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constructive des bâtiMents d’hAbitAtion ordinAires

Dans le document Viollet-le-Duc, enseignant (Page 81-91)

Jacques Fredet, enseignant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville

L’architecture « vernaculaire », dite aussi « mineure », « ordinaire », ne fait pas toujours effectivement partie de l’histoire occidentale de l’architecture. Celle-ci a toujours mis l’accent sur le bâtiment exceptionnel, la périodisation stylistique d’une architecture dite

« savante », l’architecte « artiste-innovant », les « avant-gardes », en un mot sur l’« ego d’un « artiste-auteur », unique, « stirnerien ».

C’est pourtant le domaine du patrimoine bâti le plus menacé à l’ère industrielle.

Hier, le relevé intéressait quelques architectes qualifiés tantôt d’« antiquaires », tantôt de « restaurateurs », etc. Aujourd’hui, le relevé est devenu plutôt une affaire d’archéologues ou d’historiens.

On observe un désintérêt, sinon une indifférence de la part de la profession d’architecte — de cette part, majoritaire, qui considère le neuf à l’exclusion de l’ancien. Ceci concerne également la plupart des personnels enseignants dans les écoles d’architecture et, à leur suite, les étudiants.

Le relevé des ouvrages, notamment dans le domaine privé du bâti ordinaire, est souvent considéré comme un travail de subalterne, pénible, rebutant, voire un témoignage encombrant, par l’architecte et l’ingénieur (français) du bâtiment, de mentalités profondément

« a-historiques », de même que par l’entrepreneur. Beaucoup pen-sent que les ouvrages d’un bâtiment ancien — disons construit avant 1939 — sont plutôt « désuets », « à remplacer », à refaire « en mieux », si possible sans témoins, ce que l’on peut résumer par la formule « revenez voir plus tard la surprise qu’on vous prépare ».

Et quant à ceux qui ont encore le monopole de la réfection du monu-mental, ils chercheront souvent à y implanter de force une certaine quantité de prothèses, en matériaux dits de « haute technicité », si possible les mêmes que ceux que l’industrie spatiale réserve aux astronautes (le béton précontraint a, autrefois, rempli ce rôle), et

Fig. 12 G. E. Cinque, N. Di Cola, hypothèses de reconstitution de la salle TE7 de l’édifice des Tre Esedre, 2005.

la compréhension de la structure globale d’origine ; le second englobe tous les indicateurs concernant les décorations ; le troisième réunit les modèles considérés comme les plus opérants au cours des phases d’analyse des don-nées relevées par comparaison avec les modèles existants.

Si ces modèles peuvent être jugés « tendancieux », c’est-à-dire fruits d’une interprétation, ils n’en demeurent pas moins fondés sur de solides informa-tions résultant de relevés critiques et peuvent donc faciliter la poursuite des enquêtes déjà engagées. Ils contribueront ainsi au champ de l’histoire de l’architecture antique, ou bien à celui de la recherche des langages propres

— encore méconnus ou inconnus — à l’architecture impériale de l’époque d’Ha-drien. Ils trouveront également leur pleine application aux analyses ayant pour but la conservation, la restauration et la valorisation des édifices représentés.

obJectiFs sous-JAcents, dérivés

Le diagnostic de la structure tel que nous l’entendons n’est pas le seul but du relevé, même s’il est, ici, le principal objectif. L’anatomie de la construction sert des objectifs plus larges : implanter et décrire des tra-vaux divers (reprises, modifications partielles ou générales, etc.), dégrossir des quantités nécessaires aux « métrés », connaître le potentiel distributif, évaluer certains effets plastiques (cas d’ouvrages apparents), encadrer la datation (factures types), préparer l’étude stylistique (sur certaines travées répétitives on peut faire figurer la structure et le second œuvre, par couches d’arrachement successives).

Il s’agit de dresser la carte d’un bâtiment par approximations successives, du général au particulier, en sachant que « la carte n’est pas le territoire » mais peut être un outil commode pour sa découverte, son exploration et qu’elle est probablement indispensable aux interventions sur celui-ci, qui doivent être mûrement réfléchies en raison de leurs conséquences patri-moniales et de leur coût. Reconstruire une « forme » par le dessin à l’aide de dimensions mesurées nous ramène aux deux sens, ambivalents du mot

« forme » en français : apparence sensible et forme du contour d’une part, organisation interne, structure, composition des parties d’autre part.

Ce qui compte dans ce genre de document graphique, c’est la présence visuelle « simultanée » de nombreux facteurs, facilitant la comparaison, l’évaluation, la synthèse. L’édifice à relever méthodiquement est considéré ici comme une archive matérielle de l’espace bâti, sans exclure d’autres sources écrites ou orales, qui peuvent cependant être démenties par cette réalité matérielle, à condition de savoir la reconnaître et l’interpréter. Le relevé est d’ailleurs le principal moyen pour appréhender un bâtiment lors-que les sources écrites et graphilors-ques sont lacunaires.

Le degré de précision requis est de l’ordre de quelques centimètres (infé-rieur à 5 cm), sauf pour l’aplomb des points d’appuis verticaux (parois, piliers, poteaux) où il est de l’ordre du centimètre. Quoique demandant une certaine précision, le relevé — généralement effectué au 1:50e — implique nécessairement une part de schématisation et il s’effectue d’abord, et pour commencer (lorsqu’on commence à apprendre), simplement, sans théodo-lite ni appareils photogrammétriques, avec des outils ordinaires du maçon et du charpentier de l’époque préindustrielle qui s’achève, dans le cas du bâtiment parisien, à l’aube de la seconde guerre mondiale.

Faire un diagnostic de la structure statique d’un bâtiment suppose que l’on connaisse déjà implicitement en quoi consiste l’« anatomie de la construc-tion » d’un bâtiment, c’est-à-dire que l’on soit capable de « reconnaître ses cela de toute évidence « pour les sauver », en ne craignant pas de

biffer, surcharger — réécrire — leur histoire matérielle afin de leur insuffler une nouvelle virginité, quelque peu suspecte166...

Nous partirons d’un point de vue opposé : les architectes doivent se recentrer sur leur métier de base, dont la pratique intensive du

« dessin manuel », en explorant le vaste domaine d’application du

« relevé », notamment de celui dit d’« anatomie constructive », que l’édifice soit neuf ou ancien, et cela en raison de sa valeur d’appren-tissage par contact direct avec l’espace et le matériau bâti, ainsi que pour son potentiel de comparaison dans le temps. Et puisque ce mode de connaissance est délaissé par la plupart de ceux qui s’occupent de près ou de loin de ce qu’on appelle « patrimoine » bâti, nous allons dévoiler notre programme : « Connaître et apprendre, entre autres, dans le champ de la construction courante — aussi bien préindustrielle que contemporaine — ce que d’autres ne savent pas faire ou ne savent plus faire, ne veulent pas faire ou ne veulent plus faire. »

Le relevé des bâtiments d’habitation « ordinaires » de conception et de facture souvent anonymes, de dimensions modestes, implan-tés sur un parcellaire foncier, urbain, dont on possède déjà une représentation graphique (cadastre), suffisamment précise pour les finalités qui nous occupent, « diffère » dans la pratique (et non dans les principes) de celui de la plupart des édifices monumentaux, généralement de dimensions beaucoup plus grandes, de facture et de structure souvent exceptionnelles.

Un des buts de ce genre de relevé vise à établir le « diagnostic de la structure statique » qui devrait précéder tout programme de réaffec-tation, toute étude de réutilisation et, par conséquent, tous travaux d’une certaine importance — en dehors de l’entretien courant ou de la confortation d’urgence167. La démarche est inversée par rapport à celle de la construction neuve : on part ici d’un bâtiment existant dont il s’agit de faire le relevé des ouvrages pour évaluer sa capacité structurale (charges d’exploitation), afin de définir les programmes

« compatibles » qu’il peut accepter (destination du bâtiment), avec différents degrés de réparations, confortations, etc.

166 Mentionnons à ce sujet un oubli fréquent. Il existera toujours deux sortes de relevé : le relevé « officiel », « bien comme-il-faut » et le relevé illicite, clandestin, contredisant le premier — même lorsque l’on place des vigiles et des maîtres-chiens pour garantir la « vérité » du premier.

167 Bien que celle-ci nécessite certaines précautions en rapport avec la connaissance de son anatomie.

ouvrages bâtis » et de « les comparer à des ouvrages de référence », usuels, répétitifs, qui sont le plus souvent des « types standards, historiques »168. En outre, comme nous le verrons, le relevé d’anatomie doit être accompagné d’un « descriptif » morphologique « écrit », en termes conventionnels (voca-bulaire des ouvrages d’architecture et de construction). Ce descriptif écrit permet de vérifier que l’opérateur a compris intellectuellement ce qu’il a observé.

On procède à l’aide d’un dessin manuel, directement guidé par l’œil (qui existe avant tout ici comme prolongement du cerveau, plus que comme récepteur optique), ce qui différencie fondamentalement ce genre de relevé du repor-tage photographique où la main ne compte pas, impliquant un contrôle de l’œil d’autant moins présent qu’il se fait par l’intermédiaires d’opérateurs qui lui échappent en partie169. L’enregistrement d’une suite d’observations visuelles fragmentées dans un autre format (dessin manuel) et dans un sys-tème symbolique unitaire (le géométral) relève d’une intelligence spatiale spécifique, autrefois considérée comme nécessaire à ceux qui prétendaient exercer le métier d’architecte. Et dans le cas du relevé dessiné et mesuré, l’observateur est conduit — et parfois même contraint — à reconstruire et développer sa propre compréhension des ouvrages au fur et à mesure qu’il appréhende le bâtiment.

Le choix des instruments de mesure et leur degré de précision dépend de ce que l’on cherche, de ce que l’on veut enregistrer et de l’étape où l’on est dans le niveau d’approximation (implantation spatiale d’ensemble, identi-fication des types d’ouvrages, vériidenti-fication de leur intégrité, évaluation de leur capacité structurale). Utiliser des instruments de mesure trop per-fectionnés, sans savoir pourquoi, à la recherche d’une précision que nous qualifierons d’illusoire, parce que sans corrélation consciente et argumen-tée avec les finalités du relevé, conduit à établir une sorte de préséance par le truchement d’équipements coûteux (donc de techniciens « spécialisés »), quand cela ne relève pas de la simple superstition, voire de l’imposture170. Aucun instrument de mesure n’est neutre, innocent, pas même une règle, un crayon, ni la main elle-même : chaque outil, chaque instrument a son domaine de validité qu’il s’agit de connaître et de maîtriser. Si les procédures

168 Renverser parfois l’ordre de cette proposition est possible ; l’expliquer conduirait à une longue digression sur l’apprentissage des bases de l’architecture, mal venue dans cet exposé.

169 Au sujet de la différence essentielle entre dessin et photographie, nous nous rallierons, en la paraphrasant, à la célèbre formule de Paul Klee : « Le dessin ne donne pas une représentation du visible bâti, mais rend visible celui-ci. »

170 C’est ce que note Manfred Schuller, architecte-archéologue, au cours des campagnes de travaux récemment menés sur la cathédrale de Ratisbonne : « Pour l’archéologie du bâti, c’est la construction même qui est la principale source. […] La comparaison de deux représentations d’un remplage, dont l’une est effectuée à partir d’un relevé photogrammétrique, met en évidence l’avantage que présente, par rapport aux procédés «modernes», la technique en apparence désuète du relevé et du dessin in situ. L’interprète des données fournies par le calcul photogrammétrique a été, quelles qu’en soient les raisons, incapable de vraiment comprendre comment les pierres ont été taillées. […] La haute technologie permet des mesures tout à fait fiables du point de vue arithmétique, mais concrètement inutilisables pour la compréhension de la réalité architecturale, si elles ne sont pas retravaillées. » in « Le travail d’analyse du bâtiment en lui-même », Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, no 9-10, p. 81 sq., Paris, 2002.

Fig. 1 Architecture privée au XIXe siècle sous Napoléon III, César Daly, Paris, 1864,

« 3, rue de la Paix », plan.

traditionnelles du relevé étaient à revoir ou à compléter, en fonction d’ins-truments incorporant des procédures mécanisées, il faudrait se poser les quatre questions suivantes :

Faut-il ou non utiliser les nouveaux procédés que le marché nous

impose ? On devrait pouvoir distinguer ici l’outil ou l’instrument que l’on peut facilement faire soi-même ou se procurer, des dispositifs, ou plutôt des « systèmes de procédures mécanisées » qui introduisent une dépendance par rapport à ceux qui les ont conçus et mis sur le marché.

Ces procédures mécanisées, se présentent-elles « en plus » ou

s’imposent-elles « au lieu » des plus anciennes qu’elles contri-buent éventuellement à exclure ? L’éventail des choix s’en trouve t-il enrichi ?

Pourquoi faut-il « gagner du temps et à quel prix » ? Où sont les limites

de ce gain ? Cette question concerne en particulier ceux qui ont choisi, avec quelques raisons, de ne pas sous-traiter l’étude du relevé...

De quel degré de précision a-t-on besoin et à quel moment de

l’étude ?

Rappelons que l’on peut raisonner juste sur des figures fausses, à condition de respecter certains traits de la réalité observée (l’ordre, la continuité, l’incidence par exemple, qui permettent d’extraire un espace topologique sous-jacent à sa manifestation euclidienne,

« affine », perspectiviste). La précision des instruments de mesure reste toutefois entièrement justifiée lors de la phase ultérieure d’éva-luation des déformations et désordres constatés dans les ouvrages, qui peuvent être inférieurs au centimètre, c’est-à-dire de l’ordre du millimètre (mesure plus précise des flèches, dénivelées, faux aplombs, fissures vivantes ou stabilisées, etc.).

Voyons quelques exemples de dessins et de relevés anciens permettant de comprendre ce qu’est un relevé d’anatomie construc-tive (fig. 1 à 5) :

L’enquête par relevé coté est une étude morphologique, une sorte d’anatomie qui doit être effectuée avec méthode. Percevoir un objet, un bâtiment dans l’espace, c’est d’abord le percevoir dans un cer-tain contexte, généralement négligé, voire exclu par la plupart des enquêteurs, faute de temps.

Voyons les principales étapes de cette façon d’opérer :

Préparation de la visite. Le temps que l’on croit avoir gagné en omet-1.

tant cette étape risque d’être perdu plusieurs fois. La procédure d’approximations successives renvoie aux grandes « catégories de l’étude morphologique », équipées de fonds cartographiques préexis-tants. Ces fonds doivent être autant que possible consultés avant la visite.

La mise en place du dessin (son ordre d’exécution) devrait s’efforcer de correspondre à la composition spatiale et constructive du bâtiment étu-dié. On considérera successivement :

le relief du terrain (crêtes et thalwegs) et le contexte

géographi-•

que (1:5000e, 1:2000e) ; renseignant sur les conditions de sol (humidité, hypothèses sur les couches superficielles d’assise des fondations) ; le réseau viaire (1:2000

e) précisant l’accessibilité et les grandes étapes d’urbanisation ;

le parcellaire foncier (1:1000

e, 1:500e) décrivant le contexte spatial proche : types historiques d’implantation, rapports juridiques de voisi-nage (alignements, mitoyennetés, prospects, etc.) ;

l’implantation des corps de bâti et des intervalles non bâtis (1:100

e).

Parallèlement, il faut prendre connaissance des types de bâtiments

locaux, urbains ou ruraux, ceux-ci étant en nombre réduits et repérer, lorsqu’elles existent, les études préexistantes à ce sujet.

On prépare ensuite les fonds de « minutes » à chaque échelle d’étude

afin d’établir, de façon méthodique et cumulative, une description graphique du bâtiment à relever. Ces minutes sont enrichies progres-sivement jusqu’à un certain seuil, en évitant de refaire de nouveaux documents à chaque visite. Il s’agit d’examiner dans l’ordre les com-posants matériels et spatiaux du bâti :

les parois périphériques et les refends qui forment les « intervalles

structuraux » (triangulés, lorsque nécessaire) ; on est ainsi conduit à distinguer les ouvrages de « structure » de ceux du « second œuvre » aux niveaux décisifs de la conception du bâtiment (1:00e) ; à partir de cette échelle, il est impératif de bien transcrire l’« épaisseur effective des parois », car elle est indicative des fonctions structurales et des maté-riaux constitutifs,

les types de murs, de baies, de planchers, en référence à une typologie

historique : les standards constructifs sont généralement en nombre limité, aisément repérables de par leur caractère répétitif (1:50e) ; lors-que rencontré, l’exceptionnel s’évalue par rapport au répétitif ;

le sens de portée des planchers et des voûtes qui indiquent les

spéciali-•

sations fonctionnelles des ouvrages verticaux, telles que « porteurs »171

171 Rappelons à ce sujet qu’un ouvrage vertical « non porteur » de plancher peut s’avérer beaucoup plus vulnérable qu’un ouvrage « porteur », en raison des risques de flambage, ce qui est par exemple fréquent dans les façades sur cour des cages d’escalier.

Fig. 3 Minute de relevé,

« 5, rue Tronchet », plan, 1 / 100, auteur.

Fig. 4 Minute de relevé,

« 13, rue Gaillon », plan, 1 / 50, auteur.

Fig. 5 Minute de relevé, « 11, rue Monsieur-le-Prince

», plan, 1 / 100, façade, 1 / 50, descente de cave, 1 / 20, auteur.

Fig. 2 Écoles et Mairies, collectif d’auteurs, Paris, 1878, 4e série, « École, rue Baudricourt », pl. 15, façade, coupes.

ou « non porteurs » de planchers, de charpentes de comble (1:100e), etc., en sachant que les ouvrages de structure reconnus non porteurs sont généralement plus fragiles statiquement (flambement) ;

les plans de travure de planchers, la composition des pans de bois, les

types d’appareils de maçonnerie décrits de façon exhaustive, éventuel-lement sténographique, au 1:50e,

la composition des ouvrages bâtis entre eux, c’est-à-dire les interfaces

et assemblages et, notamment, les chaînages et ancrages assurant la cohésion d’ensemble (1:20e, 1:10e).

Premier contact direct avec le bâtiment, à partir de son contexte rappro-2.

ché. Il faut s’efforcer d’obtenir le plus tôt possible une compréhension générale de l’ensemble du bâti à relever en relation avec son voisinage immédiat. On ne commence jamais à dessiner quoi que ce soit avant de

« savoir quoi dessiner ». « L’ordre du dessin doit correspondre autant que possible à la hiérarchie des composants matériels et spatiaux. » Quand on utilise un appareil photographique, ce n’est jamais au début d’une visite, ce n’est que lorsque l’on sait « quoi photographier », c’est-à-dire plutôt à la fin d’une visite, quand on comprend mieux quelles prises de vues sont envisageables, parce que complémentaires des minutes exécutées. Le bâtiment est dessiné tel qu’il se présente, avec son vieillissement : déformations géométriques, détériorations, fissu-res — dont l’aspect général est décrit dans son ensemble, même si cela nécessite parfois quelque exagération : les mesures plus précises seront effectuées ultérieurement.

Dans ces deux premières étapes, on s’aperçoit qu’il s’agit de reconnaître la structure d’ensemble du bâti avant de commencer à en analyser et décrire les parties.

Exploitation de la visite. Après une première visite et un court temps 3.

de repos, il est fructueux d’essayer de redessiner de mémoire ce qu’on vient d’examiner (fig. 6). On dresse un plan sommaire de contexte, de même qu’un plan et une coupe caractéristiques du bâtiment à relever.

Cette mémoire visuelle et spatiale, relative à un travail récent, est natu-rellement sélective : tout ce qu’on n’arrive pas à dessiner à ce moment signifie soit que l’on a mal observé (déficience d’examen de certains lieux ou de certaines particularités), soit que l’édifice présente en lui-même des difficultés insoupçonnées ; un problème morphologique est ainsi dépisté et c’est un premier pas vers sa résolution. Le dessin de mémoire permet de repérer simplement ces déficiences dont on peut faire une liste qui servira de guide pour la visite suivante.

Fig. 6 Minute de relevé, « 5, rue Saint-Jacques », plan, coupe, auteur.

De retour sur la planche à dessin, on examine et complète les minutes, on analyse les descriptions recueillies afin de les interpréter, ce qui permet de repérer ce qui fait défaut dans ce qui a été récolté et de distinguer ce qui est important de ce qui est secondaire pour la compréhension d’ensemble.

Le dessin de mémoire est un moyen commode pour entraîner l’expérience visio-spatiale de l’observateur (par images de rappel) dans le cadre d’un code, disons, universel (géométral et modes de notation explicites).

Pour chaque heure passée sur le site, il faut compter une heure d’exploitation et une heure de préparation de la visite suivante ; ce ratio, de 1 à 3, peut être sensiblement plus élevé au début de l’enquête. Tout ce qui est enregistré par le dessin ou par écrit doit être communicable à des personnes extérieu-res à l’enquête, et ceci devrait guider l’organisation du dessin, les codes de représentation de même que les notes personnelles (abréviations, résumés, sténographies diverses). L’enquête doit pouvoir être reprise ultérieurement

Pour chaque heure passée sur le site, il faut compter une heure d’exploitation et une heure de préparation de la visite suivante ; ce ratio, de 1 à 3, peut être sensiblement plus élevé au début de l’enquête. Tout ce qui est enregistré par le dessin ou par écrit doit être communicable à des personnes extérieu-res à l’enquête, et ceci devrait guider l’organisation du dessin, les codes de représentation de même que les notes personnelles (abréviations, résumés, sténographies diverses). L’enquête doit pouvoir être reprise ultérieurement

Dans le document Viollet-le-Duc, enseignant (Page 81-91)