à l’utilisateur le symbole sur lequel le système est en train de travailler.

2.5. Le système doit-il communiquer ses

incertitudes aux utilisateurs ?

Le fait de faire communiquer le système sur les risques d’erreurs devrait générer une amélioration de la conscience de la situation, se traduisant par une connaissance des difficultés d’interprétation rencontrées par le système. L’étude 5 avait pour objectif de tester l’impact des sollicitations de l’utilisateur par le système pour lui suggérer des risques d’erreurs. La tâche ne consistait plus seulement à repérer les erreurs puisque les participants devaient également réaliser la correction (voir figure 43).

Figure 43. Capture d’écran d’un plan interprété avec affichage de propositions de corrections

Les erreurs qui font l’objet d’une sollicitation ont plus de chance d’être corrigées que des erreurs non signalées. Cependant, les sollicitations sont tout de même à utiliser avec parcimonie car elles ont tendance à impacter le niveau de confiance que les utilisateurs accordent au système. En signalant correctement des erreurs, le système peut ainsi conduire l’utilisateur à relâcher son attention allouée à la vérification des interprétations ne faisant pas l’objet de sollicitation. L’ajout des sollicitations peut donc à la fois améliorer les performances de correction des erreurs signalées tout en dégradant la correction des erreurs non signalées.

Ce phénomène de sur-confiance étant à l’origine d’un risque de diminution des performances, une solution pourrait être de communiquer aux utilisateurs les taux réels d’erreurs n’ayant pas fait l’objet de sollicitation dans les interactions précédentes. Ainsi, le niveau de confiance devrait se maintenir à un niveau plus adéquat, ce qui permettrait de bénéficier des effets positifs des sollicitations sans en subir pour autant les conséquences délétères.