• Aucun résultat trouvé

Les citoyens du canton de Genève ont adopté en 1986 déjà l’initiative « l’énergie notre affaire » qui comportait une clause anti-nucléaire, ainsi que des principes concernant l’utilisation rationnelle de l’énergie et le développement prioritaire des énergies renouvelables, dans le respect de l’environnement (CRAMER R., 2010). Cette initiative a abouti à plusieurs Conceptions Générales de l’Energie (CGE) qui se sont succédées dans le temps et dont la dernière version a été adoptée par le Grand Conseil genevois en 2008 (ETAT DE GENEVE, 2007b). Cette CGE intègre formellement comme vision à long terme l’objectif de société à 2000W sans recours au nucléaire, sur la base du rapport de Novatlantis fait en 2006 (NOVATLANTIS, 2006).

Le territoire genevois est très bien documenté au niveau statistique et cartographique, grâce au Système d’information du territoire genevois (SITG, 2010a [en ligne]) et à l’Office cantonal de la statistique (OCSTAT, 2010 [en ligne]).

La statistique genevoise se fonde sur le concept d’approvisionnement, à mi-chemin entre l’énergie brute et l’énergie finale de la statistique nationale (OCSTAT, 2010 [en ligne]). Elle comprend :

• la production indigène en unité transformée (électricité essentiellement) et l’électricité importée, y compris les pertes de transport et de distribution ;

• la consommation de combustibles et de carburants.

Les carburants d’aviations sont comptabilisés séparément. L’énergie finale peut être obtenue après déduction des pertes techniques et de réseau.

On peut estimer grossièrement un taux d’autosuffisance énergétique local, qui est le rapport entre l’énergie provenant de ressources locales et la consommation finale, indépendamment de l’efficacité de la prestation. Pour les trois grands postes genevois de consommation d’énergie, ce taux, encore mal connu, peut être estimé à :

• environ 25% pour l’électricité (essentiellement hydraulique) ;

• quelques pour cent pour le thermique (essentiellement bois et chauffage à distance issu des ordures ménagères, en ne tenant pas compte du solaire passif des bâtiments) ;

• quelques pour cent pour la mobilité (mobilité douce à comparer à la mobilité motorisée15

15 Sans tenir compte de l’efficacité de la prestation, celle-ci étant beaucoup plus importante pour le déplacement à pied ou en vélo qu’en voiture.

).

Afin d’évaluer statistiquement le chemin à parcourir vers une société à 2000W, on reprend les données d’énergie finale de l’OCSTAT en intégrant une valorisation de 1.13 pour l’électricité16, afin d’aboutir à une énergie brute pour le canton de Genève (annexe 4). Cette approche omet une partie de la consommation brute réelle (voir chapitre 4) étant donné que l’OCSTAT fourni les statistiques de livraison aux consommateurs finaux, intégrant donc une notion économique de marché et excluant de facto les énergies non commerciales (solaire thermique, chaleur de l’environnement, bûches autoconsommées, etc…). Or, au niveau suisse, comme nous l’avons vu, les statistiques énergétiques contiennent partiellement les énergies non commerciales, permettant le calcul de l’énergie brute (CSE, 2011 [en ligne]).

Les carburants consommés par les avions faisant le plein à l’Aéroport International de Genève (AIG) sont statistiquement connus. Mais sur combien d’habitants répartir cette consommation ? Genève, AFVG, Suisse Romande ? Et cette consommation doit-elle être réellement répartie uniquement sur des habitants locaux ? Quel est l’impact sur l’économie, et indirectement sur l’énergie, de l’aéroport ? Quels avions font-ils vraiment le plein à Genève et pour quelles destinations ? Autant de questions qui nécessiteraient de nombreuses recherches.

Malgré toutes ces incertitudes, le choix a été fait ici de comptabiliser la moitié des carburants de l’AIG sur les statistiques du canton de Genève17. L’intégralité de ces carburants est rapportée à la population du territoire élargi de l’AFVG, soit environ 850'000 habitants18

Concernant l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), située à cheval sur la frontière franco-suisse, elle n’a pas été comptabilisée dans ce travail

.

19.

16 Car l’électricité vendue par SIG sur Genève étant entièrement certifiée (SIG, 2010c [en ligne]), on considère un mix de 87% d’hydraulique et de 13% de gaz (centrale au Luxembourg avec rendement d’au moins 50% - M. Friedli, SIG, communication personnelle).

17 La valeur de 410 W/hab (ou 440 W/hab pour l’AFVG) auquel nous aboutissons est près du double de la valeur estimée pour la Suisse, de 230 W/hab (NOVATLANTIS, 2005). Elle peut donc être considérée comme un maximum.

18 À noter que la croissance de la consommation de l’AIG est forte entre 2005 et 2008, mais que les valeurs relatives atteintes aujourd’hui sont encore en-dessous de celles de 1990 (voir plus loin - Figure 7).

19 Selon le site du CERN, la consommation d’électricité est estimée à 1'000 GWh par an (CERN, 2011 [en ligne]).

Selon le nombre d’habitants considérés (Suisse ou Genève), on peut aboutir à une valeur de 15 à 250 W/hab.

La prise en compte de l’origine nucléaire de l’électricité implique de multiplier ce chiffre par trois. A titre de comparaison, l’électricité consommée par chaque suisse pour les CFF est de 45 W/hab (voir Tableau 3 ci-après).

Schématiquement, l’état actuel et le chemin vers la société à 2000W future « idéale » est représenté selon l’énergie brute (puissance moyenne annuelle - Figure 3 – annexe 4) en y intégrant l’utilisation rationnelle de l’énergie (URE, en jaune) et une augmentation de la production des énergies renouvelables (ER, en vert) :

Figure 3 : puissance brute selon les statistiques du canton de Genève

On constate que la consommation relative de 3'440 W/hab est d’environ 30% plus faible que la moyenne suisse de 4'812 W/hab (Tableau 1).

Cependant, vu les caractéristiques de la consommation électrique genevoise, l’énergie finale par habitant n’est que de 10% plus faible que celle de la suisse, soit 3’340 W/hab pour Genève contre 3’744 W/hab pour la Suisse (Tableau 1).

A l’identique de la puissance moyenne annuelle brute, on peut représenter le chemin vers la société à 2000W future « idéale » selon la puissance primaire (Figure 4) :

Figure 4 : puissance primaire selon les statistiques du canton de Genève

On constate cette fois que la consommation relative de 4'430 W/hab est d’environ 30% plus faible que la moyenne suisse de 6'165 W/hab (Tableau 1). Avec cette vision en énergie primaire, on a simplement rajouté 1'000 W/hab à l’utilisation rationnelle de l’énergie (URE).

On peut également résumer les consommations genevoises selon les trois grands postes de consommation que sont l’électricité, le chauffage et les carburants (Tableau 2) :

GENEVE : Moyenne 2005-2008 Energie primaire

Tableau 2 : statistiques énergétiques globales genevoises en W/hab (annexe 4)

Ces chiffres – résultant d’une moyenne des quatre dernières années sur le canton de Genève -, aboutissent à une valeur d’énergie finale d’environ 1.33 fois l’énergie primaire ou 1.03 fois l’énergie brute20

En conservant le facteur « énergie primaire sur énergie finale » de 1.33, cela signifie en réalité, concrètement, environ 1'500 W/hab en équivalent d’énergie finale proposé par la société à 2’000W.

Cela correspondrait à 375 W/hab d’énergie fossile finale, soit 13% de la consommation actuelle du fossile du canton de Genève et à 1’125 W/hab d’énergie renouvelable finale, soit 173% de la consommation actuelle du renouvelable du canton de Genève

(annexe 4). Ce chiffre assez faible est dû essentiellement à la vente de plus de 85%

d’électricité hydroélectrique et au bannissement du nucléaire du bouquet électrique vendu sur le réseau genevois.

21

20 A comparer à la valeur de 1.65, respectivement 1.28, au niveau suisse (

.

Tableau 1).

21 La consommation actuelle des énergies renouvelables sur Genève selon les statistiques de l’OCSTAT est d’environ 650 W/hab de renouvelable (local et non local), réparti entre 87% de 733 W/hab en hydroélectrique plus 6 W/hab de bois.

Il est très difficile de calculer des valeurs correctes au niveau local concernant la part d’énergie grise de l’énergie brute (correspondant à l’énergie primaire). Les politiques locales ont très peu d’influence sur l’énergie grise des énergies fossiles et de leurs sous-produits. En revanche, promouvoir et revenir à des ressources renouvelables locales et des cycles courts de consommation permettront très probablement de diminuer ce facteur « énergie primaire sur énergie finale » à long terme.

De toute façon, dans une analyse des sources d’énergies renouvelables, et compte tenu des multiples échanges d’énergies, il est difficile de se limiter aux frontières administratives cantonales et il apparaît essentiel d’élargir l’analyse au bassin socio-économique de la région.

L’échelle pertinente pour une partie du travail d’analyse des ressources du territoire paraît être l’agglomération genevoise (AFVG), issue du projet d’agglomération franco-valdo-genevoise (PAFVG), projet politique initié en 2007 (PAFVG, 2010a [en ligne]).

Etant donné les contours administratifs du projet VIRAGE et l’accès aux données, on a parfois dû se limiter au canton de Genève. Mais chaque fois que cela était possible et surtout pour certaines ressources plus régionales comme les biomasses, l’analyse s’est faite sur le bassin élargi de l’AFVG (voir chapitre 3).