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CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU BURKINA FASO

1.6. Contexte économique et de l’emploi

L’économie du Burkina Faso repose principalement, sur l’agriculture. 17.90% des terres sont allouées à l’agriculture et 39% à l’élevage (INSD, 2014, p.19). L’agriculture représente plus de 32% du Produit intérieur brut (PIB). Le secteur agricole occupe 84% de la population et le pays reste l’un des premiers exportateurs de coton en Afrique, même si ce produit résiste mal aux soubresauts permanents des cours mondiaux (Ouedraogo & Zerbo, 2010, p.14).

Les principales activités économiques sont liées à l’agriculture, à l’élevage, la pêche, au commerce, le tourisme, aux télécommunications, à l’industrie. L’économie informelle non agricole (rurale et urbaine) constitue le second bassin d’emplois et se place comme le principal pourvoyeur d’emplois en milieu urbain. (Ouédraogo & Zerbo, 2010, p.15).

L’économie du Burkina Faso est structurée en deux secteurs principaux : formel et informel (Ouedraogo & al., 2010, p.17). Le secteur moderne (urbain et rural) est le bassin d’emplois le moins important avec 3.80% de actifs occupés et le secteur structuré de l’économie formelle, répondant aux standards économiques est composé à 55.20% d’emplois du secteur public et de 44.80% d’emplois salariés du secteur privé (Ouédraogo & al., 2010, p.17). L’écart de salaire dans le secteur public entre hommes et femmes est de 19.50% en faveur des premiers, tandis que dans le secteur privé, cet écart est de 2.10% en faveur des femmes (Ouédraogo & al., 2010, p.17). C’est de ce secteur que provient notre population d’enquête, puisque c’est ce personnel qui est concerné par notre problématique de la recherche sur la question de la carrière et de la formation professionnelle.

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Le Burkina Faso évolue dans un environnement économique difficile. Selon les standards économiques internationaux, le seuil absolu de pauvreté monétaire est estimé à 153.530 F CFA4

par personne adulte et par an. A partir de ce seuil, la proportion des pauvres dans la population au niveau national, est de 40.10% avec d’énormes disparités entre le milieu urbain où la pauvreté est moins massive que dans le milieu rural, qui concentre plus de 92% des pauvres, (lesechosdufaso.net).

Cette disparité dans la distribution de la pauvreté se retrouve entre les régions : la région du Centre- Est en abrite 9.30%, la région de la Boucle du Mouhoun concentre 59.70%, la région du Centre- Ouest concentre 51.70% et la région du Nord présente 70.40%. La disparité de la distribution de la pauvreté se retrouve également dans le statut matrimonial du chef de ménage, la taille du ménage, l’âge du chef de ménage et le sexe du chef de ménage (INSD, 2014, pp.35-37).

Du fait de l’enclavement, l’économie du pays dépend en grande partie de ses importations et de ses exportations. Les marchandises sont pour l’essentiel acheminées par voie maritime via les ports de Cotonou au Bénin, de Lomé au Togo et d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Si selon la terminologie communément employée, le Burkina Faso est un pays en voie de développement, il est surtout, un espace aux potentialités et ressources ignorées, sous-exploitées et dilapidées pour ce qu’il en reste. C’est un pays essentiellement agricole qui, malgré le récent boom minier, depuis le début des années 2000, avec le développement des industries extractives, peine toujours à étendre les bénéfices à une population à 80% orientée vers les activités agricoles (MESRSI, 2009, p.5). L'encours de la dette publique du pays est estimé à 1.785.02 milliards de francs CFA, en fin juillet 2014 dont 1.317 milliards de francs CFA de dette extérieure (73.80%) et de 467.90 milliards de francs CFA de dette intérieure (26.20%), ce qui explique le fait que les politiques publiques de développement dépendent largement de l’aide extérieure qui contribue pour une grande part à l’activité économique du pays (Bazyomo, 2009, p.45). Selon le rapport annuel sur le développement humain durable du PNUD en 2016, le Burkina Faso est classé 185ème sur 188 pays.

Ce qui pourrait expliquer que « la situation de pauvreté reste remarquable et se traduit par une

proportion de 41.10% de la population qui vit en dessous du seuil national de pauvreté estimé à 154 061 F CFA5 » (EMC, 2014).

La répartition de la population montre que 85% des actifs sont occupés dans le secteur primaire (agriculture, pêche, élevage, extraction minière, etc.), 12% dans le secteur tertiaire et 3% dans le secteur secondaire. Selon Ouédraogo et al. (2010, p.2), la contribution des différents secteurs à la

4Environ 230 euros

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richesse économique est estimée à 38.50% pour le secteur tertiaire, suivi du secteur primaire à 37.20% et du secteur secondaire pour 24.30%.

L’économie informelle regroupe environ 11.40% des emplois et fournit des opportunités d’emploi à plus de 60% des actifs urbains, alors que le secteur structuré de l’emploi formel regroupe 3.80% des actifs occupés et se compose de 19.30% de femmes et 80.70% d’hommes (Ouédraogo & Zerbo, 2010, p.7). Les femmes employées dans ce secteur formel gagnent en moyenne 77.500 francs CFA (118.32 euros) par mois, contre 83.400 francs CFA (127.32 euros) pour les hommes (Ouédraogo & Zerbo, 2010, p.7). Cette catégorie de la population intégrée à l’économie formelle est celle qui est directement concernée par les problématiques des études supérieures et de la formation professionnelle continue.

Selon les résultats de l’enquête multisectorielle continue de 2014, le taux d’emploi est estimé à 63.40% au premier trimestre de 2014. Il est plus élevé chez les hommes (73.70%) que chez les femmes (54.60%). Le chômage est surtout, un phénomène urbain et estimé à 6.60% de la population active, âgée de 15 ans et plus. La population inactive est plus instruite que la population active, puisque seulement 54% des inactifs sont sans niveau d’instruction contre 75% des actifs. Par ailleurs, la proportion des inactifs sans niveau d’instruction scolaire est plus élevée chez les femmes (59.80%) que chez les hommes (48.20%). Plus de 70% de la population active travaille dans l’économie informelle.

Tableau 5 : Répartition de la population inactive, selon le niveau d’instruction scolaire par milieu de résidence

Niveau Urbain Rural Total

Aucun 25.10 63.10 54.60

Primaire 40.90 29.60 32.10

Secondaire 29.80 7.30 12.30

Supérieur 4.20 0.10 1,00

Total 100 100 100

Source : DGESS/MESRSI/ données globales et indicateurs de 2016/2017

L’ensemble des données ci-dessus rapportées, indiquent la faiblesse du niveau d’instruction de la main-d’œuvre, les efforts apparaissent plus que nécessaires dans le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle, en vue de disposer d’une main-d’œuvre plus qualifiée et à même d’accroître la productivité dans les différents secteurs de l’économie.

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Les données relatives à l’emploi et au chômage sont à relativiser, avec l’appui d’autres indicateurs comme l’emploi décent, le chômage déguisé, la forte prégnance du secteur informel, les emplois non protégés ou inadéquats, l’absence d’une protection sociale accessible à une grande partie de la population active : Des taux de chômage très bas peuvent être trompeurs. L’Organisation internationale du travail (OIT) signale qu’en 2016, jusqu’à 70% des travailleurs africains sont des « travailleurs pauvres » et ont le taux le plus élevé dans le monde. Et l’organisation d’ajouter que

« la part de jeunes travailleurs pauvres a augmenté de près de 80%, ces 25 dernières années ». « De manière globale, les emplois inadéquats et les emplois non protégés sont beaucoup plus répandus en milieu rural et chez les groupes les plus vulnérables, en particulier chez les femmes et chez les jeunes. Parmi les facteurs à l’origine de cette situation, on souligne particulièrement le faible accès à la formation professionnelle, l’inadéquation des compétences avec les besoins du marché du travail, et la prépondérance de l’économie informelle –y compris le secteur agricole qui emploie 9 actifs sur 10. La couverture de la protection sociale est faible, du fait d’une part, de la très forte concentration des travailleurs dans le secteur informel, ce qui les exclut d’emblée des dispositifs conventionnels de protection sociale, et d’autre part, de la faible adhésion des entreprises formelles à ces mêmes dispositifs. En matière de protection sociale, le défi est donc double : l’extension de la couverture du régime actuel aux adhérents, ainsi que l’amélioration de la qualité des services, et l’identification de stratégies de protection sociale pour l’ensemble des actifs de l’économie non formelle ». Les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent pas

toujours compte des emplois précaires ni du sous-emploi dans le secteur informel. Comme le souligne Ouattara (2005, p.163), « En Afrique, les données statistiques et notamment les plus

récentes sont incomplètes et peu disponibles. Cette situation ne facilite pas le recueil des données qui constitue pourtant une étape importante de la réalisation des études », et « il convient de remarquer que les moteurs de la recherche [sur Internet] occupent une place non négligeable en Afrique, où la documentation dans ce domaine est insuffisante voire inexistante » (Ouattara, 2005,

p.162).