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Se construire par la transaction avec les entités invisibles La subjectivité marshallienne à travers les rituels d’initiation et

Intégration, modélisation et théorisation

Chapitre 4 Se construire par la transaction avec les entités invisibles La subjectivité marshallienne à travers les rituels d’initiation et

d’institution

Introduction

La transaction, comme concept mobilisé ici pour rendre compte du catholicisme éwé illustre la manière dont l’ontologie analogique se déploie concrètement. En son sein, les frontières de l’humain vont jusqu’aux confins du cosmos et c’est bien ce à quoi le lecteur doit s’attendre à expérimenter tout au long de ce chapitre qui se focalise sur les rituels d’initiation et d’institution dans l’ODM. L’initiation dans l’ODM vise à faire naître un certain type de sujets catholiques qui trouvent dans les expériences rituelles un accomplissement de leur être profond. En quoi ces deux rituels renforcent ou modifient-ils la perception que les acteurs ont d’eux-mêmes en se constituant membres de l’Ordre? Comment les acteurs du rituel s’identifient-ils avec Dieu, les esprits, bienveillants ou malveillants, les saints ou les innombrables créatures qui peuplent l’imaginaire marshallien ?

À travers l’analyse des différentes étapes de l’initiation ainsi que de quelques aspects du rituel d’institution, je vais mettre en exergue les effets psychiques et structurants des rituels en question, en décrivant le profil du sujet catholique qui en émerge. L’approche structurelle de l’étude des rites me permettra de mener cet effort de description. Cette approche va concrètement faire ressortir du rituel, les dimensions de l’espace et du temps, tout en prêtant une attention particulière à l’action symbolique, aux objets, aux langages corporels et verbaux ainsi qu’à la musique. La constitution du sujet se fait à travers le rituel d’initiation de l’ODM comportant neuf étapes.

4-1. La ritualisation de l’espace et du temps dans l’ODM

L’initiation des membres de l’ODM passe par leur ouverture de ces derniers à une nouvelle conception du temps et de l’espace. C’est au moment de la performance du rituel

que l’acteur rentre dans cet espace et ce temps, différents de ceux qui ont cours dans sa vie ordinaire, créant ainsi les conditions du liminaire (Arsenault 1999). Les catégories du temps et de l’espace de l’ODM ne sont pas fondamentalement étrangères à celle de la doctrine chrétienne. Cependant, leur symbolisation peut parfois les faire apparaître ainsi étrangère.

4-1.1. L’arrangement de l’espace du rituel

Les rituels sont la meilleure façon de saisir la dynamique à partir de laquelle les humains innovent, préservent et transforment leur monde social. Les rituels rentrent dans la même catégorie que toutes les représentations ou mises en scène dont regorgent les cultures (Gebauer et Wulf 2004). Il existe à l’endroit de ceux qui veulent se constituer membres de l’ODM, un rituel de réception ou d’initiation, nécessaire au démarrage d’une telle aventure. L’initiation n’est pas juste un acte symbolique posé en faveur du néophyte. C’est plutôt : « un ensemble de rites et d’enseignements oraux, qui poursuit la modification radicale du statut religieux et social du sujet à initier. Philosophiquement parlant, l’initiation équivaut à une mutation ontologique du régime existentiel. À la fin de ses épreuves, le néophyte jouit d’une tout autre existence qu’avant l’initiation : il est devenu un autre » (Eliade [1976] 2008: 12).

Dans les normes, il n’existe dans l’Église catholique qu’une et unique initiation, c’est celle qui se réalise dans le baptême, la communion et la confirmation, appelés à juste titre des sacrements d’initiation parce qu’ils sont conçus pour donner naissance au sujet catholique. Dans le baptême, le chrétien est plongé dans la mort du Christ pour ressusciter avec le Christ. De facto, il devient ex opere operato un nouvel être. Cette vie reçue au baptême se renforce dans les autres sacrements d’initiation que sont l’Eucharistie et la confirmation. L’initiation dans l’ODM apparaît comme une réactualisation et une extension des symbolismes contenus dans le baptême chrétien, destinés à faire naître chez les hommes et femmes qui adhèrent à l’ODM, une conscience catholique beaucoup plus affirmée. Dans cette perspective, l’initiation n’est jamais finie; elle continue jusqu’à la mort. C’est la problématique de cette mutation ontologique, incluant la dimension psychique du sujet dont il va être question tout au long de ce chapitre.

Utilisant un modèle spatio-temporel pour rendre compte de son analyse des rituels, Gennep (1960) a fait remarquer que tous les rituels qui célèbrent le franchissement d’un seuil, en prônant un changement ontologique et social suivent trois phases. Ce sont, la séparation,

la liminalité et l’intégration, comme j’ai eu à le développer dans le chapitre réservé au cadre théorique de cette recherche. Ce qui frappe d’entrée de jeu dans l’initiation marshallienne, c’est en effet la division spatiale qui se révèle à travers l’arrangement de ce que j’appelle un espace de « travail rituel » et un espace de réclusion. L’espace de travail est l’endroit où les représentations scéniques s’allient à l’efficacité rituelle pour donner naissance à des sujets sociaux (Turner 1982b). Cet espace de travail rituel est situé au rez-de-chaussée du temple de l’ODM, sis au cœur de la ville de Lomé.

Le jour prévu pour l’initiation, de treize nouvelles recrues, étaient déjà installées dans la salle, celles qui forment la classe des initiées appartenant à la branche féminine de l’ODM, puisque cette initiation précise les concernait. Les participantes étaient en effet loin d’être un groupe homogène. Vu la hiérarchisation qui caractérise tous les ordres de ce type, on pouvait distinguer à partir des décors qui arboraient les costumes bleu foncé que ces Dames portaient, symbolisant leurs grades, les différentes classes hiérarchiques. Il y avait donc dans cette assistance d’initiées, des hauts officiers, des officiers et les Dames de première classe. Cette dernière catégorie constituait la majorité de cette Cour nº5 qui se prépare à accueillir de nouveaux membres. L’unité locale des Chevaliers est appelée « Conseil » et celle des Dames est désignée par le terme « Cour ». La disposition des initiées dans la salle était faite suivant des critères de la hiérarchie des Dames qui composaient l’assistance. L’étymologie du terme ordre, ordo en latin qui suggère l’idée de rang, d’arrangement, met en exergue ici la nature même de l’organisation Marshall, très hiérarchisée à la manière d’une armée avec des officiers supérieurs, des officiers de rang et des initiés de base. Assises dos contre le mur et formant un rectangle ouvert sur un côté, elles laissèrent un espace en leur sein. L’espace vide créé par la disposition particulière de l’assemblée fait penser à un podium qui accueillerait les novices prêtes à se produire en spectacle.

Dans ce décor, tout respire le symbolisme. La décoration en mosaïque39 du plancher de la salle revêt une signification que Brother Ed, du haut de ses vingt années d’expérience dans l’ODM, devenu expert du rituel et mon principal informateur m’expliqua en ces termes : « Nos salles de Conseil et de Cours sont peintes ainsi pour que nous sachions qu’en suivant

le blanc, nous allons dans la blancheur immaculée, mais en suivant le noir, nous allons dans les ténèbres ». Cette décoration du plancher dans les couleurs du damier n’est pas anodine. Appelée aussi le pavé mosaïque, cette décoration semble être la première annonce de la dualité doctrinale qui sous-tend la spiritualité de l’ODM. Les oppositions binaires, retrait du monde/rencontre avec Dieu ténèbres/lumière, céleste/terrestre qui reviennent très souvent dans les textes de l’ODM se retrouvent exprimées dans ces mosaïques de forme rectangulaire et qui sont aussi à l’image de la salle elle-même. Il ne faut pas perdre de vue que les univers analogiques raffolent de ces genres de polarités qu’ils mobilisent dans leur représentation du monde. Même si la polarité noir/ blanc n’est pas typiquement éwé, ce point précis de la pensée chrétienne épouse la pensée analogique éwé.

Illustration 2: Un exemple de sol mosaïque

Source : http://acarpediem56.canalblog.com/albums/symbole/photos/32177295-pavmosaique_wbnb.html

De même, pour la tradition chevaleresque, comme pour le symbolisme maçonnique, les formes rectangulaires et octogonales renvoient à des symbolismes qui ont leur sens dans les sources aussi lointaines que « les données pythagoriciennes » (Rivière 1992a: 143). Au fond de cette salle était dressé un autel en bois, sur lequel étaient posés un crucifix de taille moyenne qui symbolise la mort et la résurrection de Jésus; ainsi qu’un bouquet de fleur de

lys blanc, utilisée souvent dans les pratiques rituelles de l’ODM. Je reviendrai plus tard sur la signification que revêt cette fleur. Cette salle où sont rassemblés les membres de l’ODM est un espace absolument fermé aux non-initiés qui ne peuvent en aucune façon y être admis, sinon à titre exceptionnel comme ce fut le cas pour moi en tant que chercheur. D’ailleurs, l’ensemble du temple est un site exclusivement réservé aux activités de l’ODM et seuls les initiés sont autorisés à y entrer. Exceptionnellement pour des raisons techniques, par exemple de rénovation, les non-initiés peuvent y être admis. Mais en temps normal, nul n’y est accepté à moins d’être initié.

Accepté dans l’assistance au titre de chercheur, j’ai profité du fait que la cérémonie n’avait pas encore véritablement commencé pour demander à ma voisine la plus proche, des informations sur le symbolisme de ces fleurs dont j’ai commencé à remarquer la présence un peu partout dans le temple. Il s’agissait de sister40 Hermance, 76 ans, une aînée, avec

l’expérience de 35ans dans l’Ordre. Elle répondit en me chuchotant rapidement à l’oreille que « le lys blanc est le symbole de l’immortalité dans l’Ordre ». Ce commentaire de sister Hermance ouvre une parenthèse sur le rapport des membres de l’Ordre avec les non-humains, spécialement les plantes. Le rapport de l’ODM aux plantes ne se limite pas uniquement à la fleur de lys. En effet, tout autour du temple est plantée une espèce locale d’hysope appelée kpatima, dont les vertus de purification sont connues et recherchée, tant dans la tradition éwé, que dans l’expérience marshallienne. L’eau du kpatima infusé est utilisée pour faire de l’ablution au retour du cimetière, supposé être le lieu possible de contact avec des esprits impurs. Il n’y a pas dans l’ODM un rapport aux plantes accordant à ces dernières le statut de sujet, au point de dire qu’humains et non-humains forment une sorte de socialité floristique (Hartigan 2019). Il est toutefois, évident que la vie des individus dans le contexte éwé ne peut pas se passer des plantes, dont les vertus sont quotidiennement convoquées, de sorte qu’on peut légitimement parler d’« immersion » des humains dans leur environnement, une vision sociocosmique de l’espace, une sorte d’« action réciproque entre sujet et environnement, corps et espace, vie et milieu » Coccia (2016: 54).

40. Dans l’ODM, les Dames se désignent entre elles, « sister » et les Chevaliers, « brother », gardant les termes anglais, vestige de l’origine anglophone de l’organisation, mais aussi marque de l’influence actuelle de la culture anglo-saxonne. Le commandement central de l’Ordre se trouve encore au Ghana.

Illustration 3: Kpatima, hysope locale servant à faire la purification, Photo KEA

Cette plante, le kpatima se retrouve dans la plupart des maisons au Sud-Togo à cause de ses supposées vertus. Partout dans le Sud-Togo, la vie des humains avec les plantes est plus fusionnelle qu’avec les animaux par exemple. Mes enquêtes dans l’univers culturel éwé m’ont ouvert les yeux sur ce que peut être une pareille interaction. C’est le sens de ce que Apedo, un homme de 35 ans, originaire de la localité Agou et un cultivateur très impliqué dans la vie culturelle de son milieu m’a appris sur ce sujet :

Les premiers jours de l’entrée d’un enfant dans le monde, une bonne partie du cordon ombilical reste attachée au nombril de l’enfant. Une fois que ce bout se détache de lui-même après un temps, il sera récupéré et planté non loin de la maison en même temps qu’un arbre fruitier, le manguier, l’oranger, le citronnier ou même le cocotier. Quand l’enfant grandit et atteint l’âge de comprendre, on lui montre l’arbre comme lui appartenant, il devra en prendre soin toute sa vie. Il arrive qu’on le plante même au champ, plus loin de la maison, mais forcément sur un terrain dont on est propriétaire. Toute sa vie, l’enfant aura une relation spéciale avec cet arbre; il le montrera à ses ascendants quand il en aura; ces derniers auront eux-mêmes leur propre partenaire dans le paysage du village.

Cet encart sur les rapports des humains aux végétaux permet de faire un lien avec ce qui a été développé plus haut sur les composantes de la personne éwé incluant des végétaux. Cette parenthèse peut être fermée ici pour retourner à la ritualisation de l’espace dans le temple de l’ODM.

À l’opposé de la salle des travaux se trouve un espace aménagé pour les novices à l’extérieur, dans la cour du temple : c’est l’espace de réclusion. Entourées par des sentinelles féminines qui portaient des étendards marqués des insignes de l’ODM, des impétrantes au visage grave étaient assises dans cet espace de réclusion; elles ignoraient où allait les mener cette aventure d’initiation en passe de démarrer dans les minutes à venir. Des trois initiations que j’ai suivies durant le temps de mon séjour de terrain, j’ai constaté que toutes catégories de personnes aux statuts sociaux différents venaient se faire initier. Mais l’ODM se réservait le droit de choisir en fonction des critères moraux et financiers. Se constituer Chevalier ou Dame de Marshall exige que les adhérents contribuent financièrement à de nombreuses activités inscrites au programme de l’ODM. Une fois que les candidats manifestent leur désir de rentrer dans l’Ordre, une enquête est menée en catimini sur leur moralité. La vie dans l’ODM est encadrée par des enquêtes secrètes qui commencent avant le recrutement et s’étalent sur toute la durée de la vie initiatique. L’enquête préliminaire est la première démarche qu’effectue l’ODM, quand un candidat présente une demande d’intégration. Brother Ed l’explique en ces termes : « Ce qui précède l’initiation, c’est une enquête pour s’enquérir de la moralité du candidat. Quand les informations sont réunies, alors une entrevue est faite avec le candidat pour lui présenter des informations pratiques liées à l’Ordre. On te demande quels sont les ordres auxquels tu appartiens, catholiques ou non. On te présente le budget des cotisations exigées ». L’acceptation des impétrants dans l’Ordre dépend du résultat de l’enquête préliminaire. Celle-ci est destinée à rassembler des éléments sur la réputation sociale du candidat. Aucune formation préalable ne leur est offerte dans le but de les préparer pour l’initiation sinon quelques rencontres destinées à régler des détails pratiques de celle-ci.

Le fait que les candidats à l’initiation soient séparés, tenus à l’écart de la salle des travaux, le lieu sacro-saint du temple, révèle une vérité importante. La distance à parcourir entre l’espace de réclusion et la salle des travaux est à l’image de la distance qui sépare le statut actuel des candidates de celui auquel elles aspirent. Ce statut nouveau vise à faire des

membres de l’ODM, des chrétiens adultes, assumant toutes les responsabilités attendues d’eux. C’est la distance habituelle entre l’accompli et l’inaccompli d’une vie, la distance à parcourir d’un état de désordre à un état d’ordre. Il y a, déjà ici, une incertitude générant chez les novices une certaine tension liée au positionnement et au sérieux qui entourent le rituel. Cette tension qui accompagne souvent l’aventure vers l’inaccompli est le lieu d’une régression où l’individu est considéré comme retournant à un état fœtal (Gilli 2016 ; Thomas et Luneau 1977). Quelque chose de cette angoisse liée à l’inconnu était perceptible sur les visages des candidates en réclusion. Elles n’avaient, en effet, aucune idée de ce qui va se passer dans cette cérémonie d’initiation qu’elles vont vivre. Pourtant, l’enjeu du rite n’est pas de tourmenter l’être humain, mais plutôt de l’apaiser en prenant en compte ses angoisses existentielles (Oliviéro et Orel 1991).

Les quelques anciens initiés, hommes et femmes, que les novices ont rencontrés avant la cérémonie d’initiation ne pouvaient pas les informer sur le contenu de ce rituel d’initiation, à cause du serment qu’ils avaient fait lors de leur propre initiation de ne révéler à personne, quoi que ce soit de leur propre parcours initiatique. Par ailleurs, ces secrets entretenus par les membres de l’Ordre sont sujets à toutes sortes de rumeurs qui finissent par habiter l’esprit des candidats, contribuant à les crisper. Dans un échange informel à la fin de la cérémonie d’initiation avec la candidate Marjo, 35 ans, nouvelle recrue dans l’ODM, elle me confia : « Au départ, j’étais remplie de peur; certains m’avaient découragé à l’idée de m’engager dans cet Ordre en disant que c’est des Francs-maçons. Effectivement quand la cérémonie a commencé je n’aimais pas trop l’ambiance jusqu’au moment où je vous ai vu en soutane41; cela m’a rassuré, je me suis dit que si un prêtre est ici, ça ne doit pas être si bizarre que ça. »

L’une des accusations que les rumeurs font circuler sur l’ODM concerne la pratique de l’occultisme. Je reviendrai ultérieurement sur ce phénomène de la dynamique du secret et des rumeurs. C’est précisément le souvenir de ces rumeurs qui nourrissait les incertitudes des candidates proposées à l’initiation. Il n’est pas exagéré de dire que cet espace de réclusion

41. La candidate parlait de moi. L’ODM a une stricte éthique de tenues qui prescrit une manière spécifique de s’habiller aux différents participants; selon leur code, les prêtres se devaient d’être en soutane noire. Comme je n’en avais pas une, j’ai été exceptionnellement autorisé à mettre une soutane blanche.

d’où sortent les candidates pour se rendre dans la chambre des travaux constitue une sorte de tombeau où est enterré l’ancien soi des novices. Qu’il s’agisse d’une initiation des Chevaliers ou des Dames, l’organisation spatiale reste identique. Se débarrassant de leur ancien soi ici, ils renaîtront à une nouvelle identité là-bas, dans la salle des travaux. Le but premier de l’ODM est d’« inculquer à ses membres les notions de loyauté et de fidélité vis-à-vis de l’État et de l’Église, d’honorer, de défendre, de promouvoir et vivre la foi catholique » (Archive005 1929: troisième Article, a et b). Pour atteindre ses buts, l’ODM recrute uniquement parmi les sujets catholiques, baptisés et pratiquant la religion sur une base quotidienne, car c’est bien l’idéal catholique que l’ODM vise à incarner chez ses membres. La conception de l’espace dont j’ai discuté appelle à son tour une nouvelle notion, celle du temps, car, pour Izard (2010), l’espace et le temps sont entremêlés; l’anthropologie de l’espace ne peut être séparée de l’anthropologie du temps.

4-1.2. Temporalité biblique et spiritualité cosmique

La conception traditionnelle de la temporalité au Sud-Togo comme chez tous ces peuples qui partagent la vie avec les esprits invisibles n’est pas séquentielle. En faisant intervenir les esprits du passé qui viennent façonner le présent et le futur, le temps historique et séquentiel se trouve de façon permanente disloqué (Behrend 2013). La rencontre du christianisme avec les Éwé est aussi ouverture de ces derniers à une forme spécifique de régime temporaire. À un moment donné dans le déroulement du rituel d’initiation, les candidats seront éveillés à la temporalité biblique. Escande écrit à propos de la temporalité biblique: « Le livre sacré instaure le temps, sa propre temporalité, et explore les régimes

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