• Aucun résultat trouvé

Construction des premières coordonnées

Proposition 3.12. Pour tous δ > 0, D0 > 0, v0 > 0, E > 0 et l ∈ N, il existe ε2 > 0 tel que si une variété d’Einstein satisfait :

— le diamètre est majoré par D0 > 0, — le volume est minoré par v0 > 0,

— la courbure de Ricci est minorée par −3,

— il existe un anneau A(ρ1, ρ2) avec 4ρ1 < ρ2 satisfaisant :

Z

A(ρ12)

| Rm |2

6 ε22,

et tel que R

B(ρ2)| Rm |2 6 E (c’est toujours satisfait pour une certaine

constante E(v0, D0) d’après [CN15]),

— le rapport des volumes des boules associées est presque euclidien

Vol(B(ρ2)) Vol(B(ε2ρ1)) − ρ 4 2 2ρ1)4 6 ε2.

Aρ, 2ρ au sens suivant,

A(1 + δ)ρ, (2 − δ)ρ⊂ ˆAρ, 2ρ⊂ A(1 − δ)ρ, (2 + δ)ρ, tel qu’il existe Γ sous-groupe fini de SO(4) et un difféomorphisme

Φρ: Ae(1, 2) ⊂ R4/Γ → ˆAρ, 2ρ⊂ M,

pour lesquels on ait :

Φρg ρ2 − ge Cl(Ae(1,2)) 6 δ.

Notre situation est non-effondrée à toutes les échelles par une application de l’inégalité de Bishop-Gromov.

Lemme 3.13. Soit (M, g) une variété riemannienne de diamètre inférieur à D0 >

0 et de volume supérieur à v0 > 0 et ayant une courbure de Ricci minorée par

−(n − 1)κ < 0. Alors, pour tout 0 6 r 6 D0, nous avons,

Volg(Bg(r)) > Volg−κ(Bg−κ(r)) Volg−κ(Bg−κ(D0))v0

où g−κ est la métrique de l’espace simplement connexe à courbures sectionnelles constantes égales à −κ. En particulier, il existe C = C(κ, D0, v0) > 0 telle que

l’on ait

Volg(Bg(r)) > Cr4. (3.2) Le rayon d’injectivité est bien contrôlé sur les zones correspondant à l’orbifold et les orbifolds ALE grâce à la proximité avec des métriques modèles du corollaire 2.47. Il est de plus contrôlé dans les zones intermédiaires coniques d’après le lemme suivant.

Lemme 3.14. Sous les hypothèses de la proposition 3.12, il existe une constante r0 > 0 ne dépendant que de D0, v0, telle qu’en tout point de l’anneau A1,12ρ2 à distance ρ du centre, le rayon d’injectivité et le rayon harmonique soient minorés par r0ρ.

Démonstration. Considérons un point x à distance ρ ∈ [2ρ1,12ρ2] du centre de l’anneau et la boule B(x,ρ2). Le volume de B(x,ρ2) est minoré grâce à l’inégalité de Bishop-Gromov par C1ρ4 pour une constante C1 ne dépendant que de v0 et

D0, voir le lemme 3.13. Pour contrôler la courbure, on peut utiliser le théorème d’ε-régularité de [Gao90], lemme 2.29, voir aussi [And89] et [BKN89]. Ainsi, pour

ρ ∈ [4ρ1,1

4ρ2], quitte à réduire la constante ε2 de l’énoncé, alors la norme L2 de la courbure sur la boule B(x,ρ2) est plus petite que la constante ε du lemme 2.29. La courbure à distance ρ est donc plus petite que 1

ρ2 par le lemme 2.29.

Par le théorème 1.43, les contrôles sur la courbure et le volume à l’échelle ρ impliquent qu’il existe une constante r1 > 0 dépendant du volume de la boule

de rayon ρ et d’une borne sur la courbure à cette échelle telle qu’en tout point à distance ρ, le rayon d’injectivité soit minoré par r1ρ. Comme la courbure est

bornée, il existe 0 < r0 < r1 dépendant de r1 et de la borne sur la courbure telle le rayon harmonique soit minoré par r0.

L’outil essentiel pour prouver l’existence des premières coordonnées de la pro-position3.12sera le théorème de presque rigidité des cônes de Cheeger et Colding.

Lemme 3.15 ([CC96, Theorem 4.85]). Pour tout δ > 0, il existe κ > 0 tel que

pour tout r > 0, si (Mn, g) satisfait, Ric(g) > −(n−1)κr−2 et qu’il existe un point p ∈ M auquel,

Vol(B(p, κr))

v−κr−2(κr)Vol(B(p, 2r))

v−κr−2(2r) < κ,

où v−κr−2(s) est le volume de la boule de rayon s dans l’espace simplement connexe

à courbures sectionnelles constantes égales à −κr−2, alors, il existe un cône mé-trique (C(X), dC(X), 0) tel que diam(X) 6 π et,

dGH   B(p, r), p,BC(X)(0, r), 0  6 δr.

Nous allons avoir besoin d’un raffinement de ce résultat dans notre cas. Pour obtenir une preuve ne se basant pas sur les techniques de [And89, BKN89] et en particulier uniquement basée sur l’étude des anneaux de basse courbure comme dans le second chapitre, nous n’utilisons pas le fait que les limites soient des ALE et orbifolds.

Lemme 3.16 (Presque cône volumique dans une variété d’Einstein de dimension

4). Pour tous δ > 0, l ∈ N, v0 > 0, et E > 0, il existe κ > 0 tel que pour tout r > 0, si (M4, g) satisfait Ric(g) = Λg avec, |Λ| 6 3κr−2 et qu’il existe un point p ∈ M pour lequel,

Vol(B(p, r)) > v0r4,

Vol(B(p, κr))

v−κr−2(κr)Vol(B(2r))

et

Z

B(p,2r)

| Rm |2

dv 6 E,

alors, il existe un sous-groupe fini Γ ⊂ SO(4) (dont le cardinal est majoré par une fonction de v0), et un difféomorphisme Φ : Ae(δ, (1 − δ)) → ˆA(δr, (1 − δ)r), où,

A(2δr, (1 − 2δ)r) ⊂ ˆA(δr, (1 − δ)r) ⊂ A 1 2δr,  1 − 1 2δ  r  , (3.3)

tel que sur l’anneau Ae(δr, (1 − δ)r), on ait :

Φg r2 − ge Cl(ge) 6 δ. (3.4)

Remarque 3.17. Les hypothèses sur la courbure et sur le volume ne sont présentes

que pour majorer le cardinal du groupe Γ pour avoir compacité. On évite ainsi les suites de variétés d’Einstein proches de cônes R4i où le cardinal de Γi diverge. Dans une telle situation, la suite convergerait vers le cône R+. Ces hypothèses sur le volume et la courbure sont de plus redondantes ici, par la dernière section de [CN15].

Démonstration. Par changement d’échelle on se ramène à r = 1. Prouvons ce

résultat par contradiction en supposant qu’il existe δ > 0, E > 0 et v0 > 0, et une

suite de contre-exemples (M4

i, gi, pi)i satisfaisant : — Vol(Bi(pi, 1)) > v0 > 0,

R

Bi(pi,2)| Rmi|2dvi 6 E,

— il existe κi → 0 et Λi, |Λi| 6 3κipour lesquels Ric(gi) = Λigiet Vol(Bi(pi,κi))

v−κi(κi)

Vol(Bi(pi,2)) v−κi(2) < κi,

mais pour laquelle, quel que soit Γ sous-groupe fini de SO(4), il n’existe pas de difféomorphisme Φ : Ae(δ, (1 − δ)) → ˆA(δ, (1 − δ)) où ˆA(δ, (1 − δ)) satisfait (3.3), et tel qu’on ait le contrôle (3.4).

Daprès le théorème 0.1, comme Vol(Bi(pi, 1)) > v0 > 0 et Ric(gi) > −3, une sous-suite des boules de rayon 1 pointées converge au sens de Gromov-Hausdorff vers un espace métrique que l’on notera (Y, dY, p).

Par le lemme 3.15, quitte à reprendre une sous-suite, pour tout i, on peut supposer que κi est suffisamment petit pour que l’on ait

dGH  Bi(p, 1), pi,BC(Xi)(0, 1), 0  6 1 i,

in-égalité triangulaire, la suite BC(Xi)i(0, 1), 0 converge aussi vers (Y, dY, p) au

sens de Gromov-Hausdorff. Maintenant, comme les C(Xi) munis des distances

dC(Xi)(r, x), (s, y) := qr2+ s2− 2rs cos(dXi(x, y)) dGH-convergent, on en dé-duit en fixant r > 0 et s > 0 que les (Xi, dXi) dGH-convergent vers (X, dX), et donc que la limite est un cône métrique, (Y, dY, p) = (C(X), dC(X), 0).

Par la proposition2.30, nous savons que la limite (Y, dY, p) privée d’un nombre

fini de points singuliers est une métrique d’Einstein lisse et que la convergence est lisse sur les compacts. La limite de (Bi(pi, 1), gi, pi) au sens de Gromov-Hausdorff est donc à la fois la boule de rayon 1 d’un cône métrique et une variété d’Einstein de dimension 4 hors d’un nombre fini de points singulier.

Un cône n’ayant qu’un nombre fini de points singuliers est un cône sur une variété lisse. De plus un cône d’Einstein est nécessairement Ricci-plat car la cour-bure de Ricci d’un cône s’annule dans la direction radiale. La limite est donc un cône sur une variété d’Einstein lisse de dimension 3 et de constante d’Einstein 2. C’est donc un quotient de S3 par un sous-groupe Γ ⊂ SO(4) car en dimension 3, les métriques d’Einstein sont à courbures sectionnelles constantes par (1.18). Il existe donc un difféomorphisme Φ : Ae(δ, (1 − δ)) → ˆA(δr, (1 − δ)r) satisfaisant

(3.3) et (3.4), ce qui est absurde.

On peut donc maintenant utiliser ces résultats pour construire des premières coordonnées dans les zones intermédiaires.

Preuve de la proposition 3.12. Soient δ > 0, D0 > 0, v0 > 0, E > 0, Λ ∈ [−3, 3]

et l ∈ N, et une variété de dimension 4, (M, g) satisfaisant : — Ric(g) = Λg,

— le diamètre est majoré par D0 > 0,

— le volume est minoré par v0 > 0,

— il existe p ∈ M , et ρ2 > 0, tels qu’on ait :R

B(p,ρ2)| Rm |2

Remarquons que ces hypothèses impliquent une borne sur Λρ2 2 E > Z B(ρ2) | Rm |2dv > 6 Z B(ρ2) | Ric |2dv > 24Λ2Vol(B(ρ2)) > 24v0Λ2 Volg−|Λ|(Bg−|Λ|2)) Volg−|Λ|(Bg−|Λ|(D0)) > 24v0Λ2 Volg−3(Bg−32)) Volg−3(Bg−3(D0)) > C(D0, v02ρ42, (3.5) puis Λρ2 2 6 C(DE01/2,v0)1/2 =: C0(E, D0, v0).

Soit l ∈ N, et notons 0 < κ0 < 14 la constante du lemme précédent associée à nos constantes δ, l et E. Cherchons ε2 > 0 suffisamment petit pour satisfaire les

hypothèses du lemme3.16 avec la constante κ0 > 0.

Pour tous 0 < 4ρ1 6 ρ2 pour lesquels on a : Z A(ρ12) | Rm |2 6 ε22, et Vol(B(ρ2)) Vol(B(ε2ρ1)) − ρ 4 2 2ρ1)4 6 ε2,

nous avons en fait, par l’inégalité de Bishop-Gromov, pour C00(E, D0, v0) > 0, Vol(B(ρ2)) Vol(B(ρ1)) − ρ 4 2 ρ4 1 6 C00(E, D0, v02, (3.6) et pour tout ρ et κ0 > 0 pour lesquels ρ1 < κ0ρ < 2ρ < ρ2,

Vol(B(2ρ)) Vol(B(κ0ρ))(2ρ) 4 0ρ)4 6 C00(E, D0, v02. (3.7) Nous pouvons donc supposer en choisissant ε2 assez petit que Vol(A(ρ1, ρ2)) >

c(E, D0, v042 pour 4ρ1 < ρ2 pour c(E, D0, v0) > 0. Cherchons donc à obtenir une meilleure borne sur Λ pour être sous les hypothèses du lemme 3.16. Comme

Ric = Λg, on a ε22 > Z A(ρ12) | Rm |2dv > 6 Z A(ρ12) | Ric |2dv > 24Λ2Vol(A(ρ1, ρ2)) > 24c(E, D0, v02ρ42

et nous avons donc |Λ| 6 ε2(24c(E, D0, v0))−1/2ρ−22 . Ainsi, pour ε2 assez petit, nous sommes donc sous les hypothèses du lemme 3.16 pour tout ρ en choisissant

ε2 pour lequel on ait

κ0 = ε2max((24c(E, D0, v0))−1/2, 1, C00(E, D0, v0)),

car nous contrôlons la croissance du volume entre κ0ρ et 2ρ à l’aide de (3.7). La conclusion de la proposition 3.12 est donc satisfaite pour tout ρ1 < ρ < 14ρ2 avec

δ(κ0) > 0.