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Contexte d’étude d’infection mycobactérienne

Chapitre 4 : Interactions hôte-pathogènes pour la lutte martiale

IV.2. Contexte d’étude d’infection mycobactérienne

IV.2.1. Historique, prévalence et incidence de la tuberculose La tuberculose (TB), maladie décrite comme

contagieuse par Avicenne (980- 1037) dès le 11ème

siècle reste un problème de santé publique majeur 10 siècles plus tard. Les populations défavorisées (conditions socioéconomiques défavorables, accès aux soins difficile) dans les pays sous-développés et développés sont les plus touchées. De plus l'association à d'autres maladies comme le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine)/sida et l'apparition de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques ont donné un regain d’intérêt pour lutter définitivement contre cette maladie. La tuberculose commence par une infection par le bacille

tuberculeux ou bacille de Koch (BK), en référence à Robert Koch qui identifia la bactérie pour la première fois en 1882. Au cours de cette primoinfection tuberculeuse, qui passe le plus souvent inaperçue sur le plan symptomatique, le BK se multiplie à l'intérieur des cellules phagocytaires comme les macrophages, qui sont l'une des premières lignes de défense du système immunitaire. Une réponse de l'immunité cellulaire permet alors le plus souvent de contenir le bacille dans le foyer de primo-infection.

La tuberculose humaine partage avec le VIH/sida le podium malheureux du classement des maladies les plus mortelles au monde (1.5 million pour la TB et 1.2 million pour le VIH/sida avec 0.4 million de co-infection TB-VIH/sida) en 2015. D’une manière plus synthétique, la TB a fait 3 morts/minute en 2015. Dans la même année 9.6 millions de personnes ont développé la tuberculose active (5.4 millions d’hommes, 3.2 millions de femmes et 1 millions d’enfants) soit 20 nouveaux cas de TB par minute. Actuellement 1 personne sur 3 dans le monde est infectée par M. tuberculosis (soit 2,5 milliards). Généralement un système immunitaire compétent de

l’hôte est capable de contenir l’infection. Ainsi seulement 5% des personnes infectées par Mtb peuvent développer la maladie et ce le plus souvent en condition d’immunodéficience.

IV.2.2. Stratégies mondiales de lutte contre la tuberculose

L’année 2015 était censée être le tournant majeur en termes de développement mondial puisque cette année était la date limite pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui s’étalaient de 2000 à 2015 définis lors du sommet du millénaire à New York (du 6 au 8 septembre 2000). L’objectif 6 de ces fameux OMD se focalisait sur la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et d’autres maladies. En dépit des efforts réalisés pour combattre la tuberculose selon le plan stratégique « The Stop TB strategy at a glance » (qui s’étale de 2006 à 2015) inclus dans les OMD, la TB a fait plus de 1.5 millions de morts en 2015. Un nouveau plan stratégique (The End TB strategy) a été adopté en mai 2014 visant à réduire de 90% la mortalité due à la tuberculose d’ici 2030. Il est à préciser qu’un monde « TB-free » est une affaire de sécurité mondiale puisque la transmission de la maladie par voie aérienne facilite la contamination. De plus, le monde n’a jamais connu de mouvements de population aussi importants (vacances, études, commerces, migrations…) que ces dernières années. En dépit des bonnes volontés des uns et des autres pour combattre cette maladie, l’OMS estime un déficit de 2.7 milliards d’euros pour venir à bout de la tuberculose. En France, 4934 (dont 61% d’hommes) déclarations de cas de la tuberculose ont été enregistrées en 2013. En région Centre (France) on dénombre entre 5 – 8 cas de tuberculose pour 100.000 habitants en 2013 (Aït Belghiti and Antoine, 2015). Néanmoins une prise en charge efficace des personnes atteintes de la maladie permet de les guérir de l’infection.

IV.2.3. Causes de la tuberculose

La tuberculose humaine est causée par les agents Mycobacterium tuberculosis (Mtb) et

Mycobacterium bovis (Mb). Les deux espèces précitées sont génétiquement identiques à un taux

supérieur à 99.95% (Garnier et al., 2003). M. bovis est également à l’origine du vaccin antituberculeux mis au point par Albert Calmette et Camille Guérin. La transmission de la maladie se fait principalement en présence d’une personne atteinte de la forme pulmonaire de la maladie. De plus les bovins infectés par M. bovis peuvent transmettre la TB à l'homme par ingestion de lait cru de vaches contaminées par M. bovis ou par un contact rapproché avec les

animaux infectés par la bactérie (Cosivi et al., 1998). La tuberculose causée par M. bovis représente 3,1% des cas de tuberculose avec des proportions beaucoup plus importantes dans des zones où l’activité de l’élevage du bétail est importante (par exemple 16% des cas de la tuberculose en Tanzanie) (El-Sayed et al., 2016). Grâce au processus de pasteurisation systématique, les pays industrialisés ont réussi à réduire significativement les cas de zoonose provoqués par M. bovis.

IV.2.4. Cycle infectieux de Mycobacterium tuberculosis (Mtb)

Comme résumé sur la figure 19 ci-dessous, le processus infectieux de Mtb passe par une transmission des mycobactéries par inhalation par un individu sain d’aérosols rejetés par un individu malade. Les mycobactéries infectent les macrophages via un processus de phagocytose « inachevé » permettant à la bactérie de se multiplier dans les phagosomes. Une réaction immédiate de l’hôte dans ces conditions permet ultérieurement le recrutement des cellules immunitaires sur le site des phagocytes infectés comme les lymphocytes. L’ensemble des cellules immunitaires forment des structures bien organisées appelées granulomes visant à contenir les mycobactéries extraphagocytes ou intraphagocytes (Figure 20). L’entrée en nécrose du granulome permet par la suite une multiplication extracellulaire mycobactérienne importante, une infection de nouveaux phagocytes et un risque de propagation de la maladie (Figure 19).

Figure 19: Cycle de Mtb.

Les mycobactéries expectorées par un individu malade et inhalées par un individu sain infectent les macrophages de ce dernier. Par la suite la formation de granulomes se met en place. La destruction du granulome conduit à la prolifération mycobactérienne et entraîne ainsi un nouveau cycle d’infection (Cambier

Figure 20 : Structure et constituants cellulaires d’un granulome tuberculeux.

Le granulome mycobactérien est formé au centre de mycobactéries extraphagocytes ou intraphagocytes des macrophages épithéloïdes, des cellules dendritiques, des neutrophiles et des lymphocytes NK et à l’extérieur de lymphocytes T et B (Ramakrishnan, 2012).

IV.3. Prévention et traitement de la tuberculose