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4.4. LES PROPOSITIONS DE CORRECTION PHONÉTIQUE

4.4.3. Les contextes facilitants

Nous pouvons utiliser la méthode verbo-tonale ou méthode acoustique avec les contextes facilitants ou favorisants pour désigner les contextes des sons mal perçus ou non-perçus par les apprenants. Ces contextes permettent de renforcer les traits caractérisant le son à acquérir ou le son non perçu. Les traits renforcés par les contextes facilitants sont l’a uit aigu/g a e , la te sio tendu/relâché), et la labialité (arrondi/écarté).

Le tableau 4.4. ci-dessous montre un classement auditif du système de sons français (voyelle et consonnes) selon les trois critères susmentionnés (Kaneman-Pougatch et Pedoya Gumbretière, 1989, p. 8) :

Tableau 4.5. – Classement auditif du phonétisme français (d’ap s Ka e a -Pougatch et Pedoya Gumbretière, 1989, p. 8 cité par Van der Veen, p.20)

Raymond Renard (1971) propose également un classement auditif progressif des consonnes, des plus aigües aux plus graves (Figure 4.2).

Il existe trois moyens d’utiliser des contextes facilitants:

-recours à la prosodie; l’i to atio affe te les o elles puis ue ’est le ti e ui est concerné. Elle se focalise également sur un mot ou une syllabe. Le rythme peut parfois pe ett e de o ige les o so es et l’a e tuatio pe et d’ide tifie plus lai e e t le timbre.

-recours à la phonétique combinatoire; il s’agit d’u e tude ui tie t compte de

l’i pa t ip o ue des so s dans la chaîne parlée. Selon Callamand (1981, cité par Van der Veen, p.19), il y a 3 traits fondamentaux à acquérir ou à renforcer :

 labialité (arrondi / écarté) ou (labial / non labial) : trait articulatoire, visible et imitable, avec des conséquences acoustiques quantifiables. Ce trait ne peut être renforcé que grâce à l'environnement phonique.

 Tension (tendu / relâché) : paramètre physiologique complexe que l’i di idu peut esse ti . La tension est liée à la force (intrinsèque et positionnele) et la précision articulatoires. Une voyelle est généralement plus tendue en position accentuée. U e o so e est plus te due à l’i itiale u’e fi ale de syllabe, de mot ou d'énoncé). La te sio d’u so d pe d donc de son entourage. Il est possi le d’aug e te la te sio d’u so e l’asso ia t à u so te du. Cependant, on ne peut comparer des sons trop différents en ce qui concerne la tension. Il est p f a le d’asso ie e ui se esse le.

 Acuité (aigu / grave) : trait perceptif. Un segment est perçu comme aigu lo s u’il poss de des composantes fréquentielles élevées renforcées. L'acuité des voyelles :

- son grave (énergie dans les basses fréquences) : grand volume et petit orifice ; - son aigu : petit volume et grand orifice.

L’a uit des o sonnes est liée aux zones articulatoires et à la forme des lèvres. Labiales : 0-1500 Hz (basses fréquences), palatales et vélaires : 1000-5000 Hz (moyennes fréquences) et dentales et alvéolaires : au-dessus de 3000 Hz (moyennes et hautes fréquences). Notons également que les voisées sont plus sombres que les non voisées.

-recours à la prononciation nuancée; cette procédure consiste à montrer à

l’app e a t les diff e es e t e le od le et la faute. Il s’agit d’u e e ag atio de l’ a t e t e deu so s. C’est-à-dire le modèle est exagéré dans la direction inverse de celle de la faute. Un phonème a plusieurs réalisations de degrés de tension différentes. La p o o iatio du so diffi ile est ua e afi de se si ilise l’o eille de l’app e a t au différences pertinentes.

Dans cette étude, la correction phonétique portera principalement sur la prononciation des consones fricatives. Pour ce faire, nous pouvons changer l'intonation (montante ou descendante) ou l'intensité (exclamation et insistance), mettre la consonne en position favorable (initiale, intervocalique, finale), changer l'entourage vocalique et remplacer cette consonne par une autre plus ou moins tendue. Nous travaillerons toujours dans un contexte ou dans un énoncé court, qui ait du sens, jamais sur des mots ou sons isolés, ni sur des syllabes.

Lors des répétitions, nous allons fai e p te l’app e a t pa l’apprenant et si c’est possi le, ous essa o s de e pas l’effe tue tous les apprenants ensembles. Il faut ue l’app e a t p te et u’il se corrige. De plus, nous ferons également intervenir l’ oute a ti e où les autres apprenants peuvent écouter et mémoriser le son répété par un autre apprenant. Et pour l’ tape suivante, nous pouvons demander aux apprenants de lire à haute voix les phrases ou les textes littéraires. Il est logique que les fautes de prononciation des apprenants ne disparaissent pas immédiatement lors de la correction phonétique car les apprenants doivent prendre un peu du temps afin de se libérer de leurs ha itudes d’écoute et de prononciation liées à leur propre langue maternelle afin de pouvoir acquérir progressivement la maîtrise du système phonologique de la langue cible. Nous proposerons ici des exemples de correction des phonèmes de consonnes fricatives en utilisant les contextes facilitants, puis nous donnerons quelques exemples d’e e i es de o e tio pho ti ue pou ha ue oppositio des pho es t a aill s. Ces exercices proposés s’ad esse t pa ti uli e e t à os app e a ts thaïla dais.

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l’oppositio [f] – [v]

Cela concerne l’oppositio de o so es o st i ti es sou des et so o es a e da s e as l’assou disse e t du [ ]. Les résultats de notre étude montrent que cette opposition a posé plus de difficultés pour les apprenants thaïlandais tant au niveau de la perception que de la production. Il est i po ta t de appele i i ue le so [ ] ’e iste pas en thaï. Les apprenants o t l’ha itude de p o o e le pho e le [f] au lieu du [v]. Ils ont tendance à le prononcer trop tendu alo s u’il faudrait u’ils le relâchent.

Pour la correction, o atte d l’o te tio d’une consonne plus grave et relâchée. L’e tou age o ali ue fa ilita t le so [ ] peut e tuelle e t t e is à p ofit e utilisant des voyelles graves telles que [u], [o], [ɔ], [ ] et [ ] en position intervocalique ou finale, avec une intonation descendante, par exemple:

- J’ai e ais vous voi .

- Il y a une auto devant la porte. -J'ai raté mon vol.

Nous pouvons également prendre un exemple de correction proposé par une uipe d’e seig a ts du Ce t e de FLE de l’I stitut des La gues de l’u i e sit d’Alep - Syrie. Nous t ou o s ue le [ ] ’e iste pas e a abe. Ce son pose donc une difficulté aux apprenants arabophones. Nous considérerons que cet exercice pourra être adapté pour nos apprenants thaïlandais :

Par ailleurs, après avoir proposé aux apprenants de travailler avec les contextes fa ilita ts, l’enseignant peut faire répéter les apprenants en utilisant les phrases suivantes où les [f] et [v] se situent en position initiales, intervocaliques et finales:

- Ils font souvent du vélo ?

- Son frère est professeur à l'université. - J’ai déjà vendu mon vieux sofa.

- En hiver, il fait très froid, il faut bien se couvrir. - Ma femme vient de finir son travail.

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l’oppositio [s] – [z]

Les app e a ts thaïla dais o t du al à disti gue pe epti e e t l’oppositio [s] – [z], et ils ont des difficultés à prononcer le [z] français, c'est-à-dire u’ils ont tendance à p o o e le [s] au lieu du [z]. Noto s ue le [z] ’e iste pas e thaï. Pou o te i u e consonne moins aigüe, nous pouvons entourer cette consonne sourde de voyelles ouvertes ou mi-ouvertes telles que [a], [ε] et [ɔ ] en position finale, avec une intonation descendante, par exemple :

-J’ai e ie ette ose. - Ils ont osé.

-Ce monsieur, il a toujours raison. -Elle est japonaise.

-J’ is ette ph ase.

Puis, après avoir utilisé des contextes facilitants, l’e seig a t peut fai e p te aux apprenants des phrases simples présentant une alternance de son [s] et [z], par exemple (Debyser, F., 1969 ; p.23) :

Ses amis sont en Asie - ’est assez a usa t Ils ont des amis aussi – Suza e s’a use.

E plus, l’e seig a t peut p opose u o au si gulie et les app e a ts répondent en le mettant au pluriel, par exemple (Troutot, M., 1969; p.27) :

Une amie Des amies

Une idée Des idées Une enfant Des enfants

Ensuite, les apprenants peuvent également travailler sur des phrases courtes. L’e seig a t leu p opose i i de lire à haute voix ou de faire une dictée (Léon, M., 1991, p.78) :

Les deu sœu s se u isse t à deu heu es. On entend de la musique classique au concert. Les hivers sont froids au centre des États-Unis. Passez-y entre six et dix heures.

Ce sont des histoires intéressantes. Mais si, allez- , ’est a usa t. Il s’est assis su u e haise. Je vous assure que si.

Les signes du zodiaque sont douze. Ils ont visité le musée de Marseille. Le voisin s'amuse dans le zoo du cirque.

Nous proposons enfin aux apprenants de prendre connaissance du texte littéraire ci-dessous. Il s’agit d’u poème « L'Albatros » qui est extrait de "Spleen et idéal", la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire. Ce texte s’ad esse plutôt aux apprenants de niveau avancé (C1).

Pour ce faire, les apprenants doivent trouver les sentiments que ce texte exprime (tristesse, joie, sérénité, fatalisme, mélancolie etc.), puis ils le lisent à voix haute avec l’i to atio o e a le. Ils peu e t galement les apprendre par cœu et les ite devant la classe comme au théâtre.

Voici un extrait de L’Al at os Spleen et idéal) :

« Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

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l’oppositio [ʃ] -[ʒ] - [s]

“i ous o ti uo s d’o se e les e eu s de p o o iatio pou les f i ati es hez les app e a ts thaïla dais, ous e a uo s u’ils o t une difficulté à prononcer les sons [ʃ] et [ʒ]. Ces deux sons, o e ous l’avons précisé da s la pa tie th o i ue, ’e iste t pas dans le système consonantique du thaï. Les apprenants thaïlandais ont tendance à prononcer le [s] à la place du [ʃ]. Il s’agit d’u e fricative pré-palatale fa e à l’al olai e [s]. Tout d’a o d, pour renforcer la labialité, nous allons travailler à partir de l’e tou age o ali ue fa ilitant en utilisant des voyelles arrondies telles que [o] et [u]. Les apprenants doivent répéter des phrases suivantes où le [ʃ] sera entouré par les voyelles

ui o t le e poi t d’a ti ulatio post ieu , pa e e ple ;

- Passe-moi un bouchon de bouteille, s’il te plaît! -J’ai e ie la pâte à choux.

-Tu connais la choucroute ? -Tu as vu quelque chose. -Il fait chaud!

Ensuite, si le [ʒ] est prononcé par le [ʃ], pour obtenir une consonne moins aigüe et relâchée. Nous e isageo s de t a aille a e l’e tou age o ali ue fa ilita t e utilisant des voyelles ouvertes telles que [o], [ɔ], [ ] et [ ] en position intervocalique ou finale, avec une intonation descendante. Nous proposons aux apprenants de répéter les phrases suivantes où le [ʒ] sera entouré par les voyelles qui ont le même point d’a ti ulatio post ieu , par exemple:

-J’ai e ie e potage. -Cette image est très jolie.

-Il mange beaucoup de chocolats. - Elle est déjà partie en vacances. - Ce jardinier est très gentil. - Il part en Jamaïque !

De plus, nous proposons des phrases courtes à lire à voix haute ou en dictée (Léon, M., 1991, p.80):

Il fait haud, j’ai ouvert la fenêtre de gauche. Il faut ue je sa he l’âge de la jeu e fille hi oise. L'ingénieur et le chirurgien cherchent des oies á Bruges. J’ai hass le jagua e Chi e.

Il y a beaucoup de gens aux champs. J’ai a het u ageot de hou ouges.

La neige et la glace bouchent les chemins de la région. Jeanne change se chemise orange et sa jupe jaune.

Nous pouvons également nous référer à un court texte tiré de l’ou age:

Phonétique, 350 exercices de Mme Abry et Mme Chalaron, afin de travailler sur

l’intonation et le rythme par la lecture du traité de dicton :

Un ange qui songeait à changer son visage pour donner le change se vit si changé, que loin de louanger ce changement, il jugea que tous les autres anges jugeraient que jamais ange ainsi changé ne rechangerait jamais, et jamais plus ange ne songea à se changer.

Pour ter i e , l’e seig a t de a de au app e a ts de li e à voix haute le poème ci-dessous : « Le te ps l’ho loge » de Jean Tardieu, extrait des recueils “L'a e t grave et l'accent aigu :

« L’aut e jour j’ outais le te ps

qui passait da s l’ho loge Chaînes, battants et rouages

il faisait plus de bruit que cent au clocher du village et mon âme en était contente.

J’ai e ieu le te ps s’il se montre que s’il passe en nous sans bruit

comme un voleur dans la nuit »

L’o je tif de l’utilisation des différentes activités ci-dessus permet aux apprenants d’a u i u e o e p o o iatio e assu a t u e o e a ti ulatio . Ils sus ite t la motivation des apprenants et renforcent leur confiance en eux. Or l’e t aînement phonétique doit cibler la perception auditive, renforcée par la répétition afin de développer des compétences perceptives et productives dans la langue cible (Ouahmiche, G., 2008, p. 357).