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1. A NALYSE CONTEXTUELLE ET SOCIALE DES DYNAMIQUES DE SANTÉ , DE

1.2 Le contexte d’émergence des maladies chroniques dans le monde

Selon le rapport du panorama santé 2011, un examen rétrospectif de l’évolution de la santé et des systèmes de santé depuis la création de l’Organisation de coopération et du développement économique (OCDE) en 1961, met en évidence à ce jour trois éléments marquants du vingt et unième siècle : l’allongement de l’espérance de vie ; le caractère changeant des facteurs de risque

pour la santé ; la croissance constante des dépenses de santé, qui a largement dépassé la croissance du Produit intérieur brut (PIB).

En effet, malgré les inégalités de santé qui persistent, il apparaît que l’état de santé de la population des pays de l’OCDE s’est considérablement amélioré. Les hommes comme les femmes vivent beaucoup plus longtemps que par le passé. Selon ce rapport, l’augmentation de la longévité s’explique en partie par la diminution de certains grands facteurs de risque, grâce à une médecine de plus en plus performante.

Cependant, une grande part des problèmes de santé dans les vingt neuf pays membres de l’OCDE de nos jours est imputable à des facteurs liés au mode de vie, tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, l’obésité, une mauvaise hygiène alimentaire et un manque d’exercice physique.

En effet, les causes de mortalité ont complètement changé. Dans les pays favorisés, on meurt essentiellement de maladies cardiovasculaires et de cancers, maladies dues, en partie du moins, à des profils comportementaux à risques (Brunon-Schweitzer, 2002).

Ainsi, si la conception de la santé a évolué au fil du temps, c’est grâce aux progrès de la médecine. Comme évoqué, le traitement, notamment des maladies infectieuses s’est traduit par un allongement de la longévité des populations et donc par l’accroissement du taux de certaines maladies nommées chroniques. Ces maladies aux conséquences nouvelles et multiples (physiques, mentales, sociales), affectent le bien-être des personnes malades.

Dans cette perspective, le concept de la santé s’en trouve modifié par l’attention portée sur le bien-être et la qualité de vie. L’apparition des maladies chroniques et l’importance qu’elles prennent dans notre société où l’espérance de vie ne cesse de croître, constituent un enjeu capital du point de vue scientifique et médical mais également du point de vue économique et social.

Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (2003), le fardeau des maladies chroniques s’alourdit rapidement dans le monde entier. En 2001, ces maladies ont été responsables d’environ 60 % des 56,5 millions de décès déclarés dans le monde et d’environ 46 % de la charge mondiale de morbidité. Ce dernier chiffre pourrait passer à 57 % d’ici 2020. Toujours selon ce rapport, près de la moitié de l’ensemble des décès dus à une maladie chronique est imputable aux maladies cardio-vasculaires ; l’obésité et le diabète suivent aussi

une courbe inquiétante, parce qu’ils touchent déjà une forte proportion de la population, mais aussi parce qu’ils apparaissent maintenant plus tôt dans la vie.

Par ailleurs comme mentionné dans ce rapport, le problème des maladies chroniques est loin de se limiter aux régions développées du monde. Contrairement à une croyance répandue, les problèmes de santé publique liés aux maladies chroniques ne cessent de s’aggraver dans les pays en développement. Même si le virus de l’immunodéficience humaine et le syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/SIDA), le paludisme et la tuberculose ainsi que d’autres maladies infectieuses prédominent en Afrique subsaharienne aujourd’hui et dans un avenir prévisible, 79 % du total mondial des décès attribuables à des maladies chroniques se produisent déjà dans des pays en développement.

Le rapport OMS (2003) met en évidence que selon les projections, d’ici à 2020, les maladies chroniques seront responsables de près des trois quarts de tous les décès dans le monde, 71 % des décès dus à des cardiopathies ischémiques, 75 % des décès dus à un accident vasculaire cérébral et 70 % des décès dus au diabète se produisant dans les pays en développement. Dans le monde en développement, le nombre de diabétiques sera plus de 2,5 fois plus grand ; il passera de 84 millions en 1995 à 228 millions en 2025. Les pays en développement auront 60 % de la charge mondiale de la morbidité chronique. Quant à l’excès de poids et à l’obésité, non seulement la prévalence actuelle a déjà atteint des niveaux sans précédent, mais elle s’accélère chaque année dans la plupart des zones en développement à un rythme qu’on ne peut négliger. Selon le rapport OMS (2003) :

L’étiquette “ maladie de riche ” appliquée aux maladies chroniques est de moins en moins appropriée, car ces maladies émergent aussi bien dans les pays pauvres que dans les couches pauvres de la population des pays riches. (p. 4)

À ce titre, ce rapport met en évidence que les maladies chroniques peuvent être considérées comme des maladies transmissibles, pour ce qui est des facteurs de risque. Une alimentation déséquilibrée et peu de pratiques physiques liés au mode de vie contemporain deviennent des comportements à risque qui se propagent à travers les pays et se transfèrent d’une population à une autre comme une maladie infectieuse. La plupart de la population mondiale vit dans des pays où le surpoids et l’obésité font davantage de morts que l’insuffisance pondérale.

En 2014, plus de 1,9 milliard d’adultes – personnes de 18 ans et plus – étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 600 millions étaient obèses10. Il est reconnu que les maladies chroniques représentent une véritable épidémie mondiale nécessaire à maîtriser. Les connaissances scientifiques à ce sujet sont de plus en plus étayées.

Sous le vocable de maladie chronique, on interroge une grande diversité d’éléments en interrelation : « l’ampleur épidémiologique du phénomène en termes de fréquence, de déterminants, ou de conséquences, l’impact en termes de coûts au niveau de la société, ainsi que les modes de prise en charge médicale, soignante et économique » (Agrinier et Rat, 2010, p. 12).

Suite à cette recension, nous sommes en mesure de mettre en exergue que les maladies chroniques se développent dans tous les pays et également dans les pays en voie de développement. Les comportements à risque se propagent sur un niveau mondial avec des conséquences socio-économiques non négligeables. La maladie chronique devient une maladie complexe dont les paramètres multifactoriels évoluent en lien avec des comportements psychosociaux à risque, entraînant à termes des dépenses de santé majeures. Nous proposons ci-après de nous centrer sur la France.