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I.4 La baie du Mont-Saint-Michel : Exemple d’environnement littoral mixte

I.4.2 Contexte hydrodynamique et morpho-sédimentaire

La baie est caractérisée par un régime mégatidal, avec un marnage qui atteint environ 15 mètres lors des marées de vives-eaux équinoxiales. La zone intertidale possède une surface de 250 km2 (Larsonneur, 1994). Les courants de marée de type alternatifs dans la partie centrale de la baie peuvent atteindre 3 m s−1 mais s’atténuent vers l’ouest (inférieur à 0,6 m s−1) où ils deviennent giratoires.

Le régime de houle est relativement faible. Les houles les plus importantes sont souvent de secteur Nord-Ouest et possèdent au large des hauteurs significatives pouvant atteindre, voire dépasser 3 mètres (Weill, 2010). Cependant, la houle est réfractée lorsqu’elle entre dans la baie et perd de l’énergie au cours de sa propagation sur le large estran dans des profondeurs d’eau faibles. Son action est amortie à l’ouest alors qu’elle est significative au centre de la baie.

Trois fleuves se jettent dans la partie est de la baie : le Couesnon, la Sée et la Sélune. Ces cours d’eau possèdent de faibles débits, en moyenne de 8 à 15 m3s−1 (Larsonneur, 1989 ; 1994). La charge solide est pratiquement négligeable. On estime que le volume total annuel provenant du système fluvial ne dépasse pas la moitié du volume sédimentaire remobilisé lors d’un seul cycle de marée (Bonnot-Courtois et al., 2004).

L’influence de la marée, de la houle et des fleuves, variables dans l’espace, contrôle l’organisation morpho-sédimentaire de la baie du Mont Saint-Michel (Caline, 1982 ; Lar- sonneur, 1994 ; Bonnot-Courtois et al., 2002). Trois environnements sont distincts dans la baie (Tessier et al., 2006) :

• L’estuaire de la Sée-Sélune-Couesnon : la rencontre des trois fleuves à l’est de la baie forme un large système estuarien dominé par les courants de marée. Cet environnement sableux à silteux évolue au grès de la dynamique de migration des chenaux tidaux. Les silts et les sables fins sont composés à plus de 50 % de carbo- nates (débris de coquilles et foraminifères). Ils forment un sédiment aux propriétés rhéologiques bien particulières, la tangue (Bourcart et Charlier, 1959) qui présente des caractéristiques de cohésion mécanique en raison de la forme et de l’arrange- ment des particules sédimentaires, et en l’absence de minéraux argileux. La tangue est ainsi un sédiment mixte silico-bioclastique, qui présente une hétérogénéité com- positionnelle.

• Le Nord-Est de la baie : une barrière littorale sableuse est présente à la transition entre le domaine marin ouvert et la marge nord de l’estuaire. Cette zone est exposée

I.4 La baie du Mont-Saint-Michel : Exemple d’environnement littoral mixte

à la houle qui induit une dérive littorale orientée vers le Sud et la construction de flèches sableuses.

• Le Sud-Ouest de la baie (ou fond de baie) : Il est caractérisé par un estran très large à pente faible à modérée (2 à 5 %). Protégé des houles les plus fortes par la pé- ninsule de Saint-Malo, ce domaine est propice à une sédimentation fine, présentant un gradient granulométrique croissant d’ouest en est. La baie de Cancale corres- pond au milieu le plus calme avec la présence de vasières. En se rapprochant de la transition avec l’estuaire, l’agitation et la vitesse des courants de marée augmentent et les sédiments s’enrichissent en silts et en sables. L’estran silto-sableux est le siège d’une intense production carbonatée in-situ, au travers du développement d’espèces de mollusques intertidales. A l’est de la baie au sens strict, à la transition avec le domaine estuarien, s’étend un vaste récif d’hermelles, bioconstruction associée à une colonie d’annélides polychètes (Sabellaria alveolata), dont les tubes sont composés de débris bioclastiques millimétriques collés entre eux. Avec une surface supérieure à 200 ha, il s’agit du plus grand récif bioconstruit d’Europe. L’amortissement des houles et des courants par le récif a permis le développement d’un large banc bio- clastique (banc de la Grande Bosse). Enfin, la partie inférieure de l’estran est le siège d’une activité conchylicole importante, avec la présence de tables à huîtres en face de la commune d’Hirel, et des bouchots qui s’étendent entre le Vivier-sur-Mer et Sainte-Anne, puis en arrière du récif d’Hermelles vers la zone estuarienne (Fournier, 2013). Bien que généralement calme, le fond de baie est soumis à la propagation de la houle, lors des périodes de tempêtes modérées à fortes de secteur Nord-Ouest à Ouest. La houle et les vagues se propagent donc sur l’estran à marée montante, transportant des sédiments grossiers silico-bioclastiques. Une barrière littorale ca- ractérise par conséquent la limite supérieure de l’estran tout le long de la côte sur du fond de baie. Cette barrière est constituée de bancs bioclastiques coalescents qui se développent en bordure de la digue de la Duchesse Anne de Bretagne (Bonnot- Courtois et al., 2004 ; Weill, 2010 ; Weill et al., 2012 ; 2013).

La baie du Mont-Saint-Michel possède un substrat sédimentaire hétérogène et donc par conséquent, une macrofaune benthique interdidale également hétérogène. La varia- bilité des espèces cultivées génère un apport et une diversité supplémentaire de la faune locale. L’énergie croissante vers l’est de la baie engendre un substrat de plus en plus grossier. Ces hétérogénéités spatiales peuvent impacter la composition du sédiment au niveau des barrières. Pour évaluer si la composition sédimentaire évolue le long du litto-

ral, des échantillonnages ont été effectués sur des bancs distants de plusieurs kilomètres. Une analyse de la composition faunistique est effectuée (analyse photo, prélèvements). L’évaluation du degré de mixité du sédiment de deux zones les plus éloignées est réalisé par calcimétrie.

I.4.3

Composition faunistique de la barrière littorale le long de